L’épopée du Barrage hydroélectrique de Sounda. Par Wilfrid SATHOUD

La maquette du Barrage de Sounda (EDF)

La maquette du Barrage de Sounda (EDF)

Considéré à l’origine comme fer de lance du développement économique et de l’industrialisation tant de notre pays, que de la sous région et du continent africain en général, par les gouvernants de la première République du Congo, qui eurent le mérite de poser solennellement, en leur temps, les bases de sa réalisation à ce jour inachevé ;

 

Le projet de construction du barrage hydroélectrique de Sounda reste une œuvre de plusieurs générations, demeuré longtemps mis en veilleuse et relégué en second plan des priorités de développement des différents gouvernements successifs depuis la chute de l’Abbé Fulbert YOULOU et du régime de la première République du Congo consécutive à la révolution des 13-14 et 15 aout 1963, jusqu’au renouveau démocratique post-conférence nationale souveraine, marqué par l’arrivé au pouvoir du Professeur Pascal LISSOUBA en 1992, ne cesse de faire coulé actuellement tant d’encre et de salive, au point d’interpeller l’attention de nombreux investisseurs, représentants des Ongs, experts et autres acteurs du développement intéressés par l’exploitation des potentialités économiques du continent africain récemment réunis à Brazzaville du 6 au 7 février 2014, dans le cadre du Forum international « Build Africa » sur le développement des infrastructures en Afrique, qui aurait remis de nouveau sur la sellette cet ambitieux projet d’intégration avec effet multiplicateur à grande échelle impactant sur plusieurs pays membres de la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale).

 

Par devoir de mémoire pour la postérité et sur l’optique de faire œuvre utile à l’antériorité, nous revenons à la suite sur l’épopée du projet de construction du barrage hydroélectrique de Sounda.

 

 

YOULOU24 mars 1961 : Cérémonie officielle de lancement des travaux préliminaires de construction du barrage hydroélectrique de Sounda, l’Abbé Fulbert Youlou accompagné des ministres Stéphane Tchitchelle, Germain Bicoumat, Alphonse Massamba-Debat, Victor Sathoud et Issac Ibouanga, en présence de deux hôtes de marques : le représentant du gouvernement Français Pierre Bokanowski et le leader sécessionniste de la province du Katanga (RDC) Moise Tshombé (premier à partir de la droite).

 

Pour l’histoire, il convient de souligner que c’est depuis l’époque coloniale, après la réalisation des travaux du chemin de fer Congo-océan (construit de 1921 à 1934) pour relier Brazzaville à Pointe-Noire, sur une distance de 512 kilomètre, traversant la forêt du Mayombe avec 11 tunnels et 27 viaduc, en plus du port en eau profonde de Pointe-Noire, de la mise en exploitation du terminal pétrolier de la Pointe-Indienne par la Société des Pétroles de l’Afrique Equatoriale et la construction de la ligne ferroviaire reliant la région de Franceville, dans le Haut-Ogooué à la voie ferrée Congo océan, pour l’évacuation des minerais de manganèse produit par la Compagnie Minière de l’Ogooué (COMILOG) que prendra forme, entre 1956 et 1957, le projet d’érection d’un gigantesque barrage utilisant les énormes potentialités hydroélectriques du fleuve Kouilou-Niari, situé à environ 70Km du port de Pointe-Noire, dans le magnifique site de Sounda, où serait construit un important barrage de retenue des eaux qui conduirait à la formation d’un lac artificiel de 1800 Km2 permettant de produire 7 à 8 milliards de Kwh/an d’énergie électrique à un cout relativement faible (environ 0,40 FCFA le Kwh).

 

Cette affaire fructueuse intéressait déjà plusieurs groupes d’origines Américaine, Allemande et Française parmi lesquels figurait entre autre les firmes : US Steel, Mobil et Pechiney qui envisageaient de transformer la bauxite de Guinée.

 

En effet, c’est la production de l’aluminium qui était à la base du dit projet économique far de la première République du Congo et, la production estimative initiale était évaluée à environ 300 000 tonnes, avec possibilité d’obtenir plusieurs dérivés comme tels que : le ferromanganèse, ferro-silicium, silicio-manganèse,, magnésium, carbure de silicium et phosphore pour former à la fois un complexe métallurgique et électrochimique (pate à papier, nitrate d’ammoniac, urée, phosphate d’ammoniac, chlore, soude, etc…), sur un investissement global d’environ 100 milliards pour la réalisation des travaux de construction du barrage et de l’ensemble électrométallurgique qui devait à terme créer plus de 5 000 emplois directes à Pointe-Noire et conduire à une extension considérable des installations du Port de Pointe-Noire, appelé à devenir avec le sud-Gabon le principal centre névralgique d’implantation du capital français et européen en Afrique.

 

Pour ce faire, le ministre français des travaux publics d’alors, M. Robert Buron affirmait en substance que :

 

« le Kouilou retient l’attention combinée de l’industrie de l’aluminium, de l’industrie des ferro-alliages, des industries de l’azote et du phosphore, et même dans une certaine mesure des industries nucléaires, puisqu’il n’est pas exclu que la séparation isotopique, à l’échelle européenne soit conduite à chercher une solution de son problème au Congo. » 

Vue aériennes du site de Sounda sur le fleuve Kouilou-Niar

Vue aériennes du site de Sounda sur le fleuve Kouilou-Niar

 

 

 

 

 

Pierre Bokanowski, représentant du gouvernement français, l’Abbé Fulbert Youlou, président de la République du Congo et Germain Bicoumat, ministre congolais des travaux publiques

Pierre Bokanowski, représentant du gouvernement français, l’Abbé Fulbert Youlou, président de la République du Congo et Germain Bicoumat, ministre congolais des travaux publiques

 

De son coté, le ministre des travaux publics de la République du Congo, M. Germain BICOUMAT présentant officiellement le site de Sounda révélait entre autre que :

 

« la découverte du fabuleux site de Sounda remonte depuis les années 1887-1888 par un français, l’ingénieur hydrographe Jacob, au cours des recherches d’itinéraire de la voie-ferrée qui devait relier la cote à Brazzaville. Son étude prévoyait déjà l’établissement d’un barrage devant permettre la navigabilité du fleuve Kouilou.

 

En 1898, la mission Marchand fit des reconnaissances dans le même but et, en 1952, à la demande du Territoire du Moyen-Congo, un avant projet d’ouvrage hydroélectriques fut établit pour les besoins éventuels de Pointe-Noire.

 

En 1954, à la suite de l’avant projet EDF décida d’entreprendre l’étude d’un barrage susceptible de fournir la totalité d’énergie evaluée à environ 7 milliards de Kwh/an. A partir de 1957, la route Pointe-Noire/Sounda commence à être réalisée avec quelques travaux préparatoires exécutés sur le site conformément aux études de détails minutieusement élaborées par le laboratoire national de Chatou en France, où la délégation gouvernementale du Congo conduite par le Vice-président de la République, Stéphane TCHITCHELLE découvrait avec émerveillement en Octobre 1960, la maquette du barrage de Sounda fidèlement reproduite avec tout son environnement et l’eau qui bouillonnait jusqu’à la projection cinématographique développant la mise en place, si délicate du batardeau, premier élément de la voute provisoire de retenue d’eau ».

 

A ce moment, le Congo ayant accédé à la souveraineté, l’Assemblée Nationale légifèrera le 20 Décembre 1960 sur le caractère d’utilité publique des travaux préliminaires d’aménagement du site de Sounda confiés à un consortium Franco-Allemand dans lequel faisait parti la société Forges et Ateliers du Creusot (Usine Schneider) chargé de réaliser les travaux préliminaires d’aménagement et de construction du barrage démarré grâce a un premier financement de la France, interrompu après la révolution.

 

Les tentatives de relance de ce projet, sur montage financier Sud-Africain, préconisé en son temps par le gouvernement du Président Pascal LISSOUBA s’étant une fois de plus soldés par un échec en 1997, va-t-on enfin espérer voir un jour la réalisation de ce projet ambitieux, afin de pallier au déficit énergétique criard constaté au Congo et dans la sous région ?

 

Par Wilfrid SATHOUD

 

sathoudwilfrid@yahoo.fr

 

 

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12 réponses à L’épopée du Barrage hydroélectrique de Sounda. Par Wilfrid SATHOUD

  1. TAATA N'DWENGA dit :

    L’abbé Fulbert Youlou et son gouvernement composé de ministres intelligents et compétents avaient compris que le développement du Congo passait par la réalisation du projet du barrage hydroélectrique de sounda. Malheureusement ces puissances occultes qui entretiennent la médiocrité de l’Afrique noire y ont vu un véritable danger de nature à voir un Congo véritablement indépendant. C’est là qu’il faut trouver une des causes majeures de la chute de l’abbé Fulbert YOULOU en août 1963. Depuis, le Congo ne connaît que des périodes sombres…….

    Le président Pascal Lissouba a voulu, à sa manière, contrer ces puissances occultes avec une part s’élevant à 33% de la part du Congo pour l’exploitation de son pétrole, malheureusement cela lui a coûté un coup d’Etat comme nous le savons…….

  2. Matière grise dit :

    Une maison quel qu’elle soit ne peut être construite sans socle, ni fondation et surtout sans structure architecturale – sinon, elle s’écroulera à court terme comme un château de cartes.

    Afrique, le Congo-Brazzaville, démocratisez les règles du jeu des pratiques juridiques, politiques, éducatives, socioéconomiques, culturelles, environnementales et sociétales – vous verrez vos sociétés se développer et entrer tout naturellement dans l’histoire l’humaine.

    Le Congo-Brazzaville post dictature Denis Sassou Nguesso a donc impérativement besoin des nouvelles règles de jeux politiques, économiques, sociales, culturelles, environnementales et des lois règlementant ainsi une nouvelle démocratie fédéraliste et décentralisée du Congo au 21è siècle.

    Objectifs !
    Restructurer l’état et son autorité,

    Restaurer le rang africain,

    Développer un état digne et respecté par la communauté africaine et internationale.

    Être un vrai pays émergent à l’horizon 2050 à 2084, c’est à dire  » maitre d’œuvre » d’au moins 40 à 50% des infrastructures, superstructures et ou des grands travaux – tel est selon moi la vraie définition de pays émergent.

    État d’esprit 2016 à 2050: éducation totale/valorisation matière grise/immigration choisie de main d’oeuvre qualité/recherche/développement/innovation/croissance économique/ grand marché africain et international.

  3. Pascal dit :

    Le barrage de SOUNDA, en tout actuellement ne devait souffrir d’aucune difficulté de réalisation. Notre pays, si l’on pouvait admettre qu’il lui manquait des moyens financiers pour trouver des partenaires disponibles pour achever le projet, aujourd’hui personne ne croire que le manque de financement soit le principal obstacle majeur, de ce projet. Supprimons simplement la municipalisation des régions de la LEKOUMOU et de la BOUENZA, prévues en 2014 et 2015, prenons ces milliards et investissons les dans ce projet; voilà une façon très simple de résoudre cette situation. En près de quarante années de règne SOUNDA n’a jamais été une préoccupation de M SASSOU car il n’entends livrer aux populations du Sud cet instrument indispensable pour la liberté d’entreprendre. Même avec la grande soeur ANTOU comme épouse, monsieur le président se défendra de céder sur ce plan, l’objectif étant de maintenir les sous le contrôle du pouvoir en les appauvrissant de plus bel.

  4. Ngampika dit :

    Bel exposé technique de Wilfrid Sathoud sur le barrage de Sounda. Merci beaucoup. Mais il faut le dire sans prendre de gants, la non réalisation de ce projet est due au tribalisme exacerbé qui gangrène l’esprit de monsieur Sassou et son clan. Ces mbochis sont des tribalistes invétérés. Ils ne gouvernent pas pour le pays, mais pour faire reculer le sud du pays. L’évocation de sounda lors de leur conférence, c’est encore pour distraire, et préparer le vol et le pillage du trésor public.

  5. Joseph dit :

    Bonne restitution historique, ça coupera l’herbe sous les pieds des manipulateurs de l’histoire de notre pays.

  6. MATETA NTELUMI dit :

    de 1960 à 1968 rien de Sounda, de 1992 à 1997 rien de Sounda, maintenant il faut arrêter la municipalisation du Nibolek et on va crier Sassou fait ça parce qu’il est Mbochi… de toutes les façons nous de la Bouenza nous voulons notre municipalisation. Que le sudiste qui viendra après Sassou vienne faire Sounda. Il ne peut pas tout faire…

  7. Brazzaville, (Congo-site)-Le responsable de la société sudafricaine Groupe de développement industriel (IDG), Mxolisi Mbetse a exprimé le 3 mai à Brazzaville, l’intention de sa société de financer et construire les Barrages hydroélectriques de Sounda (département de la Bouenza) et Kwembali (département des Plateaux).

    «Techniquement nous sommes prêts, nous avons déjà conclu quelques travaux. Je vais laisser la place à mes financiers. D’ici les mois de juin et juillet, vous allez constater plusieurs activités ici au Congo», a déclaré Mxolisi Mbetse au sortir d’une audience avec le ministre de l’énergie et de l’hydraulique Bruno Itoua.

    Le barrage hydroélectrique de Sounda aura une capacité de production de 1200 mégawatts. La construction de ce barrage fera du Congo, un pays exportateur de courant électrique. Il revient alors au Gouvernement congolais d’initier les documents liés à la mise en œuvre du projet.

    Par ailleurs, le ministre de l’énergie et de l’hydraulique s’est entretenu avec les responsables de la société chinoise Shanghai Electric. Les échanges ont porté sur la réalisation des projets tels la construction des micro-barrages et la réhabilitation du réseau électrique de Brazzaville et Pointe-Noire.

    Messilah Nzoussi

    Reseau publicitaire Africain

  8. Kouembali dit :

    (Agence Ecofin) – Les sociétés chinoises Golden Nest International Group et China Railway Group Limited ont signé un protocole d’accord avec Brazzaville en vue de la construction des barrages hydroélectriques de Sounda (Sud) et de Nkouémbali (Nord).

    Le ministre de l’énergie et de l’hydraulique Henri Ossébi (photo) a précisé que ce consortium se chargera également des études de faisabilité : « C’est à partir de ce protocole d’accord que les études de faisabilité pourraient être engagées, et dans un délai de 18 mois. Munis de ces études, nous devrions à ce moment-là, envisager avec ces mêmes partenaires la possibilité d’un financement très important », a-t-il déclaré.

    En écho, Cai Zemin, président de Chine Railway Group Limited, a déclaré être venu au Congo « pour discuter des possibilités de participer au développement de ce pays dans le domaine de l’énergie, de l’eau et de l’économie verte. »

  9. mahamoud dit :

    vous etes pour la plupart une vraie gangrene pour le congo des gens hyper negatif de vrais idiots d’africains vous etes un peuple nul et les pires tribalistes c’est bien vous et vous le savez

  10. Ngolo cyriaque dit :

    Vous le voyez tous L AFRIQUE est třes mal partie.parlez moi dimboulou. Je suis dorigine congolaise de BRAZZA bien sur en EUROPE centrále depuis 1985 jaime mon pays mais jl y a la peur en moi.PS mon clavier est tcheque

  11. romy dit :

    Juste un petit commentaire (ironique) : merci à Ngampika d’insulter les mbochis (dont je suis), comme si c’était une personne unique, responsable des tous les maux du Congo …

  12. ANDREA MANENET dit :

    II FAUDRAS BIEN OUVRIR LA PORTE A DES NOUVELLES IDEES POURQUE SELA VOILLENT LE JOUR

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