Quand le barrage d’Imboulou illuminera le Congo?

Joindre un parent, un ami, ou une connaissance au Congo-Brazzaville, devient un véritable parcours du combattant. Faute d’électricité, les congolais ne peuvent plus charger leurs téléphones portables. Ils multiplient d’ingéniosité, parcourant des kilomètres pour laisser leurs portables à la « charge ».

Et pourtant, que n’avons nous pas entendu? Le barrage d’Imboulou illuminerait le Congo, et toutes ces tracasseries ne seraient plus que des lointains souvenirs.

Commencé le le 23 septembre 2003, le barrage d’Imboulou devrait être fonctionnel à la fin de l’année dernière. Il compte quatre turbines pour une puissance installée de 120 mégawatts. Le coordonnateur du projet, Léon Armand Ibovi, assurait aux congolais: « Il ne reste plus que le réseau de transport qui sera prêt bientôt, afin que Brazzaville soit pourvue en électricité produite par le barrage d’Imboulou, d’ici avril 2010″.

Or, la situation énergétique du Congo est précaire. Le Congo ne dispose que de Trois centrales(deux hydrauliques et une thermique). Celle du Djoué a été construite en 1951, et celle de Moukoukoulou en 1978. La plus récente, la centrale électrique à gaz de Ndjéno, a vu le jour en 2002. Au centre et au Nord du Congo, il n’y a rien. Même pas une ligne de haute tension. Depuis plusieurs années, les délestages sont permanents.

Riche en pétrole mais pauvre en électricité,le Congo importe l’électricité en provenance de la RDC. Ce qui lui coûte en moyenne 400 millions de FCFA par mois. D’autres sources affirment, qu’au fil des guerres civiles à répétition, la SNE a accumulé une dette exponentielle de 46 millions de dollars vis-à-vis de son homologue de le RDC(Xavier Harel, Pillage à huis clos, éditions Fayard). Les coupures d’électricité sont monnaie courante sur l’ensemble du territoire national. En 2002 par exemple, le Congo était contraint de régler comptant et en devises ses factures d’électricité, au début de chaque mois, comme un vulgaire particulier.

N’importe quel pays sérieux aurait demandé au Trésor Public d’effectuer un virement pour le compte de la SNE. Hélas, cette solution, guidée par le bon sens réduisait considérablement les marges de manœuvre de détournements des deniers publics.

Le barrage d’Imboulou aurait inéluctablement donné naissance à une relation d’interdépendance.

Routes défoncées ou inexistantes, alimentation en eau potable et en électricité sporadique… Le Congo n’est plus que l’ombre de lui même. Voilà plus de sept ans que le courant du barrage d’Imboulou se fait attendre. Ce choix n’aurait-il été dicté que par sa proximité avec le nord du Congo, et non par rapport à des données techniques? C’est incontestablement un choix idéologique qui a prévalu à la mise en œuvre du choix de ce projet.

Enfin, comme chaque année, le président congolais, dans son message de fin d’année a déclaré que « l’année 2011 sera celle de l’électricité pour tous ». Pour anticiper l’échec d’une chronique annoncée d’avance, un vol de câbles électriques a été organisé et monté de toutes pièces. En coulisses, les pontes du pouvoir ont contacté des techniciens allemands pour pallier les lacunes des pseudo techniciens chinois.

Si l’électricité contribue au mieux-être de la population, la question qui se pose est celle de la crédibilité de la parole publique. Jusqu’à quand les pouvoirs publics congolais fouleront aux pieds les souffrances de leur peuple? Au moment où le vent de la contestation populaire souffle dans le monde arabe, l’occasion inespérée leur est donnée de laisser une trace dans l’histoire du Congo, en améliorant les conditions de vie de leur population. Est-il acceptable que nos enfants étudient avec des bougies ou des lampes tempêtes en ce début du XXI siècle?

Si le président congolais ne respecte pas « le principe de sa parole donnée au peuple congolais », en l’occurrence en matière d’électricité, il sera sans conteste le prototype de cette définition de Churchill de l’homme politique: « Etre capable de dire ce qui va arriver demain, la semaine prochaine, le mois prochain et l’année prochaine. Et être capable, après, d’expliquer pourquoi rien de tout cela ne s’est produit. »

Alexis BOUZIMBOU.

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