La réélection de Sassou III a brisé des rêves et rendu schizophrène les papys de l’opposition congolaise.

Le dictionnaire médical définit la schizophrénie comme étant une psychose caractérisée par une dissociation des fonctions psychiques affectives, intellectuelles et psychomotrices, une rupture du contact avec la réalité, un repli sur soi-même, une tendance à s’enfermer dans un monde intérieur et, pouvant mener à une démence.

Depuis la réélection de Sassou III, ces symptômes sont observables à l’oeil nu chez beaucoup d’opposants congolais au pays et dans la diaspora. Nombreux ont perdu le sens de la réalité et ne voient plus claires politiquement, elle semble briser beaucoup de rêves chez des opposants proches de la retraite cette réélection et ; à vrai dire, chaque jour, ils sortent leurs calculatrices, se posent et se reposent la même question : « à la fin du nouveau septennat de l’homme d’Oyo quel âge aurai je ? ». La réponse à cette question fait descendre l’obscurité et la schizophrénie sur leur tête.

Le poids de l’âge, la peur de mourir en exil et le souci de ne rien laisser aux enfants, rendent nombreux très tristes et, beaucoup commencent même à parler tout seul dans les rues et pleurer sous la couette la nuit, en se disant : combien y a-t-il d’opposants qui sont repartis travaillé auprès de Sassou Nguesso, qui ont du pain en abondance, moi je meurs de faim en exil ! Je me lèverai demain, m’en irai vers Mpila et lui dirai : Monsieur le président, j’avais suivi aveuglement les leaders de l’opposition en 1997, je vous ai trahi, je ne suis plus digne d’être votre serviteur ; pardonnez-moi monsieur le président, je ne veux plus recommencer. Je ferai tout pour ramener vers vous le reste des vrais opposants qui aboient sur la place de Paris pour que vous puissiez régner à jamais en terre Congolaise. De toute façon, un homme politique sans tache, cela n’existe pas au Congo, du moins cela ne s’est jamais vu, répèterai je devant lui ; d’ailleurs, c’est avec la logique machiavélique de la terreur que régna Pascal Lissouba et l’UPDS.

Monsieur SASSOU NGUESSO qui n’attend que cela, se réjouit et, se comporte toujours en bon chef de famille après ce genre de discours et donne des injonctions à ses ministres : « donnez à notre frère qui vient de très loin un poste et une grosse enveloppe pour faire face à ses petits soucis. Il s’était égaré et, aujourd’hui, il est revenu à la raison » ; devenu un homme ayant perdu la raison d’être opposant au régime autocratique et dictatorial, l’opposant d’hier reprend en choeur et sans gêne la chanson du rassemblement de la majorité présidentielle à défaut de dire à ses ex-compagnons restés dans la vraie opposition qu’il ne souhaite plus parler politique du pays et va même parfois jusqu’à qualifier d’ennemi du peuple ceux de l’opposition qui osent encore critiquer le pouvoir de Brazzaville.

Les congolais sans distinction se rendent compte aujourd’hui, plus de 50 ans après que seul les « matsouanistes-corbeaux » ont lutté et luttent encore pour un idéal dans notre pays. Les autres, ils luttent pour leurs ventres « le boukoutage », pour l’argent et pour les privilèges. Ce genre de comportement ternit l’image de l’opposition à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il y a un désenchantement dans l’opposition, inutile de le cacher. La confusion est venue des leaders de l’opposition et de leurs états-majors de premières heures. Comme eux, de plus en plus de leurs partisans ont suivi la voie, laissant paraître une grande déception chez les Congolais. L’UPPADS, le MCDDI, le RDD, L’UDR-MWINDA, RDPS et le FPOC ont donné le signal de la volte face, en entraînant dans leur sillage des centaines des cadres de leurs partis entre les mains du dictateur de Brazzaville et, leur fidélité à lui est devenue totale. Ils affirment sans scrupule aujourd’hui : « C’est grâce à Sassou Nguesso que les Congolais semblent avoir tout pour être heureux ! », oubliant les disparus du beach, le génocide dans le sud du Congo, l’abrogation unilatérale de la constitution issue du consensus de la conférence nationale par Sassou Nguesso et le coup d’état contre le régime de Lissouba.

Le coeur opérationnel de l’opposition congolaise c’est la diaspora congolaise de France, mais cette dernière est très divisée, peine à rassembler, à mobiliser les congolais et à sensibiliser l’opinion européenne sur la crise congolaise. Une chose est sûre, s’il y a des élections demain au Congo, nous risquerons de revivre les mêmes choses. Il manque un travail d’opposition à la fois aux pays et au sein de la diaspora. Nous devons regarder la réalité en face, la peur d’affronter politiquement Sassou Nguesso s’est installée, à cause du manque de courage politique des leaders de l’opposition. Ils n’ont pas fait grand bruit quand Sassou Nguesso a écrasé le Pool, tuer dans la Bouenza, le Niari et la Lékoumou.

Pour terminer, nous devons éviter tout comportement politique qui entrave le fonctionnement normal de l’opposition, car cela pèse lourdement sur la vie des congolais, sur la démocratie, sur la paix et sur les libertés. D’ailleurs, les congolais ne veulent plus de cette race d’homme politique parce qu’elle est dangereuse pour l’unité nationale, pour la paix, pour les libertés, pour la démocratie et pour l’avenir du pays. La crise politico-institutionnelle se prolonge et s’aggrave à la vitesse de la lumière. Après treize ans de gouvernance Sassou, le pays s’est complètement dégradé. Nous sommes arrivés à l’aube d’une étape fatidique, celle ou le pouvoir (Sassou Nguesso) ne pourra plus dire, c’est la faute de l’opposition et l’opposition, c’est la faute du pouvoir (Sassou Nguesso) ; les deux sont présentés comme différents, mais en fait, ils sont identiques ou très similaires : c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Il y a trop des dégâts dans le pays, nous devons nous asseoir pour parler, parce que : « Il y a une espèce de honte d’être heureux à la vue de certaines misères » Jean de la Bruyère. Nos stratégies communes à tous pour assurer le relèvement du Congo présentent des nombreuses lacunes.

Par Brice Nkéoua

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