Côte-D’ivoire: La France contre l’Afrique.

Qu’aurait pensé Mongo Béti, auteur de l’ouvrage à succès « la France contre l’Afrique », à qui nous avons, par fidélité, emprunté le titre de cet article, s’agissant de la crise ivoirienne?

Les images humiliantes de Laurent Gbagbo, en sueur, hagard, et en marcel blanc, à l’hôtel du golf, sont à la fois insupportables et humiliantes pour les africains, et tous ceux qui sont épris de ce continent. « Quelle est alors l’âme éprise de liberté qui resterait sensible devant ce fait révoltant qui traite les africains comme des hommes de seconde zone? », aurait nul doute, tonné Mongo Béti.

La démission et l’inertie de l’Union africaine, incapable de trouver une solution africaine à un contentieux post-électoral africain, a donné du grain à moudre à la France, le gendarme de l’Afrique. Sous-couvert du Chapitre VII de l’ONU, la France a usé de son « influence » au sein du Conseil de Sécurité, qui se compose de cinq membres permanents, institué au sortir de la Seconde guerre mondiale, pour intervenir en Côte-d’ivoire. Cette obsession soudaine de « rétablir » la démocratie en Côte-d’ivoire, n’a qu’un but: faire main basse sur le cacao.

Ne soyons pas dupes! La France n’a jamais été philanthrope à l’égard de l’Afrique. L’aide prétendument exceptionnelle de 40 millions d’euros accordée à la Côte-d’ivoire; plus une rallonge de 250 millions d’euros accordée le 15 avril 2011, est loin d’être désintéressée. Alors que la France croule sous des déficits budgétaires abyssaux et une crise financière sans précédent, cet empressement « d’aider la Côte-d’ivoire » est suspecte. Même si la France prétend « l’aider », ou fait semblant, toutes ces pseudo aides cumulées, sont moins importantes que les capitaux qui sont volés à l’Afrique par la France et ses multinationales.

Par voie de conséquence et malgré ses richesses humaines, vivrières et minières, mécaniquement l’Afrique s’appauvrit. Ce n’est pas une destinée mauvaise qui aurait programmé la pauvreté des africains, ni un manque de « maturité » empêchant l’Afrique de s’ouvrir à la démocratie, c’est un système d’exploitation forcené mis en place et maintenu par la France(Mongo Béti).

Au delà des incantations et du sophisme conjugués de la classe politique et des médias français, la France a joué un rôle majeur dans la capture du « boulanger d’Abidjan ». Avec l’aval de l’ONU, la France a bombardé la présidence ivoirienne ainsi qu’un camp militaire qui abritait aussi des familles. La France a ouvertement appuyé l’offensive anti-Gbagbo, perpétuant la « Françafrique », ce système affairiste favorisant des groupes amis comme Bouygues, Bolloré et Véolia.

A moins de prendre les africains pour des incultes, où est passée cette volonté restauratrice de la « démocratie » en Afrique par la France, alors que les élections présidentielles viennent d’être truquées en Centrafrique, au Burkina-Faso (pays des hommes dits intègres), et au Bénin? La France n’a jamais été du côté des peuples africains, mais de la préservation de ses intérêts.

« Si l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », selon les propos de Sarkozy tenus le 26 juillet 2007 à Dakar, les matières premières de l’Afrique font l’histoire de la France, et elle ne peut s’en passer. Liée également à la France par la monnaie, le FCFA, quelle marge de manœuvre dispose l’Afrique pour se libérer du joug colonial français?

Ce parti pris de la France a pour conséquence de faire apparaître Ouattara comme le « protégé » de la France. Sarkozy devra faire preuve d’ingéniosité pour transformer cette ingérence meurtrière française en victoire de la « démocratie » en Côte-d’ivoire.

Quelques mois avant sa mort, Mongo Béti prononçait ses mots: « Pour assainir définitivement la relation Afrique-France, et prévenir massacres et autres génocides, il convient surtout de libérer les acteurs des médias français de toutes les inhibitions, psychologiques, politiques et culturelles qui les ont paralysées jusqu’ici. Comme ailleurs, dans les pays développés et réellement démocratiques, il faudra bien que même le jour où un journaliste français parlera objectivement de l’Afrique, même si les faits contredisent son idéologie ».

Pour la énième fois, comme bien d’autres avant nous, l’Afrique doit prendre en main son destin. Nous sommes surpris que la France parle sans cesse de démocratie, alors qu’elle n’est pratiquée par exemple, par aucune des institutions internationales qui gouvernent la planète. Et si le but inavoué de cet interventionnisme incessant n’était que la recolonisation de l’Afrique?

« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente »(discours sur le colonialisme, Présence africaine, 1955, Aimé Césaire).

 

Alexis BOUZIMBOU

Cercle de réflexion pour des idées nouvelles

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Une réponse à Côte-D’ivoire: La France contre l’Afrique.

  1. BIMA dit :

    que voulez vous la france est roi et les pays africains esclaves de leurs propres matières premières, sur ce les chefs etats africains ne sont que des sous-préfets de la france ça au moins on a compris.

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