Une pensée pour le Général Mokoko

Par Tierno Monénembo

Tous nos militaires ne s’appellent pas Assimi  Goïta, Mamadi Doumbouya, Ibrahima Traoré ou Abdouramane Tiani, heureusement. Tous ne sont pas des putschistes. Tous ne sont pas les chefs redoutés d’une transition qui n’en finit pas de finir. Il y en a qui sont normaux. Il y en a encore que le képi n’a pas tout à fait écervelés. Il y en a que la kalachnikov n’a pas complètement abêtis. 

C’est le cas du général Mokoko du Congo. Ce brillant officier supérieur a suivi le chemin tout tracé du grand Africain d’aujourd’hui, celui qui mène de l’école de la vertu aux bancs vermoulus du cachot. Il illustre parfaitement la juste formule de mon compatriote, Etienne Soropogui, le président du mouvement Nos valeurs communes : « En Afrique, la place de l’homme digne c’est la prison. »

Le bon vouloir du chef étant ce qu’il est sous les doux cieux de notre belle Afrique, cet homme exemplaire-dans l’armée comme dans la vie- croupit aujourd’hui dans une cellule de la Maison d’Arrêt de Brazzaville et personne ne sait s’il en ressortira vivant.

Sorti de l’Ecole Militaire Préparatoire Général Leclerc de Brazzaville puis de Saint-Cyr, ce fils d’instituteur éduqué dans le goût des études et de la discipline, monte rapidement en grade. Il est tour à tour, commandant de la Zone Autonome de Brazzaville, commandant des Forces Terrestres et chef d’Etat-Major général de l’armée congolaise. De 2005 à 2013, il est chef du département Paix et Sécurité de l’Union Africaine où il s’occupera notamment des crises intervenues au Mali et en Centrafrique.

Mais tout au long de cette brillante carrière militaire, il n’a cessé de penser à son malheureux pays soumis à la dure loi du pouvoir sans partage. Certes, il se veut un soldat modèle, discipliné, respectueux de la hiérarchie, il a cependant beaucoup de mal à contenir son aversion pour la tyrannie. En 1990, il refuse de tirer sur la foule lors des longues grèves de 1990. En 1993, il démissionne de son poste de chef d’Etat-Major et s’exile en France. En 2015, il sort du mutisme que lui impose son uniforme pour dénoncer la modification de la Constitution qui devrait permettre à Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat.

Puis, en 2016, il commet l’irréparable en se présentant à l’élection présidentielle (j’en connais qui auraient choisi le chemin plus direct et plus efficace du pronunciamento). Il est immédiatement mis aux arrêts pour « atteinte à la sûreté de l’Etat, port illégal d’armes et de munitions, trouble à l’ordre publi etc. » (nos chefs n’ont jamais manqué d’arguments pour écraser les brebis galeuses). Il est jugé dans un procès expéditif (dans nos pays, c’est un pléonasme que de le dire) et condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Depuis, les voix n’ont pas manqué pour dénoncer le caractère arbitraire de sa détention et exiger sa libération. Outre sa famille et les démocrates congolais, Amnesty International et le Groupe de Travail des Nations-Unies sur la Détention Arbitraire ont remué ciel et terre, en vain !  Le cas Mokoko est tellement préoccupant que même la France qui a plutôt tendance à fermer les yeux sur les agissements de ses protégés africains s’y est mise. Voilà ce que disait Jean-Yves Le Drian lors de la visite officielle de Sassou Nguesso en 2015 : « Je lui ai parlé de Jean-Marie Michel Mokoko et d’autres personnes en lui disant que l’on attendait de sa part des actes… Je le lui ai dit avec fermeté et je suis sûr que le président de la République lui dira la même chose. »

Déjà Sept ans que le Général Mokoko gît dans un mouroir de Brazzaville ! Son sort est dans les mains de tous les défenseurs des Droits de l’Homme. Le temps presse. La démocratie perdrait un peu de son sens si ce grand Congolais mourait en prison.

Tierno Monénembo, in Le Point

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6 réponses à Une pensée pour le Général Mokoko

  1. Samba dia Moupata dit :

    Le général saint cyrien Jean Marie Michel Mokoko , subit la sentence arbitrale Mbochi décidé depuis N’Gol’Odoua par le Mwené Sassou Denis. Chez les Mbochi Mokoko est un traitre qui a osé défié le chef Mbochi !

  2. Val de Nantes. dit :

    En ce temps des coups d’État, ce criminel trouve une justification à l’arbitraire qui enchaîne l’existence de Mokoko…
    Sassou veut une vita contemplativa ou vie de loisir , ce que les Grecs antiques appelaient : » l’homo otiosus ‘ c’est à dire un homme de loisirs, qui ne travaille pas. En témoigne l’état catastrophique du pays. On dirait un pays qui se serait trompé d’époque, en comparaison du leadership de l’ingénieur Macky Sall..sur le Sénégal. Même Fatschi béton bétonne la RDC à l’allure de Ouattara en côte d’ivoire.. Mawwaaa.
    Quelle honte !!.
    On goulaguise ceux qui osent dénoncer la foi en des détournements des fonds publics et laisser se pavaner les voleurs certifiés de la République… C’est le lieu de la vita activa, c’est à dire la vie active…
    En définitive , la jouissance du pouvoir vous déposséde , vous dépouille de votre dignité, vous esclavagise…
    Comme disait Epicure ‘ celui qui ne se contente de rien, est malheureux,car il souffre de l’intranquillité de l’âme « ….

  3. sassouland en phase terminale dit :

    RUMEUR COUP D’ETAT SERGE OBOA ET BASILE BOKA GRILLÉS SASSOU ET MACRON DÉMASQUÉS https://www.youtube.com/watch?v=5wtJ13whofM

  4. Val de Nantes. dit :

    Le Congo Brazzaville aura son jour de, jugement,il faudrait aux congolais un peu de patience. Dieu , pour les croyants, est omniscient , et sait le jour de sa libération ..
    L’exemple gabonais permet aux congolais d’atténuer le ressenti politique dont ils souffrent le martyre. .
    Même si, dans son cynisme ontologique, Sassou s’attribue la maxime stoïcienne
    , posée sur leurs épitaphes, selon laquelle « : je n’étais pas , j’étais et je ne suis plus,je m’en fous ».au moins le Congo Brazzaville sera libéré de ce fardeau diabolique….

  5. Val de Nantes. dit :

    Sassou,un sénile , perdu au milieu de la raison congolaise. Ce monde digital lui est hostile, étranger et donc nocif . Il est vain de verser dans un tribalisme militaire pour soudoyer des crétins, aspirant à la vie matérielle éternelle.. Toutes choses aspirent à une fin ,peu importe le temps…..
    L’éternité n’existe que pour ceux, dont l’ici bas est fait des facilités financières , soustraites indûment au trésor public…
    Mais les lois de la nature au rang desquelles la temporalité s’impose à tout être qui voudrait en transgresser la contrainte.
    L’avenir des Nguesso est écrit sous le sceau de celui des Mobutu, etc , autrement dit,une disparition progressive et programmée…
    L’existence des Nguesso n’est pas de toute éternité, elle est une création ex nihilo de Sassou,au travers d’une odyssée macabre des vies congolaises…
    D’ailleurs Roland Nitou en exhume les tombes par la liste des génocidaires au premier rang desquels un certain Sassou. Le Nitouisme est une machine mémorielle.
    Le neo- Sassouisme est un long Nuremberg, où les congolais seront édifiés sur la nature profonde de celui qui aura brisé tant de vies humaines…
    De ce point de vue ,la RDC , sous Mobutu, fait figure d’un enfant de maternelle… Le Congo Brazzaville est une fiction humaine…

  6. Val de Nantes. dit :

    Congo Brazzaville, toujours,pas de fumée blanche.. Le vieillard en vadrouille et pensif aux USA. Mawwaaaaa.
    Congo Brazzaville, qu’as tu fait à l’être suprême ?.
    « Encore faudrait-il qu’il existàt  » selon Feuerbach.
    « Mais oui ,il existe  » selon St Augustin.
    Alors, pourquoi cet enfer congolais ??..
    Le Congo Brazzaville a mangé le ver qui était dans le fruit venu d’oyo….. Puréeee !!.
    N’y aurait il pas une bénédiction après la repentance ??..
    « C’est Niet !!. » tance st Augustin d’Hippone… père d’Audeodat. Lui ,qui ,quémandait la chasteté auprès de Dieu ,le plus tard possible, ne nous fait aucun cadeau…
    Le Congo Brazzaville dans les tartares, c’est à dire revenu à la période médiévale , où son existence tient de la mythologie grecque….
    C’est donc aux congolais,par l’usage de la raison,de rationaliser cette naissance,cet engendrement ..
    Eh oui , nous sommes complétement KO , groggy de la nature inexplicable qu’ apprise le destin du pays… Le fatum congolais !!.
    Au sortir de la palabre nationale stérile, nous pensions avoir exorcisé la destinée criminelle du Congo Brazzaville ; mais non erreur !!…
    C’est Pindare ,repris par Nietzsche, qui disait que « : deviens ce que tu es ». c’est à dire exprime ta volonté de puissance pour exister. Sauf que dans le cas du Congo Brazzaville, c’est le temps qui fait office de la prière…Les congolais en sont venus à diviniser le temps pour voir s’écrouler ce monstre qu’est Sassou..

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