COREE DU NORD – CONGO DE SASSOU: CHERCHEZ L’ERREUR.

Pour mettre en évidence les similitudes entre la Corée du Nord, vampirisée par la dynastie dictatoriale des Kim et le Congo-Brazzaville, mis en charpie par la dictature Sassou, j’ai opté pour une démarche qui emprunte tout autant à l’analogie qu’à la réflexion pure. Comme Raymond Queneau, d’aucuns pinailleront à satiété que toute comparaison étant minée par de limites, jamais elle ne ferait office de preuve. Qu’on ne prouverait rien par la comparaison !

A la faveur du décès du dirigeant nord-coréen Kim Jong –II, nous avons eu droit aux reportages télévisuels surréalistes, mettant en exergue le désarroi collectif de la population qui manifestait à qui mieux-mieux son affliction face à la perte du grand leader de leur nation. De fait, le climat de suspicion généralisé, délibérément mis en place par ce pouvoir, condamne par la clameur publique, quiconque ne manifesterait pas sa douleur de façon ostensible. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces loques humaines, privées du minimum vital par ce despote, souffrent d’une forme rare de syndrome de Stockholm. Ce phénomène psychique caractérisé par l’empathie qu’une victime éprouverait à l’égard de son ravisseur. Pathétique !

Kim Jong-Un va hériter d’une économie moribonde dans un pays marqué par la famine et de graves pénuries alimentaires à répétition. Son illustre défunt de père a abondamment utilisé la propagande, un culte exacerbé de la personnalité, une armée docile et les camps de travail pour maintenir son pouvoir comme l’avait fait son père avant lui. Dans ce pays, toute chose émane du leader et finit en lui. Les chansons chantent sa gloire. Tout progrès s’obtient grâce à sa vision.

Osons la comparaison, relevons les similitudes. La Corée du Nord est un Etat à parti unique avec un Front Uni mené par le parti du travail de Corée (KWP). Evidemment, pour user de la formule consacrée, toute similitude avec le parti congolais du travail, qui fait la pluie et le beau temps au Congo, n’est que fortuite. Le PCT, ce parti artificiellement hégémonique, n’est majoritaire à l’Assemblée nationale que par des turpitudes des magiciens de Mpila qui ont concocté d’étranges circonscriptions peuplées de fantômes, les votants étant plus nombreux que les inscrits. La logique mathématique est mise à rude épreuve. Résultat des courses : ce parti est plus revigoré qu’au temps du monopartisme.

Le gouvernement de la Corée du Nord suit l’idéologie officielle d’autonomie du Juche développée par le président Kim Il Sung, déclaré « président éternel » après sa mort et succédé par son fils Kim Jong Il. Au pays de « l’immortel » Marien NGouabi, on voit avec quel cynisme, tout espoir d’alternance est anéanti par le système Sassou, notamment lors de la diversion d’ EWO où les dés étaient pipés depuis, consacrant la pérennité dictatoriale.

Si un Nord-coréen regardait la Télévision nationale Congolaise, il ne risquerait pas d’être dépaysé ! Il y verrait le même culte de la personnalité avec un Président omniprésent. Des reportages sur les grandes réalisations du «Grand bâtisseur» passent à longueur de journée et débordent même sur les  autres télévisions privées à coup de millions de francs CFA. On peut le rappeler opportunément ; ces télévisions privées appartiennent, soit à un autre faucon du régime impliqué dans l’affaire qui hante leurs nuits : «  l’affaire des disparus du Beach », le Général Dabira, ou appartenant au grand frère du Président, Maurice NGuesso, devenu homme d’affaires redoutable. La preuve tangible d’une véritable main basse sur les pans entiers de l’économie congolaise par ce clan mafieux.

L’insigne impéritie du système congolais, éclate désormais dans toute son horreur. Aussi ministres, dé­putés ( presque tous nommés), Directeurs généraux, administrateurs, chefs d’entreprises musiciens ou simples vendeuses de poisson ; bref , tous ceux qui ont l’inespérée occasion de parler devant une caméra de Télé Tâ NKOMBO , s’appliquent à construire l’imaginaire à partir des références à mille lieues de la réalité. Sur ce, ils rivalisent d’ardeur pour chanter la vision extraordinaire du Grand leader, Grand bâtisseur, Grand maître, Grand Timonier, la seule constante…

Toute proportion gardée, nous sommes habitués au Congo à ces scènes d’hystérie collective à l’occasion des déplacements du «  Grand bâtisseur » lors des dépôts de pierre ou des pseudo-inaugurations. Cette façon de faire, symptomatique des régimes staliniens, constitue à double tire une véritable escroquerie. D’abord, les réalisations sont dans une large mesure financées sur emprunt à long terme auprès de la Chine et de la Communauté Européenne et non sur fonds propres, en dépit de l’explosion des recettes pétrolières. Ensuite, ceux qui viennent applaudir le Grand Timonier congolais, sont transportés par bus entiers sur les lieux de propagande. Où est donc passé l’argent du pétrole ?

Par conséquent, si un Nord-Coréen visitait «  le pays de Marien » par l’intermédiaire d’un affidé du régime, il ne serait pas tout aussi dépaysé. On lui ferait visiter sûrement le monument de la honte, planté en plein cœur de Brazzaville et construit à coups de milliards de F CFA, alors que l’ascenseur du CHU à quelques encablures de ce sinistre lieu, est en piteux état. On lui ferait une projection sur l’aéroport Maya-maya, le barrage d’Imboulou, tous construits par ses voisins, les chinois ; également financés par eux, inspirés par les grandes idées du Président Bâtisseur couchées noir sur blanc dans son funeste « Chemin d’avenir »…

On lui ferait un cours sur le « sassouisme », doctrine visionnaire  du Grand Maître et qui est en train de mener le pays à la prospérité, un Congo émergent en …2025(sic). Et enfin, on lui présenterait le successeur du Grand Maître, son fils Christel NGuesso, promu au Comité Central du PCT, et qui continue de gérer l’aval pétrolier au sein de la SNPC, la caisse de l’épicerie familiale, alors que son incompétence et son impudence caractérisées ne sont plus un secret pour personne. Son seul exploit ; il a réussi à siphonner les recettes pétrolières du Congo à travers la défunte COTRADE, ce qui lui a valu d’être épinglé par les experts des Institutions de Bretton Woods qui avaient exigé la dissolution sur- le- champs de cette odieuse structure. Comme Kim Jong-un, il a naturellement hérité des qualités de son géniteur pour conduire à bon port le destin du peuple. Destin fait de misère, de grandes famines, de recrudescence des maladies moyenâgeuses, de géants pillages des recettes pétrolières, bref un destin mis en péril ad vitam aeternam.

Blackout oblige, le Nord coréen se sentira une fois de plus chez lui au Congo quand il apprendra par la presse internationale que les autorités sud-africaines avaient saisi en novembre 2010 deux conteneurs transportant les pièces des armes coréennes, qui ont été énumérées en tant que « pièces de rechange ». Ces containers portaient une quantité importante de pièces pour les « chars T-55 » y compris les appareils de pointage, des radios, des voies et  d’une valeur d’environ un demi million de livres sterling. Selon les autorités sud-africaines, le port de destination finale était Pointe Noire en « République du Congo ». Il pourra également s’informer sur une autre vente d’armes. En effet, en décembre 2010, les autorités thaïlandaises avaient arrêté cinq personnes, relâchées depuis, et bloqué sur un aéroport de Bangkok un avion cargo de type Ilyoushine transportant des armes de guerre venant de Corée du Nord vers le Congo. Pour se maintenir au pouvoir par la terreur, Sassou NGuesso, adopte cette politique d’importation massive d’armes, analogue au Songun, la politique « de l’armée d’abord » adoptée par Kim Jong-Il afin de renforcer le pays et le gouvernement.

Beaucoup de dictatures ont été expédiées aux mille diables ces derniers mois, on ne peut que s’en féliciter. Cette pointe d’optimisme est diluée dans des perspectives sombres, tant au Maghreb, ce sont les religieux qui pointent leur nez, et en Corée du nord, les dictatures se transmettent de père en fils. Le destin de la Corée du Nord est, somme toute, lié à celui de Kim Jong-deux( Kim Jong-un) qui saura très vite se faire aimer , lui aussi. Celui du Congo, tributaire de la rente pétrolière, est comme vous le savez déjà entre les mains de la dynastie dictatoriale de Sassou. Dénis Christel Sassou NGuesso( Sassou II) qui régente la part du pétrole congolais, le nerf de la guerre, gère ipso facto le destin de tout un pays. Cherchez l’erreur…

 

Djess Dia Moungouansi «  La plume libre au service du peuple »

Membre du Cercle de Réflexion LA RUPTURE.

Le Blog de Djess

http://demainlecongo.kazeo.com

 

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