France: Les Etrangers comme têtes de gondole d’une droite passéiste, par Alexis Bouzimbou

Telle une traînée de poudre, la « lepénisation » des esprits est de nouveau en marche.

A la veille de chaque élection majeure, la tentation de la « pureté dangereuse » réapparaît. Qu’un ministre de la République publie une tribune dans Minute, torchon de l’extrême droite, ne choque pas l’opinion, encore moins les esprits éclairés. Qu’un autre ministre de la République, en l’occurrence celui de l’intérieur, devienne la caution morale du front national, est préoccupant. Comme toujours, la cible est la même: les étrangers. Ils seraient nombreux, fraudent la sécurité sociale, donc la France, et pour tout couronner seraient responsables du chômage de masse que connaît la France.

Le revirement de Nicolas Sarkozy s’agissant du vote des étrangers aux élections locales, montre la fébrilité d’un président coincé entre la concupiscence de sa « réélection », et sa prise en tenaille par les jusqu’auboutistes de la droite dite populaire.

Pourtant, en octobre 2005, Ce même Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, s’était prononcé « à titre personnel » favorable au vote des étrangers non communautaires aux élections municipales.

Selon un sondage réalisé par l’institut BVA, et publié dans le Parisien du 28 novembre 2011, 61% des français approuvent aujourd’hui cette proposition émise il y a plus de trente ans par les socialistes. Faisant de la peur son principal argument, Nicolas Sarkozy juge à présent cette proposition « hasardeuse », et François Fillon répète qu’il s’y opposera « de toutes ses forces ».

Cette peur de « l’autre » martelée sans cesse par une partie de la droite, est aux antipodes des vraies valeurs de tolérance prônées depuis le siècle des lumières. Où est passé l’engouement de la France blacks-blancs-beurs de la coupe du monde de 1998 ?

Le mur de Berlin est tombé depuis 1989. Il est consternant de constater qu’une partie de la droite française conserve ses murs mentaux. Il est normal, qu’un étranger vivant régulièrement en France, s’acquittant de ses impôts, et vivant dans une commune, participe à l’élection de son maire.

A la question posée du vote des étrangers aux élections locales, une partie de la droite détourne sciemment le débat à des fins électoralistes. La France ne sera une Nation que si elle donne envie à tous ceux qui vivent sur son territoire, partagent sa culture, respectent ses lois, le sentiment d’être acceptés avec leurs différences. Les étrangers ne peuvent s’intégrer que s’ils sont acceptés tels quels. A force de les stigmatiser, naît inéluctablement le repli communautaire, tant honni par une partie de la droite sectaire. Rien n’est surprenant, car s’agissant de ce débat et de la place des étrangers dans le processus démocratique, la classe politique française manque cruellement de courage, de clarté, et de cohérence. Chacun doit y trouver sa place, en respectant évidemment les valeurs et les lois de la République.

La droite française doit cesser de croire que la France est le centre du monde, et arrêter de se recroqueviller sur elle-même. Peut-on avoir peur des « étrangers » dans un monde de plus en plus ouvert? Cette « peur » de l’autre conduit à l’exclusion et à des dérapages incontrôlés.

Depuis plus de trente ans, la politique d’intégration des étrangers manque de lisibilité. Au lieu des quotas, la France préfère la « diversité » aux contours flous. A la compétence, elle met en avant l’hybride « CV anonyme ». La France a intérêt à rassembler et non à dresser les « étrangers » aux aborigènes, comme si ce pays ne s’est pas construit en partie grâce à des vagues successives d’immigration.

Aux Etats-Unis par exemple, le drapeau américain symbolise le socle multidimensionnel d’un Idéal commun. Lors de notre récent voyage, notre guide-accompagnateur disait avec fierté: « Ici, le drapeau américain n’a rien de politique. Il n’est ni démocrate, ni républicain. C’est la fierté d’appartenir à une Nation qui accorde à chacun sa place et sa chance ».

La France ferait mieux de s’en inspirer. A force d’exclure et de stigmatiser les étrangers qui contribuent aussi à sa richesse nationale, et faute d’idéal commun, elle finira par devenir une coquille vide. Les étrangers apportent de la valeur ajoutée, et sont loin d’être des têtes de gondole.

 

Alexis Bouzimbou

Cercle de réflexion pour des idées nouvelles

www.congo-liberty.org

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