Congo-Brazzaville : Les arriérés, la bourse et la manière

Selon Marie Eliou, l’ère des premiers boursiers congolais remonte au 15ème siècle, à destination de Rome et de Lisbonne. Aujourd’hui la notion de bourse relève de la fantasmagorie.

ILLUSIONS PERDUES

La cause est-elle entendue ? Les carottes sont-elles cuites ? Les étudiants du Congo-Brazzaville accusés « d’audition sélective » par Delphine Edith Emmanuel Adouki doivent-ils passer par pertes et profits les impayés et faire le deuil des arriérés de bourse ?

Tout semble aller dans cette direction. Les atermoiements du gouvernement dans le traitement des bourses ne sont pas de nature à inspirer confiance. A qui sait comprendre, peu de mots suffisent. Sur le chemin de la vie active, la situation des étudiants du Congo-Brazzaville semble quant à elle n’en plus finir de se paupériser. C’est la croix et la bannière.

CALENDES GRECQUES

La trajectoire des étudiants boursiers du Congo-Brazzaville sous Denis Sassou Nguesso n’a pas connu la même limpidité que sous la présidence d’Alphonse Massamba Débat et Marien Ngouabi, période pendant laquelle le statut d’étudiant conférait respect et considération. Les Bantous de la capitale avaient chanté : « Ô bala na yo étudiant  ». Être élève de l’enseignement supérieur était synonyme d’un « pouvoir d’achat » et la rançon du mérite. Mais l’époque glorieuse où les étudiants frimaient dans les quartiers avec les Peugeot BB et les mobylettes 41S est révolue. Et, pour cause. Denis Sassou Nguesso, Terminator, est passé par-là.

Le message du premier Ministre Anatole Collinet Makosso, qui aurait été mal compris et mal interprété par les étudiants d’après Delphine Edith Emmanuel Adouki, était bien perceptible et on ne peut plus limpide. C’était un ballon d’essai. Un test chimique. Question de jauger la réaction symptomatique des étudiants, de la classe politique et de la société civile du Congo-Brazzaville. Les intentions de Denis Sassou Nguesso, Anatole Collinet Makosso, Jean-Baptiste Ondaye, Ludovic Ngatsé et Delphine Edith Emmanuel Adouki sont claires comme l’eau de roche, limpides comme un verset biblique : introduire la notion d’étudiants « actifs  » et d’étudiants « inactifs » dans le système de l’enseignement supérieur, biffer d’un trait de plume budgétaire les arriérés de bourse des étudiants et s’assoir sur les engagements régaliens de l’Etat. La pentatonique « Sassou, Makosso, Ondaye, Ngatsé et Delphine Edith Emmanuel Adouki » souhaite faire ainsi des économies d’apothicaires sur le dos des étudiants et dégager des marges de manœuvre budgétaire. Pour un traquenard, ce n’est pas une première pour le Congo-Brazzaville qui traîne la sale réputation de ne jamais tenir parole.

A l’occasion du message sur l’état de la nation, Denis Sassou Nguesso est revenu à la charge. Le fils de « Mama Mouébara » a martelé comme pour bien enfoncer le clou : « De façon générale et malgré les turbulences de l’économie mondiale, les efforts déployés par le gouvernement pour garantir le paiement régulier des salaires et des pensions de retraite devraient être maintenus, voire redoublés, en intégrant, désormais, les bourses des étudiants actifs pendant que se poursuit la réflexion en cours sur les arriérés de bourses des étudiants et de pensions de retraite  » (Les Dépêches de Brazzaville, 28 novembre 2022). C’est la mortification pour les « pauvres » étudiants. Cette incertitude de l’administration Sassou dans le règlement des arriérés de bourses trahit un désarroi au plus haut niveau du régime, face à une épreuve qu’il s’est manifestement montré incapable de résoudre en période de vaches grasses, à force d’aveuglements. Les étudiants boursiers du Congo-Brazzaville ont pris leur mal en patience. « Zéla zéla, mokombosso azanga mokila » (un raté du créationnisme divin). A force d’attendre, le gorille a été privé de queue. Combien d’années faudra-t-il de réflexion à Anatole Collinet Makosso, Jean-Baptiste Ondaye, Ludovic Ngatsé et Delphine Edith Emmanuel Adouki pour apporter des solutions au problème des arriérés de bourses des étudiants ? Depuis Mai 68 en France, les étudiants sont des faiseurs de Rois. « Gare au gorille ! » dit Georges Brassens.

NEW CONCEPT

L’administration Sassou a innové en inventant un nouveau concept dans la gestion des ressources humaines. Qu’est-ce qu’un étudiant «  actif  » et qu’est-ce qu’un étudiant « inactif  » ? There are the questions  ?

Quelques Cassandres ont hurlé, à l’instar des leaders des syndicats étudiants, mais aucun Périclès politique et du monde intellectuel n’a agi. Personne n’est venu à la rescousse de la douleur des étudiants qui ne demandent pas la lune dans un seau d’eau. Tous les âges ont leurs difficultés, mais force est de constater que les jeunes dont sont issus les étudiants sont toujours les premiers auxquels les gouvernements, qui se sont succédé ces dernières années, ont demandé des efforts. Soumise à un travail de Titan cette jeune élite n’a jamais goutté aux joies qu’accorde un Etat Providence. Des efforts, jamais de réconfort. Ce hiatus est obtus.

CONCOURS DE BOURSE

Le Khalife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso, n’a jamais montré une attention particulière pour les questions d’éducation et de formation. Ange Edouard Poungui, Premier Ministre de Sassou Nguesso, avait tenté d’instituer l’ignominie d’un concours de bourse. Cette initiative aussi cruelle qu’inopérante avait été inspirée par une communication de Louis Bakabadio intitulée : « Les inputs et les outputs du système éducatif congolais ». Idée réactionnaire qui fut abandonnée à la suite des événements du 11 novembre 1986. Louis Bakabadio est aujourd’hui conseiller éducation de Denis Sassou Nguesso. Rencontre fortuite de deux larrons de la politique ou rapprochement maçonnique de deux apprentis sorciers ?

PETITE SUISSE

Après deux années consécutives de récession, due essentiellement à la crise sanitaire liée à la pandémie de covid-19 et aux effets néfastes de la forte baisse des cours des matières premières, notamment du pétrole, l’économie du Congo-Brazzaville se redresse progressivement, ce qui se traduit par un taux de croissance de 2,8 % en 2022 et donc par des recettes budgétaires substantielles. Le Congo Brazzaville, au regard de ses nombreuses ressources naturelles et humaines, pouvait marcher sur les traces de la Suisse selon la volonté du Professeur Pascal Lissouba et accorder la bourse à tous les bacheliers de l’enseignement supérieur, comme c’était la règle à l’époque de Florent Ntsiba, Firmin Ayessa, Ferdinand Sabaye, Rosalie Matondo, Pierre Mabiala, Delphine Edith Emmanuel Adouki, Anatole Collinet Makosso et bien d’autres.
Comment la machine s’est-elle enrayée ?
Pourquoi les bourses sont-elles payées au compte-goutte et le versement des arriérés de bourses reportés sine die alors que les caisses du Trésor public sont remplies à rebord ? En dépit de la manne financière engrangée par le Congo-Brazzaville, les étudiants ont assisté impuissants à l’érosion de leur statut jusqu’à la distinction, entre étudiants actifs et étudiants inactifs, qui a achevé leur disgrâce.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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6 réponses à Congo-Brazzaville : Les arriérés, la bourse et la manière

  1. Samba dia Moupata dit :

    Salut! Cher Bitadys , le non paiement des bourses est un désastre surtout pour nos jeunes originaires du grand Niari qui constitue 80% des effectifs des étudiants de l’université Marien Ngouabi ! Comment un jeune de pointe noire, Dolisie, Madingou, Mouyoundzi ou de Loudima pourrait venir vivre à Brazzaville sans Bourse d’études ? Cependant Sassou Denis et Obenga ont ouvert une université 100% jeunes Mbochis à kintélé . Ces jeunes malheureux ce sont retrouvés avec des impayés de louer à Brazzaville la plupart sont repartis faire des travaux champêtres au village, alors Sassou Denis vend le barils de pétrole à 100 dollars et préfère aider les siens. Ça s’appelle un faux pays et privé les jeunes de la connaissance.

  2. Val de Nantes. dit :

    Et c’est comme ça ,vous voulez former des ingénieurs capables de trouver des solutions aux inondations quotidiennes et des divers incendies qui traumatisent la vie des millions des congolais….
    Attendez le retour de Youlou ou de Massamba Débat , peut-être !!…
    Les Mbochis se préoccupent à sucer l’argent public au point d’oublier l’avenir du Congo Brazzaville….
    Quelle valeur donnée à un médecin et à un ingénieur formés sous la famine ?.
    Que valent réellement ces médecins congolais formés à Cuba , ayant passé des années d’études dans des mauvaises conditions ?…
    La décadence du Congo Brazzaville s’explique par la non – considération de l’intelligence au profit de la bêtise franc-maçonnique..( sorcellerie Mbochi)..
    Pour moi ,ses études empreintes des tâches faméliques , souffrent d’une véritable d’un manque liant universitaire.Et je sais de quoi je parle…
    Cette situation d’absence de bourses est une coutume congolaise qui date des années 1980… Et ça continue !!.
    Comment d’étudiants congolais ont perdu leurs salives pour se voir verser la bourse ?
    N’eût été la stratégie des mariages mixtes avec les Françaises , beaucoup n’auraient pas atteint le niveau de DEUG .En témoigne le vol des boîtes de sardines volées par Bouya à Auchan , pendant son séjour d’études calamiteux à Lille…
    Qui en France ,en étant boursier virtuel , a touché de manière régulière sa bourse du Congo. ? .L’ OGESC ,j’y ai laissé une partie de ma vie en France… Le métro  » la pompe  » fut les pompes funèbres des étudiants congolais…. On y allait pleurer !!.
    Plusieurs enfants métis congolais peuvent dire merci au Congo Brazzaville pour cette politique d’abandon des étudiants dans la nature européenne…
    Ils sont le produit de l’incompétence congolaise de l’administration congolaise..
    Des ingénieurs ,il faut les former avant de les trouver….Cela implique une discipline administrative dans l’octroi des bourses pendant les cinq années d’études…
    Au rythme où va la pagaille dans ce secteur, le Congo fonce vers le moyen âge….
    Pas d’ingénieurs ,pas de développement économique. C’est clair !!.

  3. Val de Nantes. dit :

    Lire , combien d’étudiants congolais ont perdu.
    La bourse congolaise n’existe pas . Pour croire à l’existence de cette bourse encore faudrait-il la toucher ?…
    C’est comme la preuve de l’existence de Dieu… Personne ne sait si Dieu existe ,si ce ne sont des nombreuses hypothèses , hypopothéses ,etc .
    Telle est la nature de la bourse congolaise sous Sassou …
    C’est avec ce caractère aléatoire de la bourse que le Congo prétend former des cadres de l’avenir du Congo Brazzaville…
    Sous le fédéralisme ,ce sont les régions fédérées qui en assurent le financement pour des objectifs économiques précis ,identifiant les besoins de développement local…
    Nous devons en finir avec cette folie , qui nous ridiculise dans les pays où nous envoyons étudier nos compatriotes…
    Le Congo , pour tous ; mais l’économie reste du domaine régional…
    C’est par l’analyse des causes des inégalités et la critique de leurs effets sur le sous développement du Congo que le fédéralisme donne les armes justes aux régions fédérées pour les combattre…
    L’ empathie nationale n’existe que par la création des richesses régionales, lesquelles se déploient dans le pays sous forme de solidarité financière et économique entre les régions sous l’arbitrage de l’État fédéral…
    La nature a doté tous les territoires de notre pays des richesses naturelles ,il suffit d’en exploiter avec doigté pour casser les problématiques sociales et économiques qui touchent l’ensemble des congolais.
    Il faudrait penser un Congo décomplexé de la tutelle présidentielle , en faisant le pari d’une nation concentrée sur un seul objectif : celui de la création des richesses locales…ou régionales…
    Attention ;
     » L’ homme est un animal désireux et son insociable sociabilité fait de lui un profiteur de la société « :dixit Spinoza et Kant…
    Voilà la vérité philosophique que vivent les congolais sous Sassou… L’ empirisme est un congolisme .. c’est à dire une réalité objective que perçoivent les congolais…
    C’est la réalité du réel congolais… C’est la philosophie pratique appliquée au vécu quotidien des congolais…
    Facile, la philo. Vous en avez la preuve existentielle…
    Voilà comment la philosophie sort de l’université pour rencontrer les congolais au travers de leur misérable existence…..
    Le Congo Brazzaville , laboratoire des concepts philosophiques . Un objet philosophique dont on peut extraire une thèse.. .J’y pense , d’ailleurs..
    La situation s’y prête à merveille… Et un directeur de thèse ,eh hop!!.
    La gestion verticale des finances publiques est une cave à vin où l’élu vient s’approvisionner et le reste de sa famille.Sassou vous en offre l’amère expérience.
    Oui ,chers compatriotes , les fédéralistes ont bien analysé et compris d’où vient la paupérisation absolue . Elle vient de l’absolutisme du pouvoir , c’est à dire ce mécanisme institutionnel idiot , qui vise à confier la totalité des pouvoirs à un salaud qui ,au lieu de servir le peuple ,se sucre dans le dos cramé des congolais….
    Ce changement de logiciel mental est le départ de la répartition des richesses selon les efforts de tout un chacun à créer sa vie matérielle…
    Une fois de plus , à moins d’être des éternels étourdis et maudits ,tels les héritiers d’Adam et Eve, le bonheur dépend de la création des richesses locales..
    Dieu n’existe pas sur terre . C’est l’économie qui apparaît comme la créatrice du paradis terrestre .En témoigne la vie bonne des européens….et surtout Dubaï où se déversent les nantis congolais…
    Ce manque de confiance en soi fait le bonheur des politiques bardés des ambitions diaboliques…qui écument l’espace politique congolais…
    Blaise Pascal aurait dit , à la place de son loto divin , »: loto politique « ..ou Pactole sui vient de la mythologie grecque : de l’or jeté dans la mer , qui se transforme en une nuée d’or …
    Questionner la misère , c’est chercher à en débusquer les causes..
    Attention ,chers compatriotes , la fonction présidentielle est un ovni .Inutile et très coûteux pour notre trésor public.. La vie congolaise n’en dépend point ….
    Attention et réfléchissez !!.
    Ne confondez pas l’économie et la fonction présidentielle.. L’ une peut vivre sans l’autre ,mais l’inverse n’est pas vrai ,….
    Prenez conscience de la faculté de faire le bon choix dans l’idéal d’un Congo sans Dieu.
    Avec la fonction présidentielle au Congo Brazzaville ,la richesse devient générationnelle .kéba… Résultats : on s’accroche à son butin ,au prix des cadavres congolais , Kéba….
    Énervez – vous ,contre la pauvreté !!.

  4. Samba dia Moupata dit :

    Cher Val de Nantes, c’est une opération savamment organisée par Sassou Denis et son conseiller occulte OBENGA, saboter l’avenir de ces jeunes du grand Niari qui font Des études brillantes à Marien Ngouabi d’ailleurs les deux vrais professeurs agrégés sont du grand Niari Hervé Diata et Moudoudou Placide . Avant que Sassou Denis infiltre le CAMES avec ses faux agrégés Mbochi Téké ! Sassou Denis a pour mission première d’affaiblir les populations du sud Congo, ça devient une réalité qui sautes aux yeux ! Ils n’y a des idiots qui veulent pas voir ces actes malveillants de Sassou Denis.

  5. Val de Nantes dit :

    J’admire Louis Bakabadio mais je hais sa statue de collaborateur cynique avec Sassou sur la base des intérêts funestes et surtout maçonniques.
    Nous parler des inputs en éducation nationale , c’est bien .Mais encore faut il les matérialiser sur le terrain.?..
    C’est encore lui , au stade de la révolution ,dans les bâtiments universitaires , qui nous débitait ces concepts économiques à coups de formules mathématiques…
    Que signifient les inputs ?.
    En économie, c’est d’ailleurs un mot anglais voulant dire : entrée.
    Je prends une fonction de production de type :
    Y = ( x. ,z ,u ). Elle a un ensemble des 3 facteurs de production: x ( énergie) z( main d’oeuvre) u ( matière première ).
    Cette fonction Y est dérivable . c’est à dire que chaque input sera à tour de rôle étudié à travers son utilité marginale et moyenne.
    Bref , nous sommes au cœur de la micro- économie.
    L’ utilité marginale d’un facteur de production comme Y = x ,par exemple , c’est la plus petite valeur de x dans la production des biens ou services…
    La combinaison de ces trois inputs donne les outputs ( sortie ) c’est à dire une voiture, une fourchette ,un pain etc.
    Alors l’on a du mal à mieux situer sa pensée dans le cadre de l’éducation nationale.
    Si les étudiants ,selon l’entendement de Louis B,sont des inputs nécessaires au Congo comme fonction , c’est l’utilisation de ces inputs donc les étudiants est sacrifiée sur l’autel des compétences notoires et complices ..
    Bakabadio a perdu son aura économique , qui aurait permis au Congo de réorienter le modèle économique idyllique et efficace pour son développement…
    Le but de la franc-maçonnerie est l’amélioration des conditions de vie de l’humanité ..Au Congo, elle a été détournée de son but premier.. Pour l’instant ,les inputs de L.B sont fantomatiques en termes de production pour le Congo…

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