Des Juges arrêtés au Portugal et en Italie à cause de l’argent sale du pétrole africain

Parquet de Milan- Italie

Par Rigobert OSSEBI

Sur le continent africain, les affaires pétrolières ont toujours permis l’enrichissement personnel des dirigeants de ses Etats ainsi que la corruption des institutions et des acteurs politiques qui pouvaient les prévenir ; l’or noir devenant alors une véritable malédiction pour les populations… Les conséquences néfastes multiples vont, par exemple pour le Congo, du ciment de la dictature à l’extrême pauvreté d’une majorité de Congolais.

Jusqu’à maintenant, il était permis de penser que seuls les pays pétroliers africains pouvaient en être affectés ; leurs partenaires étant miraculeusement épargnés. Ce n’est plus le cas, nous venons de le voir avec les récentes dérives de l’affaire Asperbras-Veiga au Portugal : deux juges portugais, Rui Rangel et Fatima Galante, ont été convaincus de corruption avec ladite affaire et ont été suspendus à défaut, constitutionnellement, d’être incarcérés. L’Italie, dont nous connaissions également l’instruction d’une affaire de corruption en relation avec la compagnie pétrolière ENI au Nigéria, vient de suivre la même voie en révélant des arrestations de juges et d’avocats italiens impliqués dans celle-ci…

Incontestablement nous assistons à un tournant spectaculaire au sein de l’Europe, et qui mieux est dans sa partie méridionale, où l’on constate que le pétrole, extrait salement en Afrique, ne corrompt pas uniquement les potentats locaux mais également les intervenants européens de justice qui pourraient contrarier ce système de corruption généralisée, ou de lobbying intensif, qui a inondé durant des décennies des dirigeants politiques européens. Rien d’étonnant que des magistrats, sûrement pas les meilleurs, succombent à la tentation : des montagnes d’argent sont à la disposition des tenants de cette industrie, tant les kleptocrates (par exemple celui de Brazzavole, Denis Sassou Nguesso) que les compagnies qui opèrent chez eux !

Il apparaît clairement que le Parquet de Milan est maintenant TOTALement investi dans sa lutte contre le crime organisé en Italie ; et l’ensemble de la justice italienne s’est associé à ses efforts dans l’affaire ENI.

La police financière italienne a perquisitionné, mardi 6 février, les bureaux de Massimo Mantovani, ex-directeur du service juridique de l’ENI et aujourd’hui un des membres de sa direction. Les enquêteurs veulent vérifier si des prévenus ont cherché à lancer la justice italienne sur de fausses pistes afin d’épargner, le groupe ENI et son directeur général Claudio Descalzi, des accusations de corruption dans le cadre d’un contrat pétrolier au Nigeria.

Une quinzaine de personnes, dont des magistrats et des avocats, ont été arrêtées la semaine dernière en Italie et accusées d’avoir « ajusté » certains procès afin de favoriser leurs intérêts ou ceux de leurs clients, dont le groupe ENI.

Un des avocats de l’ENI, Piero Amara, figure parmi les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire. Il s’est agi précisément d’une opération conjointe entre les procureurs de Rome et de Messine (Sicile) qui ont conduit à ces arrestations pour « associations criminelles impliquées dans la fraude fiscale, les crimes contre l’administration publique et la corruption dans des actes judiciaires ». Dans un premier temps, Giancarlo Longo, ancien procureur de Syracuse, a été arrêté ainsi qu’un autre avocat de la même ville : Guiseppe Calafiore, que l’on croyait en fuite à Dubaï, s’est rendu à la Police de Catane à son arrivée le 10 février dernier. Deux autres procureurs, le procureur-adjoint Di Mauro et l’ancien procureur Musco, ont été depuis arrêtés également par le procureur de Messine.

L’ancien procureur de Syracuse, Longo, à l’invitation de l’avocat Amara, Conseil juridique extérieur d’ENI, avait déclenché une enquête, sans aucun fondement, et un « prétendu faux » destiné à déstabiliser la compagnie pétrolière italienne et son patron Claudio DescalziEn fait, pour les enquêteurs qui ont arrêté Amara, le but aurait été d’entraver l’enquête milanaise sur les présumés pots-de-vin nigérians dans lesquels Descalzi était impliqué. 

Selon l’agence de presse italienne ANSA,le procès de l’affaire de corruption impliquant Saipem, filiale d’ENI en Algérie, serait également concerné par ces arrestations qui pourraient aboutir à de nouvelles révélations.

ENI a confirmé dans un communiqué la perquisition dans les bureaux et au domicile de M. Mantovani, soulignant avoir « confiance dans l’honnêteté des actions menées par ses dirigeants dans le cadre de cette affaire« .

« ENI, qui ne fait pas l’objet d’une enquête, espère que la lumière se fera au plus vite sur les faits qui font l’objet de cette enquête« , a ajouté le groupe dans ce communiqué.

Les compagnies pétrolières Eni et Shell comparaîtront à partir du 5 mars devant le tribunal de Milan, pour des soupçons de corruption lors de l’attribution d’un contrat concernant un bloc offshore au Nigeria.

Parmi les prévenus figurent l’actuel patron d’ENI, Claudio Descalzi, son prédécesseur, Paolo Scaroni, de même que d’autres dirigeants et cadres de Shell et du groupe italien, ainsi que l’ex-ministre nigérian du Pétrole, Dan Etete.

La justice italienne soupçonne le versement de pots-de-vin lors de l’attribution par le gouvernement nigérian à ENI et Shell d’un contrat de 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) pour la concession offshore OPL-245 en 2011.

Concernant les activités des pétroliers dans la très corrompue République du Congo, aucun fait de corruption avérée n’est actuellement sur la table d’un quelconque procureur français ou italien. Loin de là : il était même question du déplacement de l’avocat parisien Eric DupontMoretti pour voler au secours de la justice kafkaïenne du tyran de Brazzavole. Il est évident qu’à la chute du tyran des batteries complètes de casseroles sortiront des placards du clan Nguesso. C’est sûrement la raison pour laquelle le gang mafieux, qui se dissimule dans l’Etat failli du Congo-Brazzaville, reçoit chaque mois de ses partenaires pétroliers de quoi payer ses militaires, ses mercenaires et ses hommes de mains ; à la rigueur également quelques fonctionnaires … 

Vingt années que ce petit manège perdure ! Des dizaines de milliards de dollars évaporés dans des dépenses folles et dans une corruption planétaire effrénée pour le maintien au pouvoir d’une marionnette sanguinaire.

Chute ou pas du tyran cerné de toutes parts et pris, à son propre piège, par ses anciens partisans contre lesquels il s’est retourné : les virus portugais et italien finiront bien par se répandre, en Suisse, aux Etats-Unis et pourquoi pas en France… L’interview récemment accordé au journal italien « La Repubblica » par l’ex-ministre des finances Jean-Luc Malekat intéresserait beaucoup le Parquet de Milan. Il nous faut y croire, n’en déplaise à tous les réseaux françafricains et aux Macroniens encore frileux : la vraie et bonne justice finira par triompher !

Rigobert OSSEBI

Diffusé le 13 février 2018, par www.congo-liberty.org

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8 réponses à Des Juges arrêtés au Portugal et en Italie à cause de l’argent sale du pétrole africain

  1. Anonyme dit :

    La corruption est enracinee dans la plupart des pays, certes. Quand on vit en Europe, on a l’impression que la corruption n,existe pas du fait de la redistribution des richesses. La ou le bas blesse dans des pays comme le Congo-Brazzaville, la corruption est devenue une culture nationale au meme titre que le ndzango, la rumba. Ceux qui s’autoproclament nouveaux riches deploient des reseaux, surtout  » le gang mafieux, qui se dissimule dans l’Etat failli du Congo-Brazzaville ». Aujourd’hui,  » le déplacement de l’avocat parisien Eric Dupont–Moretti pour voler au secours de la justice kafkaïenne du tyran de Brazzavole » en est un exemple

  2. Val de Nantes , dit :

    L’argent est Le maître du monde le connard de l’Alima l’a bien compris.Il apprivoise le monde , grâce à ce liquide béni de Dieu.
    Mais , qui s’est transformé en une horrible malédiction pour le Congo.
    J’aurais souhaité que mon pays ,puise dans les cervelles de chacun de nous , afin de réécrire son avenir économique autrement que par le pétrole.
    Quel gâchis,de voir toutes ces têtes bien faites, trainer en Europe , pour cause de discrimination patronymique.
    Récemment , mon petit fils , me faisait une réflexion sur cette errance des diplômés congolais à travers la France .Ma réponse fut lapidaire , et elle tient en une phrase , c’est Sassou qui en est le responsable.
    Cette errance diasporique est le miroir défaitiste du Congo Brazzaville.
    Sauter ou brûler une génération des cadres pour inconvenance ethnique est aussi un meurtre que tuer quelqu’un.

  3. Ano dit :

    Je soumet un avis à la diaspora Parisienne…

    Comme chacun le sait une omerta politique et médiatique pèse lourdement sur le Congo et qu’il est difficile que l’information sorte. Alors je me pose la question puisque le pays ne semble pas intéresser la presse pourquoi ne pas profiter du cas de l’avocat Eric Dupont–Moretti pour contourner le problème.
    Il me semble que la presse d’investigation pourrait être intéressée, non pas par le Congo lui même, mais du fait que le premier avocat de France aille soutenir un dictateur Africain et par contrecoup on serait bien bien obligé de parler du problème Congolais.
    Un communiqué de la diaspora bien structuré en ce sens et transmis dans toutes les agences de presse écrites, audiovisuelles,,,, il serait quand même étonnant que cette info n’intéresse personne.

  4. justice pour ECAir? dit :

    Après les justices italienne et portugaise, il serait agréable que les justices helvète, belge, francaise, italienne et même espagnole (Pefaco) et des Emirats suivent la même voie, et poursuivent les (anciens) dirigeants de ECAir et les responsables des sociétés associées (CoeM, Privatir, en premiers) ! Cerise sur le gâteau, qu’après Sassou la justice congolaise poursuive également les irreponsables (Bouya, Beyina-Moussa…).

    Au moins il semblerait qu’il y ait une volonté de fin d’impunité dans certains états européens, Espérons que cela génère une pandémie de vraie justice à court-terme.

  5. alessandro caroti dit :

    il existe deja en afrique dans le cadre du droit des affaires de l’ohada dont le congo est etat partie, un droit penal des affaires. en 1992 Mr justin lekoundzou ithi ossetoumba avait deja ete juge puis condamne a 20 ans de prison par un juge tres proche du mcddi decede aujourdhui en la personne de maitre patrice nzouala.

    Cet arret fut casse par la cour supreme de justice sous lamandature de me pl lenga DANS SON ARRET ME PLACIDE LENGA AVAIT DIT QUE LON NE POUVAIT PAS CONDAMNER UN JUSTICIABLE SUR LA BASE DE FORTES PRESOMPTIONS POPULAIRES

    vive tres sincerement me placide lenga en dautres termes ce nest pas parceque deux quartiers tres complices de brazzaville soit bacongo et makelekele croient fermement que vous etes un voleur que vous l’etes. il faut apporter des preuves

    le droit italien est different du droit ohada

  6. Val de Nantes , dit :

    Le pillage à ciel ouvert ,vient de connaître un début de déballage familial avec la découverte de 700 millions de CFA chez Didier Elongo le Simba sac de Bouya.
    Et ce n’est qu’un début du film des voleurs de la République.
    Ou
    Il y a la partie extérieure,donc la connivence internationale. et la partie intérieure , appelée la connivence familiale.

  7. carole claudia sassou ng claudine munari et stella mensah sassou ng maire de kintele dit :

    FAUX

  8. SAMORY dit :

    En Occident, lors que des fonctionnaires rechignent à prendre part aux campagnes judiciaires de déstabilisation contre les décideurs africains, l’establishment néo-coloniale met fin à leur carrière en les humiliant de la sorte. Avec l’affaire des deux juges européens soit disant complices de certaines « dictatures », les occidentaux vont trouvé le prétexte à noyer le poisson, pour que que l’opinion publique demeure dans l’ignorance absolue. Tandis que le vrai débat se situe au niveau des revendications formulées par les associations de la société civile panafricaine, lesquelles exigent la vérité au sujet de l.m.ocampo (le super héros des freedom fighters et autres preux chevaliers de la transparency financière.), l’ancien procureur général très corrompu de la CPI négrière. Voilà un magistrat blanc spécialiste du Code Noir, l’un des plus grands promoteur des romans talmudiques magico-fantasmagoriques; un nostalgique du commerce triangulaire qui voulait donné des lecons de democrazy à l’Afrique. On croit rever là ! Mais comme dirait le valeureux tribun Charles Blé Goudé: « c’est pas dans bouche que tu vas mangé piment ». A quand la dénonciation des magouilles de l’imposteur de la Haye par les habituelles ONG à financement anglo-saxon ? That is question. Au lieu de quoi, des sous-fifres inconnus (bien souvent des cadres dissidents qui ont finit par prendre fait et cause en faveur des pays du Sud) ont été choisit au hasard pour etre exposer à la vindicte populaire. Histoire d’occulter le scandale mondial pétro-financier, sous fond de complot occidental visant les Etats alliés des BRICS, dans le quel le petit juge argentin a mouillé des années durant dans l’argent propre au service des grandes puissances. Quel deux poids deux mesures ! Les enquetes minutieuses de Mediapart sont formelles, nul ne peut mettre en doute la compétence de ce journal en matière d’investigation. Cette fois ci, ses journaleux ont fait preuve d’objectivité. Ils ont su se départir de leur chauvinisme racial, afin de dévoiler les coulisses mafieuses de la Cour Pénale Impérialiste, sur laquelle jurent tous les « y voient rien » boucantiers du monde entier.

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