CE QUE LES AFRICAINS DOIVENT RETENIR DU DISCOURS DE FRANCOIS HOLLANDE A ALGER: la colonisation un « système profondément injuste et brutal »

Francois-Hollande-Algerie-discours-parlementMonsieur le Président du Conseil de la Nation,

Monsieur le Président de l’Assemblée populaire nationale,

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs les Parlementaires.

 

Ma visite vient dans un moment chargé de sens et de symboles, il y a cinquante ans, l’Algérie accédait à l’indépendance, elle s’arrachait à la France, après une guerre longue de huit ans.

Elle devenait la République algérienne libre et souveraine. Elle conquérait ce droit, ce droit inaliénable, ce droit de pouvoir disposer pour un peuple de lui-même. Cinquante ans, c’est court à l’échelle de l’histoire, et pourtant, quel chemin a été parcouru par l’Algérie depuis 1962.

Mais cette amitié, pour vivre, pour se développer, elle doit s’appuyer sur un socle, ce socle, c’est la vérité. Cette vérité, nous la devons à tous ceux qui par leur histoire, par leur histoire douloureuse, blessés, veulent ouvrir une nouvelle page. Nous la devons à la jeunesse, à toutes les jeunesses, qui veulent avoir foi en leur avenir, et donc qui veulent savoir d’où elles viennent. Rien ne se construit dans la dissimulation, dans l’oubli, et encore moins dans le déni. La vérité, elle n’abîme pas, elle répare, la vérité, elle ne divise pas, elle rassemble.

Alors, l’histoire, même quand elle est tragique, même quand elle est douloureuse pour nos deux pays, elle doit être dite. Et la vérité je vais la dire ici, devant vous. Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal, ce système a un nom, c’est la colonisation, et je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien.

Parmi ces souffrances, il y a eu les massacres de Sétif, de Guelma, de Kherrata, qui, je sais, demeurent ancrés dans la conscience des Algériens, mais aussi des Français. Parce qu’à Sétif, le 8 mai 1945, le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles.

La vérité, elle doit être dite aussi sur les circonstances dans lesquelles l’Algérie s’est délivrée du système colonial, sur cette guerre qui, longtemps, n’a pas dit son nom en France, la guerre d’Algérie. Voilà, nous avons le respect de la mémoire, de toutes les mémoires.

Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture. Connaître, établir la vérité, c’est une obligation, et elle lie les Algériens et les Français. Et c’est pourquoi il est nécessaire que les historiens aient accès aux archives, et qu’une coopération dans ce domaine puisse être engagée, poursuivie, et que progressivement, cette vérité puisse être connue de tous.

La paix des mémoires, à laquelle j’aspire, repose sur la connaissance et la divulgation de l’histoire. Mais la nôtre est aussi une histoire humaine, car au-delà des blessures, au-delà des deuils, demeure la relation exceptionnelle nouée entre les Français et les Algériens ; les Français d’Algérie, instituteurs, médecins, architectes, professeurs, artistes, commerçants, agriculteurs qui, avec le peuple algérien, avaient su nouer, dans des conditions difficiles, intolérables parfois, des relations tellement humaines.

Notre histoire, cette histoire, c’est aussi celle de grandes consciences françaises, qui ont su s’élever contre l’injustice de l’ordre colonial, Georges CLEMENCEAU, dès 1885, trouvât les mots pour dénoncer l’abus pur et simple de la force pour s’approprier l’homme et ses richesses.

Et puis, notre histoire, l’histoire de la France, c’est aussi Alger, qui fut la capitale dans les moments les plus sombres de la France libre, parce que c’est ici que s’était réfugié l’honneur de la France, à Alger, avec le Général De GAULLE à sa tête.

Voilà tout ce qui nous rassemble, nous réunit et nous permet après avoir regardé l’histoire, le passé, de pouvoir construire l’avenir.

Nous devons, pour l’intérêt de l’Algérie et pour celui de la France, maîtriser les flux migratoires. Les jeunes que vous formez doivent trouver du travail ici, espérer faire leur vie ici, mais en même temps ils ont besoin aussi de circuler. Alors, nous ne devons pas faire de la demande d’un visa un parcours d’obstacle ou, pire encore, une humiliation.

Au contraire ! Nous avons besoin que se poursuivent et même s’amplifient les allers-retours des étudiants, des entrepreneurs, des artistes, des familles.

Bref, tout ce qui anime la relation entre la France et l’Algérie. Nous allons rester dans l’accord de 1968, mais nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour accueillir mieux les demandeurs de visa et pour que les documents soient délivrés plus vite par nos consulats. C’est une affaire de respect et d’intérêt mutuel.

Chaque pays doit trouver sa propre voie et vous l’avez montrée. Il ne peut pas y avoir de réponse unique aux aspirations des citoyens, mais la leçon de ce qu’on a appelé le printemps arabe c’est que de toute manière, et partout dans le monde, les peuples entendent prendre en main leur destin.

Alors, le rôle de la France, celui de l’Algérie, c’est de les accompagner dans la voie de l’ouverture, de la démocratie, de la liberté. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne se discute pas, ne se marchande pas.

Enfin, il y a la crise du Sahel. Elle nous oblige aussi, et là-dessus je me félicite de voir que la France et l’Algérie partagent des principes communs. Nous devons affronter cette crise, mais nous devons laisser les Africains décider souverainement des opérations de soutien pour permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale.

Nous avons deux volontés qui ne se discutent pas. La première, c’est de favoriser la négociation politique, le dialogue pour que toutes les parties prenantes qui respectent l’unité du Mali, qui n’acceptent pas le terrorisme, puissent se retrouver ensemble avec des voix permettant aussi une certaine reconnaissance de la spécificité du nord-Mali.

Mais en même temps que nous poursuivons cet effort de négociation politique, nous devons montrer une détermination. Non pas la France, qui n’est plus dans ces interventions d’hier, mais la communauté internationale.

Parce que si le conseil de sécurité en décide, et il en décidera, alors ce seront les Africains eux-mêmes qui voudront ou ne voudront pas – et je sais qu’ils le veulent – engager une opération pour l’intégrité du territoire malien.

C’est pour elle que nous formons cette déclaration d’amitié. C’est pour elle que nous engageons ce partenariat exceptionnel d’égal à égal. C’est pour elle, cette jeunesse de France, cette jeunesse d’Algérie, que je suis venu ici, en visite comme chef de l’État, comme président de la République, pour vous dire combien je crois à l’amitié entre la France et l’Algérie.

Merci.

Discours-integral-de-l-allocution-de-hollande-devant-le-parlement-algerien

VIDEO DU DISCOURS DE FRANCOIS HOLLANDE : 

Discours prononcé devant les parlementaires algériens le jeudi 20 décembre 2012  à Alger (Algérie)

www.congo-liberty.org

 

 

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Une réponse à CE QUE LES AFRICAINS DOIVENT RETENIR DU DISCOURS DE FRANCOIS HOLLANDE A ALGER: la colonisation un « système profondément injuste et brutal »

  1. hussein dit :

    Si un descendant du colonisateur dit que la colonisation a ete injuste et brutale,pourquoi vous les descendants des colonises pouvez dire le contraire au point de venerer un colon?
    Est il encore necessaire a partir de ce jour d’aller visiter le monument de Brazza au Congo Brazzaville?

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