Notre histoire, au Moyen-Congo, régulièrement falsifiée, tronquée, a trop souvent fait la part belle au révisionnisme et à la falsification pour qu’on se souvienne qu’il y eut dans notre pays, un appel lancé le 17 Août 1945, à Pointe-Noire.
Cette date aussi importante que méconnue des historiens et des Congolais, marque tout simplement le point de départ du processus d’émancipation au Congo-Brazzaville. Initié par un Collectif de compatriotes composé d’une cinquantaine de personnes, il comprenait :
- Des ouvriers, des artisans, des manœuvres, des évolués (terme désignant des Africains ou des Asiatiques sous la colonisation ayant atteint un certain niveau d’instruction) .
Ce sont ces derniers au nombre de (5) cinq qui furent les figures emblématiques de ce Collectif :
- Alphonse TCHTEMBO, alias Steimbault, fonctionnaire des SAF (Service administratif et financier)
- Martial SAUTAT, fonctionnaire des SAF
- Georges PAMBOU, fonctionnaire des SAF
- Stéphane TCHITCHELLE, adjoint au chef de gare de Pointe-Noire au Chemin de fer Congo-Océan (CFCO)
- Joseph POUABOU, fonctionnaire au service forestier.
Sous la houlette de Joseph POUABOU, ils prirent conscience de la nécessité de se réunir et de discuter entre Juillet et Août 1945, afin de se trouver un représentant pour les élections législatives promises par le général de Gaulle en 1944, lors de la conférence de Brazzaville.
Dans une correspondance datée du 17 Août 1945 rédigée par Joseph POUABOU, ils portèrent leur choix sur Mapako Hervé GNALI, leur aîné, comptable et fondé de pouvoir à la Société Industrielle et Agricole du Niari (SIAN).
Qui est Joseph POUABOU ?
Joseph POUABOU, naît à Pointe-Noire, le 12 Mai 1919. Après son certificat d’étude primaire indigène, il commence à travailler dans l’administration à l’âge de 15 ans, en 1934. Volontaire, ayant une soif inextinguible de connaissance, il prépare seul de 1946 à 1952 le baccalauréat de l’enseignement secondaire tout en continuant à faire face à ses obligations
professionnelles. D’abord au service forestier, ensuite dans l’administration générale, jusqu’en 1959, date à partir de laquelle, il exerce la profession de magistrat, ensuite de substitut du procureur, puis Juge d’instruction.
Reçu à la seconde partie du baccalauréat à l’âge de 33 ans, il prépare dans les mêmes conditions, la licence en droit entre 1954 et 1957. Puis, il achève son cursus académique de 1956 à 1958 par la préparation du diplôme de spécialisation dans la fonction judiciaire, délivré par l’école nationale de la France d’Outre-Mer (ENFOM).
Joseph POUABOU a exercé des responsabilités importantes pour le pays. Il a assumé notamment celles de président du conseil d’administration de la Banque Nationale pour le Développement (BNDC) de 1959 jusqu’au 30 janvier 1961, date à laquelle il fut appelé à remplacer monsieur Maurage à la direction du cabinet du président Fulbert YOULOU, avant d’être nommé à la présidence de la Cour Suprême le 20 avril 1962.
La révolution des 13-14-15 Août 1963 qui porta au pouvoir le président Alphonse Massamba-Débat instaura un régime d’obédience socialiste. Ayant pourtant suscité beaucoup d’espoirs à son avènement par une frange importante de la population, cette Révolution finit par semer la terreur, incarnée par la Jeunesse du Mouvement National de la Révolution (JMNR) , milice composée de séides à la solde du pouvoir, dont le niveau de brutalité atteint son paroxysme avec l’assassinat de trois personnalités de premier plan.
En effet, Lazare MATSOKOTA, Procureur général de la république, Anselme MASSOUEME, Directeur de l’Agence Congolaise d’Information et Joseph POUABOU, Président de la Cour Suprême furent enlevés et sauvagement assassinés nuitamment, le 15 février 1965. La dépouille de Joseph POUABOU n’a jamais été retrouvée, et cette date est taboue dans l’histoire du Congo-Brazzaville. Elle marque le début de la criminalité politique dans notre pays.
Ancien membre du parti progressiste congolais de Jean Félix-TCHICAYA, dont il assura la direction de campagne en 1945, Joseph POUABOU était soumis au devoir de réserve depuis sa nomination au poste de magistrat en 1959. Il conservait ses convictions politiques bien que ne militant plus.
En 1963, soit deux ans avant son crapuleux assassinat, il rédigea un texte à la fois profond et prémonitoire qui résumait sa pensée politique. Celui-ci a aujourd’hui valeur de testament et permet de comprendre, in fine, pourquoi il fut lâchement enlevé et assassiné, dans la plus grande indifférence, le 15 février 1965.
Alphonse MASSAMBA-DEBAT était Président de la République, Léon ANGOR, Président de l’Assemblée nationale, Pascal LISSOUBA, Premier Ministre, Germain BICOUMAT, Ministre de l’Intérieur et Ambroise NOUMAZALAYE, Secrétaire général du Parti-Etat Mouvement National de la Révolution (MNR)…et à ce titre, ils sont collectivement responsables de ce triple assassinat pour n’avoir pas assurer la protection de ces trois hauts fonctionnaires de l’État !
Sa pensée politique que nous examinerons dans la 2e partie de notre publication se résume en (3) trois principaux axes :
-l’action politique
-l’action économique
-l’action sociale.
Lionel GNALI
Diffusé le 09 septembre 2021, par www.congo-liberty.org
@ Lionel Gnali
Merci de cet éclairage, nécessaire pour beaucoup d’entre nous.
Mais une mise au point – tout aussi nécessaire – s’impose.
Tous les noms cités dans la « partie gras » du texte étaient (ou sont) responsables de ces crapuleux assassinats. Certes. Ils etaient tous de gérants du pouvoir. Mais à la lumiere des choses, depuis 1965, des faits plus moins constants disent long sur la CRIMINALITE dans la vie et le jeu politiques du Congo.
Toute personne de bonne foi douterait que tous ces noms et personnes etaient tous impliqués dans ces assassinats.
Sans me masquer derriere les mots, on connait qui dans ce pays a un gout irréprehensible et presque habituel des effusions de sang des autres. Le general Jean Marie Mokoko l’a clairement « indiqué » dans sa « celèbre video parisienne. »
Oh oh !!! au fait, connaissez-vous les lieux où ont été retrouvés les dépouilles des Massamba Debat, Emile Biayenda, Franklin Boukaka, Ange Diawara, Kinganga, … ?
Si vous le savez, dites-le nous !
Circulez !!!!
Merci
Vu le parcours funeste de Sassou Dénis , a mon humble avis , ce dernier doit nous dire que faisait -il le 15 Février 1965 . Parce que les assassinat plus disparition des dépouilles c’est la spécialité de Sassou Dénis. Souvenons de Ya Luc Kibouala Nkaya , le président Massamba Débat ou encore les disparus du Beach .
LIONEL GNALI @remâche la doxa collective d’alors , qui faisait reposer la responsabilité de leurs disparitions sur ces noms cités .
Peut -être responsables , pas coupables dixit tantine Georgina Duffoi . L’HISTOIRE des disparitions des corps des hommes politiques brillants est une spécialité dont on découvre ,de nos jours , quels sont ceux qui en ont fait leur mode d’accès au pouvoir .
En sommes -nous sortis ? . non .
Comment allons nous résoudre cette énigme qui émaille la vie politique contemporaine ,si les affects qui en paraissent les causes demeurent toujours ?
Bravo Mr Lionel pour un texte vraiment révélateur d’un certain nombre des faits qui autrefois étaient ignorés par la plus grande partie du peuple congolais. Mais, essayons de mettre une petite gomme là où vous avez dit que Massamba-Débat, Lissouba et autres… sont collectivement responsables de ce triple assassinat pour n’avoir pas assurer la protection de ces trois hauts fonctionnaires de l’État !
Mr Lionel, Massamba-Débat pouvait être interrogé aujourd’hui, s’il était encore envie bien sûr, et ne pas connaître réellement l’intégralité des faits qui s’étaient passés. Ceci pour ainsi dire que, le commanditaire des coups fourrés était ou agissait depuis fort longtemps dans l’anonymat. Et aujourd’hui sa folie est arrivée à son comble. Mais ce qui est vrai, c’est sous le régime de Massamba-Débat que les assassinats politiques avaient commencé. Et cela doit être réparé par celui qui incarne l’Etat aujourd’hui!
Monsieur Ndalla Claude Ernest, encore en vie, n’aura peut-être plus 50 années à vivre ici sur terre. C’est peut-être le moment pour lui de se libérer ce cette lourde vérité qu’il porte dans son coeur depuis plus de 50 ans maintenant.
Oui, nous disons que Ndalla Claude devrait se decharger et dire la verité sur ces crimes crapuleux de 1965, et même les autres crimes qui ont cadencé et cadencent encore la vie politique congolaise.
En 1965, comme le souligne l’article de Gnali, les sieurs Noumazalaye Ambroise, et Ndalla Claude, Mberi Martin, Loundou, … étaient les « meneurs-tenors » et dirigeants du MNR (Mouvement National de la Revolution, l’ancêtre du PCT.)
Les verités sur les assassinats des 3 messieurs cités etaient connues par ces noms de nos « fiers soviets » cités ci-dessus.
Mettre sur le dos de Massamba Debat et de Lissouba Pascal la culpabilité de ces morts étaient le l’objectif même initial de l’opération bien planifiée par les jeunes soviets revolutionaires. Chose bien reussie car les deux furent écartés du pouvoir : l’un en 1965 (remplacé – comme par hasard par Noumazalaye) et l’autre en 1967 par Ngouabi, ce qui fut alors l’aboutissement final du plan.
Des jeunes, pourtant envoyés (par le Congo) en Europe/URSS dans le but d’aller se former pour venir contribuer à construire leur pays, mais hélas partis pour se divaguer et revenus pour plonger le Cogno dans les abimes infinies du CRIME, de la PAUVRETE, de la CORRUPTION, et du VICE SANS FIN. …
Nous avons commencé ce commentaire en disant que Ndalla Claude, avant de mourir, devrait se decharger et dire enfin la verité qu’il connait, trop bien même, sur ces evenements. Et se sentir LIBRE !
Noumazalaye Ambroise est mort, coeur endurci et acteur proéminent du CRIME dans la politique au Congo, mort avec sa part de verité, bien connue de lui.
Mberi Martin, lui aussi, vit encore. On espère qu’il aura aussi le courage de se décharger un jour; et dire sa part de vérité sur ces assassinats des Pouabou, Massouemé, Matsokota. Crimes qui ont ennobli le MNR, auréolés et renforcés les « jeunes soviets » et logiquement pavané leur arrivée au pouvoir, pouvoir de sang qu’ils controlent depuis 1965 jusqu’à nos jours (sauf entre 1991-1996.)