Le président français, Emmanuel Macron, parle à l’Afrique : décryptage de son entretien avec Jeune Afrique le 16 novembre à l’Elysée. (Par Lucien Pambou)

Pour une relation « décomplexée » entre l’Afrique et la France différente du réseau France/Afrique ?

            Au cours de son entretien avec les journalistes Benjamin Roger et Marwane Ben Yahmed de Jeune Afrique, le président Macron a abordé tous les sujets qui font consensus et dissensus entre la France et l’Afrique. Pour le président Macron la France et l’Afrique francophone c’est une histoire d’amour ancienne, née dès le 19ième siècle des relations brutales et violentes à cause de l’esclavage et du colonialisme. Le président Macron considère que les Français actuels en sont les héritiers mais pas les acteurs. Il opère une rupture sémantique subtile entre la France en tant que territoire et les Français actuels qui en sont membres, héritiers de cette histoire et non acteurs. Dont acte. Comment alors expliquer les nombreux hôtels particuliers à Bordeaux et à Nantes dont les propriétaires, héritiers actuels ou non, ont profité du commerce triangulaire et de leur fortune du commerce de l’ébène pour les bâtir. La subtilité politique a des limites.

Macron, un président subtil analytiquement, malgré les faits réels de l’histoire

            A cette histoire d’amour ancienne, il faut rajouter les rapports nouveaux/anciens avec l’Afrique anglophone, le Ghana, le Nigéria et on peut rajouter l’Afrique du sud. Le président Macron souhaite dépasser le réseau France/Afrique et installer des rapports africo-français dans une perspective beaucoup plus large. Il estime que la France/Afrique, c’est un autre temps avec un système réseautal qui a commencé à l’indépendance avec le Général De Gaulle et dont il ne pense pas être comptable. Sauf que la pratique politique dans l’Afrique francophone n’a pas beaucoup changé, le réseau France/Afrique continue d’exister, Les dirigeants de l’Afrique francophone ne veulent pas quitter le pouvoir et, au nom des pratiques dites démocratiques, ces dirigeants modifient les constitutions avec une France qui regarde ailleurs alors qu’on avait cru qu’avec l’arrivée d’un jeune Président français aux affaires, la pratique de la France/Afrique aurait disparu. Rien de tel. Le président Macron montre son impuissance, malgré la relation d’amour entre la France et l’Afrique. Les actuels dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir possèdent une carotte qui fait plier le cheval France, à savoir les intérêts économiques de la France sur le continent. La France est devenue une puissance déclinante. Elle est passée du troisième rang mondial à la 6ième place au sein des grandes Nations. Les dirigeants africains actuels le savent et, assez paradoxalement, font plier la France Goliath car eux sont les David suivant la métaphore biblique. Ce n’est pas toujours le plus fort, Goliath, qui l’emporte.

Le rôle du conseil président africain dans l’explication de texte du message du président Macron à l’Afrique

            Pour parler de l’Afrique, le président Macron s’est inspiré des recommandations du conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), un conglomérat d’intellectuels, d’artistes, d’écrivains, de penseurs, voire d’hommes d’affaire africains pour le conseiller sur ce qu’il faut dire à l’Afrique. Inutile de discuter sur les méthodes de recrutement des membres de ce conglomérat mais on comprend très bien et de façon subtile que, pour le président Macron, ce n’est pas la France qui parle à l’Afrique mais l’Afrique qui parle à l’Afrique grâce au CPA. Dont acte. Je laisse à chacun le soin de méditer cette stratégie politique. Le président Macron dit que les relations entre l’Afrique et la France ont changé. Plusieurs sujets ont été abordés (la référence mémorielle, les archives de l’assassinat de Thomas Sankara, la restitution des éléments appartenant au patrimoine des pays africains au Bénin, au Sénégal et à Madagascar, la fin du CFA, la lutte contre le terrorisme et le besoin d’un renouvellement générationnel sur la scène politique africaine, le rôle nauséabond joué par certains membres des oppositions africaines qui veulent accéder au pouvoir, comme Guillaume Soro de Côte d’Ivoire, et qui jouent un jeu dangereux en s’appuyant la Turquie, ainsi que le ressentiment anti français exacerbé par les membres de l’opposition, les élections en Côte d’Ivoire et en Guinée, la force Barkhane et la nécessité pour la France de construire des nouvelles relations avec l’Afrique).

            Sur tous ces sujets, le président Macron a apporté des réponses mais qui sont discutées et discutables car la stratégie gaullienne (dont Macron s’inspire) demeure pour l’Afrique : les intérêts français d’abord. Depuis le Général de Gaulle, rien n’a changé radicalement et rien ne changera dans les relations franco-africaines. Intelligemment, le président Macron élargit les relations de l’Afrique à celles que la France, au nom d’une géopolitique globale, va étendre à l’Afrique anglophone, plus dynamique, plus travailleuse et mieux organisée que l’Afrique francophone. D’ailleurs le président Macron va se rendre bientôt en Angola (lusophone) et en Afrique du Sud (anglophone et néerlandophone). Au mois de mai 2021 aura lieu en France la traditionnelle réunion France/Afrique au cours de laquelle seront invités les chefs d’État mais on mettra surtout en lumière les jeunes générations productives africaines sur tous les plans, économique, culturel, sportif voire politique. L’Afrique reste toujours dépendante de la France au nom de l’histoire d’amour. Les Africains, comme d’habitude résignés et spectateur du monde qui change et qui bouge, ne veulent pas stratégiquement mettre en compétition la relation d’amour de la France avec les autres Nations commerçantes du globe. Les Africains se contentent de peu et, au nom de la langue et des relations financières avec la France, acceptent tout. Le président Macron en opérant ainsi envoie le signal très fort aux anciens dirigeants politiques en Afrique que la jeunesse est un atout. Sera-t-il entendu ? Wait and see.

Par Lucien Pambou

« La France a une part d’Afrique en elle. Nos destins sont liés. » Entretien du Président Emmanuel Macron avec Jeune Afrique

Diffusé le 22 novembre 2020, par www.congo-liberty.org

Comment la France maintient les « démocraties tropicales » africaines francophones sous son influence, avec la complicité des élites politiques africaines

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12 réponses à Le président français, Emmanuel Macron, parle à l’Afrique : décryptage de son entretien avec Jeune Afrique le 16 novembre à l’Elysée. (Par Lucien Pambou)

  1. Val de Nantes dit :

    De la flûte à destination des aveugles des pays de son précarré africain ,la France n’en bougera pas d’un iota .Les intérêts économiques obligent .
    C’est aux africains de penser par eux mêmes pour la résolution définitive de leurs problématiques de développement économique ….
    Couper le cordon clientéliste avec ces dictateurs débiles sera un signal fort à l’endroit de la jeunesse africaine …
    Toutefois , le Congo se doit de prendre un virage audacieux et prétentieux pour acter une posture indépendante dans la construction des institutions qui ne copient nullement celles pensées par les Français pour la France …
    L’immixtion du président dans la gestion politique des pays africains montre l’aspect tutélaire qu’elle exerce sur ces pays ..
    Qu’il en dise un mot des pays du Maghreb et vous y verrez flotter la fibre patriotique de ces derniers …

  2. Jean OKOMBA dit :

    Un dictateur peut il accorder la liberté, la justice, la paix le bien être à ceux et celles qu’il a longtemps considéré comme ses sujets? D’Après l’expérience que nous tenons de l’histoire, les dictateurs n’ont jamais ou presque proposé à leurs sujets « motu proprio » le bonheur tant attendu ou espéré. Donc d’un dictateur on ne peut s’attendre à rien de bon, si ce n’est la misère, la pauvrété, la chicotte, la violence etc. Ainsi pour faire taire un dictateur, les peuples sont tenus de prendre l’initiative car le dictateur qui jouit du pouvoir sur le malheur de ses sujets n’a vraiment pas envie de partir et leur accorder la liberté. C’est vraiment pas possible! Sassou Nguesso, Paul Biya, Ali Bongo, Obiang Nguema, Ouattara Alfa Conde, Deby etc sont autant des dictateurs installés au pouvoir et qui ne veulent pas partir, mais continuent à faire souffrir leurs peuples. Si Mobutu, Compaoré et recemment encore IBK sont partis, c’est parceque les peuples de ces pays ont pris l’initiative de braver ces nevrosés. Ce qui est aisé de comprendre que le dictateur se plie lorsque la force du peuple se dechaine contre lui. Autrement dit lorsque les rapports de force changent de coté. Les peuples qui, raisonnablement s’entendent sur la base de l’intéret commun sont capables de mettre fin à tout système inique. Ce que ne peut pas faire les petits peuples marqués par l’instinct du tribalisme et encore moins le dictateur qui a instauré ce système inique pour bien marcher sur ses sujets. Ce qui est dit ici pour le dictateur vaut aussi de la meme manière des rapports injustes qui existent entre la France qui a subtilement instauré un système injuste pour perpétuer la colonisation en sous main et l’Afrique noire francophone.Les africaines subshariens peuvent ils aujourd’hui penser que la France va leur accorder la liberté de jouir et gerer les matières premières de leur pays comme ils veulent?Le comportement de la France vis a vis des peuples d’afrique noire francophone est identique à celui du dictateur vis a vis de ses sujets. Ainsi l’initiative revient donc aux peuples d’Afrique francophone de modifier les rapports de force à leur faveur.Autrement, la france malgré le discours de tel ou tel autre president ne sera mème pas le premier pas vers la normalisation. Les esclaves l’ont compris et ont brisé les chaines. C’est ce que les africains vont devoir à l’unisson faire s’ils veulent vraiment jouir de leur pays et de leur vie. la France ne le fera pas par initiative propre l’Afrique lui sert de vache à lait tel un sangsue collé à la chair du personne.

  3. Jean OKOMBA dit :

    d’une personne

  4. Samba dia Moupata dit :

    Cher Pambou , certes depuis De Gaulle ,rien n’a changer c’est une évidence la France préfère un idiot comme Sassou , qui n’a jamais gagné une élection . Mais le rapport du FMI parle de la cessation d’activités qui est pire que la faillite de l’économie congolaise , les retraités ont 28 mois d’arriérés de pensions , les 3/4 de la jeunesse n’a jamais travaillés et vivent dans l’extrême pauvreté . IL faut préparer les congolais à la révolte , pour chasser les barbares Mbochis .

  5. Val de Nantes dit :

    Les présidents africains sont la cause première des souffrances de leurs peuples .
    Confondant les finances publiques et les finances privées ,ils en viennent à privatiser les trésors publics ..
    Cette race surannée des dirigeants est hors sol et disqualifiée dans la gestion optimale de la gouvernance publique .
    Regardez le mic – mac politique qui se déroule entre Fatschi et Kabila pour comprendre la nullité de cette fonction pour laquelle ils se battent ,en dépit des résultats sortis des urnes …
    Peu importent les raisons qui sous entendent cette diarchie au sommet de l’Etat ,il n’en reste pas moins que le pays vit en apnée .
    Les africains , abusés de l’impéritie présidentielle , n’en restent pas moins demandeurs d’une anomalie institutionnelle qui les précipite dans les tartares ..
    Ce n’est plus l’architecture instutionnelle qui se dérégle ,mais ce sont ceux qui les conçoivent ,qui deviennent des criminels en col blanc …
    Si je suis fumeur et j’en connais les conséquences sur la santé ,l’exercice de la raison me commandera que j’y mette fin ….
    Vous avez des dictateurs instutionnels ,l’usage de la raison voudrait que l’on s’en défasse …
    Une littérature infinie sur la bêtise de cette présidenfolie vire à l’indigestion .

  6. Val de Nantes dit :

    Ces présidents africains sont des  » tanguys  » de la politique africaine . Voilà , des personnes élues ,qui ne veulent pas quitter le giron colonial ,qui reste ,pour eux , le lieu de diversion des peuples qui les ont élus ….
    La France n’a aucune difficulté à piller les richesses africaines ,il lui suffit de contacter le sous préfet africain ,élu clientéliste ,par excellence ..
    Chasser cette maldonne institutionnelle et vous recouvrez la totalité de conscience patriotique pour engager des véritables réformes politiques et économiques dont ces pays ont lourdement besoin .
    Ces cartes géographiques pensées sur le mode colonial doivent se grimer en cartes économiques ..C’est l’une des premières innovations politiques à connotation purement économique ….car l’objectif que s’assigne un pays ,c’est de nourrir ses citoyens au moyen de l’utilisation de sôn intellect …
    C’est notre propre intelligence qui peut défier la misère qui nous côtoie au quotidien …
    Nous savons ce dont nous souffrons .Le manque d’exploitation économique de toutes les régions de notre pays ,en est la première explication ..Et non la nécessité de planter au sommet du pays un connard pétri des affects négatifs .
    Le Congo doit aller vers plus d’économie que vers le renforcement de la « libido dominatio  » de certains de nos compatriotes ..
    Mettre sur le curseur national sur le choix d’un futur président de la république , c’est faire l’apologie de la folie congolaise qui contrarie celle d’Erasmus ..

  7. Isidore AYA TONGA 100% Intérêt général dit :

    NIONGOLOGIE AU CONGO DE NGUESSO: LE DÉFAUT DE PAIEMENT EST PLUS QUE D’ACTUALITÉ, LES EXPERTS SONT UNANIMES SUR LA QUESTION… LA DÉVALUATION DU FRANC CFA GUETTE LA CEMAC… PAUVRE CONGO !!!

    LE MALHEUR DU CONGO-BRAZZA PEUT EN CACHER UN AUTRE: LA DÉVALUATION DU FRANCS CFA GUETTE LA CEMAC: https://www.youtube.com/watch?v=_pwVG2u-93Y

  8. Jean de Dieu Etoumbakoundou dit :

    Isidore Aya Tonga, il me semble que ce que vous devez demander à Sassou Nguesso c’est de faire le bilan. Il est au pouvoir depuis presque quatre decennies. Au lieu de chercher à briguer illégalement d’autres mandatures, le temps est venue pour lui de faire un bilan sans complaisance et laisser au génerations futures les possibilités de transfermer et modermiser le pays. En Europe la classe politique est tenue actuellement par des responsables politiques nés dans les années 60, 70 et 80, sassou est assez vieux pour ne rien comprendre ce qui peut s’afficher sur la toile, le tweeter, etc . La liste des départs ouverte Ebaka et Ibarra Denis l’an dernier ensuite par Moudileno Massengo en janvier 2020, suivi de Yombi Opango en mars puis de Bokamba Yangouma en mai , de Pascal Lissouba en Aout et maintenant par André Hombessa hier seulement continuera à s’allonger et le nom de sassou nguesso denis y sera s’inscrit aussi dans un avenir très proche. Pour dire que au bord de la mort dejà sassou nguesso devrait se preoccuper de faire le bilan que de discutez ou de chercher à tuer les congolais pour briguer des mandats infructeux. Voilà cher Tonga Aya, ce qu ‘il faut exiger du vieux dictateur installé par les français au congo brazzaville en 1997.

  9. Isidore AYA TONGA 100% Intérêt général dit :

    @Jean de Dieu Etoumbakoundou

    NON COMMENT ET GROSS VALIDATION

  10. Val de Nantes dit :

    Reconnaissons quand même ,à notre compatriote @Pambou le mérite de montrer de façon récurrente , les méfaits du régime présidentiel en Afrique et notamment au Congo où il est de rigueur depuis notre insipide indépendance .
    En matière de pédagogie sur la mordibité des présidents africains ,on ne pouvait demander lieux .Dont acte .
    C’est une contribution intellectuelle à la volonté de faire sortir nos compatriotes bloqués dans la caverne présidentielle ..
    Je lui sais gré d’entreprendre un processus larvé de démolition méthodique de ce monstre installé au sommet de l’Etat ..
    D’un mal peut advenir un bien . Cet article ,dans sa forme critique ,en est un .
    Voilà , donc un compatriote qui ramène de la lumière à ceux de nos autres compatriotes qui demeurent privés de raison du fait du « sema ,prison en grec ,où ils contemplent les mirages présidentiels ..
    Croire en l’élection présidentielle ,c’est s’abonner à l’asile des ignorants ..
    Les Américains ont changé de présidents ,ce n’est pas pour autant que la situation des pauvres va changer …
    Miroir ,mon beau miroir !!!.

  11. Val de Nantes dit :

    Lire ,,on ne peut demander mieux .
    En prison ,en grec d’où ils contemplent …

  12. Lucien Pambou dit :

    ALORS CEUX QUI PENSAIENT QUE PAMBOU ETAIT FOU AVEC SA THEORIE DU

    RESEAU , ON DIT QUOI? COMME DISENT MES AMIS IVOIRIENS

    CECI EST VOLONTAIREMENT ECRIT EN MAJUSCULE POUR MONTRER LE RIDICULE ANALYTIQUE DE LA DIASPORA CONCERNANT LES SUJETS DU CONTINENT AFRICAIN

    BONNE REFLEXION ET BONNE MEDITATION

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