La rivalité a souvent été extrême entre les deux hommes. Ils ne s’apprécient guère et tout les oppose. L’Empereur a longtemps prétendu que le Saint-Cyrien lui devait tout. Sur le strict plan du mérite et de la valeur, le Général Jean Marie Michel Mokoko peut affirmer qu’il n’a jamais bénéficié d’aucun cadeau de la part du tyran.
Pour la petite histoire et peut-être même la grande, le 14 juin 2016 Jean-Marie Michel Mokoko était convoqué pour la énième fois à la DGST de Brazzaville. L’interrogatoire avait duré de 9h30 à 17h autour de la fumeuse vidéo et du coup d’État imaginaire, alors qu’il avait été piégé par le Conseiller Spécial Jean-Dominique Okemba et Philippe OBARA.
Coïncidence, ce même 14 juin, une réunion de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), se tenait à Luanda. Denis 1er, le monarque pas encore Empereur, va demander au Président angolais, Edouardo Dos Santos, d’accepter de prendre sur son territoire le Général Mokoko au prétexte que l’Angola serait la porte d’entrée de prétendus rebelles qui tenteraient de renverser son pouvoir. Dos Santos, étonné de pareille demande, avait répondu au faux monarque-mais vrai Dictateur, qu’il ne voyait pas l’utilité de recevoir Jean-Marie Michel Mokoko dans son pays, l’Angola ne constituant pas une menace pour le Congo Brazzaville.
De plus, le Président angolais à qui notre tyran devait son retour au pouvoir par les armes en 1997, mit en garde son interlocuteur : » faites quand même attention Monsieur le président, pour préserver votre pouvoir et pour la paix du Congo Brazzaville, vous devez établir un dialogue avec le Général Mokoko, Okombi et les autres opposants politiques… »
L’autocrate congolais était alors très fâché ! Avant de quitter l’Angola, Jean-Dominique Okemba, téléphona à Philippe OBARA pour que Jean-Marie Michel Mokoko soit retenu à la DGST. Sassou NGuesso et sa délégation rentrèrent à Brazzaville vers 18h ce 14 juin 2016. Pendant ce temps à Brazzaville, l’interrogatoire prenait fin à 17h15. Le Général Mokoko, à bord de son véhicule, s’apprêtait à quitter la DGST, lorsque le Colonel Atipo-Élie Itou demanda aux policiers de refermer le portail : il venait de recevoir l’ordre, depuis Luanda, de maintenir Jean Marie Michel Mokoko en détention à la DGST.
D’autre part, Jean-François Ndenguet, l’alter ego de Jean-Dominique Okemba, avait reçu l’information selon laquelle, « Paris avait lâché Jean-Marie Michel Mokoko pour avoir refusé d’accepter les propositions qui lui avaient été faites par l’Ambassade de France » déjà en fin de mission, et dans l’attente de recevoir son nouveau chef, Bertrand Cochery, qui était alors en poste en Guinée Conakry.
Le Saint-Cyrien, passa deux nuits à la DGST (du 14 au 16 juin). Le matin du 16 juin 2016 à 9h, il était présenté au Juge d’instruction et au Procureur de la République. Ces derniers notifièrent à Jean-Marie Michel Mokoko son mandat de dépôt. Aussitôt, le Général Mokoko a été placé en détention à la Maison d’Arrêt de Brazzaville, le 16 juin 2016 à 9h30.
La voie d’un passage en force pour Denis l’autocrate aurait été ouverte par Paris, contrairement aux recommandations de l’Angola, la puissance régionale. Cette version a été confortée par les faits durant au moins les trois premières années de détention du Général.
Rigobert OSSEBI
Diffusé le 13 juin 2021, par www.congo-liberty.org