SOCIOLOGIE DE LIPATO : FORMATION INCONSCIENTE AU LEADERSHIP ET A L’ALTERNANCE

Par Jean Claude Boukou

Le mot lipato descend du lingala (langue bantu) lipata qui désigne dans son sens littéral le nuage (pluriel mapata). Le type de nuage particulier indiqué est le cumulonimbus, générateur des pluies fortes à diluviennes, de décharges électriques à foudre associées aux tonnerres. La conséquence de ce nuage qui cache la pluie menaçante invite tout individu à rechercher un abri, donc de courir pour s’en protéger. La langue lingala utilise une périphrase, lipata ya mvula (le nuage de la pluie), comme en langue vili (langue bantu du Congo-Brazzaville), lidunga li mvula (le nuage qui cache la pluie).

De son étymologie, lipato connu aujourd’hui garde l’idée de course, de fuite pour se protéger d’un danger connu. Lipato, c’est poursuivre les autres pour les toucher avec une dimension ludique. Celui qui était soumis à l’épreuve de la poursuite se devait de fournir des efforts comme dans une course de relais dans la transmission d’un témoin, à la seule différence que le lipato n’est pas un sport plutôt une pratique qui fédérait les enfants des quartiers voire des villages environnants. Pendant leur temps libre, dans les cours de récréation, les élèves pratiquaient ce jeu pour se désennuyer, oublier un instant la peur du fouet – car dans certains établissements scolaires du Congo-Brazzaville, les sévices corporels existent encore -, occuper l’espace du moment qui était le leur. Toucher l’autre signifiait transmettre à l’autre la charge et se « débarrasser » du fardeau pendant le jeu. Il fallait respecter le contrat tacite établi entre eux autour d’une trilogie verbale : « courir », « poursuivre», « toucher ». Celui qui poursuit les autres changera de rôle et sera poursuivi à son tour. Des figures zoomorphes entre en ligne de compte. On emprunte sans hésitation des figures dans la faune en présence. Celui qui poursuit, c’est le lion, la panthère, le tigre ou n’importe quel animal féroce, et ceux qui sont poursuivis revêtent les attributs des autres animaux comme mouton, cabri jugés faibles susceptibles d’être dévorés par le lion. La poursuite s’engage et à chacun de mettre en branle son ingéniosité pour ne pas se transformer en cible : savoir occuper l’espace ou son environnement en se cachant sous l’eau, sur les arbres, les maisons inachevées, dans des fourrées. C’est ici que le lipato incarne une valeur inconsciente celle de la formation des individus au leadership, par exemple et au respect de l’alternance. Chacun devrait apprendre à attendre son tour et changer de rôle. Car celui qui poursuit (le lion) sera soumis à l’épreuve de courir à son tour (mouton). Une certaine dose de tolérance et d’humilité est de mise pour que le lion sensé être l’animal le plus féroce, le « roi de la forêt » accepte d’abandonner ses attributs pour être poursuivi à son tour par sa présumée proie ou victime, face à lui.

Ce post se limite à montrer qu’au-delà de la dimension ludique, lipato est une « «école » participant à la formation de l’individu de se reconnaître parmi les autres dans le jeu d’ensemble. Aucune rancune n’est permise, juste un simple respect aux règles du jeu.

Du leadership, je me limite à un aspect : le leadership transformationnel. De l’alternance, je retiens le sens de rotation, de succession répétée, de périodicité.

Du leadership

Le leadership, un terme emprunté à l’anglais, définit « la capacité d’un individu à mener ou conduire d’autres individus ou organisations dans le but d’atteindre certains objectifs ». On dira alors qu’un leader est celui qui est capable de guider, d’influencer et d’inspirer. Le leadership transformationnel dont nous faisons allusion, en nous référant au lipato s’inspire de l’approche de leadership défendue, entre autres, par Russell Ackoff, Bruno Avolio, Bernard Bass et James Burns. L’objectif de ce leadership consiste à « transformer » les personnes et les organisations au sens littéral.

Cette théorie pose comme hypothèse que les gens suivent une personne qui les inspire (leadership inspirant) et qui leur donne une vision claire et convaincante. En retour les subordonnés agissent avec un dévouement et une loyauté incontestables. De cette approche, je retiens deux aspects :

– le premier, susciter la créativité et la recherche de solutions originales : la créativité pendant le lipato favorise le développement du protagoniste sous plusieurs angles. En courant, l’enfant (le protagoniste) fait preuve d’originalité en renforçant son identité quand il met en branle son génie créateur pour chercher des solutions et débusquer des abris afin de ne pas se faire dévorer par le lion. Les abris constituent souvent des éléments de l’écologie immédiate. Une rivière, s’y plonger et respirer à l’aide d’une tige de papayer dont le bout déborde à la surface pour laisser infiltrer l’air. Des maisons inachevées, le sommet des arbres, des fourrées. En courant, il défie celui qui le poursuit, dénie son flair, son agilité. Dans sa recherche de solutions lors du lipato, l’enfant multiplie ses idées pour trouver un endroit qui le protégera sur le long terme et favorisera ainsi son ouverture aux autres et à son environnement. Car, plus le lion le touche, plus il est désespéré. La désespérance ici prend le sens de « celui qui poursuit des adversaires sans être sûr de les rattraper ». C’est synonyme de déboire et de course à l’infini. C’est ainsi que lipato participe au développement de la concentration, de l’autodiscipline.

– le second fait preuve de charisme et de transmissions de ses convictions : Les différents protagonistes se doivent d’éviter de se mettre dans des situations embarrassantes. Il existe des situations où l’on fait preuve de charisme tel dans un milieu restreint et faillir devant la multitude. Dans ce cas il faudrait avoir une aura pour attirer les autres. Le charisme est donc « la qualité d’une personne ou d’un groupe qui séduit, influence, voire fascine, les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions ».(Wikipedia). Le lipato permet à cet effet de gagner en charisme dès lors qu’on apprend à gérer son trac et sa peur. Il s’agit en d’autres termes de transformer sa peur en force. Le lion s’est lancé à la recherche de sa proie, il faudrait conjurer son anxiété, développer des énergies positives, dédramatiser la situation pour chercher et trouver un abri sûr. A force de lutte, la situation deviendra normale, la répétition des mêmes gestes relatifs à tout ce qui s’agrippe autour de « poursuivre », « courir », « toucher ». Le charisme développé lors du lipato se détermine de la façon dont les autres protagonistes le perçoivent : le lion est capable de faire des concessions, n’ignore pas ce que les autres racontent. Il s’agit d’apprendre à gérer ses émotions, laisser une empreinte positive sur l’esprit des autres protagonistes. Par contre, l’excès d’admiration de soi empêche à reconsidérer son point de vue si les arguments qui lui sont opposés lui semblent justes. Aussi, l’humilité est une composante à part entière du charisme. Lipato forme donc inconsciemment au leadership en ceci, les différents protagonistes s’approprient d’une vision du futur et réaliser de grandes choses. De même, lipato aide à injecter enthousiasme, endurance et énergie autour de soi.

De nos jours, ces anciens protagonistes du lipato devenus adultes, ont-ils gardé le même enthousiasme ? Sont-ils créatifs ? Être créatif en d’autres termes, c’est savoir prendre des risques, faire abstraction aux hésitations et affronter les craintes du moment. La créativité acquise dans la pratique du lipato est-elle lisible sur le terrain ? Dans la créativité, je fais allusion à l’entreprenariat, la capacité de créer des richesses. La lecture sur le terrain entreprenarial montre que le Congolais prend de moins en moins des risques pour entreprendre. Il existe deux secteurs qui attirent dans leurs investissements : le transport (taxis, minibus et autres fula fula) et la création des nganda. (Bars à ciel ouvert)

De l’alternance

Par la sémantique, l’alternance est une « succession répétée dans l’espace ou le temps qui fait réapparaître tour à tour dans un ordre régulier, les éléments d’une série » (Hamon Leo). L’alternance dont nous faisons référence en rapport au lipato se fonde sur les conditions et les règles mises en place lors du jeu, animé dans un triangle : un arbitre qui sonne la course, un poursuivant et ceux qui sont poursuivis. Tous se doivent d’accepter les conditions et le changement des rôles. Tous les protagonistes s’imposent une exigence, celle de l’adhésion au retour de situation identique : quand l’arbitre donne le ton, celui qui est désigné le lion, animal redouté féroce, à la recherche de proie pour subsister se lance à la poursuite des autres jugé victimes. Il deviendra à son tour victime et sera poursuivi sans autre grincement de dent ou rancune.

Par ces conditions précitées, lipato requiert, par sa logique, une reproduction de valeurs, d’attitudes et de sensibilités face à la réalité socioculturelle basée sur le consensus. Ce consensus que je juge minimum aboutit à la prise de mesures irréversibles qui se déploient dans la microsociété formée par les différents protagonistes. Chacun dès le départ ne déroge pas à la règle : celui qui est en position de dominance ne règne qu’un laps de temps. Ceux qu’il domine règneront à leur tour. Le lion qui poursuit l’agneau acceptera de changer de camp : il deviendra agneau à son tour. Lipato est donc porteur d’enjeux d’intégration et permet à chacun de s’impliquer dans son fonctionnement, ses astuces, ses réactions, ses atouts et ses contraintes. Ainsi lipato s’apparente à une école initiatique permettant aux différents protagonistes de se tester réciproquement leur façon d’agir. Ce qui signifie, dans la vie courante une humilité, une assise sur les valeurs morales et sociales. Par valeur j’entends tout fait social ou de culture qui est conforme à la raison, à la nature de l’homme et qui répond promptement aux besoins fondamentaux de la majorité des membres dans une société.

De ce point de vue, le lipato se pratiquant au Congo-Brazzaville revêt des valeurs dynamiques et permettent ainsi aux protagonistes Congolais d’apprendre à vivre en harmonie aussi bien avec eux-mêmes qu’avec les autres. Ces valeurs se transmettent au fil des générations et évitent aux Congolais de vivre en marge de leur société. Lipato apprend aux individus d’éviter de s’enraciner dans des antivaleurs comme le refus de l’autre, l’esprit de suffisance, la destruction du patrimoine naturel. Lipato n’est non seulement un jeu, mais participe à la formation et à l’endurance physiques des différents protagonistes et favorise aussi les apprentissages fondamentaux : le développement de l’intelligence, les perceptions, l’expérimentation (apprendre à s’humilier, accepter que l’autre peut prendre sa place), le pouvoir d’invention (savoir se cacher pour ne pas être touché). Observer les règles du jeu constitue pour eux une véritable éducation morale et sociale qui forme leur caractère. C’est en jouant au lipato que les différents protagonistes se socialisent. Or cette socialisation représente la condition principale de transmission de valeurs et de culture basée sur le kimuntu, bomoto, l’humanisme. La phase d’intégration s’apparente cependant, à la mise en place des ressources qui fructifieront les comportements.

Aujourd’hui, les valeurs transmises du lipato permettent elles au lion de devenir agneau et accepter de s’humilier ? Le passage de l’adolescence à l’état adulte a-t-il permis aux anciens acteurs de lipato de porter le poids de la transition éducationnelle, d’être au service des autres, les rendre capables de supporter les difficultés de la vie sociale et les épreuves nouvelles ? Pourtant les dures épreuves en rapport à la pratique du lipato ont pour but entre autre, de combattre toute forme d’égoïsme, de self-love, de violence, d’imposer la soumission totale aux autres. Il s’agit plutôt de préserver et de garantir l’unité et la survie du groupe et par ricochet de toute la communauté. Ces anciens acteurs du lipato se mettent-ils au service du plus grand nombre ? Ont-ils développé de nos jours l’immoralité, la méconnaissance de la valeur de l’homme au profit de l’argent ? Sont-ils devenus des adultes exemplaires acceptant d’autres attributs, d’autres rôles à jouer au sein de la société ? Toujours est-il que la crise morale qui sévit aujourd’hui est essentiellement connectée à la crise des valeurs inhérentes à nos sociétés. Les tentatives de solutions devront être d’ordre politique, économique, éducationnel.

Si le lion aujourd’hui représente un leader politique ou un Premier ministre investi de tous ses pouvoirs, il devrait accepter de s’humilier et d’être poursuivi à son tour par l’agneau (être remplacé par un autre) au sens de lipato. Le lion, au terme de sa « poursuite » devra assurer ou « toucher » l’autre par la tenue d’élections libres, équitables et transparentes dans les délais prévus par l’accord, « la Constitution ». Si les candidats qui souhaitent incarner l’alternance ne garantissent pas la transparence sur le budget de l’État (un accord tacite), la participation des autres (les populations) dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques, les élections libres et transparentes (les règles du lipato) ne seront pas pour aujourd’hui pas plus que pour demain.

Dans un livre très récent, Les origines du mal congolais (Paari, 2019), Aimé Matsika « déplore principalement l’immaturité politique des acteurs de l’Inutile Conférence Nationale Souveraine. Il fustige en particulier les membres de la Commission Constitutionnelle qui, en lieu et place d’une réflexion sur le fondement et le contenu d’une constitution pour l’instauration d’une véritable démocratie au Congo, ont fait preuve de paresse intellectuelle en recopiant la constitution de la Vème République en France ». Selon l’auteur, il faut un nouveau moment politique fondateur pour permettre de « refonder l’État-Nation par une convention de concorde et d’unité nationale librement négociée et conclue entre toutes les composantes ethniques. Il faut une nouvelle constituante qui permette la jouissance de manière équitable de la souveraineté nationale ». (4ème page de couverture). Le fédéralisme alors ? Jean-françois Sylvestre Souka dans Le mal congolais – Origine de la ruine du Congo-Brazzaville (L’Harmattan, 2011), porte « un regard … sur la lente dégradation d’un pays jadis promis à un brillant avenir. C’est aussi le  » J’accuse  » d’un patriote lassé d’attendre de ses élites le sursaut nécessaire pour sortir le Congo de son enlisement politique, économique et social. Car à la « base du mal congolais, il y a donc un vol. Ce vol n’est pas seulement matériel, il est aussi culturel ». La culture, c’est ce qui permet à un peuple d’être lui-même en mettant en valeur ses traditions et coutumes ainsi que ses différents comportements qui se transmettent socialement par le fil ininterrompu des générations. Or ce n’est pas anodin si lipato est inscrit aujourd’hui sur la liste du patrimoine culture immatériel par les autorités congolaises. Le lipato peut servir de tremplin afin de réparer un vivre ensemble abîmé. L’homme politique peut s’en inspirer pour bâtir des aspects d’une politique sur la diversité culturelle et le développement durable. Il devra encourager les jeunes à s’engager d’avantage en faveur du lipato afin qu’ils deviennent des participants assidus et des détenteurs actifs de leur patrimoine. Qu’à cela ne tienne, « lipato, lipato ya mwana eee ».

Jean Claude Boukou

Chercheur, Sociologie des pratiques rémunératrices

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15 réponses à SOCIOLOGIE DE LIPATO : FORMATION INCONSCIENTE AU LEADERSHIP ET A L’ALTERNANCE

  1. LE MAL VIENT DE LA PERVERSION ET DE LA SOUMISSION A LA FRANC MACONNERIE DE NOS ELITES dit :

    IL FAUT AVOIR LE COURAGE DE DIRE LA VERITE

    La franc-maçonnerie une spiritualité criminogène et étrangère a perverti et corrompu toute l’élite congolaise

    Les intellectuels congolais ont vendu leur âme au diable en intégrant dans leur mode de vie les pensées égoïstes d’une secte qui n’a rien à voir avec le mode de vie social africain.

    Ils ont oublié les valeurs ancestrales africaines pour adopter une mystique criminelle et égoïste, c’est la base de tous nos malheurs.

    Quand on ignore ses propres racines pour faire sienne celles des autres, voilà ce qui arrive = acculturation, exclusion des non franc-maçons donc égoïsme, soumission à la secte d’adoption = ESCLAVAGISME SPIRITUEL VOLONTAIRE plus sournois et plus dangereux que l’esclavagisme physique.

    IL FAUT AVOIR LE COURAGE DE DIRE LES CHOSES.

    C’est ça la vérité.

  2. Anonyme dit :

    En lisant le post on se rend compte que les jeux de notre enfance constituent une base pour notre education. En plus, c’est a l’age adulte qu’il faut reactualiser ce sous bassement. Dommage que les adultes d’aujourd’hui, anciens acteurs de lipato comme le souligne l’auteur, negligent leurs acquis.

  3. Sangavoulou dit :

    Coucher avec « lipato » est frustrant. La hantise des joueurs c’est de se le faire refiler. Ce jeu angoissant peut durer des jours entiers. Au moment où tu ne t’y attends pas ( par exemple, chez toi, quand la vigilance tombe) on te le transfert, à ta grande désolation car il faut s’en débarrasser au plus vite. Les règles du jeu ne définissent pas à quel moment lipato enclenché prend fin. Sans exagérer, je compare le lipato à une vendetta corse symbolique de courte durée. Il y va de son honneur de riposter quand, stigmate lourd à porter, il te colle à la peau. Comme le péché chrétien, on doit se purifier.

  4. Mingwa BIANGO dit :

    Cher Jean-Claude,

    Merci pour la profondeur de ton texte « philosophique ».
    Je ne doute pas que nous continuerons à travailler collectivement pour le Congo.

    Fraternellement.

  5. Isidore AYA TONGA dit :

    ANTHROPOLOGIE/NEUROSCIENCES/CULTURES/NOUVELLES SYNTHÈSES DE CIVILISATIONS ET SOCIÉTÉS NOUVELLES… PAR ISIDORE AYA TONGA

    DÉCRYPTAGE DE L’INCONSCIENCE

    L’inconscience dans le déterminisme naturel ou dans le contre-déterminisme naturel? La formation à l’inconscience au leadership et à l’alternance. Si personne ou aucun leadership n’est plus responsable de rien….

    Attends… je pense que vous ne maîtrisez pas le mot et le sens même de l’inconscience… Quoique… si c’est vrai, alors, nous ne sommes pas responsables de nos actes. Je n’ai pas moi-même, en mon âme et conscience, voulu faire cela.

    J’y ai été poussé par une force obscure, celle de mon inconscient ou plutôt celle du pouvoir politique, tribaliste, ethnocentrique, etc;, pouvoir économique, du marché, du profit et de la rentabilité illimitée. de la dette illimitée contre destruction des écosystèmes naturels et sociétaux…

    Il semble important d’essayer d’accorder le terme, apparemment contradictoire, de « déterminisme naturel ». Sinon, plus personne n’est responsable de rien.

    D’autant plus que le déterminisme à l’œuvre dans l’inconscient, n’est pas le seul : n’y a-t-il pas un déterminisme non culturel ou historique, mais naturel à la situation congolaise?

    A suivre

  6. Jean Claude Boukou dit :

    @ Isidore A.T.
    Soyons simple et évitons la querelle inutile des mots. Consultez votre dictionnaire des synonymes et insérez-les dans le contexte exact. Je sais ce que j’écrit et je considère inconscient dans le sens latent, involontaire ou bien sans le savoir. Je ne parle pas de la formation à l’inconscience comme vous le prétendez. Vous tentez de dévoyer ma pensée. Je parle bien de Formation inconsciente au leadership et à l’alternance.En appliquant cela au lipato, on se forme sans le savoir au leadership et à l’alternance. Un autre chercheur peut déceler d’autres pistes d’étude.
    Lorsque celui qui incarne le rôle du lion change de personnage et devient agneau, c’est simple à comprendre. Dans l’avenir ne soyez pas discourtoisie face à une personne que vous ne connaissez que par ses écrits. Critiquez le fond du post et ne vous attardez pas sur le débat des mots.

  7. Jean Claude dit :

    Lire: discourtois

  8. Isidore AYA TONGA dit :

    @Jean Claude

    Aucune discourtoisie de ma part, ni de mauvaise intention et encore moins de de mauvaise foi, bien au contraire ; j’ai voulu tout simplement t’accompagner dans le débat en cherchant en partie à nourrir. Car les domaines de l’anthropologie sociale, des neurosciences et de l’ethnologie, je m’y connais bien…

    Par ailleurs, Jean Claude, éveillons en nous l’esprit humain (l’esprit critique ou contradictoire), car celui ou celle qui n’accepte pas la critique n’avancera jamais. La critique aiguise l’intelligence, la créativité, l’innovation et l’éveil de conscience.

    Merci de votre compréhension…

    Et encouragement à votre démarche intellectuelle et éducative.

  9. Jean Caude B. dit :

    @Mingwa B.

    Le Congo-Brazzaville a besoin de toutes les compétences pour aller de l’avant et des éléments de son patrimoine culturel peuvent servir de tremplin pour comprendre des aspects de nos habitudes. Le lipato représente un élément du patrimoine culturel immatériel ou intangible. Il est une source d’expérience pleine de vitalité qui repose au centre de nos identités.
    J’ai retenu dans le discours de Dakar de 2007 du Président Sarkozy des aspects positifs concernant la place que ledit Patrimoine occupe en Afrique et au Congo – même si des intellectuels de tout bord ne se sont focalisé que sur ce qu’on pouvait considérer comme une formule « l’Afrique n’est pas assez entrée dans l’histoire » – je retiens dans ce discours cette définition proposée à l’histoire de l’Afrique : la vraie histoire de l’Afrique c’est de puiser dans « l’imaginaire africain que vous ont légué vos ancêtres, c’est en puisant dans les contes, dans les proverbes, dans les mythologies, dans les rites, dans ces formes qui, depuis l’aube des temps, se transmettent et s’enrichissent de génération en génération que vous trouverez l’imagination et la force de vous inventer un avenir qui vous soit propre, un avenir singulier qui ne ressemblera à aucun autre … ». Dans cette définition, les valeurs des civilisations africaines, enfouis dans les contes, proverbes, et autres textes, les jeux ludo-éducatifs comme le lipato constituent un « antidote au matérialisme et à l’individualisme qui asservissent l’homme moderne » face à la « déshumanisation et à l’aplatissement du monde ». En référence, je peux citer le livre La foule solitaire de Riesman, D.,traduit de l’américain. – . Paris, Artaud, 1964. Dans ce livre, l’auteur invite à une réflexion, celle de la consommation de masse. Celle-ci a-t-elle changé les habitudes de la population à l’égard de la vie professionnelle, la solidarité sociale, de l’activité politique, de la culture ? La première édition date de 1950. Plus d’un demi- siècle plus tard, le problème reste actuel. La chance de l’Afrique c’est d’avoir su garder son patrimoine à travers le temps.
    Au Congo-Brazzaville, lipato s’est transmis au fil des générations et ses valeurs peuvent permettre aux Congolais de s’inventer « un nouveau moment politique fondateur »,  » une nouvelle constituante qui permette la jouissance de manière équitable de la souveraineté nationale ». C’est dire que les jeux de nos enfances ne sont pas anodins. Un autre chercheur peut, à la place de « leadership » ou de « l’alternance » ressortir d’autres aspects.

    Bien fraternellement

  10. Isidore AYA TONGA dit :

    @Jean Caude B

    LA RÈGLE POUR CONNAITRE TOUT INDIVIDU…

    Exemple, l’étude de femmes…

    Pour mieux connaitre les femmes, il faut commencer par observer puis analyser et enfin approfondir : 1- La biologie de chaque femme (anatomie, génétique, dimorphisme sexuel, endocrinologie, neurosciences), 2- la psychanalyse et la psychologie de chaque femme, 3 – des relations familiales aux relations sociales de chaque femme, 4- Enfin, l’éducation, traditions, cultures, sociétés et civilisations d’appartenance de chaque femme.

    MERCI DE NOURRIR LE DÉBAT EN LIEN AVEC VOTRE ARTICLE…

  11. Jean Claude Boukou dit :

    @ Isidore A. T.

    Je reprends vos propos : « Jean Claude, éveillons en nous l’esprit humain (l’esprit critique ou contradictoire), car celui ou celle qui n’accepte pas la critique n’avancera jamais. La critique aiguise l’intelligence, la créativité, l’innovation et l’éveil de conscience ».
    Si vos propos de départ relevaient de la maïeutique ou de la critique cartésienne, je n’aurais pas utiliser le mot discourtoisie. Merci pour vos encouragements à ma « démarche intellectuelle et éducative »

  12. Jean Claude Boukou dit :

    @ Sangavoulou

    Vous dites : « Ce jeu angoissant peut durer des jours entiers. Au moment où tu ne t’y attends pas ( par exemple, chez toi, quand la vigilance tombe) on te le transfert, à ta grande désolation car il faut s’en débarrasser au plus vite ». J’en conviens.
    Chaque acteur apprend à passer le témoin à l’autre. En 1980-1982, sous l’impulsion du Professeur François Lumwuamu ( ancien Ministre de la culture qui nous a quittés aujourd’hui, le Département LLO, Linguistique et littérature orale, Faculté des Lettres, Université Marien Ngouabi s’était chargé de revaloriser les cultures locales. En 2003, l’Unesco encourage les Etats aux patrimoines culturels fragiles de tout mettre en œuvre pour les collecter, les sauvegarder, les diffuser. Dans ce sillage, au Congo-Brazzaville, les savoirs et les savoir-faire tels que la sape, le kiebe-kiebe, la préparation du mbwata (forme de porridge congolais), le lipato, kukulu elombe, nzango sont aujourd’hui inscrits sur la liste du Patrimoine culturel immatériel Congolais.
    Nous avons le devoir de sauvegarder ces valeurs face à la « déshumanisation et à l’aplatissement du monde ».

  13. Anonyme dit :

    Bravo Jean Claude, j’ai 60 ans aujourd’hui et en lisant ton texte, je me suis revu effectuer dans mon village et inconsciemment, ces gestes qui, en réalité me formaient au leadership. Je vous informe aussi que le cours de leadership dispensé par les blancs, que j’ai eu à suivre à mon age nubile, n’avait rien de commun avec cette éducation de jeune élève. Voilà au moins un élement culturel à sauvegarder et à vulgariser dans nos écoles scolaires. C’est loin de la foutaise politique et c’est instructif .
    Chercheur, on n’est pas tous, méconnaissant de notre passé commun. je l’archive. je souhaite que vous en fassiez un dépliant à distribuer à tous les partis politiques du CONGO.
    Courage. Et bonne chance. Au besoin vous me faites signe sur Congo liberty: Je suis au pays.

  14. Anonyme dit :

    @ anonyme
    Je reponds assez tard à votre commentaire. Concernant votre proposition louable de distribuer des depliants aux partis politiques, je nous proposerais plutot de mener une vaste campagne de collecte de ce patrimoine culturel, le sauvegarder et le diffuser. Car ‘ sauver ce patrimoine c’est aussi sauver les langues par lesquelles il s’exprime ».

  15. Jean Claude Boukou dit :

    @ anonyme
    Je réponds assez tard à votre commentaire. Concernant votre proposition louable de distribuer des depliants aux partis politiques, je nous proposerais plutôt de mener une vaste campagne de collecte de ce patrimoine culturel, le sauvegarder et le diffuser. Car ‘ sauver ce patrimoine c’est aussi sauver les langues par lesquelles il s’exprime ».

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