SASSOU NGUESSO SERA T-IL LE PROCHAIN PRIX NOBEL DE LA PAIX ?

L’ambassadeur des Etats Unis d’Amérique en République du Congo, Monsieur Christopher W. Murray, s’est rendu, le 10 juin dernier auprès de Denis Sassou NGuesso pour solliciter son concours dans le règlement de la crise libyenne. Ce mouvement en direction de M’Pila faisait partie de la stratégie du département d’Etat pour mobiliser l’organisation de l’Union Africaine contre Mouammar Kadhafi.

Hillary Clinton, la Secrétaire d’Etat, a achevé ce lundi sa tournée en Afrique au siège de l’Union africaine à Addis Abeba, où elle a invité l’organisation continentale à durcir le ton vis-à-vis de la Libye.  La secrétaire d’Etat a été le premier chef de la diplomatie américaine à prononcer un discours devant les 53 pays membres de l’UA depuis la création de l’institution en 2002 ..

« Je demande à tous les Etats africains de faire pression pour la mise en œuvre d’un véritable cessez-le-feu et d’appeler Kadhafi à quitter le pouvoir (…) », a déclaré Mme Clinton. Elle a appelé les pays du continent à suspendre les activités des ambassades fidèles au régime de Tripoli et à expulser les diplomates pro-Kadhafi en poste dans ces pays.

On voit mal Denis Sassou NGuesso exécuter cette demande, lui qui est le chef d’Etat le plus proche de son complice Kadhafi. Ce genre d’appel ne pourra être entendu que par des pays pauvres qui ont un besoin réel de l’aide américaine. De plus, le Congo Brazzaville, maintenant indépendant financièrement, est un pays véritablement riche qui vend chèrement son pétrole aux Chinois, aux Américains et qui se moque royalement d’éventuelles subsides puisqu’il a déjà eu toutes ses dettes effacées par les contribuables américains, français etc…

Argument non négligeable pour les Congolais, qui rêvent de voir partir Denis et sa clique, Hillary Clinton devait également souligner que les révoltes qui secouent le monde arabe depuis l’hiver pourraient trouver un écho en Afrique, dont de nombreux dirigeants inflexibles n’ont toujours pas engagé de réformes politiques et économiques.

Rien ne nous interdit de penser que l’Ambassadeur Murray ait tenu le même langage dans son tête à tête avec le président congolais. Il faut reconnaître que la puissante Amérique, dirigée par un Barak Obama dont l’Afrique attendait tellement, s’est montrée pour le moins complaisante à l’égard de ces dictatures fantoches livrées à la kleptocratie la plus effrénée. Au premier abord cela ressemblerait à un léger chantage (diplomatique bien entendu) : « Aidez-nous à nous faire dégager Kadhafi, sinon nous pourrions encourager vos populations à suivre les révoltes nord-africaines ! »

Au Congo les populations en ont plus qu’assez et c’est à croire que les murs trop épais de la nouvelle ambassade des Etats Unis empêchent les diplomates américains d’entendre la vox populi et le mécontentement congolais. Il est bien loin le temps de l’Ambassadeur Phillips, illustre prédécesseur de l’Ambassadeur Murray qui d’un télégramme, sans en référer à Washington encore endormi, sauva la Transition congolaise.


En effet, dès la mise en place du Gouvernement Milongo, les militaires étaient régulièrement sollicités et encouragés par le Denis Sassou Nguesso, dépossédé de ses pouvoirs, à interrompre le processus démocratique.
C’était sur Jean Michel Mokoko que se concentraient les pressions du président « déchu », relayées et confortées par celles des pétroliers.

Il a fallu des mois d’insistance pour qu’un jour de janvier 1992 les chars se mettent en route et encerclent la Primature d’André Milongo. Tout semblait se jouer en quelques heures pour que s’arrêtât net la Transition. C’est alors que l’Ambassadeur Phillips expédia à l’AFP la déclaration, ô combien salutaire, selon laquelle les Etats-Unis soutenaient le processus démocratique de la Transition dirigé par le Conseil Supérieur de la République et son Premier ministre, M. André Milongo. Aussitôt, les commanditaires de cette tentative de putsch ordonnèrent le retour des soldats à la caserne. Le brut congolais avait alors comme principal débouché commercial les USA. .

Depuis cette période, la diplomatie américaine s’est faite particulièrement discrète et rien n’est venu, d’outre-Atlantique, malgré l’élection de Barack Obama, freiner les excès souvent cruels de ce régime.

«Les pays africains sont très profondément divisés et opposés à propos de la Libye», note un haut responsable du département d’Etat qui accompagne Hillary Clinton.

Le Sénégal et la Mauritanie ont publiquement souhaité que le colonel libyen quitte le pouvoir, ce qu’a salué Washington, mais l’UA en tant qu’organisation ne s’est pas prononcée sur le sujet. A ce jour, seuls deux pays africains, le Sénégal (poignée de main de Barack Obama à Karim Wade à Deauville lors du G8 oblige) et la Gambie, ont officiellement reconnu la rébellion du CNT comme représentant légitime du peuple libyen. L’U.A. accuse au contraire les puissances occidentales de saper ses propres efforts pour trouver une solution politique au conflit. Il est vrai que ce dernier point de vue est celui qui est émis depuis Brazzaville et Sassou NGuesso n’a pas ménagé ses efforts ni ses deniers (au moins ceux du Trésor Public de Brazzaville) pour le faire valoir auprès de ses homologues africains. Au grand dam des puissances occidentales qui préféraient une solution expéditive : l’élimination pure et simple de Kadhafi !

Il n’empêche que cette visite de l’Ambassadeur des Etats Unis auprès de Sassou-NGuesso ne manquera d’être montée en épingle par le valet des Dépêches de Brazzaville. Il ne faudra pas s’étonner de lire que Denis Sassou NGuesso, Président d’un ex-pays pauvre, reçu par les plus grands de ce monde, sera bientôt proposé pour le Prix Nobel de la Paix tant son œuvre et ses actions sont importantes…

Certes, ils sont bien nombreux ceux qui perdent la mémoire avec l’argent du pétrole volé par l’actuelle famille au pouvoir, mais l’Ambassadeur Christopher W. Murray sait parfaitement qui est Denis Sassou NGuesso. Si d’aventure, son disque dur venait à défaillir, il pourrait toujours parcourir le brûlot, une lettre à Etienne Mougeotte, que vient d’écrire Hervé Zebrowski, l’auteur des «  Assassins du Cardinal ». Peu reluisant ! De la mort du Cardinal au DC 10 d’UTA tout ou presque y passe et encore toutes les victimes n’y figurent pas….

Sergueï ONDAYE

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