Régis BATOLA victime de la violence politique au Congo-Brazzaville

mavoungou-pambou

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Selon un communiqué de La Rencontre pour la Paix et les Droits de L’Homme (RPDH) : “BATOLA Régis, âgé de 28 ans et fils de BATOLA Placide menuisier-charpentier de profession, a trouvé la mort le 13 avril 2015 au Commissariat central de Pointe-Noire, où il était incarcéré depuis le 06 avril ; et interpellé le jour même dans la nuit à une veillée au quartier Mpaka, dans l’Arrondissement 3 Tié-tié. BATOLA Régis a été sous-alimenté et confiné plusieurs jours durant dans une cellule exigüe en compagnie d’autres détenus au commissariat central. Ces mauvais traitements ont conduit à son décès. Durant la même période, la RPDH a été informée du décès en détention de deux autres jeunes qui ont trouvé la mort dans les mêmes conditions au commissariat central. Par ailleurs, la police pour brouiller les pistes, a tenté de déposer le corps de BATOLA Régis à l’hôpital A. SICE de Pointe-Noire, avant d’essuyer un refus catégorique de la part du personnel de l’établissement. C’est ainsi que le défunt a été conduit à la morgue.”

Régis BATOLA est donc mort sous la torture dans les geôles d’un régime foncièrement criminogène, au seul motif de la vente des CD propageant les idées des forces de l’opposition. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce jeune homme, confronté à la dure réalité du chômage, à l’instar des milliers d’autres jeunes diplômés, avait choisi de vivre dignement et de gagner honnêtement sa vie, plutôt que de sombrer dans la délinquance et la criminalité. On aura donc compris qu’au Congo-Brazzaville il ne fait pas bon d’être un opposant ou d’être sensible aux idées de l’opposition et de tomber dans les mains de la flicaille sanguinaire du pouvoir, aux méthodes de la sécuritate de triste mémoire, qui inflige systématiquement des actes dégradants et inhumains ainsi que des tortures jusqu’à ce que parfois mort s’en suive. Le but poursuivi étant de terroriser tout un pays, entretenir la peur dans les esprits, obséder les consciences, intoxiquer l’intelligence. Les méthodes et le mode opératoire de cette effroyable police sont telles que le peuple congolais est en proie à du terrorisme d’Etat qui ne dit pas son nom.

On est tout de même en droit de se poser la question de savoir quel était le contenu des CD incriminés par les autorités pour que ceux-ci puissent entrainer mort d’homme? Est-ce que leur caractère subversif et séditieux avait été formellement établi? Ces CD auraient-ils au préalable fait l’objet d’une censure de la part des pouvoirs publics pour que les contrevenants subissent ainsi des représailles de la part des forces de l’ordre? Des matons et sbires inféodés au pouvoir, qui inlassablement commettent des crimes crapuleux, mais hélas ne sont jamais inquiétés, en raison du fait que leurs basses besognes participent d’une logique de tyrannie et de culture de la mort incarnée par le régime de Sassou Nguesso.

En effet, toujours selon la Rencontre pour la Paix et les Droits de L’Homme (RPDH) : “En réalité, les CD dont il s’agit, produits en ligne par la chaîne BREZIANI.TV (06.80.32.87.87) annoncent la prise de position des congolais de la diaspora installés en France sur le non au changement de la constitution congolaise du 20 janvier 2002.” Dans ces conditions, réprimer, persécuter des vendeurs de CD revient à priver les citoyens congolais du droit de savoir. Or il est établi que le droit de savoir, en tant que valeur démocratique, constitue un facteur d’émancipation qui contribue au respect et à l’exercice d’autres droits qui affectent directement le bien-être et l’épanouissement des citoyens. En outre, interdire la vente des CD véhiculant de saines idées et opinions politiques contraires revient à museler ou du moins à rendre aphone une partie des forces politiques, en l’occurrence l’opposition. A l’évidence, ceci n’est que le signe patent du déni de la liberté d’expression.

Au regard de ce qui précède, il y a lieu de souligner que nous sommes donc face à une flagrante violation des lois de la république. On est sans ignorer que la liberté d’expression est un droit inaliénable consigné dans la loi fondamentale du pays. Le moins que l’on puisse dire c’est que Régis BATOLA a été assassiné pour le simple fait d’avoir propagé des idées de l’opposition. Une activité citoyenne qui participe du droit de savoir et de la liberté d’expression, donc de la vitalité de la démocratie. On ne soulignera jamais assez que l’expression plurielle et le débat d’idées contradictoires sont le fondement de la démocratie. A cela s’ajoute le fait que la participation à la vie démocratique suppose que les gens soient bien informés, sensibilisés sur les idées et opinions politiques tous azimuts, condition indispensable pour qu’ils puissent contrôler et évaluer efficacement les performances de leurs dirigeants, toutes obédiences confondues, et ce, dans le dessein de participer activement au débat public et aux décisions ayant un impact sur leur existence. C’est assez dommage que des citoyens rétifs à la pensée unique soient injustement embastillés et réduits à jamais au silence pour des motifs spécieux de subversion, de sédition et de délit d’opinion.

En somme, Régis BATOLA aura contribué à sa manière à la lutte de libération de notre pays de la dictature, la tyrannie et l’oppression. Il est indéniablement un martyr de la liberté. Son nom vient s’ajouter sur une liste déjà trop longue des victimes de la bêtise humaine, de l’intolérance et de la violence politiques, à consigner au macabre palmarès du régime de Sassou Nguesso. Celui-ci, en criminel viscéral et impénitent a tué, tue et tuera toujours, mais assurément, il ne parviendra jamais à décimer les 4 millions de congolais. Le bourreau des bords de l’Alima doit cependant savoir que ni les intimidations et les menaces, ni la mort n’entameront la détermination du peuple souverain à arracher sa liberté, et ce, quoi qu’il en coûte. La légitime espérance de la liberté est telle que ce régime dictatorial et tyrannique, qui n’a de cesse de répandre le sang des congolais, ne s’effondrera pas sous les coups de boutoirs, mais plutôt sous la déferlante impétueuse ponctuée de la furieuse clameur de la rue, pourvu que le peuple souverain redresse l’échine, prenne son destin à bras le corps et enclenche l’ultime action salvatrice.

Aux combattants de la liberté, tombés au champ d’honneur, la patrie reconnaissante! Votre mort est d’une signification telle votre nom figurera à jamais au panthéon national. On ne dira jamais assez que le combat pour la liberté finira inéluctablement par aboutir. En effet, la libération se profile à l’horizon et à la survenue de celle-ci, des noms de places et rues du pays seront débaptisés aux noms de nos martyrs.

A luta continua a vitoria e certa!

René MAVOUNGOU PAMBOU

Unis Pour le Congo

Secrétaire chargé des questions éducative et socio-culturelles

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2 réponses à Régis BATOLA victime de la violence politique au Congo-Brazzaville

  1. le dépité dit :

    Un jour, le Boulevard SASSOU-NGUESSO à Brazzaville sera rebaptisé : « Boulevard Régis BATOLA ». C’est une promesse !

  2. Warrior for Change dit :

    Il est quasi certain que toute rebaptisation participe du devoir de mémoire. Mais après la chute de l’homme du 5 juin 1997, ne serait-il pas nécessaire de faire asseoir tout le peuple congolais autour d’une même table afin d’organiser une sorte de commission « vérité-réconciliation ». Notre pays sort de longues nuits apocalyptiques, comment ne pas panser les plaies de tous ces traumatismes causés par l’hydre de Mpila : du nord au sud et de l’est à l’ouest ? En matière de victimologie et de criminologie, la nécessité sur le plan psychologique de la procédure visant à prononcer une condamnation publique à l’endroit de l’agresseur demeure une thérapie salvatrice pour l’ensemble du peuple opprimé,humilié, spolié, terrorisé et surtout assassiné. Le génocide et l’ethnocide perpétrés aujourd’hui par le pouvoir de Sassou sont des crimes qui conduiront, bien après, à l’apparition des syndromes de stress post-traumatique au sein de la même population congolaise. Merci de bien réfléchir sur ces conséquences sociologique et psychologique de la chute du régime dantesque du grand manitou.

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