STABILITÉ AU TCHAD, ESCROQUERIE ET NOUVEAU TOTALITARISME AFRICAIN

Felix Bankounda Mpele

La disparition brutale du maréchal-président tchadien Idriss Deby Ithno, suivie par la dissolution quasi immédiate des grandes institutions du pays et de la Constitution, mais surtout de l’adoubement sans réserve par le pouvoir français du nouveau pouvoir clairement putschiste, dans un pays et une sous-région qui sont tout sauf des zones de démocratie, susciteront plus de désordre que la stabilité .

Un président qui décède brutalement, officiellement au cours d’une percée de la rébellion dont il a voulu assurer la parade comme il en avait l’habitude. Cela se passe, s’est passé au Tchad. Et l’annonce de la junte militaire, le mardi 20 avril en fin de matinée, qui s’est tout de suite emparée du pouvoir est sans équivoque: « Le maréchal Idriss Deby a été tué en plein combat dans la défense de l’intégrité territoriale…un Conseil militaire de Transition a été mis en place.. ». Immédiatement, toutes les grandes institutions du pays (l’assemblée, le gouvernement, …) et la Constitution sont dissoutes et est institué un organe unique, le Conseil Militaire de Transition (CMT), avec à sa tête l’ancien directeur de la Sécurité des Institutions et de la garde présidentielle, fils du président tué. La Constitution est illico remplacée par une hypothétique Charte de la Transition pour régir le pouvoir pendant une durée de dix-huit mois. Bref, une situation qui, en elle-même mais aussi au regard d’autres précédents en Afrique, révèle de façon sans équivoque un coup d’État, mais aussi un cheminement jamais démenti à ce jour: l’enracinement de la dictature.

Alors que les conditions de la mort du maréchal-président tchadien restent troubles, le pouvoir français qui avait, sans réserve, pris ‘acte’ de la dissolution des institutions politiques du pays par la junte et de sa prise du pouvoir, sans égard pour la Constitution qui prévoyait les conditions de la vacance,  est allé adouber le nouveau pouvoir au nom de la stabilité du pays et de la région du sahel, le vendredi 23 avril, jour de la cérémonie officielle des obsèques du président tué:  « la France ne laissera jamais remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad » a martelé le président Macron à NDjamena ! Une position qui stupéfait, dans un pays qui était tout sauf une démocratie, où le dictateur en place depuis trente ans y était arrivé à la suite d’un coup d’État et venait d’ailleurs d’être proclamé vainqueur à la présidentielle à 79,32% pour un sixième mandat présidentiel la veille de l’annonce de son décès, dans un pays régulièrement épinglé pour de graves atteintes aux droits de l’homme, dans un pays où mis à part le premier président post-indépendance (François Tombalbaye), l’accession au pouvoir est une perpétuelle histoire des rebellions, mais aussi dans une sous-région du continent qui, objectivement, est allergique à la démocratie et constitue un « nid des dictateurs ».

Autant dire qu’en validant ce coup d’État, et loin de résoudre le problème, de stabiliser le pays comme il l’a solennellement annoncé, la position du pouvoir français participe plutôt du désordre et d’une forme de totalitarisme de la stabilité dans le pays et dans la sous-région, au détriment des valeurs de démocratie, des droits et libertés qui ont du mal à y émerger…

Diffusé le 28 avril 2021, par www.congo-liberty.org

Tchad: le Président Idriss Déby est-il mort au combat ou assassiné par son État-major militaire ?

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6 réponses à STABILITÉ AU TCHAD, ESCROQUERIE ET NOUVEAU TOTALITARISME AFRICAIN

  1. Jo dit :

    On arrête quand la victimisation? On comprend quand qu’il ne faut compter que sur soi? Le seul peuple au monde, qui pleurniche quand une puissance défend ses intérêts c’est nous. Nous pleurons auprès de LA MÊME puissance qui nous fait du mal. On comprend quand?

  2. Revelino dit :

    @Jo

    Je n’ai rien à redire. J’ai arrêté de commenter les articles car je suis fatigué de ses pleurnicheries sans fin.

  3. Ku Ibiti dit :

    C’est vrai chers frères Jo et Revelino, nous pleurnichons tellement que nos prédateurs n’arrêtent de nous infantiliser…Quand est-ce que nous allons prendre la mesure de cela ?!! Il faut maintenant agir….

  4. Val de NANTES , TONTON LOUIS avait raison ... dit :

    Notre faute originelle ,c’est le refus de n’avoir pas coupé ce lien institutionnel qui nous unit avec la France .
    L’indépendance s’est trouvée limitée à une simple déclaration de façade dont nous n’avons jamais compris le sens . Les années passant ,on se trouve toujours au point de départ ,par manque d’analyse approfondie de l’intention de l’autre .
    Un pays sevré de servitude mentale se reconnait au travers de ces prises de position institutionnelle ,qui ne reflètent pas le miroir institutionnel de la mère colonialiste .
    Comment acquérir une indépendance réelle quand celle dont vous devrez vous sevrer reste votre référence spirituelle et institutionnelle ?
    La FRANCE n’a pas de mal à s’introduire par effraction au CONGO tant les clés d’ouverture du système institutionnel congolais lui sont connues . Nous nous sommes interdits de transgresser le pacte moral qui nous lie avec la FRANCE , convenez que nous en acceptions les conséquences .La conférence nationale de 1992 fut l’occasion ratée de faire la « tabula rasa  » des aspérités infectes que contenait le socle institutionnel ,d’approche française , sur lequel ,politiquement ,repose notre pays .
    Et c’est ci – gît le lièvre . On s’en prend à la FRANCE pour ses multiples forfaits dont elle se rend coupable au CONGO , à coups d’articles assassins , mais on s’ingénie à copier intégralement le démon français par le biais de son architecture institutionnelle Voilà le paradoxe mortifère congolais ,dont on a du mal à piger le sens .
    En reproduisant de manière robotique cet impensé institutionnel ( puisqu’il n’est en rien une pensée congolaise ) nous nous condamnons à l’inaction devant la FRANCE .
    C’est LOUIS PASTEUR qui disait : » Un peu de science nous éloigne de Dieu , beaucoup nous y ramène « .
    Autrement dit , « en copiant moins que nous le faisons , nous nous éloignons de la FRANCE « .
    Nb ; science = institutions françaises .
    Dieu , c’est la FRANCE .
    Alors ,tonton PASTEUR a- t’ il raison ou pas ?

  5. Jo, Revelino,

    Évidemment que vos remarques sont fondées, puisque j’ai également horreur de la victimisation et des boucs-émissaires. Le texte ici présenté est détaché de la vidéo qui de l’interview qui l’accompagnait qui est autant critique de la position du pouvoir français et du pouvoir tchadien actuel qu’invitation à l’action selon des moyens légitimes, au plan national et continental.
    Je vous sers ici la vidéo qui a été ‘oubliée’…

    https://youtu.be/7i7seOt9dj0

  6. Ann Honyme dit :

    C’est notre naïveté et notre propension à croire que les descendants de ceux qui nous ont exploités durant des siecles auraient quelques egards pour nous en tant que peuples freres et egaux avec eux. L’Histoire et les faits actuels nous démontrent que ce rapport d’égalité entre les peuples n’existent pas, malgré la chimère de prétendus droits de l’homme qu’ils secouent comme un chiffon devant notre nez pour nous faire croire que nous comptons à leurs yeux. Soit dit en passant, lorsque cette declaration avait ete adoptée, l’homme noir portait encore les fers de l’esclavage et n’en fut « libéré » que de nombreuses années plus tard…
    Nous portons malheureusement encore quelques chaines mentales. A titre d exemple, Il est consternant de voir durant les joutes electorales l’infantilisme des dictateurs « hommes soit disant forts » et meme de leurs challengers des oppositions cherchant avec la derniere energie l’approbation des presidents des pays colonisateurs ou même a apparaitre sur des photos avec ceux-ci …
    Pour ce qui est l’empressement de Macron à adouber le CMT, cela participe des efforts de la France à vouloir se maintenir parmi les puissances politiques et économiques mondiales. En effet, la France se bat de toutes ses forces pour ne pas sombrer comme l’Espagne et le Portugal, pays colonisateurs puissants et prosperes jadis mais qui n’ont plus le poids d’antan sur l’échiquier mondial.
    Donc les discours et les postures en faveur de la democratie, de l’Etat de droit, des droits de l’homme, du respect des constitutions etc. ne sont que des outils de la panoplie des defenseurs de la democratie que porte la France pour asseoir et faire perdurer l’influence Economique que la classe dirigeante française (hommes politiques et hommes d’affaires) a sur ses (ex-)colonies.

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