
Par Victor TAMBA TAMBA
Ancien Ministre d’Etat
Marc,
Un témoignage, fût-il consubstantiel suffirait-il à retracer l’itinéraire d’un enfant prodige dont j’ai eu heureusement et circonstanciellement l’insigne honneur d’accompagner dans les péripéties d’une vie convulsive, conviviale, parfois complexifiée?
Mon très précieux et combien intrépide compagnon Marc,
Tu as su, malgré les vicissitudes de la vie, rester fidèle à toi-même, sans jamais oublier ni banaliser l’ancrage originel de tes déterminismes citoyens et de tes vocations précocement articulées, utilement, subtilement et opportunément ajustées, puis réajustées.
Marc philosophe, tu aurais marqué la pensée philosophique contemporaine par un modèle du verbe et de l’objet, du dire et de l’agir moulé dans une forme de pragmatisme à la fois moderne et traditionnelle qu’aurait visité, sans en obérer la quintessence, le constructivisme positif dont toi seul avais les ressorts et les codes tant de leur définition, de leur faisabilité que de leur finalité.
Sociologue, tu t’es fait le chantre de la diversité et le trait d’union des contraires, un peu comme pour célébrer la conciliation et rendre réductibles, jusqu’à leur plus simple expression, les perversités de la différence.
Communicateur, tu as brillé par une éloquence qui a franchi le seuil de l’excellence. Homme du monde, tu as été un relationnel hors pair. En la matière, un référent pour ton environnement immédiat et lointain. Un contributeur énorme à l’accession au trône de certains dirigeants parmi ceux que tu affectionnais.
Tu as été un chef de famille particulèrement attentionné et magnanime qui a fait de la mansuétude son cheval de Troie, un père adorant ses enfants au point de te dépenser sans compter pour leur réussite à l’école et dans la vie.
Époux, un modèle de résilience, de commodité et de confort, d’amour et de partage que traduisent si bien ta générosité indicible, la tolérance et l’esprit de pardon qui sont ta marque de fabrique.
Artiste, tu l’es, tu l’as été, tu le demeureras, à l’instar de cette pensée de toi à moi, empruntée à Bernard de Chartres qui dit je cite:
» Nous étions des nains juchés sur les épaules des géants. Nous voyions ainsi davantage et plus loin qu’eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu’ils nous portaient en l’air et nous élevaient de toute leur hauteur gigantesque « .
Une leçon, somme toute d’humilité qui retentira longtemps dans les oreilles de quiconque se reconnaîtrait en toi.
Én toi chemineront toujours et à jamais, associés, ensemble et unis, la pensée libre et le libre penseur.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, a dit Lavoisier.
Tel a été et demeurera le crédo fondateur du mouvement novateur de notre pensée intrinsèque que notre parcours spirituel, citoyen et patriotique, devenu école, sans en revêtir le mot, a validé.
Marc, rentre au Panthéon de la décence, de l’humilité et de la probité, comme l’ont réalisé avant toi, inventifs et conquérants, tous les esprits libres, imaginatifs et bâtisseurs.
Marc, tu nous quittes à un moment où, plus que jamais, le Congo, ta chère patrie, a besoin de toi; où personne parmi nous tous, parents, amis et compagnons ne pouvions ni le soupçonner ni même y penser.
Tu as effacé furtivement les traces de tes pas et t’es rendu soudain invisible et inaudible, en l’espace d’un matin, à l’instar de cette fleur rose qui s’ouvre et s’épanouit à l’aube pour s’évanouir irrémédiablement le soir.
Tu as vécu le temps d’un éclair et pourtant, ta mémoire qui sera honorée par tous ceux qui t’aiment et qui te pleurent aura tout l’air d’avoir vécu une éternité.
Que ta famille, singulièrement ton épouse et tes enfants, reçoive ici et maintenant, nos condoléances les plus attristées, les plus denses, les plus affectives et les plus insistantes. Ils ne sont pas seuls, sois-en rassuré, dans cette rude et combien éprouvante douleur.
Nous les accompagnerons, en toutes circonstances de temps et de lieu, jusqu’au terme de nos gémissements, au demeurant, irréductibles.
Marc, que ton âme si généreuse, élevée aux cimes de la spiritualité positive, repose en paix, dans les bras et les grâces du divin tout puissant !
Diffusé le 09 mai 2020, par www.congo-liberty.org
Pour une épitaphe sur la tombe de Marc Mapingou à Brazzaville ou à Zanaga
Sans être un membre de la famille à laquelle il revient le plein droit de choisir l’épitaphe concernant Marc Mapingou, le citoyen et débatteur avec Marc Mapingou que je suis, propose que sur sa tombe soit écrit ces mots: DEMOCRATE, LIBRE, CONTRADICTEUR et CITOYEN DE LA LIBERTE ET DU DROIT.
Enterré à Brazzaville ou à Zanaga (mais je pense que ce sera à Zanaga auprès des siens), la tombe de Marc Mapingou doit être un lieu de recueillement permanent pour toutes les générations qui vont nous succéder (car j’appartiens à la génération de Mapingou, quasiment au même âge).
Repose en paix démocrate et certains continueront à se demander pourquoi Lissouba n’a pas fait appel à ton intelligence et à ta méthode d’organisation une fois devenu Président. C’est une énigme pour eux mais je suis sûr qu’au fond de toi, la certitude de tes convictions était difficilement monnayable pour un poste de ministre, ce qui n’est pas le cas pour d’autres qui se reconnaîtront.
POUR QUE LA MEMOIRE ET L’ACTION DE MARC MAPINGOU RESTENT, JE DEMANDE, AU NOM DE LA SOLIDARITE, DE LA FIDELITE A SA MEMOIRE, QUE TOUS LES MINISTRES, TOUS LES DIRECTEURS DE CABINET, TOUS LES DIRECTEURS ADMINISTRATIFS QUI ONT ETE NOMMES ENTRE 1993 ET 1997, PENDANT LA MANDATURE DU PRESIDENT LISSOUBA, APPORTENT UNE CONTRIBUTION FINANCIERE SIGNIFICATIVE POUR L’INHUMATION ET LE RETOUR DE MARC MAPINGOU AU CONGO. MARC MAPINGOU ETAIT POUR MOI UN PING-PONG POLITIQUE AVEC LEQUEL JE DISCUTAIS, MEME SI POLITIQUEMENT NOUS ETIONS OPPOSES SUR LA SITUATION POLITIQUE AU CONGO. MAIS QUE D’AUTRES RESPONSABLES POLITIQUES ET AUTRES CITOYENS QUI ONT CONNU MARC, N’HESITENT PAS A METTRE LA MAIN A LA POCHE POUR SA FEMME ET SES ENFANTS.
Meso Ma Nkombo dit :
Marc Mapingou a ete honnete et fidele au President Pascal Lissouba, comme il l’etait a ses convictions.
Marc Mapingou n’a pas trahi Lissouba, comme l’ont fait Munari, Moukouekoue, Mberi et vous Tamba-Tamba. Hypocrites que vous etes.