CONFIDENTIEL : Les cheminots Congolais exposés à un produit cancérigène

Lors de mon voyage au Congo, voulant faire une surprise à un ami devenu Cheminot , je décida de me rendre directement sur son lieu de travail au centre technique KM4 du CFCO à Pointe-Noire.

Comme vous pouvez l’imaginer, nos retrouvailles furent chaleureuses et les souvenirs que nous avions en commun prirent vite le dessus entre deux rigolades. Mais cela ne dura pas longtemps car mon ami que je sentis épuisé, se plaignit vite de ses conditions de travail car la moitié de ses collègues travaillant à l’atelier du KM4 était absente pour des raisons de santé et que lui même d’ailleurs n’a pu le faire pour assurer ce qui reste de l’activité, mais jusqu’à quand !

Les traditions et coutumes emmenèrent mon ami à croire que son état de santé se détériora non seulement parce que ses conditions de travail étaient difficiles, mais surtout que sa situation professionnelle fit des envieux, des jaloux et que son oncle lui jeta un mauvais sort car comment comprendre, malgré plusieurs examens médicaux, que l’on ne trouva pas les causes de sa maladie. Il est vrai que cette situation me laissa perplexe et je voulu en savoir plus sur les conditions de travail du Chemin de Fer au Congo .

Dans mes investigations, j’ai mis la main sur un rapport commandé par la Banque mondiale et le gouvernement Congolais , estampillé depuis CONFIDENTIEL suite à ses conclusions explosives pour le gouvernement.

Ce rapport explique texto que les employés de l’atelier du KM4 du CFCO ont été exposé pendant plusieurs décennies à nos jours à la CREOSOTE, produit cancérigène , utilisé principalement comme agent de protection du bois avec lequel, on conditionne les traverses du chemin de fer.

La créosote est un mélange complexe d’hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP) et de composés phénoliques provenant de la distillation du goudron de houille et en raison de son action fongicide et insecticide, de sa persistance à long terme et de sa résistance au lessivage (eaux de pluie) et à la dégradation par intempéries. La créosote est classée cancérigène de catégorie 2 pour l’homme, par l’Union européenne (UE).

Des salariés n’ayant pas les équipements adaptés et exposés pendant des années à la CREOSOTE sont susceptibles de développer un CANCER DE LA PEAU par contact cutané et un CANCER DES POUMONS  par inhalation des vapeurs de créosote.

Compte tenu de la toxicité de la créosote, son emploi a été fortement limité par l’UE dans la directive 2001/90/CE du 26/10/01 transposée en France par l’arrêté du 2/06/03.

Pour en finir définitivement avec cette exposition des cheminots congolais à la créosote, le rapport recommande la destruction des stocks restants de créosote pour réduire les risques de maladies cancérigènes par des professionnels avec un coût de 200 millions de CFA , ajouter à cela, la décontamination des sols par les huiles usagées du site pollué du KM 4 à Pointe-Noire qui coutera 500 millions de CFA.

Il faudra doter aussi le personnel en équipement de protection pour prévenir les accidents professionnels, avec un coût estimé à 250 millions de CFA soit environ 1 milliard de CFA à la charge du CFCO.

L’ État Congolais a promis le faire au 2e trimestre 2011, cette opération sera-t-elle prioritaire par rapport aux urgences liées à la vétusté des infrastructures et du matériels roulants , j’en doute fortement.

Selon ce même rapport, la Banque mondiale demande au Congo,un investissement de 3 milliard de francs CFA dans le cadre d’un Plan d’action d’urgence sans quoi des catastrophes tristement célèbres comme VOUNGOUTI et YANGA pourront malheureusement se répétées.

En effet, le parc actuel du matériel à marchandises est de 1 309 wagons et celui du matériel à voyageurs est de 51 véhicules pour un taux de disponibilité de 66% pour les wagons et 47% pour les voitures. Les besoins réels des voitures voyageurs fixent le parc en service à 103 contre 24 à ce jour.

Les véhicules signalés « en service » présentent un état de dégradation avancé, équipés de roues proches ou ayant atteint la limite dusure. Les organes de frein doivent,comme les organes de roulement,subir de toute urgence une visite de sécurité. Actuellement, le manque total de fiabilité perturbe gravement le trafic. Les véhicules immobilisés nécessitent pour la plupart une grande opération de réhabilitation.

Ce que je regrette, c’est que plusieurs cheminots à la retraite ou en activité ignorent qu’ils ont travaillé dans un environnement fortement exposé à un produit cancérigène et développent probablement des cancers.

A défaut de compter sur des syndicalistes corrompus, les cheminots ayant travaillé dans l’atelier du KM4, doivent se constituer en une association pour défendre leurs droits devant les tribunaux et demander des dommages et intérêts au gouvernement dont ISIDORE MVOUBA , ancien cheminot, ministre de tutelle et N°2 de celui-ci , n’a eu de cesse de dissimuler ce rapport au détriment de la santé de ces anciens collègues.

Les cheminots devront exiger au CFCO et au gouvernement, des examens médicaux de dépistage du cancer et la prise en charge des soins médicaux pour ceux qui malheureusement sont déjà malades. Ils devront prendre à témoins l’opinion publique nationale quant au respect du calendrier mis en place par le gouvernement Congolais pour la réhabilitation des sites pollués prévu au 2e trimestre 2011.

En effet, la réhabilitation du Chemin de Fer qui est la colonne vertébrale de l’économie Congolaise et dont l’utilité sociale n’est plus à démontrer, nécessite 3 milliard de CFA. Malheureusement le gouvernement de SASSOU NGUESSO brille toujours par son amateurisme et son incapacité à hiérarchiser ses priorités est déconcertante.

Comment comprendre la promesse de 10 milliards de CFA ,faite par SASSOU NGUESSO et son ministre des transports, pour l’aventure AIR CEMAAC, dont la future faillite ne fait aucun doute,pendant que les cheminots attendent toujours.

Il aurait mieux fallut que ces derniers déclarent tout simplement ce que l’on sait déjà, à savoir que le sort des cheminots ne les concerne pas, comme d’ailleurs ceux de tous les travailleurs Congolais.


Mingua mia Biango

Président du Cercle de réflexion pour des idées nouvelles

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