La guerre du 05 juin 1997 est le symbole de l’épuisement de l’éthique et de la morale, de la sécheresse de la pensée et de l’errance de la Raison.
L’Histoire politique du Congo-Brazzaville est le récit d’une succession de violences dont la conquête ou la conservation du pouvoir d’état demeure l’enjeu principal. Les esprits ont du mal à s’émanciper de cette inconcevable culture de la violence, de cette idéologie de la mort qui se déploie sur plusieurs dimensions, tant symboliques que réelles et dont les populations en pâtissent cruellement.
Cette banalisation du mal à laquelle les politiques, dépourvus d’un réel projet de modernisation de ce pays, ont habitué les Congolais, vide de son contenu éthique et moral toute possibilité de construire ensemble ou toute initiative transpartisane de progrès. Suspicion, méfiance, l’entre-soi, repli identitaire, frustration tels sont les maux qui caractérisent notre pays. Cette banalisation du mal constitue un réel obstacle à l’idée de l’édification d’une nation et d’un état dignes de ce nom.
Les esprits endurcis par la haine, pétris de cynisme face à la douleur de leurs compatriotes et soufflant en permanence sur les braises de la division, font glisser le Congo-Brazzaville sur la pente du chaos depuis des décennies. Légendes, fables et haines antérieures constituent les supports idéologiques qui justifient et alimentent leur dévoiement. La pensée comme modalité d’élévation d’une société n’a pas la moindre place en eux, et a été substituée par la violence comme aune de la gloire.
Mais, quoi qu’il en soit, nul ne peut empêcher la manifestation de l’expression plurielle ou faire fî de la richesse de la transversalité des intelligences, qui constituent les fondements de toute société.
Le Congo-Brazzaville connaît actuellement une crise multiforme qui est avant tout structurelle que conjoncturelle, et dont les racines sont logées en grande partie dans la violence politique qui sévit depuis des décennies. C’est pourquoi les solutions pour régénérer ce pays résulteront d’une analyse objective des vraies causes de la violence politique, auquel cas elles n’auront qu’un caractère cosmétique et illusoire. Les gouvernements peuvent se succéder autant que possible, même avec des programmes ronflants, mais tant que l’espace politique ne sera pas pacifié, tant qu’il n’y aura pas la libération de la parole avec des débats démocratiques, le malaise actuel persistera, avec une paupérisation toujours croissante de la population.
Afin de renouer les liens brisés par la logique de la violence, il faut l’éclosion d’une pensée de raccordement social, formalisée et portée par le génie collectif congolais. Il s’agit bien entendu d’une vraie réflexion, sans tabou et sans atermoiement, qui doit être matérialisée par des solutions audacieuses afin de sortir de la déprime générale actuelle.
La violence politique comme modalité des rapports sociaux est une source de blocage multiforme qui doit être bannie des esprits. Elle est antinomique à l’esprit créatif et au progrès. Sa nocivité n’est plus à démontrer, car chaque Congolais en porte les stigmates, d’une manière ou d’une autre. L’éloigner radicalement de notre univers mental est, pour chacun de nous, par-delà nos opinions, un acte important et une contribution significative pour la modernisation de notre pays, sauf à se méprendre en acceptant la servitude volontaire à travers le bourbier de l’ethno-militantisme, qui n’a pour horizon que la division des Congolais en termes du « Nous » et « Eux », de l’encrage géographique qui ne peut construire une conscience commune et un idéal commun.
Avec ses nombreux morts et son chapelet de souffrances qui hantent la conscience collective congolaise, la date du 05 juin 1997 est le symbole de l’épuisement de l’éthique et de la morale, de la sécheresse de la pensée et de l’errance de la Raison. S’incliner en toute conscience devant ce moment innommable, ce moment de la vacance du Kimuntu, permet de sacraliser la figure de l’Autre et de l’être-ensemble dans un pays débarrassé de toute suspicion où chacun apporte sa contribution ; dans un pays où nul n’est exclu à cause de ses origines ethniques, régionales ou de ses idées ; dans un pays où le pouvoir politique ne saurait être un enjeu de domination ethnique ou régionale ; dans un pays où le bien collectif est mis au service de l’intérêt général. Mais cette perspective suppose une alliance des grands esprits, des patriotes qui ont une vision claire et féconde pour le pays. Ceux-là dont le meilleur d’eux-mêmes, par-delà la diversité de leurs opinions, ne trouve de finalité que dans l’intérêt général.
Les civilisations qui ont marqué l’Histoire, ont toujours été portées par la vision, la volonté et l’abnégation des grands esprits.
Gilbert GOMA
Diffusé le 05 juin 2023, par www.congo-liberty.org
Cher Gilbert Goma , voici 26 ans que Sassou Dénis et son maître Jacques Chirac ont plongés le Congo sud dans le deuil et l’ appauvrissement sans discontinuer ! Gilbert la situation dans nos contrées kongo est plus que jamais, sidérante !!!
Lorsqu’on aperçoit sur un réseau social le train gazelle ,transversant un quartier de Brazzaville ,l’on se rend compte de la misère de la pensée politique congolaise… La On se serait cru dans un pays du Moyen-âge. Pas de mots , pour qualifier l’inqualifiable.. Comparé à d’autres pays ,en voie de développement , l’écart frise l’injure au peuple congolais…
Le solde du régime de Sassou est préhistorique , infâme , honteux , indigeste et criminellement négatif.
Les mots sont faibles pour décrire l’absence criarde de vision patriotique , qui caractérise la nature immonde de ce pouvoir volé , de façon récurrente au peuple congolais, pour des résultats nihilistes…
Si c’est ce modèle institutionnel actuel , qui sert de référence à la bonne gestion des ressources du Congo Brazzaville ; l’on peut dire que , c’en est fini du Congo Brazzaville….Finito !!.
C’est maintenant qu’il faudrait penser , réfléchir sur un idéal institutionnel . Car pour l’heure,le Congo Brazzaville navigue dans un indescriptible impensé institutionnel…
D’imaginer ,en 2023 , que la pensée institutionnelle de Debré , collaborateur fieffé de De Gaulle, soit la pensée indépassable de toute révolution institutionnelle en Afrique noire, biberonnée à la succion française…
En rester à cette pensée , c’est valider la » morale d’esclave »dénoncée par Nietzsche dans » par delà le bien et le mal ». Soit le refus d’affirmation de soi …
L’avenir du Congo Brazzaville se joue maintenant au travers des idées iconoclastes, novatrices , qui transcendent tous les déterminismes qui font obstacle au développement, comme objectif premier d’une nation, appelée à se sortir de l’âge de minorité…
Le Congo Brazzaville a plus besoin de l’air frais que l’air pollué depuis sa sortie et du colonialisme et de la ratée conférence nationale , où les leaders de l’époque avaient davantage le nez sur le guidon présidentiel que sur le modèle économique du pays..
Nous payons , aujourd’hui, les conséquences de la folie congolaise d’hier ,dont nous avons du mal à nous défaire, du fait des institutions inadaptées….