51e année d’existence, l’heure du bilan pour le Congo Brazzaville ?

A la veille du 51e anniversaire de l’indépendance du Congo, il m’est paru juste de m’épancher sur cette question capitale à l’échelle continentale. Le Congo est un pays de démesure au cœur de la luxuriante forêt équatoriale, au sol et au sous sol immensément riche, avec une faune et une flore incommensurablement diverses.
En 1960 quand le Congo Brazzaville accédait à l’indépendance et à la souveraineté internationale, comme quelques autres pays africains, et 50 ans après la désillusion, le visage de ce pays a complètement changé, pas de façon positive, mais très négativement. Son histoire émaillée de façon succincte de violences, de coups d’état, de querelles intestines et puériles, d’accords politiques qui se font et se défont au gré des humeurs de ses acteurs. Si on se permet de faire un bilan, le constat est amer, le Congo comme l’Afrique tendent toujours vers zéro, cet échelon de mesure de développement, mis en œuvre par le PNUD dans le but de faire remarquer le progrès socio-économique et le développement humain d’un pays.
A divers degrés les pays africains ont dans leur ensemble connu un développement qui fait qu’aujourd’hui ce continent ne ressemble plus tout à fait à celui qu’il était il y a 50 ans, mais à son sujet une idée semble ne pas avoir varié d’un iota : c’est que dans l’esprit des anciennes puissances coloniales, cette Afrique demeure encore une réserve de matières premières, qu’elles soient agricoles et ou forestières, ou proviennent des mines et surtout du pétrole. En conséquence, le faible niveau technologique et industriel peut continuer de profiter pleinement aux anciens colonisateurs ou aux multinationales sans qu’il n’y ait de retombées sur le niveau de vie des populations. Ce n’était pas leur souci du reste, considérant au regard de ce qui a été fait, qu’une aide palliative était largement suffisante pour contenter cette population tout en se donnant une bonne conscience, d’où la prolifération des ONG de toutes sortes sur le continent qui, ont parfois joué le rôle de service public, créant ainsi entre l’occident et l’Afrique un rapport d’assistance humanitaire plutôt que celui d’un véritable développement.
En 50 ans d’autonomie pour les pays africains l’on a l’impression que rien n’a bougé malgré quelques velléités de mise en œuvre des programmes de développement. En matière de développement économique et humain, le continent noir reste toujours à la traîne. En dehors des discours à n’en plus finir et des stratégies de toute sorte, l’Afrique n’arrive pas à produire suffisamment pour nourrir sa population. En 2011, des catastrophes humanitaires en cascade sont signalées à la corne de l’Afrique. C’est que la politique agricole reste toujours à l’état embryonnaire ou à la mal gestion des surfaces cultivables. Pourtant, des universitaires et autres chercheurs ne cessent de démontrer que notre contient est suffisamment riche pour nourrir ses enfants.
Sa jeunesse, son véritable levier de développement (70% de la population a moins de 40 ans), sa force de frappe continue sa quête de mieux être ailleurs en Europe, en Amérique ou en Asie. La fuite de ses diplômés qui participent pleinement au développement desdits continents, parce que chez eux, leurs dirigeants n’ont pas su, ou sont incapables de proposer des alternatives réelles en vue d’un développement économique et social fiable, ou de proposer une politique cohérente pour de meilleures conditions de vie et de travail.
L’Afrique est étranglée, parce que les ressources disponibles servent quelques privilégiés, du fait de la corruption et de la mauvaise gouvernance. Et pour illustrer ce mal être, une étude réalisée par l’Organisation internationale Global Financial Integrity (GIF), indique que plus de 854 milliards de dollars ont été transférés de manière frauduleuse et illicite entre 1980 et 2010. Quid de l’indice de développement humain ? Dans ce domaine aussi, notre continent semble refuser de s’arrimer au quai de la bonne gouvernance politique, économique et sociale. Les élections sont tout le temps contestées, les constitutions manipulées, les libertés individuelles collectives bafouées. Longtemps miné par les instabilités politiques, le Congo n’est pas épargné par l’hécatombe que connait le continent, bien que quelques progrès notables, mais de niveau très inférieurs sont à noter, la réalité sociale au Congo reste très difficile, avec un taux de chômage élevé touchant surtout les jeunes.
L’espoir peut renaître d’autant plus que l’Afrique présente un nouveau visage, l’éducation devient une priorité pour les nouvelles politiques de développement, le Congo Brazzaville l’a appliqué en 2005 par exemple. Les savoirs deviennent plus importants que les matières premières, les cas du Maroc et du Malawi par exemple. Si les pays Asiatiques ont mis en œuvre le secteur secondaire avec une bonne exploitation de la sidérurgie, le continent Africain considère que ce sont les têtes qui font le monde, et ne doivent pas seulement se focaliser sur le pétrole, cas du Congo, mais doivent se recentrer vers les NTIC (Maroc, Botswana…), développer de nouvelles plates formes de compétences. On pourra désormais parler d’industrie des intelligences, avec une éducation qui prend en compte les défis de la mondialisation.
Pour ma part, je suis opposé à cette forme d’angélisme qui consiste à attribuer nos déboires aux occidentaux seuls, je pense qu’il est temps que l’Afrique fasse un véritable bilan, l’impasse est totale, un bilan que nous voulons objectif, un bilan de son autogestion pendant plus de 50 ans, les réformes qui doivent être apportées dans tous les secteurs clés de nos économies, on ne peut pas mettre le non-développement du continent sur le seul dos des anciennes puissances coloniales, parce que les dirigeants africains ont une lourde part de responsabilité dans ce qui se passe sur le continent.
Face à ces réalités inquiétantes et traumatisantes qui sont celles d’aujourd’hui, le continent devrait comprendre qu’il ne s’agit plus seulement d’agir pour la gestion des intérêts communs afin d’assurer son développement socio-économique, il a aussi le devoir de se donner les moyens pour contribuer à garantir les équilibres du monde autant que peut se faire. Le brésil, l’Inde et la Chine (ces pays qui m’inspirent) qui dans les années 1960 encore étaient dans une situation semblable à la nôtre, s’y sont déjà mis au point de changer de statut en devenant les pays émergents. Fort heureusement, l’Afrique dispose encore d’un énorme potentiel. Mais au terme de plus de 50 ans d’indépendance, reste toujours et encore à trouver des leaders politiques compétents et capables de la hisser à la hauteur des circonstances actuelles du monde qui n’acceptent que des états compétitifs, parce que l’échec n’est pas permis.
A l’heure de fêter son 51e anniversaire à Ewo, les politiques congolais doivent entamer de véritables réformes socio-économiques pour apporter le confort au quotidien à leur population, d’autant plus que socialement la réalité est pénible, le sourire a longtemps quitté le regard des congolais.
RAVEL THOMBET
Cap sur le Changement
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Une réponse à 51e année d’existence, l’heure du bilan pour le Congo Brazzaville ?

  1. Olga Olinko dit :

    j’espère que l’Afrique décollera, avec des jeunes élites comme toi, je crois que ça ira.Sarko c’est un échec, j’ai souvent honte d’être française, de voir comment se conduisent nos dirigeants envers les africains, heureusement que je suis d’origine Hongroise.
    Bon courage beau black.
    Olga sur Facebook tu sauras.
    Bisous.

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