Africains : changeons de paradigme mental

par Lucien Pambou

Apprendre, désapprendre et réapprendre

L’Afrique et les Africains sont confrontés à un problème mental réel. Les Africains ont perdu le sens de la raison et, paradoxalement, ils approfondissent leur soumission, leur dévotion vis à vis de l’Occident et aujourd’hui vis à vis de la Russie, de la Chine et des autres pays du monde. L’Africain, malgré ses discours, a honte, honte de lui-même, honte d’exister, honte de faire. Il a appris la soumission et, malgré sa libération institutionnelle, il continue de se soumettre et de ne jamais dire non au maître occidental.

Ce texte n’est pas un plaidoyer pour la victimisation mais pour l’explication d’une situation qui domine et dépasse les Africains que nous sommes. Tous les peuples violents dans le monde ont réussi à ne jamais être colonisés ou à se débarrasser de l’envahisseur.  Dans l’antiquité, des peuples ont été esclavagisés mais très vite ils ont retrouvé leur honneur en combattant leur dominateur. Rien de tel pour les peuples noirs qui ont subi de l’esclavage à nos jours l’opprobre et la détestation des autres, même si ces pays africains devenus indépendants ont des chefs d’État qui sont considérés comme des esclaves des autres nations du reste du monde. Il n’y a qu’à voir comment les Argentins récents vainqueurs de la Coupe du monde ont qualifié les joueurs noirs de l’équipe de France en les traitant de nègres. Il n’y a eu aucune réaction de la fédération française de football et encore moins de la FIFA. Un cercueil avec l’effigie de Mbappé a été brûlé. Rien de tel ne serait arrivé si cela avait été le cas avec nos frères juifs qui eux depuis la Shoah ont refusé d’être traités comme des sous hommes.

Le noir est perçu, malgré sa fortune, comme un être non existant. La bible, à laquelle les Africains se rangent allègrement, considère le noir comme l’incarnation du mal et de la sauvagerie. Le noir est poltron, pénétrable et manipulable à souhait. Il ne maîtrise ni la technique, ni la science et donc il se couche face à l’Occident au lieu de réfléchir sur la façon d’exister dans le monde des autres. Les inondations récentes au Congo Brazzaville, l’inorganisation institutionnelle, le tripatouillage des élections dans les fausses démocraties tropicales africaines acceptées par l’Occident, montrent qu’il est temps de changer de paradigme intellectuel en se déportant sur trois temps : l’apprentissage, le désapprentissage et le réapprentissage.

Groupe d’indigènes africains, avec un personnage européen, à l’Exposition universelle de 1900. LUSÉE CARNAVALET / ROGER-VIOLLET

L’apprentissage

Nous avons appris le paradigme traditionnel occidental vis à vis de l’Afrique : le noir doit rester à sa place. Les relations entre les noirs africains et le reste du monde doivent se faire à l’avantage du reste du monde car les noirs sont intellectuellement inférieurs aux occidentaux.  L’Occident développe un message fondé sur la dissimulation en montrant aux noirs qu’ils doivent refuser le principe de victimisation. Ce refus du principe de victimisation doit donner aux noirs l’impression qu’ils sont matures et qu’ils peuvent gouverner leurs pays à l’image des occidentaux. Nous sommes dans le cas d’une copie lisse occidentale qui dissimule de façon subtile la domination en évitant aux noirs le principe de dénonciation permanente de l’Occident. Le noir est tombé dans le piège, l’Occident a compris le bavardage du nègre. Le noir ne peut rien faire car il ne maîtrise ni la science, ni la technologie, ni les finances internationales. Le noir peut causer, ce n’est pas très grave. On peut le manipuler contre ses propres frères pour continuer d’exploiter l’Afrique. Les Africains disent qu’ils sont riches, mais de quoi ? Ils ont dans leurs terres des richesses inexploitées comme le Cobalt, le Zinc, l’Uranium, le Diamant et des terres rares. Tant que l’Occident n’intervient pas pour apporter sa technologie, les Africains continueront de hurler à la mort comme des chiens perdus car ils se considèrent comme inférieurs aux Occidents malgré leurs beaux discours. Les pays asiatiques, qui étaient au même niveau de développement que certains pays africains dans les années 50-60, se sont développés en travaillant grâce à l’aide américaine, et la Corée du sud a créé Samsung. Les Africains, aucune création mondiale sur le plan technologique.

Le désapprentissage

Il faut que les Africains noirs discutent et remettent de façon critique leur paradigme de formation hérité de l’école française qui valorise plus les humanités que la science et la technologie. Il ne s’agit pas de rejeter totalement le bébé avec l’eau du bain, mais de choisir l’eau dans lequel le bébé africain va devenir performant. Les noirs l’ont montré physiquement sur le plan sportif. Le roi Pelé est mort, vive le roi, mais il nous reste encore beaucoup d’efforts à faire sur le plan scientifique et technologique. Il faut, comme font les Asiatiques, partir de la culture occidentale pour mieux construire sa propre culture. Les Chinois avec la firme Baidu font circuler des taxis sans chauffeur et il est prévu 100 000 taxis en 2023, alors que l’Occident reste sur le bas-côté et n’a rien prévu dans ce sens. Le problème des Africains et des nègres est qu’ils n’arrivent pas à se déconstruire pour se construire. C’est vrai sur le plan institutionnel et gouvernemental et c’est surtout vrai dans le domaine des sciences et de la technologie. Les nègres congolais sont par exemple incapables de prévoir des canalisations pour éviter en temps de pluie que leurs villes et villages ressemblent à des ruisseaux, voire des fleuves. Au lieu de réagir, on va dans des églises de réveil pour appeler Dieu au secours.

Le réapprentissage

Il faut sortir des discours larmoyants et être actif en refusant la victimisation de l’Occident, en réformant nos sociétés sur les plans institutionnel et gouvernemental. Il faut repenser à fond notre système éducatif en privilégiant les sciences et la technologie. Il faut créer des rapports de coopération avec des pays comme la Chine et les Etats-Unis pour monter dans l’échelle technologique, ce qui est impossible avec la France car elle-même est dépassée. Continuons d’avoir des relations normales avec la France et déplaçons le curseur vers les technologies américaines et asiatiques. Bien sûr les difficultés existent : la suprématie de la France dans la zone franc CFA, les accords bilatéraux et léonins conclus depuis les indépendances. La réussite africaine passe aussi par l’intégration régionale. Que les Africains refusent de devenir les idiots du village. Il y a des organismes régionaux, comme la CEDEAO pour l’Afrique de l’Ouest et la CEAAC pour l’Afrique centrale. Que les dirigeants politiques africains s’entourent de techniciens africains compétents dans les domaines de la science et de la technologie pour amarrer l’Afrique sur la voie du développement technologique, au lieu de passer notre temps à pleurer et à dépenser des sommes énormes en termes de redevance technologique vis à vis de l’Occident. Arrêtons de pleurer et mettons-nous au travail comme le montrent les pays du sud est asiatique.

Lucien PAMBOU

Diffusé le 01 janvier 2023

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5 réponses à Africains : changeons de paradigme mental

  1. Jean-Claude Boukou dit :

    Texte simple et limpide de LP qui remettent les Africains à leur place: choisir entre la résilience et la torpeur.  » il faut sortir des discours larmoyants et être actif en refusant la victimisation de l’Occident, en reformant nos sociétés sur les plans institutionnel et gouvernemental », souligne LP. Je fais chorus à l’assertion. J’ai toujours pensé que si les Occidentaux vont de l’avant c’est parce qu’ils sont des conquérants. L’histoire ancienne et récente le démontrent bien que les Occidentaux ne vivent que de conquêtes. Quand ils ont besoin de matières premières pour fonctionner leurs usines ils possèdent tous les moyens légaux et illégaux pour s’en procurer
    Ils rentrent avec les produits de leurs conquêtes pour CONSTRUIRE et REDISTRIBUER. Ils ont l’avantage d’être au service du Plus grand nombre. Alors comme LP, déportons nous sur  » l’apprentissage, le désapprentissage et le réapprentissage », mieux changeons de logiciel de penser

  2. Marché total dit :

    Merci à Lucien Pambou Mvoka pour cet excellent texte, un plaidoyer pour une véritable prise de conscience des Africains et qui pose le véritable débat , contrairement aux débats pieux sur le panafricanisme utopique et introuvable de certains activistes africains.

  3. Emery Mbys dit :

    Pourquoi pas ! Peut-être, est-ce une façon de renaitre de nouveau pour emprunter la voie du « RENOUVEAU DEMOCRATIQUE » tant attendu par tous les Congolais désabusés et en perte de repaire.

  4. christian Biango dit :

    Notre place est dans la forêt aux côtés des pygmées, arrêtons avec le mimétisme occidental de quand ça nous arrange!

  5. val de Nantes . dit :

    Ce sont surtout les congolais qui doivent se saisir des outils des bienfaits de la raison ,pour entrer tout de go ,dans un logiciel mental performatif .
    L’éducation , un pilier du changement mental .
    On ne construit aucune modernité en pêchant par un atavisme médiéval . Le progrès suppose la renonciation , la récusation , la réfutabilité des habitus ayant montré leurs limites dans l’objectif qu’un pays s’est assigné ….
    D’où la convocation d’un nouveau congolais nanti d’une culture rationnelle ,au service d’un nouveau CONGO aspirant à toiser les pays en voie de développement .
    La vadrouille politique et inutile de SASSOU aura retardé l’esprit de marche vers le progrès imprimé , jadis , par M .Debat .
    C’est le défaut de l’exploitation de l’intelligence congolaise ,qui aura été le poison mortel de l’envol économique du CONGO. La médiocrité ,comme antidote à l’émergence économique , a produit ses effets contraires à l’attente légitime du peuple congolais ; le tribalisme aura été l’ un de ces poisons les plus destructeurs et nocifs qui soient , au sein d’un pays appelé autrefois à l’excellence …
    D’aucuns contestent la supériorité intellectuelle des juifs , mais les faits empiriques contredisent leur argument drapé dans une rhétorique haineuse et raciale devenue indéfendable . L’intelligence juive est un processus d’acquisition des divers savoirs par lesquels ils dominent le monde .
    Dire que toutes les tribus congolaises sont égales est un euphémisme ,car à l’instar des juifs , toute intelligence n’est pas intelligente .
    L’histoire politique de notre pays nous en montre l’expérience . Il suffit de mieux scanner les méandres de la gouvernance du CONGO , au sortir de la caverne colonialiste pour s’en convaincre ..
    Une étude comparée exhaustive de la gouvernance de DEBAT et celle argentée de SASSOU nous édifie sur la différence de l’étendue des valeurs dont sont porteurs les deux présidents .
    Les vérités politiques de la raison congolaise engendrent dans l’esprit du corpus politique congolais des pathologies psychologiques ,qui sacrifient la raison au profit d’une revanche socio -politique ,d’un suicide collectif ,du refus de cette vérité politique , qui interpelle la conscience congolaise ..
    L’aventure politique de SASSOU est la clé de compréhension de l’inaptitude ,de l’immaturité de certains membres de nos tribus congolaises à optimiser par le comportement coutumier la gestion de la » res publica . »
    Se voiler le visage sur le réel, c’est accepter de reléguer l’intelligence au rang des expositions murales …
    Dites moi ,comment s’en sont pris OUATTARA ET MACKY pour replacer leurs pays dans une trajectoire du développement économique ?.
    Est- ce une magie ou l’utilisation des intelligences locales ?.
    Le CONGO n’existe pas et n’est pas . Il n’est pas un objet de connaissance mais un ovni échappant au radar de notre conscience nationale , en témoigne son état physique cadavérique .
    C’est Freud ,qui a mieux observé les trois états psychiques de l’homme .Le ça est un poison existentiel ; SASSOU y est malheureusement soumis .
    D’où le drame .§

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