Congo-Brazzaville : technique(s) du coup d’Etat

Par Guy Milex M’Bondzi

Les tentatives pour renverser Denis Sassou-Nguesso se succèdent, mais le président tient fermement le pays qu’il a repris par les armes en 1997.

A Brazzaville, le soulèvement populaire tant attendu n’a pas eu lieu. Selon les exégètes de la politique congolaise, « seuls un coup de force militaire ou un coup d’Etat de palais pourraient venir à bout de trente années de régime de Denis SassouNguesso ». Par le passé, nombreux sont ceux qui ont essayé, et quelques uns y travaillent encore.

En 2007, le général Mokoko, conseiller spécial de Sassou, fomentait un coup d’Etat. Portée à la connaissance du président par une vidéo, cette affaire n’a été rendue publique qu’en 2016, lorsque Mokoko a décidé d’affronter Sassou à la présidentielle. Le général Ngouélondélé, ancien patron de la sécurité d’Etat, serait, lui, allé négocier des mercenaires en Afrique du Sud pour renverser le régime. Cela aurait aussi été filmé et la vidéo transmise à Sassou, lors d’un sommet des chefs d’Etat africains en Ethiopie. Les Sassou et les Ngouélondélé ayant des liens matrimoniaux, « cette affaire a été réglée à l’amiable au cours d’une réunion de famille où la vidéo avait été projetée », raconte une source proche du dossier.

Les généraux dans le viseur des services et de la justice

L’ancien commandant de la garde républicaine Nianga Mbouala Ngatsé, le chef d’étatmajor des forces armées congolaises Guy Blanchard Okoï et le commandant de la gendarmerie nationale Paul Victor Moigny sont cités dans le dossier de l’attaque de Brazzaville du 4 avril 2016 par les « ninjas » du pasteur Ntumi. « Okoï et Moigny n’ont pas été inquiétés ni démis de leurs fonctions, mais ils le seront », affirmeton dans les salons feutrés de Brazzaville. Pour preuve, courant janvier, la rumeur de la perquisition au domicile du général Moigny s’est répandue comme une traînée de poudre. Récemment convoqué par le procureur général, le général Nianga Mbouala Ngatsé est accusé d’avoir pris part à cette opération et fait livrer des armes et des munitions à Parfait Kolelas et au pasteur Ntumi.

Un autre général, Norbert Dabira, ancien inspecteur général des armées, était sur le point de « découronner » SassouNguesso. Dabira aurait approché le général Nianga Mbouala Ngatsé pour participer à un coup de force. Il lui aurait fait parvenir une carte Sim de RDC pour garder leurs conversations confidentielles et l’aurait informé d’une prise de contact en France. Seulement, Dabira se confie à la mauvaise personne, un proche du président. Leurs communications sont placées sur écoute. Surprise : avant de décoller pour Paris, Dabira se fait débarquer de l’avion et voit son passeport confisqué. Le lendemain, le ministre de l’Intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou, lui fait écouter un des enregistrements dans lequel il est question d’abattre l’avion présidentiel à l’aide d’un missile, à la Habyarimana. Début février, le général Dabira a été placé à la maison d’arrêt de Brazzaville pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Un de plus. Lire la suite sur ParisMatch.com

Paris Match|

Par Guy Milex M’Bondzi
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9 réponses à Congo-Brazzaville : technique(s) du coup d’Etat

  1. mwangou dit :

    « Congo-Brazzaville : technique(s) du coup d’Etat ».
    La lecture de ce papier si plein de courtoisie, m’a conduit à la conclusion ci-après: sassou nguesso, après être revenu par les armes au pouvoir en 1997, utilise la même technique à l’envers, pour abattre toute contestation de son pouvoir, et régner en maître absolu sur le Congo. C’est très efficace: il accuse de coup d’état ceux qui l’ont fait monter au pouvoir, pour les abattre ensuite.
    mais cela, nous le savions depuis des lustres, que le fauteur de troubles au Congo, c’est bien sassou nguesso.
    Tant pis pour ceux qui ne l’ont pas encore compris et qui continuent à le servir. Leur tour d’être qualifié d’atteinte à la sûreté de l’Etat, viendra.

  2. Revelino dit :

    Nous sommes à des degrés divers et variés responsables de ce qui nous arrivent. Et chacun pour des fausses raisons. Je vous communique cet extrait trouvé ailleurs dans lequel la leçon est que dans une dictature, toute compromission se paie tôt ou tard.
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    Toute compromission se paie tôt ou tard

    Lisez Norbert Zongo

    « Les peuples comme les hommes finissent toujours par payer leurs compromissions politiques : avec des larmes parfois, du sang souvent, mais toujours dans la douleur. Deux illustres et malheureux exemples de l’heure peuvent être cités en la matière : le Zaïre et le Togo. Ces peuples, subjugués et gémissant sous la férule de tyrans militaires ont malheureusement leur part de responsabilité dans le drame qu’ils vivent.

    En Afrique, la compromission des peuples s’effectue à 3 niveaux :

    Le 1er niveau

    est constitué d’intellectuels opportunistes qui se servent de leurs connaissances livresques pour aider les dictateurs à donner un contour idéologique et politique à leur tyrannie… Le tyran peut voler, tuer, emprisonner, torturer… il sera défendu, intellectuellement réhabilité par des « cerveaux » au nom de leurs propres intérêts. Résultat : la plupart de ces intellectuels finissent par s’exiler, ou sont froidement exécutés ou « se suicident » en prison. Les plus heureux sont ceux qui sont dépouillés de leurs biens et de leurs privilèges avant d’être jetés en pâture au peuple… Un tyran n’a pas d’amis éternels.

    Le 2ème niveau

    est constitué par les opposants de circonstance. Ils se battent et entraînent des hommes sincères avec eux avant de rejoindre l’ennemi d’hier, avec armes et bagages, surtout avec la liste des opposants sincères. Résultat : ils bénéficient des grâces du tyran pendant quelques temps avant d’être éjectés, emprisonnés ou tués… Un dictateur n’a confiance en personne, surtout pas en un ancien opposant.

    Le 3ème niveau

    est constitué des « indifférents ». Les « pourvu que », la pure race des égoïstes myopes (pourvu que mon salaire tombe, pourvu que je n’aie pas d’ennuis, pourvu que rien n’arrive à ma famille…). Comme nous le disait un brave ami togolais dans les années 1980 : « pourvu que les bateaux continuent de venir au port, Eyadema peut faire ce qu’il veut. On le laisse avec DIEU » – notre ami est actuellement réfugié à Cotonou et les bateaux mouillent toujours au large de Lomé. Résultat : personne n’échappe à une dictature lorsqu’elle s’installe dans un pays. Comme le dit la sagesse populaire, chaque peuple a le régime qu’il mérite. Et chaque compromission avec une dictature est toujours payée au prix fort. La règle ne souffre pas d’exception. »

    Norbert ZONGO, le sens d’un combat », in L’Indépendant, « Edito N° 00 du 03 Juin 1993

  3. Guy Milex cela relève des affabulations d’Okemba jean dominique et Ndengeut . D’ailleurs le conflit okemba , Nianga-Bouala est vieux de près de 20 ans et okemba la toujours emporte contre Mouko, Adoua et récemment avec Nianga -Bouala . Les généraux Mbochis savent bien qui est parfait kolélas pour sassou ,ils ont un pacte diabolique d’où l’enrichissement illicite de parfait , donc ils pouvaient pas l’associé dans ce fictif coup -d’état . Mais je pense que sassou ne pas peut échappé au destin de Ngouabi son maître .

  4. David Londi dit :

    Un coup d’État militaire contre une dictature peut paraître un des moyens les plus faciles et rapides d’éliminer un régime corrompu. Néanmoins, cette option pose de graves problèmes. Le plus important est qu’elle laisse en place une mauvaise distribution du pouvoir entre la population, l’élite au pouvoir et la force militaire. Le renvoi de certaines personnes et cliques des postes gouvernementaux facilitera tout simplement l’occupation de ces postes par d’autres personnes. Celles-ci auront peut-être un comportement plus tempéré et seront éventuellement plus ouverts à des réformes démocratiques, mais ils peuvent aussi, à l’inverse, être plus corrompus que ceux dont ils prennent la place.

    Après avoir consolidé sa position, la nouvelle clique peut se révéler plus impitoyable et plus ambitieuse que la précédente. Ainsi, malgré les espoirs qu’elle apportait, elle sera libre de faire ce qu’elle veut sans se préoccuper de démocratie ou de droits humains. Cela ne peut donc pas être une réponse acceptable au problème de la dictature. Les individus qui sont à l’origine de ces bruits de bottes sont partie intégrante du clan d’où une étrange clémence du pouvoir vis-à-vis des prétendus putschistes.

    Dans ce pays, l’on a embastillé des gens pour moins que cela. Seul Dabira est sous les verrous mais notre ami Nianga est toujours libre de ses mouvements et n’a même pas été évincé de l’armée. Nous savons que Dabira est le seul condamné, en attendant la mise en examen du commanditaire protégé par une immunité présidentielle, dans l’affaire des Disparus du Beach. Il est un témoin gênant pour le dictateur, ceci peut, peut-être, expliquer cela. Ceci doit interpeler les démocrates. Nianga n’est pas, non plus, innocent des persécutions et du génocide du Pool de 1998 – 2000. Il a certainement gagné ses galons sur son engagement forcené dans cette guerre qui a dévasté le Pool.

    Nous nous retrouvons, ici, devant un monstre créé par le trio Ngouabi, Yhombi et Sassou. Celui qui en prend le contrôle en devient le maître et lui donne en guise de mets ses ennemis du moment. Quand Ngouabi en avait le contrôle, il en avait profité pour lui faire dévorer tous ses ennemis de Kinganga à Diawara. Plus tard Yhombi et Sassou en seront maîtres, il va faire dévorer les civils et militaires pouvant les mettre en difficulté face à l’assassinat de l’un des leurs, Ngouabi. Ainsi mourront dans les conditions atroces Massamba Débat, Biayenda, Kikadidi, etc. Sassou va s’en emparer pour se lancer dans l’aventure la plus criminelle de l’histoire de l’Afrique centrale : le génocide du Pool pour s’assurer un pouvoir à vie.

    Toute l’ossature de l’armée congolaise actuelle est responsable et passible d’accusations de crimes contre l’Humanité. Un nouveau maître cherche à s’emparer de ce monstre d’où le bruit des bottes au sein du clan. Le peuple doit prendre ses responsabilités et il va les prendre.
    Cette idée selon laquelle les opprimés sont incapables d’agir efficacement est parfois exacte pour une certaine période. Souvent les peuples opprimés manquent de volonté et sont temporairement incapables de lutter, car ils n’ont aucune confiance en leur capacité de faire face à une dictature brutale et ne voient aucun moyen de s’en sortir. Cette idée est momentanément vraie pendant une période mais ne l’est pas éternellement. L’impuissance du peuple à s’insurger vient du manque de leaders crédibles, non corrompus et capables d’organiser intelligemment la lutte pour désintégrer cette dictature comme il l’a déjà démontré par le passé. Il ne doit plus être marginalisé dans l’organisation de son destin.

  5. Lucien Pambou dit :

    Merci à toi Londi pour tes analyses lumineuses des faits sociologico-politiques du Congo-Brazzaville. Je n’ai rien à rajouter à ta description de la situation qui trouve un cadre analytique, le réseau, que certains refusent mais qui, à la lecture de ton papier, sont bien obligés d’admettre la puissance analytique. La théorie du réseau est un outil parmi tant d’autres dans le cadre global de la théorie systémique. Tout est dit et tout reste à faire. C’est ce type de débat que tu amènes sur Congo Liberty qui est intéressant et qui nous permet de dépasser les émotions analytiques, les insultes inutiles. Il nous reste au Congo à ancrer les mentalités dans une réflexion plus poussée que nos simples jérémiades. Viendra le temps des solutions qui peut être impossible sans un diagnostic serré au préalable.

    Merci encore Londi.

  6. Val de Nantes dit :

    @pambou ,une appétence londiste.Ou londi mieux traducteur de la philosophie réseautale.?

  7. Ano dit :

    Le frère David LONDI analyse, dénonce et nomme le mal sans complaisance aucune ce qui est loin sans faut de ce qui nous est apporté par MONSIEUR pambou. N’inversons pas les rôles!

  8. Lucien Pambou dit :

    A val de N antes

    Tu viens de mettre le doigt sur le mal congolais
    Nous ne savons pas reconnaitre les merites intellectuelles des autres et avec cela vous bavez en voulant construire et reconstruire le congo

    je rigole je rigole je rigole restez coller au bavardage sur congo liberty vous allez vieillir en france et d’amertume pour le congo chéri qui va continuer à vivre sans vous
    c’est dur à
    entendre c ‘est violent mais c’est ainsi

  9. Ano dit :

    « Nous ne savons pas reconnaître les mérites intellectuelles des autres » …..  détrompez-vous nous savons très bien reconnaître le « mérite » quand il se présente, notamment lorsqu’il s’agit du frère David LONDI à qui nous pouvons rendre ici le brillant hommage qu’il se doit.

    Le mérite ne se décrète, ni ne s’octroie, comme son nom l’indique cela se « mérite » ce qui est loin d’être votre cas. Afficher ses états de services et ses diplômes et vouloir s’imposer en donneur de leçon pour détourner sournoisement l’attention du mal ne vous permet, certainement pas, d’obtenir cela MONSIEUR pambou.

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