Les Congolais l’ont bien compris, c’est l’heure de ne plus avoir peur

En règle générale, la révolte d’un peuple c’est exactement comme un poison lent qui resurgit brutalement. J’admets donc qu’il est extrêmement difficile de prévoir ce qui peut se passer d’un moment à l’autre dans notre pays, le Congo, tant le peuple est d’essence très imprévisible. Mais il y a cependant une certitude : nombreux sont aujourd’hui les Congolais qui ont compris que c’est l’heure de ne plus avoir peur. Et le pouvoir en place en est conscient même s’il continue de fermer les yeux en refusant de prendre les devants et engager des reformes substantielles.

Timides et hésitants depuis le début du printemps arabe, les Congolais ont petit à petit fini par se libérer de la peur et il ne fait plus guère de doute qu’ils vont bientôt faire comprendre à Sassou Nguesso qu’ils ne sont plus disposés à accepter n’importe quoi.

Il faut dire que contrairement à la propagande officielle, Sassou Nguesso n’a jamais vraiment eu la cote auprès de la grande majorité du peuple congolais depuis son retour au pouvoir en octobre 1997. Les raisons ? Son image, dégradée par son coté tueur froid et cynique, qui ne s’est jamais d’ailleurs démenti, notamment avec l’assassinat de ceux qu’on appelle « les 353 disparus du Beach ».

A cela s’ajoute ce que les Congolais considèrent, à juste titre, comme la plus grande injustice jamais commise dans leur pays, à savoir, la caporalisation de l’ensemble des richesses du pays par le clan Nguesso. Tout est aux mains des Nguesso et personne ne peut faire une affaire sérieuse sans être associé à un membre de ce clan. En effet, aujourd’hui, être un Nguesso, naitre Nguesso c’est à priori une assurance d’occuper le haut de la pyramide. Et ça, les Congolais ne le supportent plus.

La prédominance des réseaux d’influence démultipliés depuis son retour au pouvoir par les armes, à travers des cercles de lobbying où l’argent est le maître mot, les frasques financières des membres du clan, les détournements massifs des fonds publics qui sont à l’origine de la multiplication des affaires telles que l’affaire des Biens Mal Acquis ou l’affaire des mallettes de billets, tous ces points et bien d’autres (les privations des libertés fondamentales, l’organisation d’élections truquées…) provoquent une exaspération toujours plus grandissante et font qu’entre Sassou Nguesso et le peuple congolais les liens sont distendus, voire même déjà cassés. Autant de frustrations qui cristallisent les mécontentements aujourd’hui. Et comme chacun le sait, les frustrations, mêlées aux humiliations ne peuvent qu’entraîner le ressentiment. In fine, cela ne fait que monter la tension.

Il y a donc aujourd’hui dans notre pays un rejet total du système Sassou Nguesso et un grand désir de changement. Et, comme je l’ai dit plus haut, les Congolais sont de plus en plus nombreux à avoir compris que les temps ont changé et que c’est l’heure de ne plus avoir peur. Donc, à coup sûr, de plus en plus la pression va s’accentuer dans le pays pour exiger le changement. Cela illustre bien la difficulté pour Sassou Nguesso de continuer à maintenir les choses en l’état dans les semaines, les mois ou les années à venir.

Pour ma part, je ne peux donc qu’exhorter mes concitoyens à se mobiliser davantage et surtout à exiger, sans concessions, un changement profond, la justice, la liberté et une véritable démocratie, et s’il le faut, en descendant massivement dans la rue pour manifester pacifiquement car c’est là où notre destin commun va se jouer.

Bienvenu MABILEMONO

S.G. du Mouvement pour l’Unité et le Développement du Congo (M.U.D.C)

 

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