PETROLE : SILENCE, ON VOLE !

Marien N’GOUABI serait mort dit-on, en partie, parce qu’il ne voulait pas de l’exploitation pétrolière et qu’il voulait que cette ressource soit conservée pour les générations futures. Chacun pourra apprécier combien cette démarche peut paraître visionnaire, tellement avant-gardiste et révolutionnaire à cette époque comme à la nôtre actuellement. Massambat-Debat avait quasiment éradiqué la corruption. Jusqu’à l’arrivée de Yhombi et de Sassou cette dernière était insignifiante. La fin de la rente minière des gisements de potasse de Holle à Pointe Noire, en décembre 1976, causée par l’effondrement de la mine, imposa la course en avant de la ressource pétrolière au mépris de toute autre.

Dès son installation à la présidence du Congo, Sassou NGuesso, fit des hydrocarbures son domaine réservé mais son manque d’assurance et son incompétence flagrante, plus encore alors, ne lui avaient pas permis d’écarter les techniciens d’Hydro-Congo des décisions et de la commercialisation. Il avait seulement un membre de sa famille qui était dans le pétrole, un demi-frère pompiste dans une station-service, vite bombardé à un poste de direction à Hydro-Congo. Le Congo était alors soumis au régime des redevances. Une faible partie de la production de brut lui était accordée, laissant peu de marge pour un enrichissement personnel, sauf quelques cargaisons attribuées clandestinement au président par les compagnies pétrolières pour bien garantir la tranquillité de leurs exploitations.

Les contrats de partage production, imposés par Pascal Lissouba, avec par la suite la création de la SNPC dès 1998 sous Sassou II, mirent enfin la richesse nationale pétrolière dans les seules mains du dictateur de MPila et de sa famille. Le secret devint la règle, comme dans la mafia sicilienne. Des cabinets d’avocats chèrement payés ont initiés les gestionnaires désignés aux subtils fonctionnements des sociétés offshores dans d’obscurs et lointains paradis fiscaux. Ont été successivement à la manœuvre Bruno Itoua, Denis Gokana, Blaise Elenga et pour terminer, lorsqu’il fut prêt à « voler » de ses propres ailes : Denis Christel Sassou NGuesso

 

La République du Congo a toujours affirmé depuis le premier accord conclu avec le FMI que la principale raison du secret dans lequel elle a enveloppé la gestion des revenus pétroliers du pays – y compris la commercialisation de son pétrole par des structures offshores contrôlées principalement par Denis Gokana et Denis Christel Sassou NGuesso – a été sa relation controversée avec les créanciers contentieux dont les Fonds Vautour. Alors que le Congo a conclu un accord avec ces créanciers, que la dette a été effacée presque totalement par le Club de Paris, le président congolais au lieu de divulguer ces informations ne les couvre que davantage.

L’occasion en a été la mise à l’écart de Denis Gokana. Il a été promu à un poste de présidence honorifique tandis qu’un flot de nominations leurres, à la tête de la SNPC, étaient destinées à masquer la seule qui soit d’importance : celle de Denis Christel Sassou NGuesso à « l’Aval Pétrolier » ! Depuis quelques mois, « l’héritier », pour bien affirmer qu’il avait déjà pris possession « de son bien » et pour que personne ne vienne le gêner dans ses manœuvres, a fait le vide total autour de lui. Même son fidèle, et parfois bavard, Blaise Elenga, a été sommé de rester à la maison.

La commercialisation du pétrole revenant au Congo, (huit à neuf cargaisons mensuellement, au titre de la redevance, du profit –oil et de l’association dans les champs) est maintenant concentrée dans une seule main, celle du fils du président , Denis Christel Sassou NGuesso !

Nul ne sait à la Société Nationale des Pétroles du Congo :

  • Qui est l’acheteur des cargaisons ?
  • Combien le pétrole a été payé ?
  • Comment la transaction a été payée ?
  • et dans quel pays ou paradis fiscal ?
  • Dans quelle banque l’argent a été finalement versé ?

 

Une seule cargaison, au prix, de ces dernières semaines, de ces derniers mois, dépasse allègrement les 100 millions de dollars. Soit plus de 50 milliards de FCFA

Plus le prix du pétrole monte, plus la part de brut qui revient au Congo est importante. La nomination de Denis Christel Sassou NGuesso tombe à pic, car jamais les revenus n’ont été aussi importants. Pas loin d’un milliard de dollars chaque mois, 500 milliards de FCFA, est négocié par lui et seulement par lui !

Rend-il compte à son père ? Rien n’est moins sûr !

Paradoxalement, ce ne sont pas les congolais de l’intérieur ou de la diaspora, depuis toujours plus ou moins résignés face à la criminalité de ce régime, qui s’en alarment. Ce sont les cadres, petits ou grands, de « l’ancien système » de « l’ancienne SNPC » qui s’en inquiètent le plus. Tous les gagne-petit, les profiteurs du système qui ont vu tout d’un coup la source se tarir, le robinet se fermer… Ce sont eux qui se lâchent et qui se répandent, par ci , par là, en commentaires pour le moins désobligeants, écœurés de pareils abus !

C’est Denis Christel qui fait tout, pas un Congolais à son côté. Tous les anciens réseaux mis sur la touche, au chômage, au pain sec….

Pendant que le père pose des premières pierres à tour de bras qui verront peut-être le jour grâce à des crédits chinois, le fils accumule des montagnes de cash dont personne aujourd’hui, au Congo ou ailleurs, ne pourra vous dire où elles se trouvent !

Des milliards de dollars qui ont toutes les chances de disparaître à jamais pour les Sassou comme ceux disparus pour la famille Mobutu, à la mort du Maréchal. La Libye et Kadhafi, qui ne sont pas des modèles de transparence et de démocratie ont tous leurs fonds (presqu’une centaine de milliards de dollars) parfaitement recensés de par le monde. S’agissant du Congo, il sera impossible, totalement impossible de remettre la main ou de cibler ceux détournés par Sassou NGuesso et sa famille !

Cet argent, qui devait être réservé pour les générations futures du Congo, ne servira même pas aux générations futures des Sassou NGuesso. Cette hémorragie financière, dans le silence le plus total de l’opposition fausse ou réelle, pénalisera le Congo à jamais.

Alors que tous les pays producteurs de pétrole profitent de cette augmentation de leurs revenus pour améliorer les conditions de vie de leurs populations, à contre-courant de tous, le Congo de Sassou & Co, épicerie familiale consacrée, a décidé de serrer encore davantage les boulons de leurs détournements.

Ce ne sera pas l’annonce d’une grève dans le secteur pétrolier qui leur fera changer leur fusil d’épaule. Le fusil servira peut-être à remettre les gens au boulot.

Aujourd’hui, alors que l’opposition est muette sur ce hold-up pétrolier le seul espoir d’y mettre un terme réside dans le combat de ces travailleurs….. !

Sergeï Ondaye

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Une réponse à PETROLE : SILENCE, ON VOLE !

  1. BIMA dit :

    un conseil prenez le cas mobutu toute chose a une fin les nguesso ne sont pas immortels, pillé, pillé, pillé encore.

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