Lettre ouverte à Maître Éric Dupond-Moretti : Le Ponce Pilate de Sassou.

Cher Maître,

Si tel est votre choix de participer à la mascarade judiciaire du Congo-Brazzaville, les cours révolutionnaires de justice de sinistre mémoire pour les Congolais, cette missive s’adresse à vous. Vous auriez souhaité que ce procès ne soit pas médiatisé ; Par contre nous avons choisi de le médiatiser. Aucune justice dans un monde civilisé ne peut s’exercer à l’ombre du peuple et des consciences.

En préambule pour vous resituez le contexte, je dirai que le Congo-Brazzaville n’est pas un État de droit mais une dictature. Et c’est là que commence la difficulté d’un avocat de défendre un État voyou (rogue state) devant un tribunal acquis d‘emblée à la cause du dictateur Sassou.

C’est avec respect et interrogation que j’apprends votre présence au Congo-Brazzaville pour porter l’estocade à la crucifixion du Général Jean-Marie Michel Mokoko. Respect pour la profession d’avocat qui consiste à défendre toutes les causes. Et c’est là votre mérite. Mon interrogation, c’est mon incompréhension de votre présence dans un simulacre de procès dont on sait que l’État est juge et partie. Est-ce là une façon de vous singulariser vous qui jadis défendiez des personnes sans le sou, la veuve et l’orphelin ?

C’est Albert Einstein qui disait : « Le monde est dangereux non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Le peuple congolais tout entier crie : mais que diable va-t-il faire dans cette galère ? La défense de cette cause de la barbarie congolaise par vous aurait été digne si elle avait été gratuite. Mais toujours est-il, il faut que tout le monde se serve au passage dans un pays qui n’a ni eau potable pour tous ni électricité.

Vous êtes celui qui par sa gouaille fait vibrer les tribunaux français ; Qui choisit au crépuscule de son art l’argent pour ses vieux jours plutôt que sa contribution à l’humanité. Oui Maître, toutes les causes sont défendables. Mais dans ce cas d’espèce, vous participez à la perpétuation d’une des plus grandes dictatures terrestres du XXIème siècle. Cette dictature qui affame ses enfants, viole ses femmes, tue ses hommes et bâillonne les libertés individuelles en assassinant le processus démocratique amorcé dans notre pays depuis 1991.

Oui, c’est cette démocratie dans votre pays la France, bien que système politique imparfait, qui vous a permis d’exercer sereinement votre métier. Ce même métier d’avocat est risqué au Congo-Brazzaville car certains de vos collègues passent par la case prison pour avoir osé l’exercer en toute indépendance.

Une justice suppose l’équilibre des droits entre la partie civile et la défense. Ne participez pas à la déstructuration de l’État de droit que nous autres démocrates et républicains congolais s’employons à bâtir. C’est désormais votre conscience qui guidera votre décision de jouer le rôle de Ponce Pilate de l’histoire judiciaire congolaise pour crucifier Jean-Marie Michel Mokoko. Au moins, Ponce Pilate prit sa décision sans être rétribué.

Il est des Hommes qui servent l’humanité au sens noble du terme et d’autres qui profitent du malheur des autres. Les sous que vous allez recevoir du dictateur Sassou seront teintés du sang des congolais morts pour la liberté. Même démonétisés, vous sentirez toujours et à jamais ce sang qui vous rappellera que toutes les causes ne sont pas défendables. Aller défendre cette dictature au nom du sacro-saint principe de votre métier est louable. Mais sachez dorénavant que vous allez perdre l’estime, cet état qui fait que l’on se sente utile par les autres. Le peuple congolais crie encore son désespoir de vous voir vendre votre âme au diable, l’artisan de notre malheur collectif.

Les avocats congolais sauront relever le défi car le droit comme toute autre science est universel. Et par ailleurs, personne n’a le monopole du savoir en dehors des leaders d’opinion qui croient l’avoir.

Maître, ne soyez pas surpris si suite à votre passage au Congo-Brazzaville, des Congolais sont condamnés à mort. A moins d’avoir négocié l’exclusion de cette sentence pour votre participation. La mort n’est pas que physique. L’homme qui a loué vos services est si roublard que tel un boulanger il va vous rouler dans la farine après avoir obtenu votre participation à ce simulacre de procès. Il est encore des contrées en Afrique où l’on croit que seul l’Homme Blanc que vous êtes est porteur de la bonne parole donc de vérité. Ainsi, vous devenez l’avocat alibi à l’insu de votre propre gré. Cette parodie de défense vous relègue dans le monde « d’une science sans conscience qui n’est que ruine de l’âme » comme disait Rabelais.

Ce n’est pas de votre plaidoirie qu’ils veulent mais de votre aura qui donnera à ce procès stalinien le label occidental sinon que français d’une justice respectant les droits de l’Homme. N’oubliez pas que le Juge congolais est au service et la botte du tyran. Seul lui décidera du jugement.

Le peuple congolais est conscient que son salut ne viendra pas de l’extérieur. Car, des rapaces s’acharnent avec la complicité de certains des nôtres, à dépecer les restes de notre État moribond. Mais, tel un phénix, le Congo-Brazzaville renaitra de ses cendres.

D’un avocat venu du pays de la déclaration des droits de l’Homme, votre acte est vu par le peuple congolais comme un coup de poignard dans le dos d’une démocratie naissante. Le prochain à défendre sera-t-il Kim Jong-un, le dictateur de la Corée du Nord ? Peut-être seriez-vous plus sensibles à la cause des Coréens du Nord pour des raisons colorimétriques.

Le paradoxe pour l’état congolais, qui n’en est pas à un près, c’est de faire appel à vous pour le défendre face aux millions de congolais, et ceci aux dépends d’avocats congolais aussi talentueux. C’est tout simplement parce que vous êtes la caution morale de la Françafrique. Ceci est une conception archaïque de la justice pour un pays indépendant depuis 57 ans et notre infinie tristesse. Vous livrerez ainsi la tête de Jean-Marie Michel Mokoko sur un plateau d’argent au régime de terreur du Congo. Votre action s’apparente à enfoncer des portes ouvertes car à vaincre sans péril, l’on triomphe sans gloire.

A travers cet acte, vous participez au déclin et à la décadence du système judiciaire français qui s’éloigne des droits de l’Homme au profit de la finance. N’ayez pas le destin d’Icare qui en voulant se rapprocher du soleil se brûle les ailes.

La France perd ses grands Hommes politiques, et aussi ses intellectuels jadis lumières pour éclairer la conscience du monde dans un pays de liberté, égalité, fraternité. Défendre les biens mal-acquis par certains avocats tout en défendant le dictateur par d’autres est le nouveau paradoxe français. Dans ce fouillis même une chatte n’y retrouverait pas ses petits.

C’est Stefan Zweig qui écrivait : « On peut tout fuir, sauf sa conscience. »

Bon vent Maître.

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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

Le Général Jean-Marie Michel MOKOKO refuse de répondre à la convocation de la justice de Sassou-NGuesso

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10 réponses à Lettre ouverte à Maître Éric Dupond-Moretti : Le Ponce Pilate de Sassou.

  1. Anonyme dit :

    Je ne suis p s un juriste donc excuser mon ignorance ou peut être que les soit disant juristes ne sont que des clochards à vide d’argent. Bref voici ma question au gr ne avocat. Si le General Moukoko est poursuivi par la justice congolaise donc le gouvernement Congolais que vient donc faire ce clochard? En d’autre terme il vient défendre qui (la je parle comme un Congolais). Même les français répondent au « yaka noki noki »

  2. David Londi dit :

    « Ne participez pas à la déstructuration de l’État de droit que nous autres démocrates et républicains congolais s’employons à bâtir ».
    Non, les démocrates congolais ne s’emploient pas à bâtir un Etat de droit, au Congo, c’est l’étape d’après. Les Démocrates s’emploient à détruire un Etat qui est une dictature autocratique et sanguinaire.

    Comme, jadis en 1987 à Lyon, Maître Jacques Vergès défendait Barbie, Me Moretti va plaider pour un dictateur finissant et dont le sort est déjà scellé. Il s’inscrit donc dans la logique que décrit Jacques Givet dans son livre sur le procès de Klaus Barbie : « Ainsi, Vergès militant d’extrême gauche rejoindrait l’extrême droite sur un antisémitisme commun et qui expliquerait qu’il n’a aucun mal à passer d’un côté et de l’autre, puisqu’ils se touchent à cet endroit. Vergès se trouve donc assimilé à Barbie, lui aussi semble alors être un antisémite ».

    En effet, nous ne pourrons jamais demander à un avocat de ne pas exercer son métier mais nous avons la possibilité de le détruire comme cela a été le cas pour Me Vergès. Le criminel le pire a droit à un avocat comme les criminels nazis jusqu’à Salah Abdeslam. Nous avons une arme de destruction massive, les réseaux sociaux, qui nous a déjà donné tant de victoires des « Disparus du Beach » aux « Biens mal acquis » en passant par la disqualification de Sassou dans le processus d’intervention du FMI au Congo et ses différentes mésaventures dans les rencontres avec les dirigeants occidentaux. Les puissants n’ont plus le monopole de l’information.

    Ne dit-on pas qu’à « Vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Sa plaidoirie sera un coup d’épée dans l’eau parce que l’Etat congolais est déjà rangé dans les dictatures par la communauté internationale. Ceci est un fait. personne n’est dupe. Toute l’activité des démocrates devra donc se concentrer sur la destruction de la réputation de cet avocat auprès des opinions publiques françaises, voire européennes.

    Nous ne devons donc pas avoir peur de Me Moretti parce que nous avons la vérité de notre côté et nous sommes des démocrates debout !

  3. Val de Nantes dit :

    l »argent ,ce diable .AU fait,pourquoi depenser tout ce magout en s »octroyant les services d’un
    mercenaire de la trempe de Moretti sachant que le verdict de cette parodie de procès est déjà acté.
    Sassou à un véritable problème mental…Le Congo est entre les mains d,un fou..
    Sa vieillesse en accélère les dérives….
    La condamnation de ces prisonniers politiques ne requiert nullement la sollicitation des avocats ,d’où qu’ils viennent..
    C’est du cirque stalinien auquel s,’adonne avec délectation ,le sinistre Sassou pour justifier ,son hold-up présidentiel dont les stigmates restent indélébiles dans la mémoire collective des congolais….

  4. Congolais de la diaspora nous portons une lourde responsabilité , c’est pourquoi la barbarie Mbochi prospère . Effectivement sassou le chef barbare Mbochi a réussi de nous divisés dans notre diaspora ,imaginons dix milles congolais devant les bureaux de ce médiocres avocat ,ce dernier aurait été dissuadé de faire le voyage de Brazzaville . Cher patrice je constate que vous aviez lever le pied sur les enfants kolélas ,Tsaty Mabiala , car j’imagine certains escrocs illuminés de la place paris vous auriez menacé . Alors vous avez eu tort cher Patrice ,la Libération du congo est notre priorités à tous ,j’estime qu’il faut sans cesse dénoncer ces voyous de parfait ,landry kolélas et Tsaty Mabiala qui jouent le rôle de retarder la révolte .

  5. Anonyme dit :

    Peut-être qu’ensuite il défendra le clan Sassou dans le dossier des biens mal acquis en France et ailleurs. Tant qu’il y est, il peut aussi tenter de récupérer tous les montants surfacturés par certains fournisseurs de ECAir: CoeM, Privatair

  6. tebola babins dit :

    Si à travers Maître Dupont-Moretti, le procès est médiatisé, cela aussi peut être une bonne tribune pour nos avocats de faire la démonstration des failles des procédures. Si le dossier n’est n’est pas bien ficelé, ça peut être l’occasion de montrer la faiblesse de nos magistrats.

  7. mwangou dit :

    Il semblerait que cet avocat est de retour chez lui dans son pays de droit. Il serait bien arrivé au Congo, à Brazzaville et aurait pris le pied à s’enquérir de la problématique judiciaire. Mais voilà, le dossier qu’on lui a présenté a été vite jugé par son professionnalisme, comme étant vide… Qu’à ce constat, il a préféré ne plus attendre sur place ses autres collègues qui devraient le retrouver à Brazzaville. Il aurait donc repris l’avion pour son Paris si doux. Affaire à suivre… Il semblerait qu’il y a eu mouvement au niveau de la justice congolaise, que des postes ont été interchangés pour plus d’efficacité en faveur de la dictature bien entendu… Affaire à suivre vraiment.

  8. Val de Nantes dit :

    @Mwangou ,à n’y rien comprendre .Les sujets sensibles aux avc ,s ‘abstenir ,car on est dans la folie totale où la logique des faits à fait place à l’impulsivité dictatoriale..
    Les affaires judiciaires au Congo dérèglent les cerveaux normaux..
    Vous qui êtes au pays ,seriez vous en mesure de nous en dire davantage..?
    Nianga boula convoqué hier nommé commandant de zone ,Oko le nain de la république révoqué ?
    Que se passe t il à Oyowood????.

  9. mwangou dit :

    @ mon cher Val de Nantes…dans ce genre de situation, vu mon état de santé pas trop au top, je me tiens loin de ces affaires là…
    Vous avez raison de dire que c’est à n’y rien comprendre… c’est de la folie pure et simple, une folie qui coûte chère aux Congolais…Car pendant ces temps du règne de ce qu’il faut considérer comme celui des rumeurs, on ne parle plus de pensions non payés, ni de bien d’autres sujets plus constructifs.
    Mon attitude: attendre que tout ça se décante pour une analyse plus sure pour le combat qui est le nôtre… Mais dès que j’ai du nouveau vrai, je ne manquerais pas de tenir informer les patriotes.

  10. Pascal Malanda dit :

    Petite question:

    A l’heure de l’Internet et du courrier ultrae-xpress, cet avocat ne pouvait-il pas exiger qu’on lui transmette le dossier complet sur Paris afin de l’étudier et conseiller son client avant de descendre à Brazzaville?

    Que dire de la promesse de Sassou de voir ses très chers prisonniers jugés avant la fin du premier trimestre? L’injonctin est encore consultable sur le Net. Combien de temps lui faudra-t-il pour monter de nouveaux dossiers? Avec tous ces vices de procédure, monsieur Sassou n’a plus qu’une seule issue pour défendre son « Etat de droit »: Déclarer un non-lieu.

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