Sommet de Paris du 18 mai 2021 sur le financement des économies africaines : Mensonges et supercherie…

Lucien PAMBOU

Le sommet sur le financement des économies africaines a accouché d’une déclaration plus marquée par des intentions politiques que de réelles avancées pratiques concernant le développement de l’Afrique. Comme d’habitude les pays africains se sont présentés à ce sommet sans proposition concrète. Il faut quand même relativiser notre propos car le président Macky Sall a fait des propositions. On peut ne pas être d’accord avec celles-ci, mais elles existent.

Le Fonds monétaire international exige du Congo une meilleure gouvernance des fonds publics et une lutte implacable contre la corruption. Sur le plan des PME, attendons de voir comment la BAD (Banque africaine de développement) et la BERD (Banque européenne de reconstruction et de développement) vont mettre en place une stratégie de financement des entreprises privées africaines.

La France à l’initiative pour l’utilisation des droits de tirage spéciaux

La France à l’initiative de la conférence a fait des propositions très larges qui vont de la lutte contre la pandémie de la COVID 19 à la mise en place des liquidités, soit 33 milliards de dollars sur les 650 milliards de dollars sous forme de DTS (droits de tirage spéciaux) à la disposition des Etats africains. Les 33 milliards sur les 650 doivent permettre aux Africains d’augmenter leurs avoirs de réserve en devises. En même temps, le président Macron estime que ces 33 milliards, c’est des court et moyen termes et qu’il faut 100 milliards pour bâtir un chemin pour le financement des économies africaines à long terme. Il a raison car les 33 milliards permettent aux pays africains d’importer les produits manufacturés européens.

Nous sommes là au cœur d’une supercherie de la pensée économique libérale occidentale qui impose une stratégie aux pays africains qui ont beaucoup de mal à construire ensemble, au sein de l’Union africaine, une stratégie de sortie de crise sanitaire concernant la COVID et, à long terme, de développement économique. Les principes de l’agenda 2063 sont fixés et maintes fois célébrés au cours des différentes conférences de l’Union africaine mais, paradoxalement, aucune stratégie claire ne se dessine sur le terrain.

Le sommet de Paris : de la géopolitique de l’Europe et de France en Afrique contre la Chine

Le sommet de Paris sur le financement des économies africaines est avant tout une opération de géopolitique de l’Europe qui vise à contenir les avancées commerciales et de financement des pays comme la Chine et la Turquie en Afrique. L’Europe a beaucoup de mal à se débarrasser de son modèle néo-colonial qui lui permet de faire de l’Afrique son réservoir de matières premières agricoles et minérales. Les chefs d’État africains de l’ouest et du centre, malgré leur volonté de diversifier les partenaires financiers et commerciaux, restent liés à l’Europe, mais surtout à la France, à travers les contraintes et les obligations de la zone France qui les empêchent d’avoir une politique monétaire et budgétaire autonomes. L’Europe, dont la France, n’a pas hésité à transgresser les contraintes de ses politiques monétaires communes pour procéder à des politiques de relance grâce aux emprunts massifs garantis par la Banque centrale européenne. Les politiques budgétaires en Europe sont devenues laxistes. Les critères de Maastricht ont explosé (à savoir 3 % du déficit par rapport au PIB et 60 % de l’endettement par rapport au PIB). Les travaux récents d’instituts économiques en Europe ont déclaré ce vendredi 21 mai que la France mettra 67 ans pour rembourser sa dette publique née de la COVID 19, l’Italie 27 ans, l’Espagne 87 ans et l’Allemagne 7 ans. 

Comme d’habitude l’Europe fait croire à l’Afrique que la pandémie est un bien collectif et que les vaccins pour combattre la pandémie vont devenir des biens collectifs gratuits en obligeant les laboratoires Pfizer ou Moderna à céder leurs licences et brevets de fabrication au reste du monde. L’Afrique noire pourrait donc devenir un fabriquant à coût nul. C’est un vaste mensonge et une escroquerie intellectuelle de la part de l’Occident car (mis à part le Nigéria et l’Afrique du sud, voire le Maroc) l’Afrique ne possède ni laboratoires, ni ingénieurs, ni capital humain pour commencer une esquisse de fabrication des vaccins. Comme d’habitude, l’Europe amuse l’Afrique et il est temps que l’Afrique commence à établir des contre-propositions en rassemblant les compétences professionnelles idoines réelles qui dépassent les lignes claniques et ethniques qui minent la réflexion professionnelle en Afrique.

Voilà. Nous sommes là au cœur de la réalité d’un sommet au sein duquel les déclarations d’intention ont été plus fortes que la réalité sur le terrain. Il s’agit pour les Africains de passer progressivement d’une logique d’assistance publique et internationale à une logique de responsabilité au sein de laquelle les stratégies nationales des Etats complètent les stratégies de l’Union africaine au plan continental. L’Europe a montré ses sentiments de compassion vis à vis de l’Afrique pour l’endormir et mieux l’exploiter. Aux Africains de ne pas se faire avoir et de commencer à ouvrir les yeux, même si le chemin qui mène à une souveraineté accomplie et autonome reste parsemé de nombreuses embûches que sont les dettes publiques et privées, la dépendance financière et économique, la dépendance monétaire et, paradoxalement, la dépendance de souveraineté.

Lucien PAMBOU

Diffusé le 29 mai 2021, par www.congo-liberty.org

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2 réponses à Sommet de Paris du 18 mai 2021 sur le financement des économies africaines : Mensonges et supercherie…

  1. Pambou Lucien Mkaya Mvoka dit :

    Le réseau international, dont la maitresse est la France, est à l’oeuvre. Le Président Macron demande avec insistance à Goïta de revenir à une légitimité démocratique sinon la force Barkhane part du Mali. Alors les boursoufleurs intellectuels pas très au fait de la géopolitique, vous voyez bien que mon analyse du réseau dans sa partie internationale est une réalité. Dans le Journal du Dimanche de ce jour, le président Macron a demandé au colonel Goïta de ne négocier ni avec les djihadistes terroristes, ni avec d’autres groupuscules qui ne tiennent pas compte de l’avis français.

    Alors je vais faire un travail pédagogique indispensable. La plupart des pays africains francophones sont structurés par un réseau politique interne et externe. Le réseau politique interne est connu de tous, le réseau politique externe est moins connu, c’est la France qui décide de l’existence des régimes politiques en Afrique. La France est mon pays d’accueil, je l’adore. En revanche, la plupart de mes compatriotes africains en général et congolais en particulier, pour ne pas avoir longtemps vécu en France, sont déstabilisés par les pratiques politiques françaises vis à vis de l’Afrique. Les pays francophones d’Afrique noire ne sont pas indépendants, c’est la France qui dicte le Momentum de la politique monétaire et financière ainsi que le développement à long terme. Les nègres que nous sommes, même si on s’en défend dans les discours bavards et longs, nous sommes considérés comme naïfs et supplétifs de la France. je mets au défi les dirigeants politiques des majorités en Afrique francophone et des oppositions pour me démontrer le contraire.

    J’essaie d’éduquer mes contempteurs du réseau en m’appuyant sur les faits concrets, comme ceux de ce dimanche 30 mai. Il y a une partie du réseau national qui trouve sa justification dans le réseau international dirigé par la France, que vous le vouliez ou non, et malgré votre bave haineuse vis à vis de la France qui vous donne le gîte et le couvert et qui vous permet de vous exprimer sans être embastillé.

    J’aime mon pays d’accueil, la France, car elle me permet, au nom de la liberté, de dire les choses. Qu’on ne compte pas sur moi pour comploter contre mon pays d’accueil. Ceux qui pensent que le réseau n’existe pas dans sa partie nationale et internationale, le président Macron le JDD de ce dimanche vient de vous administrer la preuve. Circulez, il n’y a rien à voir et organisez mieux vos neurones pour la discutation au sens hégelien du terme.

  2. Jean OKOMBA dit :

    Firmin Ayessa, toi qui es contre les jeunes, le chef de ton chef sassou nguesso , Emmanuel Macron est un jeune de 44 ans.

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