Trump président : une chance pour l’Afrique (partie 2)

Par Lucien PAMBOU

La victoire de Trump modifie la géopolitique mondiale.

Dans cette géopolitique déboussolée, l’Afrique est à un carrefour : soit profiter de la nouvelle donne mondiale pour faire face à ses nombreux défis (démographique, économique et développement au sens large), soit continuer d’attendre que l’Occident vienne à son secours. Saisir sa chance est la posture que doit retenir l’Afrique. Trump a supprimé une grande partie de l’aide destinée à l’Afrique. Il reste à la Chine, à la Russie et à l’Union européenne d’en profiter s’ils veulent continuer à étendre leurs influences en Afrique. La décision de Trump est brutale et peu comprise par les Africains toujours habitués à être traités comme des enfants.

La victoire de Trump introduit la vision mercantiliste du gouvernement américain sur laquelle repose sans le dire la gouvernance européenne qui fait de l’intérêt son mantra traditionnel dans les rapports avec l’Afrique. Au nom des Droits de l’Homme, les Africains ont été enfumés par les Occidentaux et surtout les Européens. En valorisant le mercantilisme américain, Trump ne fait que réhabiliter de façon ouverte et brutale la célèbre phrase du Général De Gaulle selon laquelle les États, dont la France, défendent d’abord et avant tout leurs intérêts. Trump envoie un message au reste du monde : prenez-vous en charge et arrêtez de toujours attendre des États-Unis. En son temps Trump avait traité les pays africains de pays de merde. Il semble que les Africains s’accommodent de cette logique de médiocrité au lieu de s’organiser.

C’est une aberration de croire que Trump n’est pas humain. Il change tout simplement le logiciel et le narratif des relations internationales traditionnelles pour valoriser les rapports d’État à État alors, qu’au nom d’un multilatéralisme béat, l’Occident européen a endormi les Africains afin de mieux les exploiter. L’Europe n’aime pas le multilatéralisme africain, Kadhafi en a payé le prix fort parce qu’il voulait créer un fonds monétaire africain et valoriser l’existence d’une monnaie africaine. Trump nous demande de changer notre façon de percevoir le monde et de s’atteler aux défis qui sont les nôtres.

• Le défi démographique

Trump refuse l’immigration incontrôlée. Pour éviter que les Africains meurent en traversant les océans ou les déserts, il est indispensable que la question démographique soit résolue par les États africains individuellement grâce à des politiques de formation, d’éducation, de valorisation professionnelle. Cette question démographique est centrale et elle dépend de la capacité des États africains de sortir de la logorrhée politique et d’entreprendre sur le terrain grâce à une gouvernance renouvelée et maîtrisée. Trump a suspendu les aides américaines en direction d’une vingtaine de pays. C’est une bonne chose et cela permet à ces pays de mieux s’organiser.

• Le défi économique

Les pays africains sont globalement devenus indépendants politiquement il y a une soixantaine d’années. Néanmoins le modèle colonial reste l’ancre de pilotage des politiques macroéconomiques au sein desquelles les Africains préfèrent l’importation des biens manufacturés au lieu de réfléchir sur les conditions d’une transformation de leurs ressources. De ce point de vue, le Franc CFA est une manne pour certains pays africains (8 en Afrique de l’ouest et 6 en Afrique centrale) car le Franc CFA arrimé à l’Euro leur permet d’importer plutôt que de produire ; malgré les différentes intentions de réformer le Franc CFA, il semble que cette question monétaire ait la vie dure en Afrique francophone. Malheureusement les Africains n’ont pas tous très bien compris l’axiome monétariste des économistes classiques selon lequel la monnaie n’est qu’un voile, la véritable richesse c’est la production. On comprend pourquoi l’Afrique francophone reste toujours dépendante de l’Euro. Une réflexion pour une réforme monétaire en zone Franc est indispensable en arrimant le Franc CFA à un panier de monnaies constitué du Dollar, de l’Euro et du Yuan.

• Le défi du développement

C’est le défi circulaire qui doit permettre aux pays africains de réfléchir de façon structurelle et organisée à la nouvelle gouvernance à mettre en place, à la gestion des crises qui débouchent sur des guerres, comme c’est le cas à l’Est de la R.D.Congo, en Libye ou au Soudan. Trump est une chance pour l’Afrique car il nous oblige à modifier nos comportements et à réfléchir sans forcément tendre la main comme nous le faisons trop souvent. Trump n’aime pas les Africains parce qu’il ne les considère pas et il le dit. Au moins les choses sont claires et Trump ne peut empêcher la régionalisation et la mutualisation des forces africaines pour leur développement. La victoire de Trump nous oblige à modifier notre perception de nos propres pays. L’ordre établi après la seconde guerre mondiale et la chute du mur de Berlin n’existe plus et comme disent mes amis ivoiriens : il faut savoir être garçon pour rester debout sur le pont mondial des relations internationales qui tangue.

Lucien PAMBOU

Diffusé le 12 mars 2025, par www.congo-liberty.org