Le Congo-Brazzaville au bord de l’abime.

C’est l’ode à la révolte.  

De drame en drame notre pays se dirige tout droit vers un trou noir d’une immensité effrayante. Il est temps que retentisse la sonnette d’alarme avant que nous soyons tous engloutis dans un gouffre très profond. Même dans ces périodes de difficultés restons vigilants pour ne pas léguer aux générations futures si cela n’est déjà fait, un pays complètement délabré.  

Un autre drame est passé inaperçu ou pas suffisamment relayé durant cette mascarade de campagne présidentielle de mars 2021. Il s’agit du discours pathétique, ahurissant de Monsieur Sassou-Nguesso au sujet de nos produits alimentaires et des antivaleurs dont il faut se débarrasser dans le fleuve Congo. Du Président sortant, nous attendions qu’il évoque des sujets cruciaux à savoir, la situation économique du pays, l’état de la dette, les 48 mesures imposées par le FMI (Fonds monétaire internationale), l’insécurité grandissante, le problème des retraites et des bourses, la gestion de la Covid-19, etc., pour ne citer que ceux-là tant la liste est longue dans un pays dévasté par une corruption endémique.  

Cette tirade venue de nulle part est inappropriée et sans rapport avec ce qu’attend le peuple congolais qui vit dans une misère matérielle, culturelle et intellectuelle depuis longtemps. Réduire la politique congolaise en de telles constatations à ce moment privilégié qui était censé être la rencontre d’un homme et le peuple est consternant.  Nous avons tous été abasourdis par de tels propos de celui-là même qui dans les années 80, nous avait promis l’autosuffisance alimentaire d’ici l’an 2000. Pire encore pendant la guerre du 05 juin 1997, il avait mandaté ses sbires pour détruire tous arbres fruitiers dans le Pool, ce qui s’est de nouveau produit en 2016 lors de la crise post-électorale.   

Mais anesthésiés que nous sommes depuis toujours par ces inepties, personne d’entre nous n’a osé le relever. Le marqueur de la décence dans la politique congolaise est descendu si bas, au point que nous y sommes maintenant associés. Quand le fou du Roi de la Françafrique devient Empereur, le peuple danse.  

Monsieur Sassou Nguesso et son clan font justement partie au Congo-Brazzaville de ces antivaleurs dont il a lui-même indiqué la destination qui pour une fois est la bonne. L’on ne peut se moquer de façon permanente de son peuple. Il lui revient donc d’en fixer les limites.  

Cette saillie politique de mauvais goût, cette sortie politique malheureuse qui se moque du peuple Congolais marque la scissure complète entre les dirigeants du Congo-Brazzaville qui vivent dans des bulles artificielles et le peuple congolais qui trime et qui vit la dure réalité d’un pays en crise multidimensionnelle sans repère ni boussole.  

Le Congo-Brazzaville est un pays accaparé par les Universitaires. Ces derniers ont du mal à adapter leur savoir et leur savoir-faire aux réalités, car pour certains pris délibérément en otage par le système. Le leur faire savoir est du ressort des intellectuels qui sont devenus une espèce menacée d’atteinte à la sureté de l’État et donc de prison en cas d’analyses déplaisantes vis-à-vis de ce pouvoir dictatorial. Nous comprenons que certains intellectuels congolais vivant encore au Congo-Brazzaville craignent pour leur vie dans ce contexte. Le PCT (Parti congolais du travail), parti-État comme du temps de Mobutu avec le MPR (Mouvement populaire de la révolution), ne supporte pas la moindre critique à son égard, bien qu’étant à l’origine de ce désastre que nous vivons tous. Tout ceci se fait avec la complicité bienveillante des hommes en armes qui terrorisent la population au lieu de la protéger. Cette force publique devenue le repaire de toutes les racailles au service d’un seul clan. La raison a depuis longtemps déserté ce corps de métier qui brille plus dans le cadre de la répression que du maintien de l’ordre républicain et de la défense de l’intégrité territoriale.  

Notre pays est sur une nappe de pétrole, c’est le cas de le dire. La moindre étincelle l’embrasera et le résultat sera pire que ce que nous vivons actuellement. Les signaux faibles sont déjà perçus. Le vrombissement de la contestation perçu de loin, venant des étudiants de l’Université Marien Ngouabi, lieu de formation de nos futures élites, doit être pris en compte. Nos enfants ne sont plus en phase avec les dirigeants congolais et réclament ouvertement et sans ambages le départ de ce monsieur qui cristallise sur sa seule personne la haine de tout un pays. Difficile d’y voir un complot car cette convergence de point de vue entre nos jeunes et les anciens doit être un acte à mettre sur le compte du ras le bol et de la défiance du pouvoir en place. Le voit-il ?  

Comme des borgnes, la classe politique congolaise au pouvoir continue de marcher dans la vallée de l’ombre guidée par un aveugle. Le sort du pays est en train de se jouer maintenant plus qu’auparavant car nous avons atteint les profondeurs abjectes de l’indicible. Le plus difficile continue à se poursuivre pour le peuple congolais qui n’a plus rien à attendre de ce régime et de ses maintes promesses non tenues, sans oublier cette mascarade électorale funèbre et funeste marquée par un autre drame.  

Ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Pour agir, nul besoin d’attendre la prestation de serment d’un homme qui n’en respecte aucun et brave tout le peuple avec la complicité de ses soudards recyclés en gardiens du temple de l’Empire Sassou Nguesso. Les Généraux, la myriade des Colonels ne sont que des hommes de paille là où ils doivent être des hommes d’honneur au service du peuple congolais et de la nation. Ils ont préféré la traitrise au patriotisme. C’est là où le bât blesse. Le ver est dans le fruit, d’où la nécessité de l’extirper si nous ne voulons plus que la contamination s’étende au-delà.  

Nos incantations n’y changeront rien si le peuple congolais en victime consentante se complait dans sa misère en vivant quotidiennement à côté des poubelles dont il hume les senteurs de la désolation.  

L’heure de la révolte a sonné et le ton a été donné par la dernière contestation estudiantine, notre vivier d’hommes et de femmes intègres non rompus aux arcanes du pouvoir et notre lueur d’espoir qui sonne la fin de la récréation. Cette jeunesse craint encore une fois d’être sacrifiée comme les précédentes, de vivre au jour le jour un avenir incertain sans espoir d’un lendemain meilleur. Le bonheur ne vaut que lorsqu’il est partagé. Mais au Congo-Brazzaville c’est la misère qui est le fardeau le plus communément partagé. Allons-nous continuer à l’accepter ?  

Le changement que nous attendons de nos vœux ne va pas uniquement consister à changer cette classe dirigeante par une autre, les jeunes par des vieux, changement criard de la continuité et non du renouvellement. Notre changement est celui du renversement des valeurs universellement partagées. Celle de l’injustice qui gangrène notre pays par la justice. La Cour des courtisans qui porte bien son nom au Congo-Brazzaville est celle de la Cour constitutionnelle qui dit le droit coutumier. L’immoralité par la morale dans notre société. Le pouvoir politique dans son bon fonctionnement doit se contenter du respect des cadres préalablement définis dans lesquels toutes les Congolaises et les Congolais se retrouvent pour exercer pleinement leurs droits civiques ; Nous avons dit la Constitution.    

Dans une dictature comme le Congo-Brazzaville et ils feignent de le reconnaitre, il n’y a pas de Constitution mais la volonté du dictateur devenu Empereur. Tout ce qui s’y passe est irrationnel. La malhonnêteté prime sur l’intégrité. L’impunité que s’arroge le maître de céans et par ricochet sa famille et ses courtisans n’est que la pointe de l’iceberg de tous ces dysfonctionnements que l’on retrouve dans notre pays. Tous les scandales sulfureux des proches notamment financiers sont maladroitement cachés et classés sans suite pour la concorde familiale. La corruption endémique prive nos populations surtout les plus démunies de leur dû au profit des princes. Dans toutes ces conditions, le vivre ensemble devient suffocant voire impossible.  

Après ce cinéma électoral de mauvais goût, la vie reprend son cours dans la dictature du Congo-Brazzaville avec la nomination des Ambassadeurs, première récompense des courtisans, supposés porter la parole inaudible du Congo-Brazzaville diluée depuis fort longtemps dans les arcanes infréquentables de la Françafrique qui rime avec corruption et exploitation des populations africaines francophones. A-t-il été nommé par les officines du PCT à la tête de l’État congolais pour cela ? Nous en revenant au fait que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette douloureuse marche dans la souffrance vers l’inconnue n’a pas encore livré tous ses secrets. Dans le même temps, à la première averse notre peuple vit dans des eaux sales et boueuses des inondations qui détruisent le peu des biens en leur possession et achève le peu d’espoir d’une vie meilleure sur la terre des Hommes. Ces images de nos compatriotes extrêmement pauvres qui quémandent en des pareilles circonstances l’aide des autorités politiques doivent nous interpeller.  

Au lieu de subir l’histoire, il est temps que le peuple congolais la fasse et l’écrive afin de l’arrimer à celles des nations civilisées.  

Ô Congo-Brazzaville, que d’injustices faites en ton nom !  

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA  

Diffusé le 15 avril 2021, par www.congo-liberty.org

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2 réponses à Le Congo-Brazzaville au bord de l’abime.

  1. Val de nantes . dit :

    @fragin AIMEE
    Nous sommes dans l’abîme .Au bord ,ce serait trop indulgent . Le CONGO vit en apnée et ses jours semblent comptés au rythme des effets de la covid sur un malade sous respiration . Que le médecin débranche pour faire constater la finitude congolaise .Les tarots sont bien cuits ,il ne reste qu’à en manger .
    Voilà comment on assiste à la victoire de l’échec scolaire sur la réussite scolaire . Un pays qui marche à rebours des valeurs qui fondent une nation prospère .

  2. Samba dia Moupata dit :

    cher Patrice c’est toujours un plaisir de te lire , Le congo est déjà mort et nous assistons à l’état Mbochi qui s’éteint faute de finances ! Encore cette semaine toute une administration entièrement Mbochi s’est élevée (La CREF) contre le non payement des salaires . Visiblement ces agents ne savent parler ni lari ou le kitoumba , leurs revendication s’est faites en lingala et un Français moyen . Me dit-on c’est la grogne aussi à la garde mbochi du criminel Sassou (DGSP) . Comme quoi cette barbarie Mbochi ne survivra pas sans argent .

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