LES CONGOLAIS ENTRE SOUMISSION ET REVEIL DES CONSCIENCES, Par Jean Claude Beri et Gertrude Malalou

Ce qui se produit actuellement n’est nullement la résultante d’un consensus national ayant pour objectif la reconduction d’un gouvernement accumulant les erreurs et les imperfections depuis tant d’années. La fatalité n’est  donc pas dans ce recyclage de personnes peu enclin à s’investir pour le redressement du pays. Les adjectifs, non moins choisis au hasard, (incompétents, corrupteurs, pilleurs…) sont assez éloquents pour espérer  ne fusse qu’un brin de  changement radical dans un proche avenir. Il y règne entre ses personnes une sorte de solidarité immuable dans le pillage et la destruction du tissu social. Plus on vole, plus on n’atteint pas ses objectifs, plus on détourne les fonds, plus on accentue le déficit du pays plus on est récompensé pour service rendu à la nation. C’est au bas mot le règne du monde à l’envers dans la gestion des hommes par le Clan SASSOU. La médiocrité  est une valeur  commune à toutes ses personnes qui bousculent les paradigmes sociaux pour exceller dans cet exercice.

Le bilan de tous ces ministres est sérieusement critiquable. Les critères basés sur des résultats lancés par SASSOU il ya deux ans sont effacés. De même l’existence  des pôles ministériels censés donner un élan de productivité et de rendement visible aux activités économiques, sociales, culturelles et industrielles pour soutenir le développement n’est plus au moins qu’un vœu pieux, un échec cuisant de ce gouvernement.

Au-delà d’un constat d’échec que l’on peut  tirer de ce non nouveau gouvernement, il est judicieux de ne point s’arrêter que sur cet aspect préalablement connu. Sassou est en train de nous préparer en douce une révolution à la Nord coréenne si l’on n’y prend pas garde dès a présent. Mr Sassou, par la publication de ce non gouvernement (un non évènement pour nous) vient de mettre à exécution sa première phase d’endormissement des congolais. On s’attendait tous à voir l’entrée fracassante de son fils « KIKI » mais c’est son neveu qui fait  en premier  l’entrée au gouvernement. J.J  Bouya avec un trop vaste ministère planqué tout en bas de la hiérarchie protocolaire,  n’est que le premier coup d’essai  avant l’arrivée en masse de l’écurie familiale. C’est l’acte I d’‘un scénario à l’essai, le plan B suivra sûrement !

Le deuxième acte posé par SASSOU est le maintien au gouvernement des mammouths gardiens des temples ethniques. Adada n’est là que pour étouffer les velléités des lékoundzistes,   Ondongo pour rassurer MOUSSA (likoualiens), Florent Tsiba pour atténuer la fronde qui couve chez les tékés. Quand aux  «  inséparables »  Yoka, Mvoumba et le retour d’Ibovi, après avoir secoué les marmites de potions magiques, ils ont la lourde mission de préparer la future entrée au gouvernement de l’écurie familiale. Faut pas se leurrer, l’entrée des jeunes pousses «  Made in clan sassou » n’est pas abandonnée mais simplement repoussée.

Enfin, le troisième acte est la consolidation de ses alliés en particuliers ceux du pool, Sassou s’assure que Brazzaville ne sera jamais inquiétée si les Ntoumi,  les enfants Kolelas et tous ceux qui sont à leur remorque auront suffisamment les moyens pour divertir les leurs en leur faisant croire  que le salut est dans le soutien d’un pouvoir qui les exploite, les avilis et les appauvrisse. Les autres représentations régionales totalement minimes ne sont que des paillassons politiques ou SASSOU passe tous les matins pour s’essuyer les pieds ensanglantés. Que ces dernières transforment leurs ministères en épiceries familiales, peu importe, ils ne sont jugés que sur le degré de leur dévouement et soumission à la volonté du Clan sassou.

C’est une stratégie qui marche et qui permet à l’écurie Sassouiste de tenir encore pour longtemps les rênes du pouvoir. En fin stratège SASSOU ne fait que prendre le peuple  à son propre jeu. Vous voulez le changement avec des jeunes pleins d’avenir ! Il vous en fabrique à sa manière, car « le beaujolais nouveau est déjà dans les bacs politiques congolais ». KIKI SASSOU, Claudia SASSOU, les frères BOUYA, les Beaux fils et Beaux neveux…sont à l’assemblée pour prendre de l’étoffe et de l’épaisseur. Bientôt vous n’aurez d’autre choix que de vous mettre à leur remorque. Ou encore ils occupent tous les sphères de l’économie congolaise: Maurice Nguesso et enfants à la sécurité privée des installations pétrolières, aéroportuaires et  la communication.  Les frères BOUYA possèdent  les grands travaux.   Les enfants SASSOU NGUESSO dans les bâtiments, l’hôtellerie, la location de voitures de luxe, la gestion de la vente du pétrole, la téléphonie, transactions immobilières, la liste est non exhaustive,  on vous laisse le soin de la compléter. Tout est mis en place pour qu’ils vous musellent et vous rendent dépendant d’eux.

La question est : quelle  action menée pour répondre à cette stratégie hégémonique en marche ?

La réponse à cette question n’est pas aisée au regard de la nature anti démocratique du pouvoir à combattre. Mais des pistes existent qui ne sont nécessairement pas  exploitées à bon escient  pour s’opposer fermement à cette hégémonie aujourd’hui qui navigue à ciel ouvert au Congo-Brazzaville. Avons-nous besoin d’une opposition idéologique ou d’une opposition de résistance ? Telle est à  notre  sens la grande question.

Lorsque nous nous référons aux quelques idées idéologiques émises ça et là et par les différents partis politiques dite d’opposition et ceux du  RMP (pour ne pas dire  parti au pouvoir PCT), Il est assez surprenant de constater  que tous avancent les mêmes thèses idéologiques du capitaliste libéral. Pas besoin d’en faire un discours fleuve sur la question pour s’en rendre compte qu’il n’existe pas une opposition idéologique au pouvoir en place.

L’encyclopédie Entarta définie  l’opposition politique comme « un ensemble de forces politiques qui expriment des divergences importantes par rapport aux détenteurs du pouvoir ». Ces divergences que nous relevons dans le cas du Congo-Brazzaville feraient référence plus aux notions d’alternative et d’alternance.

Une alternative suppose une autre manière de concevoir et d’agir. La question fondamentale que l’opposition congolaise devrait se poser  serait donc la suivante : quelle est l’idéologie alternative qu’elle propose aux congolais ?  Trouverait-on une  nouvelle idéologie politique ne se nourrissant de  la même mamelle idéologique que ceux qu’on combat ?  Après son échec de juillet et Aout, Mathias DZON se retrouve en France où les autorités, parfois au plus haut niveau, ont reconnu les élections frauduleuses de juillet et Aout 2012.

Nous serions crédibles et entendu que si nous proposons une autre forme d’opposition dont nous serions les acteurs. Autrement dit, nous devons passer réellement du  statut  de « spectateurs  politiques engagés » à celui  « d’acteurs d’une résistance politique et citoyenne».

Cela impose une manière différente  de faire de l’opposition. Est-il bénéfique de faire des réunions politiques dans des salles ouvertes aux publics où la plus part de nos idées et stratégies sont dévoilées sur la place publique ?  Quelle belle manière de se laisser piéger !

Nous avons en face un pouvoir qui se joue de notre démocratie, qui bafoue les libertés de la presse et des droits de l’homme. De plus, les arrestations et incarcérations sont remises au goût du jour, sans aucune explication, à la manière du « far ouest » quoi ! On  est pas en démocratie c’est clair,  ce n’est même  plus une dictature mais tout simplement une république bananière où règne la loi de la jungle : la loi du plus fort !  Lorsque,  le pouvoir n’use plus des moyens démocratiques pour gouverner, s’opposer démocratiquement devient une hérésie. Or,  pour citer  de nouveau Encarta  « Pour qu’une opposition puisse exister, il faut que le système politique d’un pays soit organisé et régi par des règles précises ». Celles–ci doivent  être acceptées et observées par tous. Est-ce c’est le cas ?

Les multiples coups de poignards à la constitution attestent que la démocratie n’existe pas et donc l’opposition politique ne peut également exister.
Pourtant il faut reconnaître que l’opposition politique congolaise subsiste tant bien que mal. Elle a   organisé des marches pacifiques, des sit-in, des boycotts (au Congo et en France), et  lancé des pétitions.  Elle a également  dénoncé publiquement les dérives du pouvoir. Cela reste insignifiant devant l’ampleur de la menace qui pèse sur le Congo-Brazzaville parce que infiltré également par les faux opposants. Par conséquent, Il y faut remédier en sortant de nos rangs :

 

  • Cette opposition politique congolaise qui manque d’envergure et dont les actions timorées et timides restent  inconstants. Cette inconstance se manifeste dans le fait qu’ils n’ont pas une position fixe. Ils tournent avec le vent.  Elle se renie à chaque fois.

 

  • Cette opposition congolaise incapable d’une grande mobilisation de masse sur toute l’étendue du territoire national (C’est la preuve qu’elle est  coupée de la population et représente plus une opposition de salon sans connexion réelle et profonde avec la masse populaire ne peut obtenir des réels changements)

 

Cette opposition divisée et en manque de cohésion qui est incapable de se mettre   ensemble pour être forte (Comment peut-elle  réussir dans la division ?)

 

  • Cette opposition congolaise manipulée de l’extérieur qui dépend des puissances euro-américaines, de la « communauté internationale » qui agit en fonction des attentes des « maîtres du monde » et qui ne peut avoir un impact réel sur le changement de la situation dans notre pays. Mathias DZON qui sollicite la bénédiction de la France a-t-il la volonté de travailler réellement pour  son pays ou d’obéir à la volonté des maîtres occidentaux ?

Eu égard à ce questionnement

Il nous faut Alors,  une véritable résistance politique et citoyenne pour :

 

  • Mettre l’unité dans la diversité en marche. Nous savons que nous sommes différents du point de vue d’approche de la mise en place des idées de développement. Cela n’exclut pas que des projets de société et des programmes d’action différents existent. Ils seront toujours complémentaires puisque  visant tous la réalisation du même rêve. L’unité de la résistance  n’est pas synonyme d’unanimisme. Il s’agit ici de faire émerger  une résistance une et diversifiée capable de s’opposer au clan en face en ayant une vision commune..

 

  • Lutter pour une vraie démocratie. Nous sommes retombés, depuis le coup d’état militaire de 1997, dans la dictature et le totalitarisme sauvages. Or, le seul combat qui peut mobiliser tous les Congolais avant qu’on ne puisse reparler d’une nation unie et fière, c’est le combat pour la liberté, pour la démocratie qui donne à  tous les congolais les mêmes chances de réussir.

 

  • La création plus qu’urgente d’une Resistance politique et citoyenne capable de  payer le prix du changement à la manière d’un Mahatma Gandhi, le père de l’indépendance de l’Inde qui n’a jamais été premier ministre ni président de l’Inde, qui n’a occupé aucun poste ministériel, mais qui a payé le prix de sa vie. Pensons aussi au Pasteur Martin Luther King aux USA qui a mené un combat déterminé contre le racisme et qui a payé aussi le prix de sa vie. Et plus récemment de Nelson MANDELA qui passé la moitié de sa vie en prison pour défendre les idées de justice et d’égalité.

Nous congolais, que  défendons-nous réellement?  Notre gagne pain ? Notre frère ministre qui ne protège que sa famille ? Un ami du Clan qui te verse des miettes te donnant l’impression d’exister ? Ton poste qui te permet de bénéficier des privilèges ?  Combien  de toutes ces choses perdurent-elles pour faire de votre existence un paradis sur terre ?
Le  débat est ouvert. Ne soyons pas complices du malheur de notre progéniture. Nous savons ce que nous voulons et nous savons comment y arriver mais  nous ne  faisons rien. Ne serait-il pas une manière d’écrire d’avance une page sombre que nous lèguerons aux générations futures ?

 

Gertrude Bienvenue MALALOU – K.

Jean-Claude BERI.

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