L’opposition congolaise orpheline de Kolelas et enfermée dans le réseau politique congolais depuis la création du Parti Congolais du Travail

Lucien PAMBOU

Les Congolais que nous sommes sont paradoxaux et émotionnels.  Après avoir longuement critiqué Parfait Kolelas pour sa soumission en tant que fils social et politique de Sassou, voici les mêmes Congolais qui réhabilitent l’action de l’homme politique Kolelas qui, sur son lit de mort, a demandé aux Congolais de continuer à se battre car lui, Kolelas, sachant son heure venue, il a trouvé normal de laisser un message d’espoir.

Dans une superbe tribune politique sur Congo Liberty, Madame Gnali Mambou, ancienne ministre de Sassou, résistante et femme politique résiliente, a posé la seule question qui vaille à l’opposition et aux Congolais. Parfait a fait sa part de chemin, les Congolais de l’opposition et ceux qui ne supportent plus la non-démocratie de Sassou sauront-ils prendre l’autre moitié du chemin pour renverser la table et favoriser un changement politique au Congo ?  Rien n’est moins sûr car l’opposition politique congolaise, et surtout ce qui l’en reste, est éclatée, désorganisée, sans projet politique de véritable alternance. Ces membres de l’opposition, connus ou moins connus, attendent un signal de Sassou pour se rendre à la table des privilèges en termes de postes ministériels ou de reconnaissance financière. Ils attendent avec impatience la formation du nouveau gouvernement, donc ils se taisent et ne critiquent pas le score grandiose obtenu par Sassou au premier tour de l’élection présidentielle.

Le dire de façon haute est-ce s’attaquer à l’opposition ou à une partie de la diaspora congolaise en France qui n’aspire qu’à remplacer les membres de cette opposition congolaise de l’intérieur qui, pour la plupart, a commencé sa carrière au Parti Congolais du Travail en même temps que Denis Sassou Nguesso, actuel président du Congo Brazzaville ?  Bien élu ou mal élu, la question de l’existence de Sassou au Congo laisse les observateurs politiques pantois car ils se demandent pourquoi cet homme, Sassou, que certains Congolais considèrent comme analphabète, allant jusqu’à le traiter de mukento, c’est à dire de femme, arrive à diriger le Congo depuis 36 ans. Non seulement certains Congolais de la diaspora congolaise en France qui tiennent ces propos sont misogynes, irrespectueux pour l’homme Sassou et pour nos mères et sœurs, mais l’insulte vis à vis de Sassou, quoiqu’il ait fait, n’est pas un programme politique.

Je vais essayer modestement de vous apporter une preuve qui valide l’appartenance de certains membres de l’opposition au réseau politique congolais, maîtrisé et dominé par Sassou depuis de nombreuses années.

Dans un article publié par Afrique éducation n°495 de mars 2021, intitulé « Présidentielle :  Denis Sassou-Nguesso un président sans opposition » (pages 21 à 23), le journal valorise ma thèse de l’existence d’un réseau politique au Congo et du double-jeu joué par certains membres de l’opposition, dont Mathias Dzon arrivé troisième à l’élection présidentielle de mars 2021. Voici ce que le correspondant du journal dit du deal entre Mathias Dzon et Denis Sassou-Nguesso : « Un deal tracé par le patriarche Ondimba existait entre Mathias Dzon et Denis Sassou-Nguesso. Pour les départager sur le plan politique, alors que tous deux voulaient diriger le Congo, il était entendu que Denis Sassou-Nguesso, arrivé au pouvoir de la façon qu’on sait en 1997, devait faire un mandat de 7 ans, après la période de transition post-coup d’État. Mathias Dzon devait immédiatement lui succéder. Si ce deal avait tenu la route, Mathias Dzon devait arriver au pouvoir pendant l’élection de 2009, Mais la mort du patriarche a modifié la donne et Mathias a tout perdu sur toute la ligne, Sassou s’étant maintenu au pouvoir. »

De qui se moque-t-on ? De quels changements veut-on ? Les mêmes femmes et hommes politiques qui aujourd’hui demandent que l’on revienne à la Constitution de 1992, se sont précipités à la table de Sassou pour y recevoir des privilèges financiers et des postes ministériels à partir de 1997. On les connaît, ils sont aussi bien à l’UPADS, au MCDDI et au YUKI. De grâce, évitez de tourner en bourrique le peuple congolais. Où est cette opposition que d’aucuns considèrent comme patriote sur ce site, alors que le patriotisme de ces membres de l’opposition se limite tout juste à leur envie de siéger dans le réseau politique congolais afin d’espérer quelques privilèges. Sassou a parfaitement compris ce que sont les Congolais et leurs façons emphatiques et émotionnelles de réagir. Ce n’est pas un dithyrambe de ma part sur Sassou, mais c’est essayer de comprendre avec les outils de la science politique, et sans être forcément Machiavel et encore moins thuriféraire de Sassou, pourquoi il est là depuis longtemps au pouvoir. On lui reproche des crimes, on lui reproche une militarisation de la société, on lui reproche une clanisation mbochiste de la société, on dit de lui qu’il maintient les Congolais dans la peur et la terreur et pourtant l’opposition, au-delà des discours velléitaires, continue à attendre sa part de gâteau.

Il y a bien sûr les cas Jean-Marie Mokoko et Okombi Salissa qui sont emprisonnés et qui ont profité du réseau politique congolais et surtout de la bienveillance de Sassou qui a largement enrichi Okombi Salissa en faisant de lui son ministre pendant 10 ans. Mokoko avait été rejeté par Lissouba, Sassou en a fait un homme politique respectable en le nommant comme conseiller spécial en charge de la question centrafricaine. Que s’est-il passé ? Ont-ils voulu être plus royalistes que le roi ? Ont-ils manqué à leur parole au moment de leur allégeance à Sassou et au réseau ? Ont-ils cru leur heure venue ? Ils ont été embastillés et laissés à leur sort par les autres membres de l’opposition qui, de temps en temps, évoquent leurs noms pour se donner bonne conscience. Il faut être sérieux. Nous sommes dans des démocraties tropicales à l’Africaine au sein desquelles les valeurs historiques de débat, de liberté, de confrontation des idées, ne sont pas l’apanage des nègres que nous sommes.

Sans donner raison au président Jacques Chirac qui avait osé dire que l’Afrique n’est pas prête à la démocratie au sens occidental, il reste à l’opposition congolaise de trouver une maïeutique pour s’opposer et faire en sorte que le dernier soupir de Kolelas pour le changement de la vie sociale et démocratique au Congo-Brazzaville ne soit pas un simple soupir. 

Lucien PAMBOU

Analyste politique

Diffusé le 10 avril 2021, par www.congo-liberty.org

BATTEZ-VOUS ! Hommage de Mambou Aimée Gnali à Parfait Kolelas

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5 réponses à L’opposition congolaise orpheline de Kolelas et enfermée dans le réseau politique congolais depuis la création du Parti Congolais du Travail

  1. Val de Nantes . dit :

    LUC FERRY disait : » corruptio optimi pessima « . Autrement dit ,  » la corruption des meilleurs est la pire des choses « .
    Cette opposition n’est pas très représentative de ceux dont elle prétend défendre la cause. D’où cette page blanche politique qui ne demande qu’à être réécrite par des compatriotes n’ayant jamais eu des mains dans le cambouis Sassouiste .
    La situation politique du pays est une tragi -comédie où les acteurs se satisfont des rôles qu’ils se sont assignés pour une diversion intellectuelle .
    Les actes oppositionnels posés ne sont pas à la hauteur des attentes de la population congolaise .

  2. VAL DE NANTES : dit :

    C’est MAX WEBER qui théorisait que « ce sont les idées qui mènent le monde  » .Avec cette opposition dont la compromission légendaire avec Sassou n’est plus à démontrer ,la théorie du grand remplacement politique se justifie au regard l’absence des initiatives dont la portée pourrait interpeller la conscience internationale ….
    Crier ,c’est déjà exprimer une souffrance .Ne pas le faire ,c’est cautionner une forme de complicité coupable ….
    C’est le nihilisme idéel auquel nous fait assister cette opposition lourdement entrelacée dans les » combinazionna politica » dont le chef est SASSOU …..
    Avoir été ministre sous SASSOU vous enlève 90% de votre virginité politique .D’où ce remords politique ,ce renoncement à des actes Achilliens capables de faire réfléchir la FRANCE sur l’hostie criminelle qu’elle ne cesse de faire ingurgiter à un homme qui a perdu la notion de la valeur humaine …
    La clé de la délivrance des congolais de la caverne SASSOUISTE se trouve entre les mains de la FRANCE ,le silence sur les résultats de l’autopsie de LA MORT de PAKO valide cette thèse factuelle .
    Finalement , la complicité de la FRANCE dans le génocide rwandais n’a pas ébranlé les fondements de la diplomatie économique de la FRANCE en AFRIQUE .
    Incapable de renvoyer les algériens domiciliés à ROSSY en Algérie sous peine des représailles des autorités algériennes , la FRANCE continue d’ humilier ses moutons de prairie ,notamment le CONGO auquel elle a vendu un vade -meccum institutionnel léonin inadapté aux réalités sociologiques ,mentales , économiques et donc politiques .
    Je ne partageais en rien la rhétorique politique de PAKO ,mais l’introduction des systèmes d’élimination des opposants politiques ,sous quelques formes qu’elles soient me peine …
    Au CONGO , il va falloir penser un modèle politique qui soit en harmonie avec un paradigme économique qui inscrive sur le fronton de notre pays « le mot développement économique « .
    L’économie est le maillon faible de la pensée congolaise .Donc ,place AUX ECONOMISTES au détriment des juristes désemparés intellectuellement . Leur mayonnaise intellectuelle n’a pas pris sur le terrain PRATIQUE qu’est le CONGO .

  3. Samba dia Moupata dit :

    Cher Lucien Pambou , moi je n’appelle pas ça opposition congolaise , c’est plutôt les collaborateurs de l’état Mbochi . Comment parfait kolélas pouvait accepter de participer à un scenario dont le démon narcissique très dangereux (sassou Dénis ) avait organiser en famille, factuellement rien n’a changer par rapport à 2016 ? Rappelons que Boulou, Bouka et Auguste Iloki les trois organisateurs de la mascarade sont Mbochi ,comme Sassou .cher Lucien nous devons répertoriés ces traîtres collaborateurs à la libération du pays et les punirent sévèrement .

  4. Jean OKOMBA dit :

    « Les Congolais que nous sommes sont paradoxaux et émotionnels. Après avoir longuement critiqué Parfait Kolelas pour sa soumission en tant que fils social et politique de Sassou, voici les mêmes Congolais qui réhabilitent l’action de l’homme politique Kolelas » Cher Lucien Pambou, je ne partage pas cette idée que vous enoncez dès le debut de votre reflexion. Val de Nantes le dit mieux et je le cite: « Je ne partageais en rien la rhétorique politique de PAKO ,mais l’introduction des systèmes d’élimination des opposants politiques ,sous quelques formes qu’elles soient me peine ». Effectivement, comme de nombreux congolais, personnellement je n’étais pas aussi d’accord avec la candidature de Parfait Kolelas à cette non élection où l’empereur africain d oyo voulait simplement utiliser cette procedure democratique pour s’auto valider sa mandature qu’il detient illegalement depuis des lustres. Kolelas dans ce sens donnait un peu de credit ces consultations ou la victoire à la sassou nguesso était connue de tous les congolais. C’est ce qui est arrivé quand 8% obtenus en 2016 additionnés avec 8, 40% obtenus aux non elections de 2021 au lieu de donner 16, 40% ont plutot donné 88, 40%. Voilà l’escroquerie. Et c’est ça que nous ne voulions pas car Kolelas semblerait dans ce sens de faire le jeu de l’empereur. Mais ce que nous ne voulons pas, c’est que la politique lieu du debat et de la confontation d’idées contradictoires est conçue par Sassou comme lieu de la guerre et de l’élimination physique des adversaires. Et c’est pour refuser ce comportement que les congolais sont solidaires au defunt Kolelas qui a été sans aucun doute assassiné par le poison. C’est moi qui le dit c’est Firmin Ayessa qui l’ a proclamé à haute et intelligible voix, pour que cela soit entendu au Congo et dans le monde entier. En somme, les congolais ne sont pas versatils, ou émotionnels comme Lucien Pambou veut l’insinuer. S’ils sont proches du defunt Parfait Kolelas c’est pour refuser des moeurs politiques qui consistent à éliminer physiquement les adversaires politiques.

  5. Anonyme dit :

    les congolais aiment trop philosopher sans passer à l’action, suivez les enseignements de Lénine c’est tout celui qui est arrivé au pouvoir par les armes partira par les armes de gré ou de force,l’État est privatisé la classe ouvrière est corrompu, l’armé n’est plus le peuple en tenu (n’est plus républicaine) les officiers supérieurs corrompues baignent dans le luxe et on les a mis en contradictions internes donc ne se font pas confiance et ont peur de perdre les privilèges qu’ils ont. au finish Mobutu est parti parce que Kabila est rentré de force à Kin, Hissen Habré parce que Idriss l’a chassé de force, les exemples sont légions il faut de l’argent il faut un grand leader il faut des partenaires extérieurs, il faut une radio libre pour nettoyer chaque jour les têtes des Congolais, quand les mercenaires vont rentrer à 4 heures du matin au plus tard 8 du matin le Congo sera débarrassé de ses imposteurs l’armée congolaise n’a jamais combattu contre une armée étrangère
    sauf contre le peuple désarmé et ils sont trop riches pour vouloir mourir pour quelqu’un qu’ils n’aiment plus au fond.

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