La crise intellectuelle au Congo-Brazzaville…

L’antienne « Biens mal acquis » a suscité et suscite toujours, commentaires, indignations, interprétations à la fois fallacieuses, erronées et complaisantes en faveur du pouvoir de Brazzaville par des seconds couteaux. Nul besoin pour nous de commenter à nouveau l’arrêt de la chambre criminelle de la cour de cassation, daté du 9 novembre dernier. Toutefois, l’ire du pouvoir congolais met en lumière la crise intellectuelle que traverse notre pays depuis des décennies. Aussi, deux réflexions s’imposent:

La première laisse indubitablement penser que le rôle des universitaires est d’éclairer l’opinion par la qualité de ses réflexions sur une question aussi majeure. Si nos universitaires ne se taisent pas, ils sont complaisants. Ils contribuent à l’abaissement du pays. Ressusciter les vieux slogans hérités du marxisme-léninisme, faire continuellement de la propagande sur la radio et la télévision publiques, donner du grain à moudre au pouvoir actuel, refuser d’entendre un son de cloche différent, prouve à suffisance que la séparation des pouvoirs est loin d’être un chemin d’avenir, mais plutôt un chemin de croix. Pis, voir nos universitaires formés en France et ailleurs voler au secours de ceux qui ont condamné notre pays aux hasardeux Programmes d’Ajustements Structurels, et fait de lui le pays le plus endetté au monde per capita, ne nous étonne pas sur la place qu’occupe notre université en Afrique. Le message envoyé est néfaste pour les générations actuelles longtemps sacrifiées et à venir. En substance, « rien ne doit changer tant qu’on se nourrit sur la bête », et après nous le « chaos ».

Or, depuis des décennies, le Congo connaît une faillite généralisée. Notre pays est en recul sur tous les fronts: économique, social, aussi bien que culturel et politique. La régression est attestée sur tous les plans et dans tous les secteurs de la vie sociale y compris au plan intellectuel et moral.

Toute analyse actuelle des problèmes congolais, ou tout programme d’aide au développement, qui ne mettrait pas au centre l’HOMME, qui n’amènerait pas les congolais à réfléchir aux causes profondes de la crise intellectuelle qui les affectent et à porter un regard sur eux-mêmes, présente pour les congolais un danger réel aux conséquences imprévisibles parce que de nature à endormir la conscience nationale et à masquer l’urgence des questions prioritaires.

La seconde réflexion est de constater la mauvaise foi avec la quelle l’arrêt de la chambre criminelle de la cour de cassation sur les « Biens mal acquis » a été détourné pour plaire au Prince. Qu’ya t-il de répréhensible, qu’une O.N.G, Transparence Internationale France, demande aux dirigeants congolais en l’occurrence de mettre un terme à la corruption, au détournement des deniers publics, et l’appauvrissement de leur population? N’est-ce pas un retour aux fondamentaux des pères des indépendances africaines? Quelle trace nos dirigeants laisseront-ils dans l’Histoire? L’intelligence aurait voulu qu’une telle gageure qui tranche avec la Françafrique soit soutenue. Si la politique est une affaire de vocation, force est de constater que la classe politique congolaise ne sert aucun idéal, mais plutôt son propre intérêt.

Il faut persévérer plus que jamais dans la lutte. La lutte contre les fossoyeurs du Congo n’aura de sens que si elle aboutit à une meilleure répartition de ses richesses.

 

Alexis BOUZIMBOU

Cercle de réflexion pour des idées nouvelles

www.congo-liberty.org

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