LES FANTOMES DE LA FONCTION PUBLIQUE EN AFRIQUE. Par Franck Cana

ANONYMOUSIl ne saurait y avoir de bonne gouvernance en Afrique sans une maîtrise des effectifs de la fonction publique. Un audit de la fonction publique gabonaise a permis d’organiser le recensement général des fonctionnaires. Chaque agent devait se présenter à un guichet, muni de ses diplômes et de son décret d’intégration. Pas moins de 1342 agents de l’État ne s’y étaient pas rendus, et plus de 700 ne s’étaient même plus présentés aux guichets du Trésor public pour percevoir leur salaire.

Partant de là, le gouvernement annonçait leur radiation et se félicitait d’une économie annuelle de 3,4 milliards de francs cfa, soit 5,2 millions d’euros. Outre cela, 635 agents en stage longue durée ou travaillant déjà à l’étranger ont fait l’objet d’une méticuleuse observation. Reste que c’était déjà une grande première dans ce pays ou les audits n’avaient jamais joué un rôle dissuasif.

Au Congo Brazzaville, voulant s’attaquer aux fantômes militaires, l’ancien ministre des Finances, Roger Rigobert Andely, demanda à sa hiérarchie de lui fournir la liste intégrale des effectifs de l’armée. Mais, cette liste ne lui avait jamais été transmise jusqu’à son départ du gouvernement. Qu’à cela ne tienne, son successeur, Pacifique Issoibéka, parvint à économiser 29 milliards de francs cfa en 2009, soit 44,3 millions d’euros, dans sa lutte contre les employés fictifs de la fonction publique congolaise.

L’arnaque la plus répandue dans les pays africains consiste à usurper l’identité d’une personne décédée, un membre de la famille profitant alors des lourdeurs administratives pour s’octroyer le salaire du disparu. Les indélicats ont des profils variés : agent public recruté une seconde fois, voire plus, sous une autre identité, médecin fonctionnaire assidu à son poste en clinique privée et invisible à l’hôpital public, officiers et sous-officiers des corps habillés, enseignant…

Sous l’impulsion du ministre des Finances, Lazare Essimi Menye, la direction générale des impôts du Cameroun congédia 255 agents en octobre 2010. Mais, l’État a du mal a maîtriser ses effectifs et n’en finit plus de dépoussiérer ses fichiers. Quant à la direction du Budget, elle avait enregistré un effectif de 155.000 fonctionnaires, après radiation de 10.000 agents fictifs. Un nouveau tour de vis porta les compteurs à 140 406 travailleurs. Mais, suite à une augmentation des salaires le décompte s’éleva à 170.000 fonctionnaires. Difficile de s’y retrouver.

Lorsqu’ils sont pris la main dans le sac, ces « fantômes » font preuve d’une absence totale de sentiment de culpabilité. Pour le camerounais Bertrand Ngouo, consultant en management public, c’est : La multiplication des réseaux d’influence au service d’intérêts particuliers…le développement d’un cynisme éthique et d’un chacun pour soi qui exercent une influence contraire à une saine moralité des services publics.

Du coté des états, du Togo à la République Démocratique du Congo en passant par la Centrafrique, le Tchad ou le Congo Brazzaville, le point commun est l’absence des poursuites judiciaires à l’encontre des personnes incriminées. Cet état des choses laisse à penser que ces autorités ont fait le choix de la moralisation en s’appropriant, le conseil divin selon lequel : Que celui qui dérobait ne dérobe plus ; mais plutôt qu’il travaille, en faisant de ses mains ce qui est bien.

 

Par Franck  Cana « Écrivain Progressiste »

Diffusé le 9 novembre 2013, par www.congo-liberty.org

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3 réponses à LES FANTOMES DE LA FONCTION PUBLIQUE EN AFRIQUE. Par Franck Cana

  1. Noël KODIA-RAMATA dit :

    Mon cher Franck,
    Tu as tout dit dans la dernière partie de ta réflexion. L’Afrique, un continent qui continue à être dirigé par des gens sans scrupules. Après plus de cinquante ans d’indépendance, rien n’a bougé, en dehors du tribalisme et du népotisme que nos dirigeants nous ont péter dessus sans gène.. Et ils se sont servi de leur fonction publique pour pisser sur les larges masses populaires pour enfanter une vie et demi, comme le signifiait notre grand Sony Labou Tansi. Ils oubilent que la jeunesse africaine actuelle peut se définir comme une bombe à retardement qui ne demande qu’un courageux puisse la dégoupiller. L’Afrique est malade de ses fonctions publiques, de ses propres dirigeants essoufflés. Malgré quelques balbutiements que l’on remarque dans certains Etats, il faut craindre le pire, surtout que ces fonctions publiques bourrées de parents n’avèrent être des poisons mortels comme on le remarque au niveau de l’enseignement et de la santé dans presque dans les Etats africains cinquante ans après les indépendances; Triste réalité d’un continent qui pourrait donner raison à un certain René Dumont qui disait que l’Afrique était mal partie, quelques années après le soleil des indépendances.

  2. Mon frère CANA , moi je perlerais du congo B , pour avoir eu beaucoup des révélations de la part des fonctionnaires intègres des finances publiques , ces derniers vont s’apercevoir que plus de la moitié du budget de l’état est affecté à la sécurité présidentielle , plus de 25000miliciens pour la garde de sassou sans compter les troupes des généraux DENGUET , OBARA et OBOUENDE plus de 50000 hommes pour les renseignements relié à la présidence de sassou , pour info un sergent (sous officier) de la garde de sassou gagne plus qu’un colonel ordinaire sans fonction ! Comment on peut imaginé l’émergence en 2025 quant les dépenses pour le maintien de sassou au pouvoir coûte plus deux milles milliards an ?

  3. Mounga 2 BZ dit :

    Des assertions gratuites comme d’habitude, pouvez vous nous bondir un document qui certifie qu’un sous officier gagne plus qu un colonel? Je vous exhorte a orienter votre créativité dans des projets lucratif au lieu de perdre votre temps a dire des contres vérités. DSN pose des actes quand il parle de l’émergence en 2025 ce sont des mots qui sont accompagnés des actes: je vois l’arriver des investisseurs, l’une des zones économique fonctionnelles, l’université DSN, le Village olympique, les usines de Maloukou…… 2025 c’est demain

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