Le lundi 29 avril 2024, le Président-directeur-général de TotalEnergies, Monsieur Patrick Pouyanné a été auditionné par le Commission d’enquête du Sénat français, créée à l’initiative du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires (GEST).
Roger Karoutchi en a été le président et Yannick Jadot le rapporteur. Intitulée, « Commission d’enquête sur les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France », elle avait procédé à une quarantaine d’auditions sur la décarbonation de l’énergie, la finance durable, la régulation des mobilités public-privé et des activités de représentation d’intérêts, le devoir de vigilance, la géopolitique des hydrocarbures ou la physique du climat, dès le 25 janvier 2024. Elle a rendu public le résultat de ses travaux le 19 juin 2024.
L’audition de Monsieur Patrick Pouyanné s’est effectuée dans un climat très serein et digne. Trois pays avaient été cités, le Mozambique, l’Ouganda et la République du Congo. Pour cette dernière, il n’a été question que du mauvais choix de planter des acacias sur 40.000 hectares dans les Plateaux, que Monsieur Pouyanné n’a d’ailleurs pas contesté.
Depuis de longues années, un autre acteur important de la production pétrolière dans le Golfe de Guinée, le groupe Perenco, est décrié pour ses pratiques peu respectueuses de l’environnement. Rien ne semble l’atteindre, il prospère au contraire entre pollutions majeures et acrobaties fiscales que le Canard Enchainé dans son édition du 19 juin 2024, qualifiait de « bizarreries fiscales ».
Il faut alors comprendre l’impatience de certains acteurs de la société civile congolaise qui se sont étonnés auprès de Députés et Sénateurs français, de la quasi-impunité dans laquelle évolue la Société « franco-britannique » Perenco, propriété de la famille Perrodo, malgré les enquêtes, les protestations et les plaintes qui fusent de toutes parts. Monsieur François Perrodo devrait être auditionné, comme Monsieur Pouyanné l’a été le 29 avril 2024, dans une Commission d’enquête spécialement dédiée aux faits ou infractions supposées dont il est actuellement question. De plus, depuis le 24 juillet 2024, Perenco est associée à hauteur de 11% dans l’exploitation du Terminal de Djeno aux côtés de la SNPC 15%, TEP Congo 48% (Opérateur), ENI 26%. Ce qui alourdit d’autant sa responsabilité carbone et autres pollutions.
François Perrodo, « Chairman » du groupe PERENCO, est l’interlocuteur privilégié du président congolais. L’exploitation des champs pétroliers, qu’il a obtenus dans des conditions trop favorables, s’effectue en association avec des sociétés qui appartiennent en réalité à la famille présidentielle. Les grandes tolérances dont Perenco bénéficie en matière de torchage découlent très sûrement de cette proximité. L’optimisation fiscale du groupe, poussée au maximum, fait que toutes ses filiales dépendent de structures et de holdings logées aux Bahamas.
« Burning Skies » une récente enquête de Médiapart , le cible également et souligne la responsabilité écrasante du pétrolier : « Une pollution énorme, supérieure à celle générée par TotalEnergies, pourtant beaucoup plus gros, sur l’ensemble de la zone Afrique et Moyen-Orient (63 millions de tonnes).
La différence est encore plus frappante en analysant les chiffres publiés par les deux entreprises au niveau mondial. Si l’on considère la pollution liée au torchage pour chaque baril de pétrole produit, les émissions de Perenco sont près de dix fois supérieures à celles de TotalEnergies ».
L’impunité dans laquelle Perenco intervient au Congo ne peut que surprendre et devrait interpeller les autorités et les parlementaires français. Néanmoins, il nous faut encore renforcer la documentation sur laquelle appuyer l’initiative de la formation d’une Commission d’enquête. Les habituels lanceurs d’alerte et informateurs, qui interviennent depuis longtemps à nos côtés, sont déjà mobilisés…
Le soupçon de corruption et de dégâts environnementaux majeurs vont de paire. Ils sont favorisés par un appât du gain colossal, de part et d’autre. Cependant, l’urgence serait de déclencher des vérifications approfondies sur les niveaux actuels de la pollution dans le Kouilou et les dangers qu’elle fait peser sur les populations jeunes et moins jeunes de la région.
Il y a trop longtemps que le Groupe Perenco nargue de sa toute puissance la population congolaise, en obtenant à vil prix ses ressources pétrolières et en pratiquant leur exploitation sans se préoccuper des préjudices qu’il cause au bien-être et à la bonne santé de nos Compatriotes !
La Rédaction
Diffusé le 29 octobre 2024, par www.congo-liberty.org