Milan : enquête sur l’affaire de Lady Descalzi avec Eni (suite)

Claudio et Marie Madeleine Descalzi

La presse italienne ne lâche pas la pression sur l’affaire ENI/Descalzi/Congo et plus particulièrement le rôle joué par l’épouse du DG d’ENI, Marie Madeleine Ingoba-Descalzi. Le dernier article publié vendredi 21 décembre donne le vertige tant les montages mis en place et les conflits d’intérêts apparents atteignent des sommets. Les résultats de la commission rogatoire au Luxembourg des procureurs de Milan éclairent davantage l’architecture de la sous-traitance de la compagnie pétrolière italienne au Congo, pour l’instant uniquement en direction de « Mado ». Il est très clair qu’il y aura beaucoup à apprendre le jour où les enquêtes se tourneront vers la sous-traitance dont a bénéficié tout le clan dictatorial congolais et en particulier Cendrine Sassou Nguesso ex-Ottonello et surtout l’ex-époux, Fabio avec ses avions et ses bateaux acquis au travers de contrats éminemment douteux au Congo.

En attendant, le conte de fée de la jeune congolaise, qui a épousé l’ingénieur italien qui est devenu le plus grand patron d’Italie, tourne maintenant au cauchemar. Sur son site internet http://www.ingobadescalzi.com/, Marie Madeleine Engoba Descalzi, un peu comme Antoinette Sassou Nguesso avec Congo Assistance, présente ses bonnes œuvres envers les femmes et les enfants du Congo. Si le Congo avait été mieux géré et moins pillé notamment dans son exploitation pétrolière, il aurait eu pour ces femmes « charitables » bien moins de misère à soulager…

Le travail des juges italiens (et des juges français quand ils entreront dans la danse pétrolière) est salutaire. Il est grand temps que tous les acteurs, quels qu’ils soient, payent leur mépris des lois internationales ainsi que leur mépris du bien commun de tous les Congolais, le pétrole, dont ils ont été les complices des détournements de ses revenus !

Rigobert Ossebi

Lady Descalzi est depuis des années une ombre noire sur les affaires africaines d’Eni. Marie Madeleine Ingoba, connue sous le nom de Mado, citoyenne congolaise, s’est mariée il y a plusieurs années, à Claudio Descalzi, le numéro un d’Eni qui a fait ses débuts au Congo. Aujourd’hui, Mado vit à Paris et parcourt la planète, mais est bien intégrée dans le monde des affaires de la République du Congo, qui s’articule autour des affaires personnelles de son éternel président, Denis Sassou Nguesso. 

Les affaires de Mado ont longtemps été sous observation. Ils apparaissent dans les Panama Papers. Ils sont l’objet d’une enquête judiciaire en France. Et maintenant, les procureurs de Milan s’en occupent également parce qu’ils veulent voir clair dans les activités d’Eni au Congo. Après une lettre rogatoire au Luxembourg, ils viennent de découvrir que Lady Descalzi était jusqu’en 2014 propriétaire d’une société luxembourgeoise, la Cardon Investments S.A., qui contrôle un certain nombre de sociétés dénommées Petro Service, dont Petro Service Congo, qui de l’année 2012 à  l’année 2017 a été un fournisseur d’Eni Congo, auquel elle a fait louer des navires et des services pour une valeur totale de 104,8 millions de dollars. Ainsi, la société pétrolière dont Descalzi est au sommet – jusqu’en 2014, à la tête du secteur Exploration et production et puis jusqu’à maintenant au poste de PDG – aurait confié des emplois pour plusieurs millions de dollars à la société de l’épouse de Descalzi. Cela a été écrit hier par le journal Corriere della Sera, qui a également enregistré le démenti flagrant de Madame Descalzi.

L’avocat qui l’assiste en Italie, Nadia Alecci, confirme au journal Fatto Quotidiano (Fait Quotidien) que Marie Magdalena Ingoba, jointe au téléphone, a déclaré: « Je ne sais rien de cette société ». Selon les documents arrivés en réponse à la commission rogatoire demandée au Luxembourg par les procureurs Fabio De Pasquale, Sergio Spadaro et Paolo Storari, la Cardon Investments a été vendue le 8 avril 2014 par Mme Ingoba. L’acheteur est Alexander Haly, un homme d’affaires né au Royaume-Uni mais basé à Monaco. Six jours après la vente, le 14 avril 2014, le Premier ministre de l’époque, Matteo Renzi, désignait Descalzi au poste de directeur général d’Eni, un rôle qu’il assumerait le 9 mai 2014. Quatre ans plus tard, le 5 avril 2018, De Pasquale, Spadaro et Storari ont envoyé les gardes de Finances perquisitionner les maisons et les bureaux de Haly (à Montecarlo), de Roberto Casula (numéro trois à Eni) et de Maria Paduano (femme d’affaires proche de Casula). Ils les considèrent comme « impliqués dans un stratagème de corruption » qui – écrivent les magistrats dans le décret de perquisition – « voyaient les protagonistes Eni spa d’ un côté et les agents publics congolais de l’autre ». Des odeurs de pots-de-vin pour les activités d’Eni au Congo, après que celles du Nigeria déjà finies sous procès et en jugement. Selon l’hypothèse de l’acte d’accusation, Eni, à partir de 2013, « obtient le renouvellement des concessions pétrolières » en transférant « des participations dans des permis d’exploration à des sociétés offshore derrière lesquelles se cachent des fonctionnaires congolais, liés directement ou indirectement au président Nguesso » . Et, par ailleurs, « dans les transactions illicites, une sorte de » rétrocession  » d’une partie du pot-de-vin au corrupteur a également été identifiée » (c’est-à-dire Eni). Avant cet article, les Panama Papers avaient annoncé que Petro Service Congo était domicilié à Pointe Noire, capitale économique du pays africain, à l’adresse postale BP 4801. Il en était de même pour Elengui Ltd (note du traducteur « plaisir en Lingala »), une société offshore basée aux Iles Vierges Britanniques, propriété de Marie Madeleine Descalzi.

En parlant de ces faits, la présidente d’Eni, Emma Marcegaglia, a menti, répondant aux questions de Re: Common (l’association qui mène depuis des années des enquêtes et des campagnes contre la corruption et la destruction de l’environnement

Lors de l’assemblée de 2017, Marcegaglia a en fait déclaré qu' »au Congo, il n’y a pas de lien contractuel entre Eni et la société Petro Service » (qui fournissait des services pour 104,8 millions de dollars en cinq ans). Dans celle de 2018, interrogée sur la boîte aux lettres commune entre Petro Service et Elengui, elle a répondu: « En ce qui concerne Eni, le nombre de boîtes aux lettres disponibles étant limité au Congo, le même courrier est attribué à de nombreuses personnes et / ou entreprises. ».

La bière coule également dans cette histoire. Selon les documents de l’enquête française dénommée « Bien mal aquis », écrit par l’hebdomadaire L’Espresso, Marie Madeleine Descalzi serait la propriétaire de l’African Beer Investment Ltd, enregistrée à l’ Ile Maurice, en partenariat avec Julienne Sassou Nguesso, l’une des filles. du président du Congo, et avec Hubert Pendino, considéré comme le gestionnaire des trésors du dictateur africain. Maintenant, si les documents qui arrivent du Luxembourg disent la vérité, de Mme Descalzi et du conflit d’intérêts brûlant de son mari, nous en entendrons beaucoup parler.

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3 réponses à Milan : enquête sur l’affaire de Lady Descalzi avec Eni (suite)

  1. Val de Nantes dit :

    Pendant ce temps ce sont des Mokoko ,Okombi qui broutent l’herbe dans le goulag ,au motif ridicule d’atteinte au pouvoir mbochi.

  2. VAL DE NANTES dit :

    Dire la vérité sur la gouvernance criminelle et mafieuse appliquée au CONGO est plus nocive que voler des milliards de CFA,au détriment du pays où les gens survivent par miracle divin .
    Les congolais ,dont j’espère qu’ils sont éruptifs ,s’en souviendront .
    Une fois de plus , il est des membres de tribus du CONGO ,QUI NE SONT PAS APTES à gérer les affaires publiques .
    SASSOU ,en est l’incontestable exemple .
    Alors , pourquoi s’octroyer un président de la république dont l’utilité économique et socio – politique est quasi – nullissime ?.
    Cette interrogation va structurer les débats futurs dans notre pays ,pour éviter le panurgisme institutionnel hérité du colonialisme .
    La révolution numérique nous impose des nouvelles réflexions adaptées aux exigences de la mondialisation .
    Ainsi ,nos institutions devraient subir des modifications substantielles pour arrimer notre pays à ces nouvelles contraintes économiques ,écologiques et géopolitiques .

  3. Samory dit :

    Finalement, que veulent les lobbys anglo-saxons US, qu’aucune concurrence économique leur soit imposée dans le Golfe de Guinée ? On ne soutient ni la gauloise Total ni la ritale Eni qui ne sont non plus irréprochables. Une réalité cachée demeure, par contre, c’est que les américains sont voraces et hégémoniques dans l’âme. Tant qu’ils n’obtiendront pas à 98% le contrôle de cette zone pétrolière d’inportance capitale, la pression ira crescendo, elle sera toujours aussi subtile. Croient ils encore pouvoir manipuler les peuples africains, en plein 21ème siècle, avec ce genre de feuilleton médiatique divisionniste ? Ce n’est plus possible.

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