JEAN-MARIE MICHEL MOKOKO SOUFFRE LE MARTYRE AU SEUL MOTIF DE SON POSITIONNEMENT TRANSETHNIQUE DANS LE CHAMP POLITIQUE

Depuis 1959, les représentations symboliques « Nord » et « Sud » structurent le champ politique congolais. Au point de créer des frontières symboliques à la partition spatiale des populations à BRAZZAVILLE, la capitale, en quartiers sud et en quartiers nord, même si cette configuration urbaine tire ses racines des rapports marchands coloniaux. Cette structuration bipolaire du champ politique traduit ce que les réflexions de l’Association « Rupture-Solidaritė », dirigée par Patrice YENGO, avaient nommé le  » bloc structurant au pouvoir ». Cette délimitation territoriale symbolique entre le nord et le sud a pris le pays en otage, tant elle s’est logée dans l’inconscient collectif comme un invariant historique, c’est à dire qui a acquis une normalité. Ce bloc, souvent symboliquement réductible à l’affrontement entre les élites du Pool et de la Cuvette, et bien que bousculé en 1992 par l’émergence d’un nouveau pôle d’identification politique, le Nibolek, a retrouvé sa « normalité » à la faveur, d’une part, de la répression massive contre les populations dans la partie sud du pays à compter de 1998, d’autre part, par la forte ethnicisation des positions de pouvoir pour l’appropriation prébendière procurée par l’appareil d’Etat depuis le 15 octobre 1997. 

Cette structuration du pays, en Nord et en sud, a été bouleversée et malmenée par le positionnement transethnique du Général Jean-Marie Michel MOKOKO dans le champ politique à partir de janvier 2016. A la faveur de son irrésistible ascension électorale sur tout le territoire national, et particulièrement dans la partie sud du pays, où il a été tantôt plébiscité dans certaines localités, il s’est présenté comme un leader transethnique, de type nationalitaire. Sa nouvelle posture politique a permis au pays de rompre avec la dynamique oppositionnelle entre le Nord et le Sud à la faveur d’une forte mobilisation populaire et partisane, notamment celle de la jeunesse urbanisée et défavorisée des grandes villes. Les électeurs n’avaient pas voté pour un natif de Makoua. Ils avaient plutôt plébiscité, sur un critère transethno-régional, un citoyen capable de sortir le pays du naufrage.

Jean-Marie Michel MOKOKO s’est donc inscrit en rupture avec les clivages habituels entre le nord et le sud en instaurant un autre type de contradiction axé sur la déconstruction de l’ethno-régionalité comme vecteur de légitimité des acteurs politiques qui ont transformé leurs régions en zones exclusives d’éligibilité. La déconstruction de la bipolarité sumbolique Nord-sud a supposé forcement la réinvention d’un nouveau type de légitimité reposant sur le mérite et l’excellence. MOKOKO s’est imposé comme le dépositaire légitime de cette nouvelle quête salvatrice pour l’avenir du pays. Et, pour l’exemple, son capital intellectuel et son parcours politique sont en phase avec cette nouvelle quête qui sortira le pays des impostures et de la laideur d’une gouvernance criminelle qui ont conduit le pays dans l’abîme. Son parcours de légitimité est auréolé de son passage à l’école Général Leclerc de Brazzaville, en tant qu’ancien enfant de troupe (AET), et à l’école d’Etat Major de Saint-Cyr en France. Sur le plan politique, il a été la figure militaire protectrice du peuple et des élites pendant la tenue de la Conférence Nationale Souveraine de 1991. Celle-ci, convoquée sous le modèle de l’Assemblée constituante française de 1789, est l’acte inaugural qui a posé les jalons du républicanisme congolais. Le Général MOKOKO avait veillé scrupuleusement à la neutralité de l’armée pendant ces assises en éloignant toutes tensions dans ce moment de passions et de postures hautement partisanes. La république avait triomphé en 1992, elle avait organisé des élections démocratiques et transparentes, sans aucune contestation. Pascal LISSOUBA avait été élu.

A la faveur de son nouveau positionnement dans le champ politique sur le moment de l’histoire, Jean-Marie Michel MOKOKO est l’unique leader susceptible de fédérer toutes les composantes de la société congolaise. Du point de vue des symboles de pouvoir, tel un relais historique, il est l’unique acteur politique du moment d’être en capacité de parachever l’œuvre d’unité nationale entreprise en 1972 par Ange BIDIE DIAWARA et Jean-Baptiste IKOKO, et plus tard, entre 1976 et 1977, par le Président Marien NGOUABI avec la complicité du Président Alphonse MASSAMBA-DEBAT et l’onction spirituelle, sous forme de geste liturgique, du Cardinal Émile BIAYENDA.

Il va sans dire que Jean-Marie Michel MOKOKO souffre le martyre au seul motif tiré de sa posture transethno-régional dans le champ politique, pour avoir bousculé et déconstruit la structuration bipolaire du pays, en nord et en sud, sur laquelle repose, depuis plus de 40 ans, le parcours de légitimation du Général Denis SASSOU-NGUESSO. Celui-ci joue continûment sur les peurs et les intimidations pour asseoir cette légitimité de type ethnique. SASSOU-NGUESSO n’a d’autre choix que de faire prévaloir une réponse de type répressif pour asseoir ce type de légitimité qui structure ses stratégies de conquête et de conservation de pouvoir sur fond de tension permanente savamment entretenue.

Dans une optique identique, MOKOKO a fait aussi imploser les représentations identitaires de ce qui restait encore des carcasses du Mouvement Congolais  pour la Démocratie et le Développement Intégral ( MCDDI) de Bernard KOLELAS et de  l’union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS) du Président Pascal LISSOUBA. MOKOKO a déconstruit le socle electoral de TSATY-MABIALA et Parfait KOLELAS, respectivement dans les régions du Nibolek et dans le Pool. Ces deux acteurs n’avaient d’autre choix que de se réfugier dans un positionnement de type profit-opportuno-sassou-compatible. Ils ont trouvé en SASSOU-NGUESSO une parade contre la déstructuration de leurs périmètres électoraux par MOKOKO.  Les dernières déclarations de TSATY-MABIALA encensant SASSOU-NGUESSO sont révélatrices en ce sens. Elles montrent que, tout comme SASSOU, devenu son allié, il ne s’accomode que de la bipolarité symbolique nord-sud, de ce qu’il est donc revenu au point de départ qu’exige son rapprochement avec le PCT. Cette posture était  condamnée par Marc MAPINGOU MITOUMBI (1957-2020). Celui-ci avait fait litière des critiques de certains de ses « parents ethniques » au sein de l’UPADS qui lui reprochait d’assurer la fonction  de Porte-parole de MOKOKO. Il était cependant en avance sur ses contemporains au sein de ce parti pour d’être projeté dans la perspective de soutenir  des dirigeants transethniques, à l’image  de MOKOKO. En ce sens, Marc MAPINGOU MITOUMBI avait tiré les leçons de la pratique du pouvoir sous le régime du Président LISSOUBA. Il s’était démarqué de ceux qui avaient enfermé l’UPADS dans une logique géo-ethnique, d’où  l’incapacité de ce parti à convertir le sacre de Pascal LISSOUBA en une victoire du peuple, donc de la démocratie. 

Cela dit, pour avoir amorcé la déstructuration de la bipolarité symbolique nord-sud du champ politique, MOKOKO est entré en contradiction avec SASSOU-NGUESSO pour avoir deconstruit le socle de légitimation géo-ethno-régionale de celui-ci. Le positionnement de Jean-Marie Michel MOKOKO a impliqué forcément un réaménagement du bloc structurant au pouvoir, de ce que ses tenants ont tiré une légitimité de la bipolarité symbolique entre le Nord et le Sud. Par conséquent, Jean-Marie Michel MOKOKO se présente historiquement comme celui qui a posé les jalons sur lesquels vont s’adosser les événements à venir, et autres contingences de l’histoire, qui vont accélérer le processus de déliquescence du régime de Brazzaville. Jean-Marie Michel MOKOKO est l’hirondelle qui annonce le printemps. Il est celui qui a annoncé la future défaite de Denis SASSOU-NGUESSO.

Roger MVOULA MAYAMBA

Juriste

[email protected]

Diffusé le 03 aout 2020, par www.congo-liberty.org

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9 réponses à JEAN-MARIE MICHEL MOKOKO SOUFFRE LE MARTYRE AU SEUL MOTIF DE SON POSITIONNEMENT TRANSETHNIQUE DANS LE CHAMP POLITIQUE

  1. Prince Albert dit :

    C Q F D
    Très juste et très bien vu !
    Félicitations Cher Maître !

  2. LOL IP dit :

    Laughing Out Loud.

    P I T I F U L !

  3. Anonyme dit :

    C’est le concours à qui va le rendre plus beau!!!

    Youlou chantait  » a vouloir trop embellir la statuette, vous la cassez ».

    Laisser le brave bonhomme en paix avec ses valeurs certes et aussi ses fêlures.
    Beaucoup retienne l’homme qui a sauvé toute cette racaille un jour au Palais du Peuple alors qu’il pouvait les foutre tous au gnouf!!! Et peut être qu’il ne serait pas en exil aujourd’hui.

  4. Anonyme dit :

    Youlou Mabiala bien sûr !!!

  5. Isidore AYA TONGA 100% Intérêt général dit :

    Les congolais de la diaspora doivent apprendre à distinguer la politique intérieure d’un Etat à celle de sa politique extérieure… Par conséquent le séjour en Turquie de Jean Marie Michel Mokoko n’a aucune incidence sur la politique intérieure de ce pays historiquement symbolique… 3M MOKOKO N’EST PAS MORT NI EN PRISON ET ENCORE MOINS EN DANGER EN TURQUIE ET POURQUOI?https://www.youtube.com/watch?v=xWTkFT9EQkk    

  6. Val de Nantes dit :

    Si on se pose la question transethnique , on pourrait aussi se poser la question de la réalité de cette unité nationale .
    C’est la boîte de Pandore que de douter de l’existence d’une nation autour des valeurs partagées ….
    Y aurait – il finalement une partition tacite dont les nordistes auraient caché l’existence aux sudistes ?
    Ces postures radicales reccurrentes finiront par détruire le socle sur lequel est assis notre pays …
    Soit nous nous mentons à nous mêmes ,et nous en tirons les conséquences ,soit nous sommes supposés être unis ,et nous règlons nos problèmes.selon nos schémas coutumiers …
    Mokoko a agi selon l’intérêt qu’il porte pour son pays . Cet intérêt est denuè de tout calcul politique et il ne saurait être interprété comme un crime contre le pouvoir du nord ..
    La nation congolaise ne reconnaît que les qualités et non les accointances tribales ou ethniques .
    Poser le problème en termes de division de ce fameux bloc nord et sud ,c’est demander la partition du pays .
    Si telle est la conception politique de nos frères du nord ,on va vers l’impossibilité de reconstruire notre pays .

  7. sergine dit :

    addendum
    l’election de pascal lissouba avait ete energiquement contestee par mr bernard kolelas.il avait d’ailleurs introduit un recours en annulation aupres de la cour surpreme de justice. c’est officiel.

    LES REGIONS DU NIBOLEK NEXISTENT PAS

    les congolais ont vote pour le gl mokoko en raison de son integrite morale et non pas pour des acrobaties ethniques.

  8. Mpassi dit :

    Pendant la conférence souveraine il y a des gens qui avaient soulevé une équation juste. Ne peut etre voté, nommé à la magistrature suprème qu’une personne ayant les mains propres. Une personne qui n’est pas accusée de crimes économiques et du sang. Si Mokoko est populaire et ‘etait celui qui avait en r’ealite rapporté les élections, dont la victoire a été volée par le tyran sanguinaire , Sassou cet à cause de son integrite morale et l’ amour pour le peuple du Congo.
    Quelqu’ un a aussi écrit que pour vaincre une dictature, particulièrement la dictature Sassou Nguesso, il est impératif de s’attaquer ‘a ceux qui sputiennenent cette dictature.Albert Einstein disait.  » Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les sans rien faire ». Disant aussi ceux qui se font complices, promoteurs de la dictature. Entre autre, il est temps de ne pas raisonner au congo par le concept Nord, Sud. Il faut juger la valeur des gens par leurs pensées, actions.

  9. Vidéo du Siècle dit :

    Mokoko = Sassou
    « vAILLANTS guerriers du NORD »

    Mpila Films Production (MFP)

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