A l’occasion de la commémoration des 22 ans du rappel à Dieu de Victor-Justin SATHOUD, sa Veuve Madame SATHOUD née BOUMBA Monique Joséphine, infirmière diplômée d’Etat retraité (Ex agent de la CNSS) se joint à ses enfants, petits-enfants et autres descendants, pour demander à ses témoins de mariage, parents, amis et connaissances d’avoir également une pensée pieuse en mémoire de leur illustre époux, père et grand-père…
Victor-Justin SATHOUD dont le nom a été attribué pour la postérité au premier lycée public d’enseignement général de la ville de Dolisie et à une rue du quartier huppé de la cote mondaine dit wharf au centre-ville de Pointe-Noire, en reconnaissance des services rendus par ce dernier à la Republique et à la nation congolaise, avait eu à assumer plusieurs fonctions politiques et administratives à différents tournants de l’histoire de notre pays, dont il a été un témoin et un acteur politique majeur depuis l’époque coloniale. Ainsi il fut successivement:
- Administrateur des SAF, admis pour faire valoir ses droits à la retraite en 1989, après plus de 40 ans de bons et loyaux services dans l’administration congolaise, qu’il avait eu le privilège et l’insigne honneur de gérer au plus haut niveau, en qualité de premier ministre de la fonction publique, à l’orée de l’indépendance ;
- Infirmier-Major du pavillon des fonctionnaires de l’Hôpital Général Adolphe Sicé de Pointe-Noire (1950-1951), intégré dans le corps commun de la santé publique de l’Afrique Equatoriale Française (AEF) depuis l’époque coloniale, à partir de 1949, en qualité d’infirmier stagiaire de 5e classe à l’Hôpital Général de Brazzaville ;
- Secrétaire de la Région Sanitaire du Kouilou (1951-1952), affecté au Bureau sur recommandation du médecin-colonel Jean Kerfort qui avait perçu ses aptitudes rédactionnelles et apprécié ses capacités en matière d’administration, à la lecture des différents rapports quotidiens de travail et compte rendus des gardes ;
- Chef du bureau des passages et du matériel au Centre de Sous Ordonnancement des Finances et du Budget de la Région du Niari (1952-1956), par le fait qu’il sollicitera et obtiendra une affectation dans sa circonscription électorale du Niari, pour se rapprocher de ses électeurs;
- Gestionnaire de l’Economat du Collège Normal Raymond Paillet de Dolisie dit Ecole de Mbounda (1956-1958), où plusieurs cadres et autorités politiques, administratives, diplomatiques et militaires des différents Etats de l’Afrique Centrale, dont son frère cadet Jean-Edouard SATHOUD, ancien Vice-Gouverneur de la BEAC et l’actuel Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, feront leur classes ;
- Conseiller Représentatif/Parlementaire à l’Assemblée Territoriale du Moyen-Congo (1952-1956), désigné successivement par ses pairs entre autre comme Président de la Commission Permanente Education, représentant de l’Assemblée Territoriale au sein du Conseil d’Administration de la Société Africaine de Prévoyance (SAP), qui se transformera par la suite en Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) et actuellement en Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS, secrétaire de séance au cours des travaux de la première session inaugurale d’ouverture solennelle de l’Assemblée Territoriale, sous l’autorité du Gouverneur Chef de Territoire du Moyen-Congo Pierre Messmer ;
- Député à l’Assemblée Nationale de la République du Congo (1960-1963), après l’indépendance ;
- Secrétaire d’Etat à la Fonction Publique (1958-1959), depuis le premier gouvernement mis en place, après la proclamation de la République, par l’Abbé Fulbert Youlou suite à son élection d’abord en qualité de Premier Ministre Chef du gouvernement provisoire, avant son élévation à la magistrature suprême;
- Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, délégué de la Fonction Publique (1959-1960), dans le dernier gouvernement du régime colonial de l’autonomie interne, prélude à l’accession de la République du Congo à la souveraineté nationale et internationale ;
- Ministre de la Fonction Publique (1960-1962), dans le premier gouvernement d’union national de l’histoire du Congo-Brazzaville, institué à l’issue de la réconciliation exemplaire des deux principaux leaders politique de l’époque : l’Abbé Fulbert Youlou (UDDIA-RDA) et Maitre Jacques Opangault (MSA), consécutive à la fin des hostilités de la guerre civile de 1959 ;
- Ministre du Plan et de l’Equipement (1962-1963), en remplacement d’Alphonse Massamba-Debat. A ce titre, il avait eu d’une part le privilège de parapher les accords du Luxembourg relatives à la règlementation des partenariats commerciaux Afrique – Caraïbes – Pacifiques (ACP) avec les Etats de l’Union Européenne au nom du Président Fulbert Youlou et pour le compte de la République du Congo, et d’autres part, la primeur de présenter devant l’Assemblée Nationale, l’avant-projet du premier plan quinquennal de développement du Congo, qui se proposait de préparer l’indépendance économique du pays, grâce à la coopération loyale des initiatives privées et publiques, avec la mobilisation de toutes les énergies;
- Prisonnier politique incarcéré suite au renversement des institutions de la première République du Congo par la révolution des 13-14 et 15 août 1963, détenu d’abord à la maison d’arrêt de Brazzaville, avant d’être transféré à Kindamba dans la Région du Pool (1963-1965)
- Condamné à la peine de 10 ans de prison ferme et révoqué de l’administration sur décision du Tribunal dit Populaire de Brazzaville siégeant pour le procès des responsables du régime de la première République du Congo, puis assigné à résidence à Sibiti dans la Région de la Lekoumou (1965-1968) ;
- Réintégré dans le cadre régulier des fonctionnaires de la République du Congo, après sa libération à la faveur d’une loi d’amnistie décrétée suite au mouvement dit insurrectionnel de réajustement de la révolution congolais du 31 juillet 1968 qui portera le Commandant Marien Ngouabi au pouvoir (1968-1970) ;
- Placé sur sa demande en position de mise en disponibilité, pour exercer à titre privé une activité lucratif, en qualité d’Exploitant Forestier (1970-1974) ;
- Député/Président de la Commission administrative et Juridique de l’Assemblée Nationale Populaire (1974-1977) ;
- Commissaire du gouvernement/Président du Comité Exécutif Régional du Niari (1974-1977);
- Commissaire du gouvernement/Président de la Délégation Spéciale Régionale du Niari (1977-1979), reconduit sous le règne du Comité Militaire du Parti (CMP), après l’assassinat du Président Marien Ngouabi ;
- Affecté comme Conseiller Administratif au Commissariat Politique Régional du Kouilou pour servir à Pointe-Noire, suite au mouvement du 5 février (1979-1984).
- Quelques distinctions honorifiques décernées à Victor-Justin SATHOUD
- Commandeur dans l’Ordre National du Mérite Congolais ;
- Commandeur dans l’Ordre National du Cameroun ;
- Commandeur dans l’ordre National de la Rédemption Africaine (Libéria) ;
- Officier dans l’Ordre National du Mérite Tchadien
- Officier dans l’Ordre National de Haute-Volta ;
- Officier dans l’Ordre National de Côte-d’Ivoire.
- Situation sociale et vie familiale de Victor-Justin SATHOUD
Genèse de mon père
Par Wilfrid SATHOUD
Fils de SATHOUD MOUDODI Martin qui avait des racines Pounou du clan Boumoueli et fut un commerçant colporteur travaillant pour les compagnies concessionnaires coloniales jusqu’au Gabon, au Cameroun et au Tchad, etc…, avant de s’installer définitivement dans le Mayombe proche de la gare Girard (Malemba) où il trouvera la mort, et de MOUKABI Denise, d’origine Loumbou du clan Bahodjo, dont il était le fils ainé, Victor-Justin SATHOUD serait officiellement né le 27 janvier 1929 et situait sa date probable de naissance au 27 janvier 1927, en justifiant toutefois le décalage croissant de deux (2) ans observé sur son âge officiel, par le fait que les critères d’éligibilités définis dans le code électoral de mars 1952, ne l’aurait en principe pas permis de prétendre, à ce moment concourir au siège de conseiller territorial du Moyen Congo(Parlementaire Local), faute d’avoir atteint l’âge de 25 ans révolus exigé à l’époque.
Investit, malgré son jeune âge, comme candidat à ces élections sur proposition du Président fondateur du PPC (Parti Progressiste Congolais), premier formation politique du Congo, créer au lendemain de la seconde guerre mondiale par l’honorable Jean FELIX-TCHICAYA, alors premier parlementaire du Moyen-Congo et du Gabon à l’Assemblée Nationale Française. Vraisemblablement à cause de sa perspicacité, de sa présence remarquable dans le cercle restreint des notables évolués de l’époque et de son charisme qui commençait déjà à prendre progressivement corps autour de son village natal de Banda, dans les milieux loumbou des principaux centres urbains (Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie) et, dans les profondeurs de la région du Niari où il était soutenu par les frères Avoines, richissimes exploitants de l’une des plus importantes compagnie concessionnaire implanté dans les contrées de Kibangou, Divenié, Mossendjo, Mayoko, Loudima, Sibiti, Dolisie, etc…
Au point de faciliter sa première victoire électorale, sous la bannière de la panthère tatouée qui représentait alors le symbole emblématique du PPC, sur une liste conduite par Pierre GOURA (sénateur de la communauté AEF au parlement métropolitain français et premier maire autochtone élu de la ville de Dolisie) avec pour colistiers : Pierre KIKHOUNGA-NGOT, NZOUNGOU Auguste et ANGO Raymond. Marquant ainsi le point de de départ d’une longue et exaltante carrière politique et administrative sur l’échiquier local du Niari, territorial du Moyen Congo, Fédéral de l’AEF et continental dans le cadre du RDA (Rassemblement Démocratique Africain), sous la houlette charismatique du Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, qui le recommandera de rejoindre par la suite le caïman de Union Démocratique pour la Défense des Intérêts Africain (UDDIA) de l’Abbé Fulbert YOULOU, dans la perspective de son investiture comme section locale du RDA au Moyen-Congo, en lieu et place du PPC de Jean FELIX TCHICAYA qui pactisera avec son adversaire politique traditionnel, le coq du Mouvement Socialiste Africain (MSA) de Jacques Opangault, allié au GPES de Simon-Pierre KIKHOUNGA NGOT.
Père d’une famille nombreuse disséminés de nos jours à travers les quatre coins du monde, avec environ quatorze (14) enfants, dont 7 filles et 7 garçons qui amorcerons à leur tour l’extension de sa descendance avec plus de 16 petits fils, tous sexes confondu qu’il connaitra de son vivant, Victor-Justin SATHOUD convolera en seconde noces avec ma mère Monique-Joséphine BOUMBA, alors âgée de 17 ans au 12 Mai 1962, date de la célébration officielle de leur historique mariage à l’état civil, qui marquera la cérémonie inaugurale des actuels bâtiments de l’Hôtel de ville de Brazzaville, sous les auspices de l’Abbé Fulbert YOULOU, en sa double qualité de premier Président de la République du Congo et de premier maire autochtone élu de la ville de Brazzaville, dans les circonstances décrites comme suite à travers les colonnes de l’hebdomadaire l’Homme Nouveau/Kongo ya sika N°123 du 20 mai 1962 :
MARIAGE CIVIL DE M. VICTOR SATHOUD
Ministre de la fonction publique
Pour la première fois, samedi 12 Mai 1962 à 17 heures, un mariage a été célébré dans la nouvelle mairie de Brazzaville, celui de M. Victor-Justin SATHOUD, ministre de la fonction publique du Congo, avec Mlle Monique-Josephine BOUMBA, infirmière accoucheuse à l’hôpital de Brazzaville.
C’est M. l’Abbé Fulbert YOULOU, Président de la République, maire de Brazzaville, qui avait tenu en cette circonstance à célébrer lui-même ce mariage. Les jeunes époux avaient comme témoins M. Simon Pierre KIKHOUNGA NGOT, ministre des affaires économiques et Mme Jeanne OKOMBA, épouse du ministre du travail.
Une nombreuse assistance se pressait dans la salle du mariage. On notait notamment la présence des ministres BAZINGA, GOURA, GANDZION, MASSAMBA-DEBAT, OKOMBA, M. POUABOU, Président de la Cour suprême, des Ambassadeurs de France, des Etats Unis, de Chine. L’Ambassade de Belgique s’était fait représenter par M. ALLARD. M. Justin BOMBOKO, ministre des affaires étrangères du Congo-Léopoldville, s’était fait représenter par son chef de cabinet adjoint M. Pierre BADJOKO. Des parlementaires et de nombreuses personnalités du monde judiciaire, administratif, militaire et civil étaient présents.
A leur arrivée dans la salle du mariage, M. Joseph SENSO, maire délégué a tenu à saluer le Président de la République, les ministres, parlementaires, ambassadeurs et les jeunes époux, en ces termes : « …c’est avec infiniment de plaisir que je vous reçois dans cette salle de notre nouvel Hôtel de ville ou pour la première fois, va être célébré un mariage d’amis qui nous sont chers à nous tous : M. le ministre Victor-Justin SATHOUD et Mlle Monique Joséphine BOUMBA.
Pour aujourd’hui, je n’officierais pas. M. le Président de la République, qui est aussi maire de notre capitale va procéder lui-même à cette célébration qui se déroulant sous les auspices du Chef de l’Etat, dont on connaît le pouvoir bénéfique pour notre pays est voué nous en sommes surs à un bonheur durable.
Je ne puis donc me contenté de présenter mes vœux aux futurs époux. C’est un devoir agréable que je remplis avec joie et maintenant je cède la place à M. Fulbert YOULOU, Président de la République, premier magistrat de Brazzaville… »
Le Président de la République qu’entouraient le ministre BAZINGA et le député maire délégué SENSO, après avoir donné lecture des articles du code civil sur le mariage et fait prononcer le serment solennel de l’accord des époux, les a déclarés unis pour le meilleur et pour le pire. Puis il a donné lecture de l’acte de mariage qu’ont signé les époux.
Après cette cérémonie, de nombreuses personnes ont tenu à saluer le ministre et sa femme.
Le soir une brillante réception fut donnée par M. SATHOUD à « l’auberge de la résidence » en l’honneur des invités qui ont dansé fort tard, au son du grand orchestre OK JAZZ venu spécialement de Léopoldville à cette occasion.
Source : Hebdomadaire l’Homme Nouveau/Kongo ya Sika N°123 du 20 Mai 1962
Victor-Justin SATHOUD tirera ainsi sa révérence le 29 décembre 1995 à l’Hôpital Général Adolphe Sicé de Pointe-Noire, son premier poste de travail. Après des funérailles à la stature de l’illustre disparu organisées successivement à Pointe-Noire, Dolisie et Banda, en présence des corps constitués, des autorités politiques, administratives, militaires et civiles tant locales que nationales, et des responsables des différentes institutions constitutionnels de la République sous la conduite du Professeur Pascal Lissouba, alors Président de la République et ami personnel de l’illustre disparu, qui sera inhumé le 6 janvier 1996 dans son village natal de Banda, situé à 157 km de Dolisie sur la route du Gabon, où il repose pour l’éternité dans sa résidence érigé en mausolée.