TRAGEDIE CONGOLAISE : LORSQUE ALAIN MABANCKOU REFUSE D’ENTRER DANS L’HISTOIRE…

Un des principaux maux, dont souffre aujourd’hui le Congo, est le manque de lumière et de communication sur sa véritable situation intérieure en direction des grands médias internationaux. Le pays est dans la sphère d’influence française et il faut d’abord que sa presse traite un évènement congolais, quel qu’il soit, pour que les médias des autres pays s’en emparent. Ce verrou français, qu’il faut surmonter, est dû en grande partie aux pressions qu’exerce le pouvoir « françafricain » (franc-maçonnerie + politiciens « complaisants » + lobby pétrolier), affidé à Sassou NGuesso, sur une presse hexagonale financièrement exsangue. Cette situation, malheureusement, ne se résume pas seulement à un pouvoir de droite, il en sera de même avec celui qui vient de se mettre en place en France.

De ce fait, depuis des décennies, la République du Congo a été étranglée, violée, pillée, assassinée sans qu’une voix forte ne se fasse entendre pour le dénoncer. Jusqu’au 16 mars dernier cela dépendait des « autres », des sourds qui détournaient leurs regards.

Ce 16 mars 2012, le président-candidat Nicolas Sarkozy a été l’invité de l’émission le « Grand Journal » de Canal +. Il devait se prêter aux questions, que tous espéraient, sans complaisance. Outre les journalistes habituels du plateau, Apathie, Denisot, Massenet, un autre  invité-surprise devait interpeller le président sortant.

« Stupéfaction, émotion, espoir, impatience ! » Le vertige me prit soudain lorsque le présentateur de l’émission annonça l’écrivain Alain Mabanckou qui vint alors s’assoir au côté de Nicolas Sarkozy.

Douze jours après l’explosion, nous étions en plein deuil national, tous concernés par l’incroyable tragédie qui s’était déroulée à Brazzaville sans qu’une seule équipe de télévision française ou européenne ne se soit rendue sur les lieux pour en montrer toute l’absurdité et toute l’horreur. Il devait bien y avoir une quinzaine de millions de téléspectateurs  qui allaient entendre les propos que cet intellectuel Noir, Français d’origine congolaise, allait tenir ;  sans compter les centaines de journalistes étrangers qui suivaient aussi l’élection présidentielle française.

Alain Mabanckou se tenait là sur le plateau de télévision en direct. Il pouvait parler à Nicolas Sarkozy d’égal à égal, avec des millions de téléspectateurs pour témoins. Tous attendaient de lui des mots forts qui les éclairent, des questions, des propos qui les aident à voter pour ou contre le candidat sortant ! Celui-là même qui avait affirmé que « l’homme africain n’était pas entré dans l’histoire… » était là à portée de voix, à portée de souffle ! Tous ces éléments se bousculaient dans ma tête avant même, qu’après un salut très déférent, trop déférent, Alain Mabanckou n’ouvrit la bouche et ne s’installa….

« Vas-y Alain ! Vas-y Alain ! Entre dans l’histoire ! Balance tout ! » Criai-je devant l’écran de ma télé ! « Jette lui à la figure les explosions du 04 mars par des armes que « son ami » Denis Sassou NGuesso stockait en pleine ville. (Acte irresponsable et démentiel d’un dictateur assoiffé de pouvoir.) «Rappelle lui que ce type a été reçu  à l’Elysée, il y a juste quelque  semaines ! ».

L’attente était grande, l’occasion était unique ; la déception n’en a été que plus cruelle !

L’homme apparut alors pitoyable malgré un habit à faire pâlir d’envie un patron de la SNPC ou le Roi du pétrole, Denis Christel. Il n’a été question que de son petit ego, de sa condition. Il en avait même oublié sa négritude et surtout celle de ses compatriotes français ou congolais. Il ne s’était soucié que de culture alors que dans Talangaï rasée, sous les décombres  les cadavres poursuivaient leur pestilentielle décomposition et que les rats  s’en donnaient à cœur-joie.

Comment, lorsque l’on parvient à se trouver au centre du débat, peut-on être autant indifférent à ses racines, à sa famille, au pays et au continent qui vous ont vu grandir et façonné? Quand on est désigné pour représenter une certaine catégorie de Français, dans une période aussi délicate que celle de l’élection présidentielle, on n’a pas le droit de se concentrer uniquement sur son petit nombril.

Alain Mabanckou aurait pu être la voix du Congo tout entier s’il avait choisi ses mots parmi ceux que ses frères auraient aimés entendre. Brazzaville, comme il se plaisait à le répéter dans les présentations de son livre « Le sanglot de l’homme noir », était la capitale de la France Libre ; il en a oublié que le premier acte de résistance du Général de Gaulle avait été son discours du 18 juin 1940.  Des mots ! Devant des millions de téléspectateurs Alain Mabanckou aurait pu et aurait dû faire une entrée incontestable dans  « l’histoire » en décriant les drames congolais, des plus anciens au plus récent, en pointant du doigt le dictateur.  Personne ne l’aurait fait taire ! Les journalistes sur le plateau n’attendaient que cela de lui : un coup de gueule qui aurait été repris par tous ! Cela aurait dû être deux minutes de parole et d’inspiration patriotique fraternelle et africaine, au nom de tous les morts, Congolais du Nord, du Pool, du Sud, toutes victimes de la dictature sanguinaire d’une marionnette françafricaine.

Sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus, nous avions découvert une autre marionnette,  africaine seulement,  avec un passeport français …

Romuald OSSEBI

NB La colère est mauvaise conseillère et réagir à chaud engendre bien souvent des débordements fâcheux, inconsidérés  ou regrettables. Il a fallu de longues semaines avant de retrouver le calme et la sérénité nécessaires.

Lire aussi : Quelques échos sur la piètre prestation…

Dans l’Express :

Vendredi soir, Nicolas Sarkozy était invité du « Grand Journal » de Canal + pendant deux heures. Aucune critique politique sérieuse ne lui a été adressée. ….

Le « Petit Journal », lui-même, est devenu tout gentil. Simple faire-valoir de l’émission, l’écrivain congolais Alain Mabanckou n’a même pas su critiquer le discours de Dakar de Sarkozy sur l’Afrique ! 

Alain Mabanckou interpelle Sarkozy sur la Culture

Alain Mabanckou, écrivain  français d’origine congolaise a interpellé le président Nicolas Sarkozy sur l’absence de la culture dans la campagne présidentielle. Ce poète qui représente avec fierté la culture francophone et française aux Etats-Unis où il enseigne notamment la littérature française à Los Angeles en Californie, s’indigne du fait qu’il se sente africain en France et français aux Etats-Unis. Cela pourrait résumer le regard ou la considération  que la France a envers les français d’origines étrangères  en général et africaine en particulier et ce malgré le fait  qu’ils portent la France dans leur cœur et qu’ils véhiculent les valeurs et la culture françaises dans tout le monde, ces hommes et ces femmes, français venus d’ailleurs croient appartenir à une autre France; une seconde France, la France des opprimés…..

Diffusé le 02 juillet 2012, par www.congo-liberty.org

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4 réponses à TRAGEDIE CONGOLAISE : LORSQUE ALAIN MABANCKOU REFUSE D’ENTRER DANS L’HISTOIRE…

  1. ya ba colère vé dit :

    Le comportement d’Alain Mabanckou est dans la lignée des intellectuels congolais, qui ne sont jamais à la hauteur des autres intellectuels africains, qui mettent leur célébrité au service et du combat pour les droits de l’homme dans leur pays.
    L’illustration de ces impostures des intello congolais est celle d’Henry Lopez actuel ambassadeur du gouvernement illégitime de Sassou Nguesso.
    Malgré sa retraite en or en tant qu’ancien directeur adjoint à l’unesco, il reste insatiable à l’argent et sa vénalité est à la hauteur de sa mauvaise foi. Le peuple peut souffrir, ce qui compte c’est d’abord ses intérêts.
    Mabanckou il faut le savoir est Franc-maçon et a séjourné au Congo aux frais de ses frères de lumière qui pillent les caisses du trésor public.

    le peuple s’en sortira tout seul, point besoin de compter sur les intéllos congolais.

    La lutte continue, et sassou partira…

  2. Dieudos Eyoka dit :

    Ce qui est drôle c’est que l’Express parle de Mabamckou non pas comme un Français mais comme un Congolais. Voilà un retour de bâton bien mérité

  3. Le patriote dit :

    Marion Michel Madzimba Ehouango
    Hier , dimanche à 19 heures ,une vingtaine d’ étudiants ont été arrêtés et conduits à la tristement célèbre D S T ….On compte 5 filles parmi ces jeunes gens .
    Sans être forcement d’accord avec le fond de ces revendications estudiantines , je ne crois pas que le fait de se réunir afin de marquer leur désaccord avec des dispositions rectorales porte atteinte à la « sûreté de l’Etat.
    Relayez cette information afin que cesse cette politique de la brutalité et des privations des libertés…

  4. Johan Babindamana dit :

    je suis vraiment déçu de cet écrivain que j’appréciai beaucoup,soit il a complètement baisser les bras soit il profite aussi du système néanmoins nous n’avons point besoin de ceux qui ont enterré la hache de guerre avant de l’avoie utilisé.

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