L’AVEUGLEMENT D’UN POUVOIR AUX ABOIS , par Jean Claude Beri

« L’incompétence inadmissible de ce gouvernement a fait reculer le Congo de plusieurs années en arrière, le peuple exige sans condition sa démission. » JCB

L’immoralité, l’indécence, la perversion, l’irresponsabilité, on peut autant étendre la liste des qualificatifs qui mettent aujourd’hui le gouvernement congolais devant le banc des accusés. Du vol et disparition injustifiés des dons à l’ endroit des sinistrés, à l’insupportable attitude inhumaine qui consiste à déplacer, dissimuler ou encore enterrer « dans des fosses communes » certains corps suscitent l’incompréhension des milliers de Congolais. De même, les uns se retrouvent avec des jetons remis par les services de la morgue reconnaissant leurs statuts de victimes sont surpris d’être  à plusieurs revendiquant un même décès. D’autres n’apportent aucune preuve de perte humaine ou matérielle sont recensés pour bénéficier l’allocation de 3.000 000 F CFA. Le goût des affaires morbides, immorales et la corruption ont envenimé la structure étatique congolaise et prend le dessus sur les notions de solidarité, d’humanité. Cette catastrophe innommable est entrain de virer vers une sorte d’eldorado pour certains politiques et personnalités du Clan pour se tailler une âme de bienfaiteur aux mains sanguinolentes sur le dos des centaines de morts innocents. Voilà l’odieuse image qu’offre l’actuel gouvernement aux yeux de la communauté internationale.

Les autorités Congolaises avaient été averties sur l’état de délabrement des dépôts d’armes et de munitions

En 2007, l’ONG britannique Mag, préposée au déminage du site de Mpila suite aux explosions du 4 mars 2012, avait remis – après les guerres contre les civils de 1997-1998 et le prétendu ramassage des armes – un rapport aux autorités congolaises sur les dépôts d’armes au Congo. Voici ce qu’on pouvait y lire :

« La plupart des armes et des munitions non explosées qui ont été saisies, avec succès, sont entreposées dans et autour des dépôts militaires dans les zones très peuplées et dans des conditions de sécurité quasi inexistantes. Les armes et les munitions non protégées donnent la possibilité aux milices de pouvoir de se réarmer dans l’éventualité d’un nouveau conflit dans le pays. En outre, elles pourraient en encourager le commerce illégal avec les cinq pays frontaliers du Congo. De plus, du fait des mauvaises conditions de stockage, les risques d’incendie ou d’explosion des entrepôts des munitions sont importants. Cela s’est déjà produit à plusieurs reprises dans le pays, causant la mort et blessant de nombreux civils, bien après la première détonation ».

Il paraît que cela fait deux ans, en 2009 ou en 2010, Sassou, la conscience tranquille, avait prévu de délocaliser les dépôts d’armes loin de la ville. Visiblement il le prévoit toujours…

A la découverte de ces agissements, la douleur, la frustration et la colère gagnent certains Congolais. D’autres sont simplement submergés par l’incompréhension devant ce qui, sans avoir peur des mots, est une exploitation honteuse et ignoble de la souffrance des uns pour en faire le bonheur des autres. Alors que l’émotion de tout un pays est encore grande et surtout à la hauteur de l’état de choc dans lequel toute la population congolaise est encore plongée, des actes et des scènes inimaginables viennent aggraver une peine déjà lourde à surmonter. Certains dons offerts par la communauté internationale et les compatriotes congolais généreux se retrouvent sur les étals des marchés ambulants de Brazzaville. Quant aux médicaments, ils passent de mains en mains des revendeurs à la sauvette.

Les cris de désespoir des milliers des sinistrés qui nous parviennent des sites recensés (marché Nkombo, cathédrale…) procurent aux Congolais un goût amer. Il est insupportable de constater que le gouvernement ferme les yeux devant ces actes ignobles et écœurants qui fragilisent encore plus les personnes déjà dépourvues d’un minimum de survie. La gestion des sites des sinistrés est désastreuse. Aux dernières nouvelles, nous venons d’être informés que ce gouvernement cynique, odieux et incompétent vient de confier aux gendarmes la gestion de l’ensemble des sites de Brazzaville. Il revient à présent au général Victor Moigny, commandant en second de la gendarmerie nationale, de sécuriser et de mettre de l’ordre dans la gestion désastreuse de l’ensemble des sites de Brazzaville.

Par contre, les visites des ministres et autres membres du clan sont présentées avec un retentissement absurde, ignoble tant le ridicule de leur apport est loin des attentes des sinistrés. Les associations affiliées au Chef de l’état se partagent la part belle pour manifester un dévouement déshonorant devant la situation quasi chaotique des personnes visitées. Le regard bienveillant de la presse à la solde du pouvoir multiplie les commentaires insensés pour marquer leur complaisance et une soumission aveugle à un gouvernement qui a lamentablement failli. D’aucuns trouvent là un moyen de redorer leur image ternie par l’étendue de leur incompétence. Que cela ne trompe personne, cette tempête médiatique ne vise qu’à faire l’impasse sur les causes réelles de la catastrophe mais surtout l’enquête impartiale que le peuple Congolais réclame à vive et haute voix. Pire, l’hypothèse de ce gouvernement cynique, odieux et incompétent du court-circuit est battue en brèche par tous les spécialistes militaires et les experts internationaux.

Reprendre coûte que coûte le contrôle de l’armée

La catastrophe du 4 mars 2012 est une pilule indigeste qui passe très mal dans les rangs des militaires congolais. L’armée congolaise est présentée comme une institution des inconscients et des affairistes. Ce qui est un affront que beaucoup d’officiers veulent absolument laver. Le désaveu entre certains officiers du haut commandement et les troupes est consommé.

Devant cette réalité dangereuse pour le pouvoir en place, des missions obscures à l’étranger de certains généraux et Colonels diligentés par le clan des généraux au pouvoir se démènent depuis une semaine pour se réapprovisionner en arme de guerre. Pendant ce temps, certains officiers sont placés sous surveillance sous des mobiles fallacieuses de « sécurité intérieure ». Ce qui était au dire du Ministre de la défense comme étant qu’un incident dû à un « court-circuit » est entrain de se transformer en une opération de nettoyage des militaires qui ne seraient pas du goût des généraux au pouvoir.

Alors que l’enquête n’est qu’à ces débuts, des pseudos coupables sont déjà désignés pour les présenter en pâture au peuple. Que des officiers, des sous-officiers, des fusibles comme on dit dans le jargon populaire. Qui ignore que cette caserne était l’endroit le plus protégé du Congo et que cette protection était assurée par des hommes de confiance du clan ? Qui ignore que les généraux du pouvoir avaient placé chacun leurs éléments dans cette caserne pour mieux peser sur l’échiquier du pouvoir dont ils se disputent le contrôle ? Pourquoi la piste du « court-circuit » tant vantée par le ministre délégué à la défense a-t-elle été si vite abandonnée sans une explication ?

En toute évidence, les balbutiements, les contre-vérités, les arrestations arbitraires, les intimidations, les condamnations sans jugement refont surface prouvant aux yeux de la communauté internationale que le gouvernement utilise les moyens autres que ceux qu’exige le droit.

Les familles des officiers et sous officiers arrêtés à la va vite ne bénéficient pas du droit de visite leur permettant de communiquer avec leurs proches. Non seulement ces actions sont contraires à la constitution mais sont aussi un déni de rechercher la vérité. Qui peut nous dire pourquoi ces officiers et sous-officiers sont entendus et probablement subissent des tortures ?

Sommes-nous entrain de basculer de nouveau dans les manipulations militaires dignes de la ngouabisation, biayendadisation, kayayisation, katalisation, ces opérations barbouzardes et scabreuses ayant coûté la vie du Président Marien Ngouabli, le cardinal Biayenda, Kibouala Nkaya.

Que ces généreux au pouvoir se trompent, car le peuple congolais même meurtri n’a pas la mémoire courte. Il s’en souvient que sa jeune démocratie à été torturée dès le 5 juin, assassinée et enterrée le 15 octobre 1997 suite au coup d’État qui a ramené au pouvoir l’actuel Président Denis Sassou Nguesso. Les vainqueurs de cette triste guerre ont transformé leur victoire militaire en une victoire politique en 2002 à la suite d’une mascarade électorale boudée par les Congolais. Mais cette victoire sur le peuple est continuellement contestée à l’occasion des échéances pseudo-démocratiques de 2002, 2007 et très récemment de 2009. Ce qui confirme que notre démocratie est bâillonnée par un parti qui tente d’imposer son hégémonie par des voies autre que démocratiques. D’où leur acharnement à vouloir stocker un armement aussi puissant pour conserver le pouvoir qu’il ne pourra jamais gagner par les urnes.

La course effrénée à la confiscation du pouvoir politique par un clan met aujourd’hui en lumière le grand écart qui existe entre les généraux au pouvoir et le peuple. Tous les ingrédients d’une dictature militaire sont de nouveau réuni pour faire du Congo, un pays sous contrôle. Les médias sont muselés, les libertés d’expressions sanctionnées, les intimidations et les surveillances militaires et policières sont de nouveau à l’ordre du jour. La mauvaise gouvernance, l’incompétence et la traitrise se monnayent par l’achat du silence des milliers de sinistrés laissés à l’abandon, des familles désœuvrées à la recherche d’un parent disparu. Ce gouvernement des généraux corrompus, véreux, inhumain offre une paix des pleurs à son peuple. En traumatisant ainsi son peuple ce dernier croit se mettre à l’abri de la colère populaire, c’est juste une tempête dans un verre d’eau. La paix d’un peuple ne monnaie pas ni encore moins l’humiliation d’une armée sous l’autel des intérêts partisans. Le président Marien Ngouabi ne disait-il pas « J’avance, nous avançons ensemble, je m’arrête, nous nous arrêtons, je recule, vous m’abattez. » L’incompétence inadmissible de ce gouvernement a fait reculer le Congo de plusieurs années en arrière, le peuple exige sans condition des changements à tous les niveaux de l’Etat et pourquoi pas sa démission.

 

Jean-Claude BERI

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