Le juridisme du petit procureur de la République en carton Oko Ngakala

Oko Ngakala, le kirikou de la république

Quand il n’est pas dans son parquet, Oko Ngakala, connu pour ses excès et ses approximations s’adonne à des errements qui font frémir les praticiens du droit.

Dans une vidéo de quatre minutes et trente secondes qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, Oko Ngakala se met en scène avec deux criminels présumés pour reconstituer un crime qu’ils auraient commis sur leur patron australo-italien.

Cette séquence déconcertante est sans intérêt dans la mesure où elle n’entre dans aucun cadre légal et ne correspond pas à la pratique de la reconstitution en droit pénal. En procédant ainsi, Oko Ngakala, procureur de la République, n’est pas dans son rôle.

Les criminels présumés

La reconstitution d’une scène de crime est un acte d’enquête décidé par le juge d’instruction. Elle consiste à reprendre toutes les actions commises sur la scène de crime avec les personnes présentes. Elle se fait sous la direction du juge d’instruction et non du Procureur de la République.

Lorsque tout le monde est présent sur les lieux, le juge d’instruction, et non le Procureur de la République, va demander aux mis en examen de rejouer les faits tels qu’ils se sont déroulés selon eux. L’idée est que chacun donne sa version de ce qui s’est passé. Le greffier, garant de la procédure, note toutes les indications données par les mis en examen.

De plus, une reconstitution se prépare et ne se fait pas sous les yeux des caméras et des badauds, comme le montre cette vidéo. Une reconstitution s’appuie sur la mise à disposition des lieux dans l’état le plus proche de celui correspondant aux faits instruits. Cela justifie de sécuriser les lieux (interruption de la circulation, définition du périmètre de sécurité, protection physique des acteurs susceptibles d’être menacés ou placés en situation périlleuse).

Malheureusement, les cavalcades d’Oko Ngakala à travers cette vidéo sont aux antipodes du principe de la reconstitution en droit pénal et contribuent à ridiculiser notre pays. Cette mise en scène n’a rien à voir avec le droit, si ce n’est que pour faire le buzz, amuser la galerie, chercher à obtenir les faveurs de Mpila et à impressionner les profanes.

Le Congo-Brazzaville du dictateur Sassou Denis est le premier pays au monde à confier au Procureur de la République la reconstitution d’un crime.

Le rôle du Procureur Oko Ngakala est de faire procéder à tous les actes nécessaires à la recherche et à la poursuite des infractions à la loi pénale. A cette fin, le Procureur de la République dirige l’activité des officiers et des agents de la police judiciaire dans le ressort de son tribunal. Oko Ngakala le sait-il ?

A aucun moment le Procureur de la République ne se substitue au juge d’instruction pour procéder à la reconstitution d’un crime ou d’un délit.

Si cette entorse interpelle les praticiens du droit, elle est banale dans le système PCT. Tout est sens dessus-dessous dans le royaume de Sassou Denis. L’anormal devient normal. Tous les repères sont brouillés.

A force d’encourager la médiocrité, l’innommable et la bêtise, le Congo-Brazzaville, jadis fleuron de l’excellence s’enfonce dans le ridicule et est la risée du monde.

Comment se fait-il que les Avocats congolais ne réagissent pas à cette endorse au droit ?

Allons seulement !!!

Olivier MOUEBARA

Diffusé le 20 novembre 2022, par www.congo-liberty.org

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5 réponses à Le juridisme du petit procureur de la République en carton Oko Ngakala

  1. Samba dia Moupata dit :

    Ces images me font penser à l’émission que présentait Georges Imbana Keba na Caméra , dont le producteur et le concepteur était Sassou Dénis. Ça prouve que ce dernier est constant dans sa médiocrité ! Le pire ce sont ces juristes Mbochi comme Auguste Iloki ou Okiemi qui sont humiliées ! Quand un pseudo gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

  2. Val de Nantes dit :

    Le ngakalisme est un juridisme distractif Mbochi. Quand la justice obéit à une saute d’humeur ethnique , c’est tout le Congo Brazzaville qui déglingue..
    La servitude juridique se connait en tant que système de dissuasion politique et sociale… C’est une parodie de justice empruntant les allures d’un film de western où le shérif passe pour être le juge suprême de sa cour taillée à sa courte taille.

  3. KEBA NA CAMERA EZONGUI LISUSU dit :

    Nous sommes revenus à l’heure de Keba na caméra de George Embana comme le rappelle Samba dia Moupata.
    A l’époque , Me Julienne Ondziele avait dénoncé cette emission où George Embana, griot et journaliste de Sassou, extorquait des aveux et condamnait des prévenus sans jugement aucun à la télévision nationale, dans l’enceinte du commissariat central de Brazzaville, tous les dimanches soir, avant le journal de 20h00.
    Tout ce cirque pour montrer que la Justice de Sassou Dénis travaille pendant que nous savons tous que le criminel en chef dans ce pays est le bourreau d’Oyo.

  4. Delbar dit :

    J’ai rencontré ce personnage en 2012 lorsqu’il était juge d’instruction lors du premier Procès du colonel Ntsourou.
    Il était incompétent, inconsistant et de mauvaise foi.
    Lors des interrogatoires, c’était le colonel qui menait les discussions et à plusieurs reprises, il lui a cloué le bec.
    Il commettait des erreurs de procédure mais la cour d’appel qui était aux ordres le couvrait systématiquement.
    Je ne suis donc pas du tout étonné de ses dernières déclarations.
    Quant au barreau de Brazzaville, il a été complètement muselé et le risque de se rebeller, c’est la prison.
    De toute façon, dans une dictature, il n’y a plus de juges, ni de procureurs ou d’avocats.
    Il n’y a que des marionnettes.

  5. christian Biango dit :

    Mon cher olivier, parler de procédure pénale dans un système dictatorial sanguinaire putschiste, relève de l’exercice sadomasochiste quand-même!

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