QUI APRES CHARLES ZACHARIE BOWAO ? Par Patrice Miakassissa

Charles Bowao et Claudine Munari du Frocad-IDC

Tel un train fou sans conducteur lancé à vive allure, la machine répressive du Congo-Brazzaville vient encore hélas de faire une victime. Tout homme doté d’une conscience est un homme en danger de mort dans notre pays au mépris de toutes les conventions internationales auxquelles le Congo a souscrit et sous la complaisance de cette même communauté internationale. Ainsi en a décidé le despote qui nous sert de marionnette au niveau de la communauté internationale.

Charles Zacharie Bowao a toujours brillé par sa constance qui caractérise les Hommes de valeur que compte notre pays. Il a chevillé au corps la cohérence de la pensée et de l’action pour le bien de notre peuple.

Il fut l’un de ces membres éminents du bureau politique du PCT à édifier le peuple congolais sur la dérive monarchique qui se tramait dans les coulisses de ce parti. Il dira haut et fort NON au changement de la constitution et de ses méfaits à venir. D’aucuns penseront que c’est parce que l’homme fut évincé du gouvernement quelques temps auparavant. Mais c’est mal connaitre l’homme pour l’avoir côtoyé. Il mit sa parole en conformité avec ses actions en démissionnant du PCT n’étant plus en communion d’esprit avec ce dernier. Tout homme a droit à la rédemption.

A un moment de sa vie, il a accompagné notre timonier dans sa reconquête du pouvoir conformément à l’idée qu’il se faisait de la politique en ces temps là. Seul l’homme lui-même explicitera mieux sa pensée et sa démarche. Il a été rencontré le Pasteur Ntumi en tant qu’artisan de paix pendant qu’il fut ministre. Le pouvoir ne doit en aucun cas être la dictature de la minorité sur la majorité. Rassembler, apaiser et guider doivent être la base de nos actions politiques. Mais avions-nous tous le même agenda ?

La répression a atteint une dimension inacceptable dans notre pays. Allons-nous continuer à écrire, à phosphorer, à se lamenter, sans manifester vigoureusement notre mécontentement. Ceux des nôtres qui ont fait le sacrifice de leur vie ou de leur liberté doivent être honorés de la manière la plus digne. Depuis belle lurette plus personne n’est épargné par cette barbarie. Elle emploie la politique du bâton et de la carotte en espérant nous diviser. Les ralliements tardant à venir malgré les tentatives de corruption tous azimuts, ils perdent patience et passent à l’attaque de manière grossière et brutale. Qu’ils sachent que notre dignité n’est pas à vendre « car nul n’aura d’avenir dans un pays qui n’en a pas » dixit Norbert Zongo, journaliste Burkinabè lâchement assassiné à cause de ses opinions. Cette Afrique devient si intolérante qu’elle dévore ses propres fils en pratiquant le cannibalisme politique. Au Congo, Brazza la verte est devenue Brazza la rouge tant l’espérance à fait suite à la terreur avec son cortège d’atrocités.

Ces apprentis sorciers s’inspirent de la Corée du Nord pour terroriser les Congolais. Point de salut dans cette mascarade qui s’apparente à une fuite en avant. Le peuple congolais veille. Si nous continuons à nous lamenter, rien ne se passera car il n’y a pas de révolution sans sacrifice. N’est-ce pas l’oppresseur qui détermine l’arme de l’opprimé ? Au risque de nous voir tous décimés, l’heure de la révolte a sonné quelle que soit la forme qu’elle prendra. Nous sommes trop sur la défensive et avions perdu l’initiative. Ainsi, ce régime de la terreur nous dicte son calendrier.

Charles Zacharie Bowao, le maestro, la lutte continue comme vous aimez le dire. Ils pourront vous emprisonner mais pas vos idées qui irradient et résonnent dans la conscience de la jeunesse congolaise qui désespère au point de ne plus avoir de repère. Pour notre part seule l’exérèse de ce cancer localisé dans notre pays signera notre acte de libération et de renaissance.

Makaya, Mokoko, Okombi-Salissa et bien d’autres croupissent dans les geôles de la dictature au Congo-Brazzaville. Et maintenant ce serait le tour de Bowao, Munari, Miérassa et autres combattants de la liberté ! ? Seuls ceux qui ont été sincères avec le peuple congolais dans ses aspirations à la liberté se trouvent traqués et emprisonnés. Mais pour quel dessein ?

La mobilisation citoyenne de nos combattants locaux de la liberté avec la détermination de notre pasionaria Claudine Munari a eu raison des tortionnaires. Ils ont reculé et la digue commence à se fissurer.

 

C’est Malcom X qui disait : « Le pouvoir aux cotés de la défense de la liberté est plus grand que celui aux cotés de la tyrannie et de l’oppression ».

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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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12 réponses à QUI APRES CHARLES ZACHARIE BOWAO ? Par Patrice Miakassissa

  1. Aubin Romaric Bersam dit :

    je particulièrement touché par la pertinence des propos et des exemple cités dans ce bulletin. mon adhésion est totale. Félicitation Mr Miakassissa!!!!

  2. Val de Nantes dit :

    le plan funeste de Sassou ,c’est la destruction physique ,spirituelle et donc existentielle de notre pays .Le principe sordide du suicide collectif anime sassou.
    Sassou n’imagine pas un seul instant ,le pays lui survivre , car il redoute tout simplement la colère de ces compatriotes .les familles victimes de ces atrocités se vengeront sur sa morbide progéniture.

  3. Val de Nantes dit :

    Le camouflage récurrent ,de la mal gouvernance du Congo à atteint son apogée .tel un verre plein d’eau .Ces bricolages politiques au niveau national et international commencent à prouver ses limites .Les murs de cette prison qu’ est le Congo ne cessent de se lezarder , en estimant que la fin approche .l ‘Angola, dont il cesse de solliciter l’attention , n’est plus le même , et l’opinion angolaise
    sera du côté du peuple congolais .

  4. lu pour vous: Un document signé Jacques Foccart établit la pratique des assassinats ciblés de l’Etat français dit :

    Un document extrait des archives du conseiller du général de Gaulle montre comment, pendant la guerre d’Algérie, un ingénieur allemand s’est retrouvé dans la mire des services extérieurs.

    LE MONDE | 05.09.2017 à 10h19 • Mis à jour le 05.09.2017 à 10h30

    Au cœur de l’été 1958, dans le plus grand secret d’un pouvoir gaulliste tout juste sorti de sa traversée du désert grâce au putsch d’Alger du 13 mai, la France n’entend négliger aucun moyen, même les plus illégaux, pour mener une guerre qui va encore durer quatre ans. Si certaines forces françaises ont recours à la torture sur le sol algérien, le dernier gouvernement de la IVe République, dirigé par le général de Gaulle, ordonne, de son côté, des opérations clandestines dans le reste du monde contre ceux qui menacent ses intérêts en Algérie. Assassinats ciblés, attentats, avertissements sous forme d’agressions, ces pratiques sont monnaie courante – « des centaines », dira Constantin Melnik, coordinateur des services de renseignement de 1959 à 1962.
    Considérant agir en toute légitimité même s’il est en totale infraction avec le droit international ou domestique, l’Etat français, que ce soit en 1958 ou en 2015, sous la présidence de François Hollande, s’est toujours réservé cette liberté, marquant ainsi les limites du contrôle de l’usage de la force, y compris dans les plus grandes démocraties. Levant un tabou, M. Hollande l’a même confirmé, oralement, dans plusieurs ouvrages, fin 2016. Mais il n’existait aucune trace écrite de ces décisions, du moins jusqu’à la découverte d’un document unique dans le fonds d’archives de Jacques Foccart, l’homme des services secrets et des basses œuvres du gaullisme, également connu comme le père de la Françafrique.

    Daté du 1er août 1958 et annoté de la main de Foccart, ce document non seulement livre les détails d’une condamnation à mort « d’un sujet allemand, (…) dont l’action est très néfaste aux intérêts français en Algérie », mais donne également les identités de la cible et de tous ceux ayant concouru au feu vert donné à son élimination physique. La lecture de cette pièce offre, enfin, une connaissance du processus d’autorisation qui fait intervenir les plus hautes autorités du pays et pose, même soixante ans plus tard, la question de la responsabilité d’un Etat.
    « Le traiter discrètement par toxique indétectable »
    Le Monde a reconstitué l’histoire de cet homme et les raisons qui ont conduit la France à vouloir le tuer. Cette plongée permet de découvrir un épisode méconnu de la guerre d’Algérie : l’action d’un réseau germanophone de soutien au FLN, qui a organisé la désertion de plus de 4 000 légionnaires, via Tétouan, au Maroc. Elle lève aussi le voile sur une guerre secrète qui a opposé la France et l’Allemagne de l’Ouest (la RFA), sur fond de fin de l’empire colonial français, alors qu’au grand jour ces deux pays unissaient leurs voix pour bâtir une Europe pacifique après deux conflits mondiaux meurtriers.
    Intitulée « Fiche relative à la désignation d’un objectif », la note est directement adressée par le service action du Sdece (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) à Jacques Foccart, qui est, à Matignon, conseiller technique du général de Gaulle – président du conseil pendant six mois avant de faire entrer la France dans la Ve République et de s’installer à l’Elysée. « Schulz-Lesum, sujet allemand, résidant à Tétouan, dit la note, est le chef d’une organisation de désertion de légionnaires français. (…) A la suite d’une mission de reconnaissance, un contact commercial a été établi avec Schulz-Lesum. Ce contact entretenu par correspondance doit nous permettre d’attirer l’objectif dans un lieu favorable au Maroc et de le traiter discrètement par toxique indétectable et à effet différé. »

    « Reçu le 3 août 1958, ai donné accord de principe », écrit, dans un premier temps, Jacques Foccart. Dans un second temps, de la même encre bleue, il ajoute, « accord de l’amiral Cabanier le 4 août, transmis aussitôt au colonel Roussillat », avant d’apposer son paraphe, identifiable sur de nombreux autres documents officiels. On relève que le ministre de la défense n’apparaît pas dans le circuit de décision. Le document mentionne que c’est le chef d’état-major général de l’armée, Paul Ely, qui a demandé cette élimination au Sdece. L’amiral Cabanier n’est autre que le chef d’état-major de la défense nationale attaché au général de Gaulle à la présidence du conseil. Le colonel Robert Roussillat est alors le chef du service action du Sdece, chargé de mettre en œuvre cette décision.
    Désertions de légionnaires
    Selon l’historien autrichien Fritz Keller, qui est l’un des rares à mentionner son nom dans ses travaux sur les réseaux d’aide au FLN, la cible, Wilhelm Schulz-Lesum, est née en 1896. D’après le Sdece, il serait alors « à Tétouan, depuis de nombreuses années ». Ingénieur de formation et officiellement responsable d’une société d’import-export, il agit, en réalité, pour le compte des autorités ouest-allemandes. Ses contacts avec la diplomatie de Bonn au Maroc et en Espagne sont avérés et fréquents.

    Son rôle est au cœur d’un rapport transmis, le 31 octobre 1957, par le chef des Renseignements généraux (RG) à Oran au général Salan, commandant la 10e région militaire. Largement nourrie par les informations des RG de Sidi Bel Abbès, où est implanté le quartier général de la Légion, cette enquête est adressée, en copie, au chef du Sdece. « Il s’avère que l’officine mise sur pied en vue de favoriser la désertion des légionnaires allemands existe effectivement. Elle a pour responsable un certain Schulz-Lesum, non identifié, ingénieur à Tétouan, représentant de l’ambassade allemande de Madrid, titulaire de nombreuses décorations honorifiques de la République fédérale de Bonn », y est-il précisé.
    En 1957, les Français assurent que le dénommé Schulz-Lesum est chargé de réceptionner les légionnaires déserteurs à Tétouan et de les diriger sur Madrid via Ceuta et Algésiras. Pour ce faire, il leur fournit des titres de transport et une attestation d’identité contre l’engagement de rembourser la totalité des frais de rapatriement. « Il ressort que des contacts auraient été décelés entre légionnaires allemands et émissaires du FLN à Saïda [Algérie]. Ces contacts seraient pris dans cette ville à l’intérieur du Café des Sports », poursuit le rapport des RG de Sidi Bel Abbès.
    « Révolutionnaire au prestige extraordinaire »
    Le service de rapatriement des légionnaires déserteurs a été créé en octobre 1956 par le Conseil national pour la révolution algérienne (CNRA), et son installation à Tétouan a été confiée à Abdelhafid Boussouf, alias « Si Mabrouk », ex-chef de la wilaya (circonscription administrative) V, perçu par le Sdece comme un « révolutionnaire au prestige extraordinaire, plus proche des combattants du maquis que de l’aile bourgeoise du Front ». En 1953-1954, la Légion comprend 55 % d’Allemands, chiffre qui descend à 35 % entre 1956 et 1962, selon l’historienne Mathilde von Bulow, auteure d’un ouvrage sur l’Allemagne de l’Ouest au temps de la guerre froide et de la guerre d’Algérie. Un bon tiers a moins de 21 ans, et beaucoup ont même moins de 18 ans.
    Le but, pour le FLN, est de structurer un phénomène de désertions croissant. Le 23 août 1955, le général Lorillot, prédécesseur de Salan au commandement de la 10e région militaire, écrit ainsi au ministre de la défense pour lui faire part de « l’augmentation sensible des désertions dans les unités de la Légion étrangère ». Mais il se veut alors rassurant. Cela ne serait dû, selon lui, qu’à « la fin des opérations actives en Indochine », à « la modicité de la solde en Afrique du Nord par rapport aux soldes en Extrême-Orient » et « à la situation de demi-repos (…) propice aux tentatives de fugue ». Néanmoins, il estime nécessaire de « suivre de très près les questions de sécurité interne ».

    L’inquiétude s’accroît pourtant vite. Le 22 octobre 1956, l’interception de l’avion transportant cinq chefs du FLN permet aux Français de trouver sur l’un des leaders, Mohamed Boudiaf, un extrait d’interrogatoire réalisé par les autorités espagnoles d’un légionnaire allemand déserteur âgé de 23 ans, Ludwig Trapp. On peut y lire des informations précieuses sur l’organisation et la sécurité interne de la Légion, ses lieux d’implantation en Algérie. Le 14 décembre 1956, le ministre résident en Algérie assure au secrétaire d’Etat aux affaires étrangères que « les ingérences espagnoles dans la rébellion en Afrique du Nord sont indéniables ».
    Réseaux de solidarité
    Le même 14 décembre 1956, le légionnaire Manfried Kober, de la 5e compagnie du 1er régiment étranger d’infanterie, rejoint ainsi dans le maquis une unité du FLN avec vingt camarades, avec armes et équipements. Ils sont pris en charge pendant vingt et un jours, avant d’être acheminés vers le Sud marocain, en territoire espagnol. Par bateau, ils font ensuite le trajet Ifni-Tétouan. Schulz-Lesum leur fait gagner Tanger, puis Madrid par avion. Kober est accueilli par le consul d’Allemagne dans la capitale espagnole, qui lui remet une somme d’argent, un passeport et un billet d’avion.

    A Berlin, Kober est reçu par un pilier de cette filière de rapatriement, membre du « Nordafrikanischer Club », un certain Lindemann, qui lui demande le remboursement des 600 marks, prix de son retour au pays. L’hebdomadaire Jours de France, en juillet 1957, évoque l’existence de ce réseau allemand, à Berlin. Dirigé par Hans-Peter Rullman, converti à l’islam et membre d’un mouvement pour la réunification de l’Allemagne patronné par la CDU (Union chrétienne démocrate) du chancelier Adenauer, il se livre à l’achat et à la livraison d’armes pour la « résistance algérienne ». Mais son activité principale reste l’organisation de la désertion des légionnaires allemands en Afrique du Nord.

    M. Lindemann, qui prétend avoir 3 200 désertions à son actif, affirme même envoyer des émissaires qui, une fois introduits dans la Légion, endoctrinent des jeunes recrues et les incitent à déserter. De nombreux réseaux de solidarité se montent par ailleurs en Allemagne, dans les milieux étudiants, catholiques, protestants, communistes, trotskistes et syndicaux. Hans-Jürgen Wischnewski, député SPD (Parti social-démocrate), est la figure politique de ce mouvement de soutien. Adenauer, qui ne veut pas laisser la main au parti de l’opposition SPD, laisse faire, persuadé qu’un jour l’Algérie sera indépendante.
    Tétouan, centre de transit
    Le FLN a confié à Abdelkader Chanegriha la coordination de quatre brigades spéciales, chargées du franchissement de la frontière. Deux voies principales d’exfiltration sont empruntées jusqu’à Nador par les déserteurs allemands, vers le sud, puis à l’ouest, suivant l’itinéraire El Aricha, Berguent, Oujda, à pied, puis de Nador à Tétouan, en taxi. Une seconde officine existe à Mascara, le trajet des légionnaires étant alors Dublineau, Tlemcen, Oujda, puis de Nador à Tétouan. « A Nador, ils seraient pris en compte par le gouverneur civil de ce centre puis dirigé sur Tétouan où Schulz-Lesum se chargerait de leur acheminement sur l’Allemagne », conclut le rapport des RG de Sidi Bel Abbès. Le centre de transit de légionnaires déserteurs à Tétouan est établi dans le quartier de Malaga, à une centaine de mètres du cinéma Le Victoria.

    La base de Nador, située au bord de la mer, à l’extrémité est de l’ex-Maroc espagnol, à près de 100 kilomètres de la frontière algéro-marocaine, est le siège de l’état-major rebelle du Comité de libération du Maghreb arabe, mais aussi la plaque tournante du trafic d’armes et du regroupement des Algériens et Marocains partant combattre dans les maquis d’Algérie. « Il existe des ateliers à Nador où des spécialistes (parfois d’anciens légionnaires) fabriquent des grenades et des mines, dit le renseignement militaire. Une usine de fabrication de grenades et de mines se serait récemment montée à Tétouan, à l’embranchement de l’ancienne et de la nouvelle route de Ceuta, sous la direction de deux ingénieurs allemands. »
    Contacté en Algérie par Le Monde, Mohammed Lemkami, ex-membre des renseignements du FLN, se souvient des activités de ces Allemands de Tétouan, notamment de Winfried Müller, devenu officier de l’Armée de libération nationale (ALN) sous le nom de Si Mustapha Müller, dont seul le nom restera dans l’histoire du rapatriement des légionnaires. Son bac en poche en 1954, Lemkami devient instituteur dans son village natal de Khemis, à 45 kilomètres de Tlemcen. Petite main du FLN, il participe peu à peu à des missions de convoyage d’armes à la frontière algéro-marocaine et escorte des chefs de l’ALN avant d’intégrer le ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG, le service de renseignement du FLN), créé en 1957 par Boussouf.

    « Ils ont été efficaces »
    « Les contacts avec les légionnaires se faisaient à l’intérieur du pays et ont été initiés par le FLN, se souvient-il. Parfois, en un seul jour, une petite dizaine d’entre eux désertaient, parfois personne. Certains légionnaires venaient avec leurs armes. Ils nous donnaient des informations sur les activités de la Légion, qui était la plus crainte au sein de l’armée française. On leur faisait passer la frontière et on les conduisait dans une ferme à Tétouan. C’est là que le réseau de Si Mustapha Müller prenait le relais pour les rapatrier. Ils ont été efficaces, car il y avait beaucoup d’Allemands et d’Autrichiens dans la Légion. »
    Mohammed Lemkami œuvre alors également au sein du contre-espionnage du MALG. « En 1957, on a intercepté deux hommes du Sdece à la frontière marocaine, se remémore-t-il. Ils se faisaient passer pour des légionnaires déserteurs. S’ils ne répondaient pas à nos questions, ils mourraient, alors ils nous ont donné tout ce qu’ils savaient sur le Sdece au Maroc et en Algérie. Ils nous ont donné les noms des Marocains et des Algériens qui travaillaient pour eux. » Le renseignement est une priorité du FLN. Le Sdece signale, le 29 août 1958, qu’un légionnaire artificier ayant participé à la pose de mines et du réseau électrifié dans la région de Port-Say « aurait déserté et aurait donné tous les plans du réseau ».
    Pour ses activités, Wilhelm Schulz-Lesum est décoré, en 1957, par le président allemand, Theodor Heuss, de la croix fédérale du mérite. Le 2 avril 1958, la présidence autrichienne l’honore également pour son rôle dans le retour de légionnaires autrichiens, qu’il négocie avec l’ambassadeur d’Autriche à Madrid. Dès le 7 février 1957, le Sdece a informé la présidence du Conseil sur « la position autrichienne [qui] risque d’être influencée par l’esprit anti-colonialiste de certains secteurs socialistes. Dans ces conditions, il y a lieu de prévoir soit l’abstention de l’Autriche, soit l’alignement sur l’attitude des Etats-Unis ». Karl Blecha, futur ministre de l’intérieur autrichien, alors président de l’Union des étudiants socialistes, se rend, en 1958, en Afrique du Nord pour rencontrer des membres du FLN.

    Maquiller les opérations
    Reimar Holzinger, un socialiste autrichien né en 1921, qui a rencontré Si Mustapha Müller en 1955, est devenu son alter ego et s’occupe de l’exfiltration des déserteurs autrichiens. Il prend également en charge les Hongrois qui ont intégré la Légion après les événements de 1956 à Budapest. Bruno Kreisky, alors ministre des affaires étrangères autrichien, soutient le gouvernement algérien en exil et le réseau Holzinger. « Quand un Autrichien désertait, le service de rapatriement contactait l’ambassade d’Autriche à Madrid, laquelle se chargeait d’organiser le transfert en bateau de Barcelone à Gênes et de là vers l’Autriche », a rapporté Holzinger à l’historien Fritz Keller.
    C’est dans ce contexte que le service action du Sdece va tenter de mettre en œuvre l’ordre d’éliminer Wilhelm Schulz-Lesum. Pour maquiller ce type d’opération, la France étant déjà critiquée au sein de l’ONU pour sa politique algérienne, le Sdece fait croire qu’un groupe mystérieux appelé La Main rouge opère de manière autonome et mène, seul, des actions contre les soutiens actifs au FLN. Un grand nombre d’opérations étant perpétrées en Allemagne de l’Ouest, il s’agit aussi de ne pas heurter l’allié allemand. Selon un ancien du 11e régiment parachutiste, bras armé du Sdece, l’opération d’approche mentionnée dans la note Foccart auprès de Schulz-Lesum était la spécialité d’un groupe d’agents du Sdece mené par Jean-Pierre Lenoir, expert dans la traque des trafiquants d’armes et très actif en Espagne.
    Le rôle de faux nez joué par La Main rouge n’a guère trompé les autorités allemandes, qui mènent, de leur côté, un double jeu. Dans leur Histoire des services secrets allemands (Nouveau monde, 2009), Michael Mueller et Erich Schmidt-Eenboom indiquent que le BND, l’équivalent allemand du Sdece, disposait d’un bureau au siège des services français, à Paris, et qu’il prêtait main-forte dans la traque aux réseaux de soutien au FLN, y compris sur le sol allemand.
    Quand l’Allemagne équipait le FLN
    Mais, à la fin des années 1950, pour s’attirer les faveurs de pays arabes tout juste sortis du joug colonial, la RFA envoie aussi ses agents du BND former les services de sécurité de la Syrie, du Soudan et de l’Egypte, pays où les renseignements allemands dialoguent avec le FLN et son gouvernement provisoire. La RFA considérait favorablement le rapatriement de légionnaires allemands, estimant que leur présence dans cette force coloniale française était une atteinte à sa souveraineté et à son image. En 1958, un agent expérimenté du BND, Richard Christmann, lui-même ex-légionnaire, se rend d’ailleurs à Sidi Bel Abbès pour rendre compte des activités du réseau.
    Les menaces du Sdece n’ont pas été sans effet. Le BND semble avoir prévenu Wilhelm Schulz-Lesum du danger. Lorsque la sentence mortelle est prononcée à son encontre, le 4 août 1958, dans le secret du bureau de Foccart, l’homme est déjà en partance vers Madrid. Le Sdece relève d’ailleurs, le 4 juin 1958, que les déserteurs sont désormais accueillis, à Tétouan, par un autre Allemand, Otto Berger, également agent consulaire de la République fédérale allemande.
    Tétouan, terre d’espions et point d’observation régional au cœur de l’empire colonial français en train de s’affaiblir, intéresse alors tous les services secrets étrangers. D’après l’historien Kader Benamara, qui a travaillé avec M. Keller sur les réseaux de solidarité autrichiens en faveur du FLN, « Si Mustapha Müller avait été contacté par la CIA pour connaître le rôle du Parti communiste au sein de la rébellion algérienne ». Le FLN était, selon le renseignement militaire français, équipé d’« appareils portatifs de fabrication américaine » fournis par l’Allemagne.
    « Déviance titiste »
    Le même Müller avait déserté, pendant la seconde guerre mondiale, la Wehrmacht pour rejoindre l’Armée rouge, au sein de laquelle il a joué un bref rôle de propagandiste communiste à destination des soldats allemands. Exclu d’une école de cadres communistes, en 1950, pour « déviance titiste », il tente, en vain, d’entrer dans la Légion étrangère, le 2 février 1951, à Landau, en Allemagne, puis débarque à Paris, en 1953, où il devient chef du protocole d’un diplomate sud-américain dont la femme ne saura jamais que sous son lit étaient cachés des lots de grenades destinés aux amis du FLN. Repéré par les services français, il fuit vers le Maroc en 1956, où il noue vite des relations étroites avec les représentants consulaires et diplomatiques de la République fédérale allemande.
    Les Soviétiques, proches alliés du FLN, étaient également présents à Tétouan et n’ont pas perdu le contact avec Müller. Un télégramme du 26 mai 1959 du consulat général de France de Tétouan à son ministère à Paris indique, laconique, qu’un « service commercial russe aurait loué des bureaux par l’intermédiaire de M. Garcia Rivera, vente de produits agricoles ». La tête de Müller est mise à prix 50 000 marks, mais il est moins facile à atteindre que Schulz-Lesum. Il échappe à un explosif caché dans un livre envoyé du Caire qui l’attend à la poste de Tétouan. Quatre gardes du corps le suivent en permanence et des chiens protègent sa maison, à Tétouan, des agents de La Main rouge.
    La vindicte est retombée
    Comme bon nombre d’opérations commandées au Sdece à cette époque, finalement avortées ou abandonnées, celle ayant visé Wilhelm Schulz-Lesum paraît ne pas avoir été menée à son terme. Après des recherches en Algérie, au Maroc, en Allemagne et en Autriche, Le Monde a finalement retrouvé sa trace, en juin 1965, à Madrid, où l’ingénieur de 69 ans a renoué avec ses premiers centres d’intérêt. Il y dépose, le 1er juin 1965, un brevet technique sur un extincteur d’incendie. Il a retrouvé une vie normale. La vindicte française est retombée.
    Trois ans plus tôt, en effet, le 15 septembre 1962, Si Mustapha Müller a annoncé la fin des activités du service de rapatriement de légionnaires déserteurs « eu égard au rétablissement de l’indépendance de l’Algérie et compte tenu de l’accord franco-algérien d’Evian ». Parmi les 4 111 légionnaires déserteurs rapatriés par le réseau figurent 2 783 Allemands, 489 Espagnols, 447 Italiens, 137 Hongrois, 87 Yougoslaves, 41 Belges, 35 Suisses, 31 Autrichiens, 16 scandinaves, 19 Hollandais, 7 Luxembourgeois, 3 Grecs, 9 Britanniques, 2 Américains, 3 Latino-Américains, 1 Coréen et 1 Bulgare.
    Wilhelm Schulz-Lesum redevient l’un des acteurs anonymes d’une aventure collective tombée dans l’oubli, qui fut résumée, en avril 1961, par le journal américain de Francfort The Overseas Weekly sous un titre évocateur : « Le service qui a volé une brigade entière de la Légion étrangère sans tirer un coup de fusil ».

  5. Lucien Pambou dit :

    A TOUS
    DITES NOUS MIAKASSISSA SI BOWAO A ETE EMPRISONNE OU PAS OU SI C EST L INTENTION DU POUVOIR DE LE FAIRE
    DESOLE DANS LE POST DEE PATRICE CE N EST PAS TRES CLAIR
    DESOLE
    LP

  6. Anonyme dit :

    Tout est parfaitement clair dans le post de Patrice MIAKASSISSA.
    MONSIEUR Pambou toujours aussi filou et rancunier, ce n’est pas pas en allant chercher des poux sur la tête de Patrice MIAKASSISSA que vous arriverez à épouiller la tête de votre mentor sassou.

  7. Anonyme dit :

    Monsieur Lucien Pambou,
    Que pensez-vous de la lettre du FMI à Monsieur Ganongo? C’est de l’économie, votre domaine d’action. Éclairez les nazes que nous sommes, por favor, vous le soleil levant.

  8. Kipwanza ku Koongo dit :

    Monsieur Lucien Pambou demande a savoir si Bowao a ete et si le pouvoir despotique de Brazzaville avait l’intention de le faire? Franchemment, comment Miakassissia peut etre dans les secrets du despote et de sa justice a double vitesse?
    A Dieu ce qui est a Dieu, a Cesar et ce qui est a Cesar. Reconnaitre la justesse des propos de monsieur Bowao lorsqu’il mettait en garde ses anciens camarades du PCT contre les consenquences nefastes que le changement de la constitution pourraient avoir. Et aujourd’hui la crise n’est plus que politique. Elle est devenue sociale. Economique et financier. Pendant que monsieur Bowao faisait cette analyse prospective, monseiur Lucien Pambou demandait des preuve de la megestion des ressouces du pays… Bowao, Mierassa et une poignee d’autres politiques sont des lumieres. Et Sassou et ses laquais representent la nebuleuse…

  9. Kipwanza ku Koongo dit :

    Lire: si Bowao a ete emprisonne et le si le pouvoir despotique avait l’intention de le faire.

  10. VAL DE NANTES dit :

    Le pouvoir de BRAZZA est tout simplement nauséabond ,et ne mérite à cet égard ,les attentions comme celles du FMI .
    L’argent se prête , dans un environnement sain ,où règnent l’ordre , le droit ,et la justice ,en un mot .La confiance est le premier baromètre de la justification d’un prêt .
    Les experts du FMI , doivent auditer du fond en comble , la maison SASSOU, s’ils veulent rendre service , aux congolais de BRAZZA .
    Outrepasser , les règles d’optimisation d’un remboursement d’une dette ,c’est tuer tout un peuple

  11. VAL DE NANTES dit :

    Le climat politique est un des critères de la justification d’un prêt .Le cas du cas CONGO ,l ‘en empêche , tant les règles de base d’une démocratie universelle sont mises sous le tapis ,par un pouvoir qui brille plus dans le pillage des ressources que dans l’orthodoxie financière .
    Le véritable indice d’un pays dépravé , est le mensonge sur le réel montant de la dette .On ne soigne plus un crocodile qui a plus de 90 ans .L’hiberno -thérapie dont SASSOU s’est servi ,pour enculer son peuple , ne produit plus d’effets .D’où notre volonté de fer , de le voir quitter le pouvoir et DOS SANTOS pourra l’y aider .
    SASSOU qu’il sache au fond de lui même ,que nous congolais n’en voulons plus , et que le FMI en fasse une première conditionnalité .
    Prêter , oui, et encore, mais pas, sous ce connard de SASSOU .

  12. Lucien Pambou dit :

    A toutes et à tous et surtout à mon cher Anonyme qui ne va plus me lire dans les posts mais uniquement en article intégral et en vidéo,
    Le peuple congolais a besoin d’une analyse car il est devenu fou depuis les indépendances. Les dirigeants congolais n’aiment pas leur pays. Nous sommes un peuple du verbe et du bavardage. J’enseigne à mes étudiants en économie que la réussite économique dépend de la mobilisation des connaissances pratiques pour construire un pont, une route, ce qui n’est pas le cas des Congolais car ceci nécessite une expérience historique technique et technologique longue. Les Congolais préfèrent le bavardage qui n’est qu’un maquillage de position pour mieux assujettir l’autre. Je le sais, je préfère consacrer mon énergie à une aventure intellectuelle orientée vers le pays France qui est déjà développée et qui n’a pas besoin de moi.
    Je me retire de cette folie collective et dorénavant j’interviens sur le site soit par vidéo, soit par un article de fond et pas par des posts que je laisse à Anonyme. A très bientôt je reste présent mais par des articles de débat et de fond. Ce n’est pas vous inférioriser mais chacun d’entre nous a des priorités dans la vie
    Je vous remercie tous pour vos posts de débats et a très vite car je ne disparais pas
    Cordialement
    Lucien Pambou

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