Invite citoyenne au strict respect des symboles de la République. Victor Kissambou-Makanga

1461162392125Victor Kissambou-Makanga

Citoyen congolais

Educateur en droits humains

 

 

Lettre ouverte

 

Objet : Invite citoyenne au strict respect des symboles de la République.

 

Chaque jour qui passe, des faits, situations, attitudes, pratiques et comportements nous amènent à considérer que les congolais peinent à intérioriser les valeurs patriotiques. Ce n’est pas faute d’instruction ou de savoir, car la population est alphabétisée à un taux très élevé, et qu’il existe des structures pour conscientiser le peuple sur la citoyenneté. Chacun(e) en son temps et à sa manière, la Grande chancellerie des ordres nationaux, le Haut-commissariat à l’instruction civique et à l’éducation morale du congolais, le ministère de la jeunesse et de l’éducation civique ont organisé diverses activités sur la question. Les organisations de la société civile ne sont pas restées en marge. Il importe donc que les citoyens qui en ont la volonté, la capacité et le temps viennent « enfoncer le clou » afin que le sursaut patriotique soit manifeste. Tel est l’esprit de ce cri du cœur.

Les symboles nationaux sont des signes, des figures, des mots propres à un Etat et qui permettent de l’identifier parmi d’autres Etats. Ils ont une valeur de toute première importance, car ils représentent et symbolisent l’identité d’un peuple, sa souveraineté mais aussi son désir de vivre ensemble. Comme expression de l’identité d’un Etat, ils permettent la mobilisation mentale des citoyens. 

Depuis le retour du Congo à l’ère démocratique consacré par la Conférence nationale souveraine, un certain nombre de mesures concrètes ont été prises. Cette haute tribune avait décidé de restaurer les symboles de la République, mis en place dans la période entourant l’indépendance, et créant la République du Congo. L’Acte n°002-91-PCN-RG du 17 mai 1991 restaurait donc les symboles de l’Etat qui suivent, selon leur date d’adoption :

  • Le drapeau de la république du Congo, 18 août 1959 ;
  • La devise de la République du Congo, 3 novembre 1959 ;
  • L’hymne national de la République du Congo, 21 novembre 1959 ;
  • Le sceau de la République du Congo, 11 janvier 1961 ;
  • Les armoiries de la République du Congo instituées par un décret du 12 août 1963, soit un jour avant le déclenchement de la révolution.

Force est de constater que ces symboles de l’Etat ne sont pas suffisamment connus ou respectés, et ne jouissent pas d’une protection légale. Ce ne sont pas les héraldistes et vexillologues, exerçant à la Grande chancellerie des ordres nationaux, qui contrediront ce propos.

Notre préoccupation ici s’oriente spécifiquement sur deux des plus déterminants de ces symboles : le drapeau national et La Congolaise.

  1. Appel au strict respect du drapeau national 

Les congolais qui ont l’œil citoyen ont été surpris et choqués de voir, à l’occasion de l’investiture de M. Denis Sassou-Nguesso, qu’il s’est vu remettre un drapeau national qui n’était pas en réalité le bon. En effet, la Constitution, en son Article 3 stipule ce qui suit : « L’emblème national est le drapeau tricolore, vert, jaune, rouge. De forme rectangulaire, il est composé de deux triangles rectangles de couleur verte et rouge, séparés par une bande jaune en diagonale, le vert étant du côté de la hampe. La loi précise les dimensions, les tons des couleurs et les autres détails du drapeau national. ». Il sied de mentionner que ces couleurs sont les mêmes pour un certain nombre de pays africains, reflétant le panafricanisme prôné par l’Ethiopie à l’ère des indépendances. Le législateur ancien avait pris une loi sur le drapeau national, laquelle ne mentionnait nullement les dimensions, les tons des couleurs ni les autres détails (Loi constitutionnelle n° 8 du 18 août 1959). Il n’existe pas non plus de nouvelle loi relative au statut du drapeau national. En ce qui concerne les drapeaux ayant orné la capitale au moment de la cérémonie d’investiture, une erreur couplée à une inattention a dû se produire entre la commande et la livraison. Sur le drapeau remis à M Denis Sassou-Nguesso, et devant lequel il a prêté serment, la bande verte était de ton « vert clair », différent du « vert qui symbolise l’agriculture et les forêts », nettement plus foncé. Cependant, il ne s’agit pas d’un type d’erreur pouvant amener M. Denis Sassou-Nguesso à refaire sa prestation de serment, comme l’ont fait deux présidents américains (Herbert Hoover, 1929 et Barack Obama, 2009), chaque fois à cause d’un mot qui n’était pas à la bonne place. Dans la salle du Palais des congrès, nos parlementaires agitaient pour la plupart des drapelets aux dispositions des couleurs renversées.

Si tous les Etats du monde n’ont pas adopté des codes pour le respect du drapeau, comme le font les institutions internationales, il est cependant de bon aloi de suivre certaines prescriptions. En effet, des normes existent en matière de déploiement et d’usage du drapeau national. Dans tous les cas, il ne devrait pas subir toute forme d’humiliation (lacération, incendie, prononcé de paroles dégradantes, accomplissement d’actes ou de gestes injurieux). Il ne devrait plus flotter s’il est décoloré. Une attitude est à prendre si le drapeau est exposé à des conditions météorologiques sévères pouvant l’endommager. Les règles pour le hisser et le descendre devraient aussi être établies, les citoyens étant appelés à respecter ces deux cérémoniaux. Dans nos administrations, établissements hospitaliers et hôteliers, banques et même les casernes militaires, on peut dénombrer en quantité des drapeaux qui ne répondent pas ou plus aux normes. Et pourtant, ils flottent !

Le législateur belge Richard Fournaux, présentant une proposition de loi destinée à protéger le drapeau belge, a étendu cette protection pour tous les drapeaux des Etats reconnus par la Belgique. Il justifie son initiative en ces termes « La valeur symbolique du drapeau est encore plus forte dans de nombreux États qu’en Belgique et les insultes qui sont portées au drapeau national de ces États y sont ressenties par leur population comme une forme d’agression contre l’État et tout son peuple. » Ainsi, le drapeau congolais, négligé à Brazzaville, est protégé à Bruxelles.

Pour des pays comme le nôtre, dont l’histoire politique a connu une autre République, des symboles ont été changés, ce qui n’est pas sans poser des problèmes de compréhension. Ainsi, entre 1969 et 1991, le Congo a connu le drapeau rouge (vif), institué par le PCT, pour le compte de la République populaire du Congo. Dès l’instant où la République a une nouvelle fois changé, le drapeau y relatif devrait cesser de flotter, au Congo, sur toute l’étendue du territoire national comme dans ses représentations diplomatiques, y compris lors de toutes manifestations culturelles, sportives ou politiques. Il arrive malheureusement que, lors de certaines activités du PCT, le drapeau rouge soit exhibé, de même qu’il flotte dans l’enceinte du siège fédéral du parti, à côté du drapeau tricolore. Il est important d’insister sur la différence qui existe entre l’emblème du PCT et l’ancien drapeau de la république. Bien que reproduisant les mêmes insignes (palmes, marteau et faucille), l’un les dispose au centre du tissu, avec les lettres PCT en dessous, tandis que l’autre les avait « en haut à gauche du côté de la hampe », comme le décrivait majestueusement le président Marien Ngouabi.

Enfin, dans le commerce, il est courant de voir en vente des drapelets qui ne respectent pas la forme et les couleurs prévues, et/ou disposés à l’envers, comme l’ont indûment exhibé les parlementaires le 16 avril dernier. Dans la même veine, il y a eu des maillots en vente où le nom « Congo » figurait à côté d’un drapeau aux couleurs ainsi ordonnées : rouge, vert et jaune. Les agents du ministère du commerce, pas plus que les associations des consommateurs n’ont trouvé à redire.

  1. L’hymne national, La Congolaise.

La délégation congolaise qui avait accompagné les Diables rouges à Niamey, en septembre 2013 à l’occasion d’un match international, avait été surprise d’entendre la fanfare de l’armée nigérienne entonner, pour hymne national, Les Trois glorieuses, celui qui était en vigueur pendant 23 ans de l’histoire du Congo. Promptement, les quelques 200 congolais ont interrompu la fanfare, et ont chanté la Congolaise. L’incident était clos. Au cours d’une activité militaire internationale organisée au Congo, une fanfare de l’armée française venue pour la circonstance a chanté « Debout congolais », l’hymne de la république démocratique du Congo. N’ayant pas été interrompue, elle a pu aller au bout de son erreur. A quel niveau du protocole se situe cette défaillance ? Dans la mesure du possible, il importe que des mesures diplomatiques soient toujours envisagées pour éviter ce genre de désagréments.

Patriotiquement vôtre.

Victor Kissambou-Makanga

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13 réponses à Invite citoyenne au strict respect des symboles de la République. Victor Kissambou-Makanga

  1. Orang-outan dit :

    Ce n’est pas 1 république, le Congo!
    Aussi longtemps que la sauvagerie d’une autre époque, seconde au seule règne animal, perdurera avec l’ascension des singes en costard et cravate, RIEN mais alors RIEN n’y fera…

    Il n’y a qu’1 seul remède aujourd’hui sans tergiverser: CHASSER les animaux!

    Allez de nos jours n’ importe où dans le monde, et identifiez-vous comme étant un sujet congolais; on ne vous respectera même pas moins qu’un chien, peut-être, à peine au dessus d’un chat. Le sourire que l’on vous fera éventuelement miroiter, n’est en réalité que le dédain camouflé ou de la moquerie voilée à l’endroit d’un bon couillon, qu’on éprouve pour vous.

    Le foutu mbochi qui à ce jour, ne veut encore publiquement et activement désavouer et renier le Cancer et la Peste qui excellent dans la barbarie au 21è siècle, s’il vous plait, et qu’il croit maintenir au firmament de l’usurpation avec son silence chronique et incarcéral, une hypocrisie de marécages, où il vous clame pour s’excuser convenablement, que:  »mais le mbochi aussi souffre comme l’homme du Pool, le problème c’est seul Sassou et bla bla bla », sera rattrapé brutalement par l’histoire…

    L’homme trépasse, l’histoire demeure, et la vertu du respect tout court devrait inversement éveiller même l’inconscience animale de ces mbochi qui ne disent mot, donc…

    A bon entendeur, la revanche de l’Homme sur la Bête, est un plat qui se mangera très FROID_

  2. Mwangou dit :

    V. Kissambou-Makanga… Invite à faire le lien entre ces erreurs, errements, négligence et autres, et les pratiques concrètes de ces hommes au pouvoir.
    Pour tous ceux que vous épinglez dans votre texte, le drapeau, c’est rien du tout; l’hymne national, c’est rien. Le plus important, c’est la personne qui occupe le bon siège… Après tout, les symboles, c’est du ressort d’une culture. Ainsi, de loin, la culture Mbochi par exemple, accorde plus d’importance au symbole de la queue du buffle qu’à n’importe quel autre symbole…Qu’on inverse les couleurs ou que le ton de celles-ci ne soit pas conforme (s’il y a une norme), le plus important c’est que le teint et le front du chef soit ce qu’on voit habituellement. Pour preuve, ce qui se passe dans le Pool.
    On peut se permettre de vous féliciter pour avoir fixé votre attention sur un aspect de la vie civique de ce pays auquel seul votre œil avisé pouvait s’intéresser. Malheureusement, il faudra aussi que vous vous fassiez à l’idée que rien n’impressionne ces hommes politiques si ce n’est leur ego. Si les lois étaient claires, le serment du 16/04 serait tout simplement nul, puisque passé sous un symbole qui n’est pas celui de la nation… Mais, hélas! On nous bombarderait si l’on prenait la peine d’agiter cette remarque trop judicieuse. Et faites attention à vous! Le prof de ceg (je viens de l’apprendre sur ce site), devenu général de sa police, risque fort de vous mentionner dans son carnet de gens à sanctionner.

  3. Anonyme dit :

    Depuis quand les deux éléphants ont été incrustés dans l’emblème de la république en lieu et place de la dame?

  4. hallo hallo dit :

    Génocide des bakongos est toujours en cours dans le Pool. A quand la fin de l’ acharnement?
    POOL=ALEP

  5. sisi dit :

    Qu’est ce qui explique que sous l’ère sassou, tout ce qui représente la république du Congo soit négligé? armoiries, drapeau, hymne

  6. VAL DE NANTES , dit :

    Parler d’hymne national et les armoiries de la république , et drapeau ,en ces temps de souillure de l’esprit congolais , me parait déplacé , car l’âme congolaise est en lévitation et se cherche une place , pour se poser .
    En fait , le pays réel a été remplacé par un pays virtuel où les us et coutumes , qui régissaient l’organisation de la nation se sont muées en des idéologies sataniques .

  7. Delbar dit :

    Le Congo vit à l’heure actuelle une occupation comme les pays européens l’ont vécue durant la seconde guerre mondiale.
    Ce n’est pour autant que la patrie est morte.
    Elle continue à vivre aux travers de ses opposants dans le pays et à l’étranger.
    Les congolais de bonne volonté et démocrates doivent s’unir et se respecter afin d’assumer cette responsabilité.
    Sassou va bientôt être balayé avec toute sa clique car le pays est exsangue économiquement.
    La liberté va bientôt revenir.

  8. LE CONGO2016 dit :

    Le congolais apprécie toute action pour améliorer la situation politico sociale du Congo. Mais toutefois le congolais est fatigué du même discours de la France depuis 1997. » La France n’est plus avec sassou parce que, il y a la chine la Russie…….. »
    TOUT CE QUE LE CONGOLAIS ATTEND DE LA France :
    LA RÉSOLUTION DE L’ONU OU DE L’UNION EUROPÉENNE, POUR FAIRE LA LUMIÈRE DANS LE GÉNOCIDE DU POOL.
    QUE LA France CHANGE SON DISCOURS A TRAVERS LES MEDIAS D’ÉTAT FRANÇAIS A SAVOIR RFI-TV5-France 24 LA VICTOIRE DE SASSOU EN UNE TRANSITION DÉMOCRATIQUE., CAR CES LES SEULS MEDIA DE CE MONDE QUI NE SALISSENT DE PARLER DE CETTE VICTOIRE. ALORS QUE LE RESTE DU MONDE PARLE D’UNE VICTOIRE CONTESTÉE.
    EN DEHORS DE CECI TOUT EST MENSONGE, POUR EMBROUILLER LES CONGOLAIS.

  9. Sam Bousky dit :

    La problématique soulevée par monsieur Kissambou-Makanga nous fait constater qu’en réalité, une grande indignité doit frapper nos leaders, à quelque degré de responsabilité qu’ils se situent. Plus sérieusement, la Cour constitutionnelle devait frapper de nullité le serment du chef de l’Etat, car présenté devant un symbole irrégulier. S’ils ne sont pas capables de connaître, respecter et faire respecter les symboles de la nation, ils ne pourront donc pas le diriger proprement, d’où les conflits récurrents. Insidieusement, l’auteur veut nous aider à fabriquer une génération beaucoup plus républicains, et de citoyens avertis. Nous voyons le PCT déployer le drapeau rouge chaque fois qu’il célèbre la mémoire de Marien Ngouabi au mausolée éponyme, combien pensent qu’il s’agit d’une absurdité? Par ailleurs, on nous signale que le nouveau gouvernement compte certains membres aux moeurs légères. Que peuvent-ils apporter à la nation, sinon que la culture de la dépravation? Merci d’avoir éveillé notre vigilance citoyenne. Nous croyons en la nation congolaise.

  10. malonga dit :

    sasou est president respecter le chef de l’Etat

  11. Alonga Onwonwon Iboua-Iboua dit :

    (s)asou est ILLÉGITIME, déportez le cancre de l’Etat.

  12. Anonyme dit :

    Les Premiers ministres de Sassou I, II et III illégal, illégitime et hors-la loi: Louis Sylvain-Goma (1975-1984), Ange Édouard Poungui (1984-1989), Alphonse Souchlaty-Poaty (1989-1990), Pierre Moussa (1990-1991), Louis Sylvain-Goma (1991), Isidore Mvouba (2005-2009), Clément Mouamba (depuis 2016).

  13. Warren dit :

    Je suis surpris que l’auteur de cet article pourtant tres instructeur aie oublié de mentionné ce qui frappe plus a l’oeil dans ce nom respect des symboles de la republique: l’ajout scandaleux des elephants sur les armoiries de la republique. Nous savons tous le symbole de la rep a tjrs ete la femme portant la loi fondamentale. Pour de raisons qui sont plus mystiques que cartesiennes mr sassou y a ajoutes ses elephants.

    On changera tout ca a la liberation.

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