Élections présidentielles au Congo-Brazzaville en mars 2021 : entre boycott et insurrection populaire, le Congo dans une indécision politique ?

Lucien Pambou

Lucien PAMBOU

Explication d’une situation à l’aune de l’analyse réseautale

Dans un livre récent (La Nef des Fous), Michel Onfray, philosophe français et organisateur de la vie des idées à l’université libre de Normandie, montre que dans toute vie politique les intellectuels ne doivent ni pleurer, ni sourire, ni être en empathie, ni se révolter, mais essayer de comprendre et d’expliquer. Ce livre doit être lu par les sachants congolais qui se disent juristes, politistes, économistes ou sociologues. J’arrête là ,la trame intellectuelle des domaines concernés par le bateau des fous qui, sous prétexte d’avoir un doctorat ou une licence, estiment qu’ils sont capables d’apporter des réponses claires et justes à la situation actuelle au Congo-Brazzaville et surtout celle de mars 2021 consacrant l’élection présidentielle.

Le recours à l’analyse réseautale

La notion de réseau que je n’ai pas inventée, mais qui me sert d’outil analytique, est un outil dangereux pour mes contradicteurs. Certains n’en connaissent pas la consistance intellectuelle et d’autres critiquent cet outil. La plupart confond le réseau politique précis avec les réseaux sociaux. Le réseau politique congolais, qui emprunte sa substance aux réseaux sociaux, est différent de ceux-ci, car il met en situation des personnages congolais que certains membres intellectuels de la diaspora en France souhaitent garder dans l’ombre, dès lors qu’il s’agit de comprendre la situation actuelle au Congo-Brazzaville. Pour ces intellectuels de la diaspora, les turpitudes de la vie politique congolaise démarrent seulement depuis la conférence nationale souveraine de 1991/1992, or c’est là, le lieu de mon opposition avec eux car tous les acteurs politiques actuels au Congo se connaissent tous, se trahissent tous, ont tous  été membres du Parti congolais du travail, qu’ils soient Mbembés, Vilis, Laris, Mbochis, Batékés, Pounous, etc.. Ils ont tous été, au nom d’une idéologie mal assimilée et mal intégrée (celle d’un socialisme révolutionnaire bidon), responsables de ce qui se passe aujourd’hui au Congo. On peut remonter de l’indépendance jusqu’à nos jours. Les faits tribalistes ont toujours organisé la vie politique congolaise, même si la fausse entente entre Youlou et Opangault constitue la matrice réseautale des désaccords que nous vivons aujourd’hui. Le faux accord politique entre Sassou et Lissouba contre Bernard Kolelas constitue un des éléments du réseau politique.

La longévité de Sassou au pouvoir doit s’expliquer par ces compromissions et rapports de force entre Sassou et les hommes et femmes politiques du Congo qui, malgré des déclarations enflammées en faveur du peuple, ont toujours travaillé pour eux-mêmes et leurs intérêts. Sassou le sait, comme eux-mêmes, et Sassou en profite car c’est d’abord un militaire alors qu’eux ne sont que des simples civils.

Voici une première analyse du réseau. Ceux des intellectuels congolais qui ne comprennent pas le réseau, voici une explication de son fonctionnement. Si on est mesquin, on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles certains membres de la diaspora en France ne souhaitent pas que les faits politiques et les actes accomplis par leurs parents proches ou ethniques (établis en France ou au Congo) soient étalés sur la place publique.

Comme Spinoza, je n’essaie de ni pleurer, ni sourire, mais de comprendre. Voilà ici et maintenant ce qu’est le réseau et comment politiquement il fonctionne au Congo avec ses trajectoires, ses nœuds de position et les parcours des acteurs au sein du réseau. Il y aura toujours des fous congolais comme dans La Nef de Michel Onfray, pour dire que le réseau politique congolais n’existe pas afin de mieux préserver leurs intérêts ethniques et ceux de leurs parents proches ou éloignés. Pourquoi avoir applaudi Sassou un jour et le vouer aujourd’hui aux gémonies ? On pourrait revenir sur la gestion calamiteuse de Lissouba. Par respect pour l’ancien Président de la République, on s’arrêtera là. Le simple slogan initié par lui ou par ses thuriféraires, à savoir Ya ba colère vé, se suffit à lui-même et explique l’entourloupe de la vie politique réseautale congolaise.

Propositions pour mars 2021

Apparemment il y a deux voies : le boycott ou l’insurrection populaire. Ce sont les deux attitudes de certains intellectuels de la diaspora en France. Je n’ai pas à me prononcer sur ces deux attitudes que j’essaie de comprendre au sein d’une approche spinoziste. Dans les deux cas, nous sommes dans une impasse constitutionnelle et dans un désordre. Je remarque que le débat pour un Congo nouveau après 2021 n’est pas articulé autour des propositions économiques et encore moins institutionnelles, même si l’opposition intellectuelle en France propose de façon théorique des solutions liées à une Transition démocratique au Congo. Certains estiment que cette transition doit se faire sans Sassou. C’est une option. D’autres souhaitent que Sassou soit déchu de sa nationalité et devienne apatride. C’est une autre option.

Pour ma part, puisque l’élection est déjà gagnée par Sassou, puisque tout le monde est convaincu que les dés sont pipés, puisque nous sommes tous convaincus de cette mascarade politique, on peut constater avec regrets que nous sommes plus rhéteurs que praticiens. Acceptons le fait accompli et organisons l’après mandat présidentiel avec des réformes institutionnelles fortes à venir et surtout la réforme économique et sociale en mettant l’accent sur l’agriculture et l’industrie. Au Congo on ne sait pas ce que veut dire l’analyse économique et sa programmation.

Le réseau politique existe, c’est malheureux, ses filles et fils d’hier et d’aujourd’hui sont comptables des divagations actuelles du Congo. Le Congo saura-t-il , malgré ses ressources de sous-sol énormes, sortir du piège permanent depuis les années 60  (avec des situations d’accalmie) à savoir le sang des Congolais versé pour maintenir la puissance et la force au sein du réseau politique de la part de ses filles et fils, surtout de ses fils mal inspirés ?

Lucien PAMBOU

Diffusé le 03 février 2021, par www.congo-liberty.org

PROJET TRANSITION DÉMOCRATIQUE AU CONGO : FILM INTÉGRAL DE LA JOURNÉE DU 25 FÉVRIER 2021

Ce contenu a été publié dans Les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

9 réponses à Élections présidentielles au Congo-Brazzaville en mars 2021 : entre boycott et insurrection populaire, le Congo dans une indécision politique ?

  1. Samba dia Moupata dit :

    Le très ambigu et mercenaire de la plume Lucien Pambou , cher monsieur que ce que c’est une soi- disant élection organisé par un Mbochi Henri Bouka , proclamé par un Mbochi Raymond Boulou et les recours en cas de contestation au conseil constitutionnel tenu par autre Mbochi Auguste Iloki ? C’est une autodésignation ! Il n’y a pas de réseau politique , c’est plutôt une mafia Mbochi et ses mendiants comme parfait Kolélas ou encore Mathias Dzon qui est en grande difficulté financière . Cher frère resté neutre pendant que pays brûle ça n’est pas responsable .

  2. Val de NANTES :@GRD PAMBOU . dit :

    Vous utilisez une « praxis intellectuelle  » qui reste à la lisière des critiques acerbes sur le régime de SASSOU .
    C’est un jeu politique équilibriste qui vous met en porte à faux contre ceux qui ne croient guère à l’arlésienne réséautale .
    En fait vous semblez critiquer sans critiquer .Tel est mon lugubre sentiment que je tire de la lecture sophistique de votre papier .
    Les précautions langagières qui en résultent attestent d’une indulgence innocente à l’égard de ce régime sans vous faire porter la responsabilité de l’échec économique .
    Mais c’est de bonne guerre ,pour ceux auxquels vous avons tant habitué au jeu de la sémantique politique qui caractérise votre posture d’analyste politique en exil .
    Autant je souscris à votre point de vue sur le vide économique qui reste le talon d’Achille des congolais ,j’en ai plusieurs fois parlé ,autant je me méfie de la réalité intentionnelle de votre propos . Tant votre positionnement politique reste énigmatique .

  3. Val de NANTES :@GRD PAMBOU . dit :

    LIRE ,, Pour ceux que vous avez tant habitué au jeu de la sémantique politique .
    Et en plus ,je note une approche philosophique d’inspiration ‘spinoziste  » dans vos commentaires ,ce qui montre le début de l’universalité de votre analyse politique fondée sur la raison et non sur les préjugés diasporiques .
    Quand à MICHEL ONFRAY ,je suis son fervent lecteur de ses livres philosophiques et notamment son nouveau journal « le front populaire  » .
    Son nouveau livre n ‘ y échappera pas .

  4. Isidore AYA TONGA 100% Intérêt général dit :

    LA FRANCE EST-ELLE PROCHE DE CRAQUER ET LÂCHER SASSOU DENIS OU PERDRE LE CONGO D’ICI PEU ET POURQUOI?
    PARIS, MEETING DE LA DIASPORA DEVANT LE QUAI D’ORSAY OU MINISTERE DES ETRANGERES DE LA FRANCE, A PARIS, EN CE JOUR DU 5 MARS 2021 ENTRE 13H ET 16H. BRAVO ET MERCI AUX PARTICIPANTS ET AUX RESISTANTS. LA FRANCE ET SA FRANCAFRIQUE EN MODE DIPLOMATIE ECONOMIQUE ET GÉOSTRATEGIQUE SUICIDAIRE INÉVITABLE AU CONGO ET EN AFRIQUE CENTRALE. QUAND LES ALERTES, LES MAUX ET LES MENACES NE SUFFISENT PLUS QUE LE DANGER EST PROCHE, CAR LE CONGO BRAZZAVILLE RISQUE DE SUIVRE A TOUT INSTANT LE CHEMIN DU RWANDA (1994) ET DU CENTRAFRIQUE ( 2018 ET +), CAR AU VUE DE LA SITUATION FRANCAFRIQUE, CE RISQUE EST PLUS EN PLUS ÉLEVÉ – A SUIVRE…
    LA FRANCE EST-ELLE PROCHE DE CRAQUER ET LÂCHER SASSOU OU TOUT PERDRE DU CONGO D’ICI PEU ET POURQUOI? https://www.youtube.com/watch?v=w7bf-v9IyDU

  5. Le dernier Kongo bantou dit :

    Bonjour ! Mon cher Lucien,le talon d’Achille de la plume, c’est d’être légère pour ne pas être en mesure de résister au vent. Ne contribuez plus à faire détester les sachants s’il vous plaît ! Definissez-nous ce Congo en kit avant tout afin que nous sachions en identifier les politiques et les réseaux ? Je dis toujours que,pour expliquer le tribalisme,il faut justifier L’ethnicisme qui est sa matrice,or,tout ça ne peut reposer sur la fabrication coloniale. Nous pouvons assumer de tout perdre sans se détester, parce qu’être congolais ne veut rien dire,et ne le sera jamais, d’où l’escroquerie intellectuelle des politiques ! Qu’est-ce que la Nation, qu’est-ce que l’État,la peur de l’inconnu nous empêche de le savoir? Une diaspora est la conséquence d’un traumatisme, l’exil d’une contrainte, prière de ne plus jamais associer les congolais à ces deux statuts s’il vous plaît,car le mérite,est la conséquence d’un effort digne ! A votre réflexion : quelle est la responsabilité d’un peuple à mériter ses dirigeants ? Bien à vous et prenez bien soin de vous!

  6. kikadidi leo dit :

    l habitude est une seconde nature.nous allons droit dans le mur il va falloir prevoir le drame.si j etait au pays je voterai pour celle ou celui qui aura comme vision le partage du pouvoir en prevoyant une revision de la constitution par referendum et vote a l unanimite a l assemble nationale et proposera pour regler les problemes de malversation anterieur par une loi votez couplable cette loi permettra de regler ces problemes a l amiable entre l etat et les concernes et voterai surtout pour celle ou celui qui refusera d envoyer les citoyennes et citoyens en colere se confronter a leurs parents militaires ou policiers en service commander pour qu ils deeviennent des martyrs pour les un et assassins pour les aures.la route vers l etat de droit doit etre notre chantier a tous pour arriver au developpement.nous savons que sassou va gagner d une maniere obscure cependant en cas de vote massif d une candidate ou candidat avec cette vision republicaine sassou sera obliger d en tenir compte surtout devant la communaute internationnale.

  7. le fils du pays dit :

    Qu’est ce que c ‘est la communaute internationale ce machin que les Africains de facon generale compte toujours sur pour resource leurs problemes.Apprenez a regler seuls vos problemes.Pour le cas du Congo,la bas il y a un groupe de mercenaires qui a installe un pouvoir malefique,diabolique et mafieux que les Congolais doivent mettre fin.

  8. Pambou Mkaya Mvoka dit :

    A Val de Nantes et aux Congolais qui pensent que le réseau est une arlésienne, voici des réponses concrètes sur le fonctionnement du réseau au Congo et sur quelques propositions politiques que je fais pour réfléchir sur l’avenir de ce pays Congo.

    a. Je n’ai rien contre la diaspora congolaise en France, en revanche je critique leur double discours. On est contre Sassou le matin et d’accord avec lui le soir. Ce reproche s’adresse aussi aux diplomates congolais comme Pierre Nguimbi (ancien ambassadeur congolais en France sous Lissouba qui m’avait demandé de denoncer le coup de sassou en 1997 sur Africa no 1 ou j etais chroniqueur sdans l emission d ‘eugenie Diecky) j ai refuse car je connaissais pas tous les elements du dossier qui ont entraine la rupture entre deux allies de circonstance au niveau du reseau congolais

    Deux allies qui se sont coalises ( lissouba/ sassou) pour battre Bernard lolelas et on sait ce qu il en est advenu apres les fausses alliances et mesalliances,voici un fonctionnement concret du reseau pour ceux qui disent ne rien savoir du reseau politique et en faisant croire que seul sassou est responsable du declin du CONGO. Je tiens à rappeler que Pierre Nguimbi est devenu Ministre de sassou et que Munari est devenue Ministre du commerce, Voici le réseau concret en route.

    b. Sur le plan politique, voici quelques propositions simples.
    La classe politique congolaise est-elle prête à continuer à fonctionner sous les institutions actuelles ou valoriser une modification
    il faut etre clair a moins d une catastrophe les elections auront bien lieu et plutot que de crier a la fraude celui qui va etre elu compte tenu des conditions dans lesquelles se tiennent les elections et qui sont denoncees par les oppositions car elles sont multiples au congo sera bien sassou
    les autres opposants n ont pas le poids politique de sassou ni dans le reseau politique national et encore moins dans sa composante internationale
    Le dire ce n est pas pas etre pro sassou mais je fais simplement mon travail d analyste duquel j expurge les affects et les sentiments

    c/ sassou vainqueur de l election
    que le president elu prenne des decisions fortes pour amorcer un modele institutionnel nouveau ou en ameliorant l ancien par plus de redistibutivite des responsabilites aux regions
    faut il reconfigurer les regions et departements, les tenants d un modele federaliste pourraient penser que j ai points d accord definitifs avec eux

    RIEN DE TEL JE FAIS DES PROPOSTIONS ET JE NE M INSCRIS DANS AUCUN MODELE QUI PEUT APPARAITRE COMME INEGALITAIRE AU PLAN INSTITUTIONNEL POUR CERTAIN DE NOS COMPATRIOTES

    Alorsquel modele institutionnel de reference, ( presidence collegiale tournante?modele presidentiel avec vice presidence ? ) Comme vous pouvez le noter je propose au nouveau president elu en 2021 des modeles de reflexion pour une gouvernance differente

    Le modele nouveau de gouvernance doit recevoi l assentiment du peuple congolais ensuite et tres vite il faudra passer a une vaste conference sur l economie en invitant a celle ci ceux et celles qui par leur temoignage leur expertise et competences professionnelles articuler la reflexion et les solutions autour de l agriculture l extraction du petrole et autres minerais les services formels et informels et la formation professionnelle pour encadrer ses activites
    l ensemble devant etre articule par la programmation budgetaire et strategie de de contrôle a moyen et long terme

  9. Михаил dit :

    Un sacre challenge dans un contexte sur lequel les eveques du Congo tiennent des propos pas des plus rassurants. « A cause d’un fichier electoral non maitrise avec entre autres des personnes decedees, et d’institutions chargees des elections dont l’independance est encore a demontrer, il y a fort a craindre que les resultats de ces elections soient de nouveau contestes. » Vous ne pouvez plus reagir aux articles suite a la soumission de contributions ne repondant pas a la charte de moderation du Point.

Laisser un commentaire