La bataille de Brazzaville a poussé les caciques de la Françafrique à perdre leurs positions de régents dans ce pays où ils faisaient la pluie et le beau temps depuis les indépendances dans les années 60 jusqu’à nos jours. Il est évident que les symptômes d’une guerre tribale se manifestent d’une façon aussi dévorante. À travers plusieurs protagonistes de ce roman réaliste à souhait, des Chinois, des Américains et même des Coréens entrent en scène. À cet égard, on doit croire que sur cet échiquier la France n’a pas que des avantages. En pleine guerre civile, de méchants spéculateurs sont présents dans tout le pays. Les prétendants au pouvoir, cantonnés dans leurs quartiers généraux, bradent les ressources puisqu’ils vont laisser le Congo Brazzaville à genoux. Dans ce cynisme d’État, il y a un sursaut de dépouillement de tous côtés. Cela montre l’inconséquence de ceux qui gouvernent depuis plus d’un demi-siècle ce petit pays d’Afrique centrale riche en pétrole et en minerais. D’un style pointu, Dina Mahoungou, ancien journaliste culturel à Télé Congo, fait craquer le vernis sur un pays francophone corrompu dont les médias internationaux parlent peu. C’est la fin des prébendes pour la Françafrique. De nouveaux prédateurs s’infiltrent dans l’ancien Congo français à la recherche de leur part du gâteau. Ne sommes-nous pas sur les chemins de la mondialisation ? Un livre corrosif qui ne relève ni du pamphlet ni de la niaiserie abyssale du moraliste. Ici, on a l’impression d’être à la fin d’un règne, une françafrique mal en point qui agonise sous les yeux du lecteur.
Michel Mahoungou-Kandza, connu sous son pseudonyme Dina Mahoungou, est né au Congo Brazzaville. Il fait ses études supérieures en France (Lettres modernes, Langues 0, Géopolitique et stratégie d’entreprise). Ancien journaliste culturel à Télé Congo, ce professeur de lettres, spécialiste des enseignements de littérature et civilisation négro-africaines, s’est réinstallé à Paris pendant la bataille de Brazzaville en 1996. Il y vit avec sa famille.
