Le Cardinal Sarah archevêque émérite de Conakry, le Président Valery Giscard d’Estaing et le Cardinal Emile Biayenda

Par Hervé Zebrowski

A la fin des années 70, le président Valery Giscard d’Estaing décidait de nommer mon père Ian Zebrowski (1926- 2016), alors administrateur de la France d’Outre-mer, ambassadeur de France. Ce lien particulier, fait d’estime et de confiance entre le président de la République française et mon père, me conduisait à adresser au président Valery Giscard d’Estaing, en 2009, le livre que j’avais publié cette année-là : Les assassins du Cardinal, terreur sur Brazzaville. Dans ce livre en effet, j’informais déjà le lecteur des circonstances exactes de l’assassinat du cardinal Emile Biayenda, enterré vivant, dans une nuit de mars 1977, au cimetière d’Itatolo,  à Brazzaville.

En 1977, rappelons-le,  Valery Giscard d’Estaing est Président de la République française.

 Le 14 janvier 2010, quelques semaines après avoir envoyé cet ouvrage, quelle ne fut pas ma surprise de recevoir une lettre chaleureuse de Valery Giscard d’Estaing lui-même. Cette lettre comportait alors deux informations très importantes pour moi : l’une en forme de confirmation des tragédies au Congo Brazzaville que j’évoquais dans cet ouvrage : « Je prendrai connaissance avec beaucoup d’intérêt des vérités que vous nous révélez… » L’autre information m’informait des engagements précis qui étaient ceux du président de la République Française auprès de l’Eglise catholique qui est en Afrique en cette année 1977 : « j’avais eu moi-même, comme vous vous en souvenez peut-être, à intervenir pour que l’évêque de Conakry ne connaisse pas un sort tragique. J’ai été heureux d’obtenir à l’époque sa libération et son retour à la vie pastorale. » Par cette phrase, le président Valery Giscard d’Estaing nous rappelait qu’en cette année 1977, monseigneur Raymond Marie Tchidimbo, alors archevêque de Conakry, se trouvait depuis huit ans dans les geôles de Sekou-Touré.

Le président Valery Giscard d’Estaing obtint la libération de l’archevêque de Conakry le 7 août 1979. Expulsé sur Monravia, il put rejoindre Rome. C’est de Rome qu’avec le pape Jean Paul II, monseigneur Raymond Marie Tchidimbo,  put nommer archevêque de Conakry  un jeune prêtre, âgé de 34 ans, le père Robert Sarah qui devint  ainsi l’un des plus jeunes évêques du monde. Le 20 novembre 2010, le pape Benoît XVI créa cardinal monseigneur Robert Sarah.

On peut ainsi affirmer que par le sauvetage de monseigneur Raymond Marie Tchidimbo, le président Valery Giscard d’Estaing a joué un grand rôle dans l’histoire de la nomination de cette personnalité éminente de l’Eglise catholique qui est en Afrique. Ne doutons pas que le cardinal Sarah, aujourd’hui au Vatican, porte dans sa prière notre cardinal Emile Biayenda, ce martyr de la Foi à Brazzaville dont la béatification bien silencieuse, lente et prudente est en cours.

Lors de la prière que fit Jean Paul II sur sa tombe en 1980, Emile Biayenda fut déclaré Vénérable par le saint Père lui-même, dès cette année-là. Comment se peut-il que le 4 août 2020, à Ars , en France, le cardinal Parolin ait oublié cette première consécration de Jean Paul II dans le processus de béatification du cardinal Biayenda ? Le cardinal Parolin avait-il besoin de re- proclamer ce que Jean Paul II avait proclamé Urbi et Orbi de Brazzaville sur la tombe du cardinal Emile Biiayenda ? Ces manœuvres dilatoires d’une Eglise au visage défigurée, comme l’a dit Benoît XVI au jour de son

renoncement, ont lourdement participé aux tragédies qu’a  connues le Congo Brazzaville depuis 1977.

Ce 28 septembre 2020, quelles ne furent pas ma surprise et mon émotion de recevoir dans ma boîte aux lettres ce courrier émanant de l’Académie française et provenant du président Valery Giscard d’Estaing. Ce courrier concerne mon dernier ouvrage Lumière sur Brazzaville, voyage au cœur d’une thanatocratie, publié en 2017 aux éditions L’Harmattan.

J’ai décidé de publier cette lettre dans Congo-Liberty car je pense qu’un tel courrier se doit d’être partagé avec tous les Congolais.

 Existe-t-il en effet un plus grand témoin  des ombres de l’histoire de la France-Afrique que le président Valery Giscard d’Estaing ? Dans cette lettre le président Giscard d’Estaing nous encourage : « Oui, il est bon d’expliquer ce qu’est devenu ce pays, de rappeler les massacres de 1997 et le martyre d’innombrables innocents, d’immortaliser la mémoire du cardinal Emile Biayenda … » Je partage cet encouragement avec tous mes compagnons de la résistance congolaise , tous mes amis de l’ombre, niés, moqués, méprisés par tous les grands médias de la presse française, au premier rang duquel je mets le journal français le plus emblématique, propriété de la famille Pigasse. Ces grandes voix de la France chrétienne et républicaine ne disent rien de la spécificité criminelle du régime de Brazzaville dont elles n’ignorent rien cependant. Elles se contentent de ressasser les sempiternels refrains des biens mal acquis.

Cette lettre que nous adresse le président de la République française de 1977, année du martyre du cardinal Biayenda, nous est envoyée de l’Académie française où Valery Giscard d’Estaing, académicien depuis 2003, occupe le fauteuil numéro 16, succédant ainsi dans ce même fauteuil numéro 16 au Président Léopold Sédar Senghor rappelé par le Père en décembre 2001.

En 1946, le président Léopold Sédar Senghor épousait Ginette Eboué, la fille du grand gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, Félix Eboué. Félix Eboué, premier compagnon de la Libération du Général de Gaulle, Français d’origine guyanaise, descendant d’esclaves.

 En cette année 1946, le président Léopold Sédar Senghor, se trouve être, à l’Ecole nationale de la France d’Outre-Mer, le professeur de culture africaine de mon père alors tout jeune élève dans cette grande école d’administration située  avenue de l’Observatoire à Paris dont s’inspireront les fondateurs de l’ENA l’année suivante.

Comme Valery Giscard d’Estaing mon père est né en 1926. Valery Giscard d’Estaing avait, lui, participé à la libération de Paris et avait suivi la deuxième division blindée du Général Leclerc jusqu’en Autriche. Mon père, quant à lui, bachelier à l ‘âge de 16 ans comme le président Valery Giscard d’Estaing, s’était engagé au lycée Henri IV, en classe préparatoire (Khâgne) dans un groupe de Résistants du mouvement Témoignage chrétien. Prévenu d’une descente de la Gestapo, il put rejoindre avec un camarade un maquis en Bretagne, le maquis de Coat Mallouen d’où il participa à la libération de la ville de Lorient. Dans ce groupe de maquisards, mon père était le seul résistant parlant allemand. C’est ainsi qu’il fut choisi pour servir d’interprète le jour où la base navale de la marine allemande déposa les armes. Mon père avait choisi de s’engager dans ce métier d’administrateur de la France d’Outre-Mer pour participer à la grande aventure de la décolonisation annoncée par le Général de Gaulle dans son discours de Brazzaville.

Par Hervé Zebrowski

Diffusé le 19 octobre 2020, par www.congo-liberty.org

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4 réponses à Le Cardinal Sarah archevêque émérite de Conakry, le Président Valery Giscard d’Estaing et le Cardinal Emile Biayenda

  1. Abbé Luc Itoua Ngambolo (Historien) dit :

    La décolonisation a donné lieu à la françafrique, de sorte que Biayenda est assassiné après la colonisation, pendant la françafrique assassine et pillarde des richesses africaine en 1977.
    Pour tout dire, cette publication n’a pas d’ojectif clair. Il s’agit d’un melange émotif des problèmes de la colonisation française, des assassinats au Congo et des souvenirs
    familiaux de l’auteur.
    Nous prions pour que vienne le jour où l’Etat Français sera jugé et condamné par une cour spéciale africaine, 100% composée par et pour les africains: que Nzambi exhausse notre demande.

  2. Jean de Dieu Etoumbakoundou dit :

    Si la Gestapo a éte un organe criminel qui a semé la terreur dans l’ex URSS et ailleurs dans le monde, la « NGUESSOTAPO » est une association de malfaiteurs, de voleurs et autres escrots de tout acabit et mutirecidiviste en crimes de sang et de fonds publics dans le but de maintenir au pouvoir celui là que la chiraquie a placé à la tête du Congo et qui ne jouit d’aucune légitimité populaire. Je n’soe même pas citer tant le mal qu’il a fait à notre pays est quasiment irréparable,

  3. Val de Nantes dit :

    @JEAN DE DIEU .E.
    Méga validation .
    Notre pays est tout simplement victime d’un complot international .Son invisibilité tant humaine et géographique échappe aux radars du peuple français dont l’Etat se comporte en véritable soutien actif aux dictateurs au rang desquels le tyran exotique assis sur les barils de pétrole Nvili .
    Cette unique source de richesses du pays est un handicap pour la libération totale du pays des mains de ces vautours qui tournent autour de cette ressource .
    L’une des conditions est de désambiguiser notre affirmation d’indépendance sur le plan diplomatique en diversifiant notre économie fondée sur l’exploitation de toutes les ressources dont disposent nos régions .
    Comment nous en sommes arrivés à transformer le paradis en enfer ?
    Le CONGO, dont les ressources naturelles sont géométriquement supérieures aux ressources humaines , en est toujours à l’état primitif de son développement ?
    Nous avons l’occasion d’inverser l’injonction misérabiliste de MALTHUS ,selon laquelle : » Les ressources naturelles progressaient moins que les ressources humaines « :
    Il se trouve qu’au CONGO,les richesses inexploitées sont largement supérieurs aux besoins potentiels pouvant être exprimés par cette population moins nombreuse .
    Au lieu de chercher dans la cave congolaise un éventuel président post Sassou ,il serait intelligent de prioriser une réflexion économique qui arracherait le pays au ridicule existentiel qu’il subit depuis des lustres .
    Il n’ya que l’économie qui pourrait sauver notre pays et non la quête effrénée d’un démiurge voleur au sommet du pays …
    De nos jours , il parait invraisemblable pour un peuple de croire en un BISMARK congolais .
    Où en sont les peuples ivoiriens , rdcéens ,gabonais , tchadiens etc ,tous ont en commun une croyance pathologique dans la fonction présidentielle .Les progrès économiques sont nihilistes ,sauf les comptes de leurs pseudo -dirigeants .
    D’où ma sempiternelle aversion pour cette fonction qui n’en est pas une .Nous avons là ,l’illustration officielle d’une auto- escroquerie organisée légalement par des peuples ignorants de l’enténèbrement institutionnel qui leur est imposé .
    NB: l’ignorant ,c’est celui qui admire le doigt du sage ,alors que ce dernier pointe le ciel .Telle est la situation infantilisante du congolais aliéné qui attendrait tout du président de la république au lieu de résoudre sa problématique souffreteuse au moyen de son » noûs  » en grec , en latin « logos  » .
    Quand un pauvre donne le pouvoir politique à un autre , il en résulte une démultiplication de la pauvreté .Avec SASSOU ,nous y sommes .
    La métaphore du chien agrippé sur son os en est un bon exemple . Le chien est possédé par la possession famélique de son os .Tel SASSOU au sujet de son pouvoir mielleux .
    Sassou , en possédant maladivement le pouvoir ,il est possédé par le pouvoir dont il ne contrôle plus les conséquences .
    Quand PLAUTE avait théorisé : » la nature humaine est méchante « , et extrapolé par THOMAS hobbes  » l’homme est un loup pour l’homme « ,cela relève de la nature anthropologique de l’homme .
    L’homme étant mauvais de nature a voulu se protéger des injustices ,et des brutalités du plus fort sous la férule de l’Etat .
    Mais quel Etat ?
    Le peuple congolais ressemble à ce serpent qui fuit la pluie pour plonger dans la rivière .
    NB: il va nous falloir trouver la forme d’Etat qui nous préserve de la méchanceté humaine .

  4. Val de Nantes dit :

    LIRE : sont largement supérieures aux besoins potentiels ..
    La bêtise congolaise se résume à l’attrait de l’enfumage spirituel ,au point de fouiner un pape à la place d’un président de la république au cas où ce dernier ne répondrait pas à leurs attentes presque séculaires .
    Non ,comme dirait PLATON  » la vérité n’est pas de ce monde  » .Pour les congolais ,traumatisés par tant des présidenfolies ,la vérité n’est pas dans le magnétisme présidentiel ,mais dans l’idée transcendante ,c’est à dire supérieure à la doxa verbiale que se racontent les congolais au quotidien …
    C’est Confucius ,le penseur antique chinois ,qui disait pour créer une cité juste « il faut partir des efforts de soi  » c’est à dire que chaque congolais doit absolument s’interroger sur lui même pour trouver le chemin du bonheur .
    Ce n’est pas l’autre qui créera votre bonheur ,car l’autre n’est rien d’autre que vous .
    La conscience de soi est une pensée propre au sujet qui s’interroge ; elle est intransférable .
    EXPLICATION /
    Si je tiens à devenir riche en marchant sur des valeurs humaines ,je produis des inégalités qui impacteront immanquablement bon nombre citoyens de cette cité .
    La juste cité, au sens philosophique ,c’est celle où chaque congolais se doit de trouver sa place dans notre cosmogonie (Congo ) au prorata de ces prédispositions naturelles .
    Et surtout d’éviter l’hubris (orgueil) qui va à rebours d’une cité harmonieuse .
    Car l’orgueil d’un congolais advient le plus souvent des faveurs tirées de notre Etat corrompu .
    Citez – moi un congolais de BRAZZA ORGEUILLEUX , si ce dernier n’a pas les mains dans le cambouis de la politique affairiste installée par SASSOU ?
    Nb : il n’y a pas meilleure discipline que celle qu’on s’inflige soi même …
    Si vous avez tendance à confier les rênes du pays à un divin ,c’est que vous n’êtes pas disciplinés .
    C’est exactement ce que veut dire Confucius .
    Qu’attendre d’un président de la république au CONGO BRAZZA ?.
    Entre une idée féerique qui nous ferait passer de la misère sociale au balbutiement d’un bonheur collectif et la pathologie narcissique de la fonction présidentielle dévoyée , à vous de choisir .

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