TUNISIE: Les errements de la diplomatie Française.

Les masques de la diplomatie française ne cessent de tomber. Que ce soit en Afrique centrale (terreau de la françafrique) ou en Afrique du Nord, la France a toujours été du côté des dictateurs.

Paris a soutenu jusqu’au bout le régime tunisien. Lorsque Ben Ali prend la poudre d’escampette le 14 janvier, le gouvernement français, souvent prompt à donner des leçons de démocratie à la terre entière, se contente de « prendre » acte de la transition constitutionnelle tout en souhaitant « une solution démocratique durable » à la crise tunisienne.

Comment expliquer la complaisance, si non, la connivence de la France? Comment justifier la tiédeur des déclarations publiques de SARKOZY et de FILLON depuis Londres? Comment qualifier les prises de position anachroniques de Michelle ALLIOT-MARIE et d’Axel PONIAWTOSKI?

Qu’on ne s’y trompe pas. La diplomatie française, façonnée et conçue par le général de Gaulle a pour corollaire le néo-colonialisme. Là où les anglo-saxons ont accordé une indépendance de jure, c’est-à-dire de droit, la France a opté pour une indépendance du drapeau, mêlant accords secrets, affairisme, et soutien sans faille aux dictateurs, fossoyeurs de la démocratie. « Un Etat, affirmait jadis le général de Gaulle, n’a pas d’amis. Un Etat n’a que des intérêts ». D’où sa prudence, sa duplicité et ses silences coupables, sous les quels affleure souvent l’embarras.

 

Reçu à Tunis en avril 2008, SARKOZY s’était réjoui d’un « espace de liberté qui progresse ». Si tel était le cas, comment justifier la révolte tunisienne pour retrouver ses libertés publiques et privées tant confisquées?

Autre signe d’errements de la diplomatie française, dit-on pays des droits de l’homme, la France a mis plus de vingt quatre heures pour affirmer enfin, par la voix de l’Elysée, son « soutien déterminé » au peuple tunisien dans sa volonté de démocratie.

Le faux-semblant de FILLON lors des questions au gouvernement du 19 janvier, n’est qu’une manoeuvre dilatoire pour tenter de « sortir » la diplomatie française de ses errements. Au delà des incantations, la France doit avoir un discours clair, repenser sa diplomatie, et s’abstenir de regarder sans cesse dans le rétroviseur. BOILEAU n’objectait-il pas: « Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement. Et les mots pour le dire, arrivent aisément »?

 

Alexis BOUZIMBOU

Cercle de réflexion pour des idées nouvelles.

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