Congo : Une dictature africaine et des complices….. Par Serge Berrebi

 Le temps passe, et il est de plus en plus évident que le processus qui a amené à l’effacement de la dette congolaise n’a été qu’une vaste supercherie dont ont été victimes les contribuables des pays membres du Club de Paris.

Une intelligence, particulièrement rompue aux restructurations et aux effacements de dettes, a sans doute approché le président congolais en lui proposant l’idée de ne pas avoir à payer les siennes. Il suffisait de dissimuler les véritables ressources du pays et de bénéficier de sa connaissance des réseaux qui amèneraient le Congo à bénéficier du programme PPTE.

Simple comme bonjour pour les très rares initiés !

Cette intelligence, que l’on peut qualifier de criminelle, a permis qu’un des pires régimes d’Afrique abuse d’un programme, auquel il n’avait pas droit. A la lumière des éléments qui apparaissent maintenant, il n’est pas sûr que ceux qui se sont prêtés à cette conspiration n’aient pas à rendre des comptes à la Justice des pays membres du Club de Paris…

Le Fonds Monétaire International, qui avait délivré le feu vert à l’effacement de sa dette, pourrait contribuer à la recherche des responsabilités. C’est un peu le sens de la lettre (ci-dessous) que j’ai adressée ce jour à la Chef du Département Afrique du FMI, Madame Antoinette Sayeh.

 

Serge BERREBI

111, Bd Croisette

06400 CANNES

[email protected]

Mob : 0677186038

                                                                                                              Cannes le 04 novembre 2012

                                                                                               Madame Antoinette M. SAYEH

                                                                                              Director African Department

                                                                                              International Monetary Fund

                                                                                              Washington DC (USA)

Madame,

Bien avant l’effacement de la dette de la République du Congo, de sérieuses et multiples mises en garde avaient été adressées au Fonds Monétaire International et à son personnel sur la réalité de la situation dans ce pays. Il ne devait pas être éligible au programme PPTE et encore moins atteindre le Point d’Achèvement. Il n’en a, alors, pas été tenu compte.

Aujourd’hui, un peu plus de deux années et demi après cette décision d’effacement de la dette congolaise, les dérives flagrantes de toutes sortes (oligarchiques, dictatoriales, sécuritaires et financières) donnent cruellement raison aux opposants, dont j’étais, à cette charité démesurée au profit de cette dictature d’Afrique Centrale. Cet effacement, nous pouvons le constater maintenant, est un échec lamentable pour les institutions qui l’ont permis. La vôtre doit supporter tout le poids de sa décision !

C’est un devoir citoyen que d’alerter, les médias, les associations et toute Cour de Justice qui pourraient être concernés par l’usage scandaleux qui a été fait de l’argent des Contribuables des pays membres du Club de Paris. Les actions de « Whistleblowing » doivent être encouragées dans tous les pays où elles sont permises. La vérité doit être obtenue quant aux véritables motivations et responsabilités des différents intervenants.

Certains Etats, peu méritants, n’hésitent pas à chercher à s’attirer les bonnes grâces des décideurs d’aides internationales de toutes sortes, à quelque niveau que ce soit. Le corrupteur Congo, indéniablement, fait partie de ce petit club d’Etats.

Aussi, pour une affaire Alex Ségura, qui est parvenue sur la place publique, combien ne l’ont pas été ?

Modestement, je dois vous rappeler que j’ai été le premier à évoquer un risque de « rétro-charité » auquel il fallait être particulièrement vigilant.

Le mieux serait que le Comité d’Ethique du Fonds Monétaire International s’en saisisse enfin. Et ce rappel des circonstances, dans lesquelles le Congo a bénéficié indument de milliards de dollars de la générosité internationale, pourrait lui être bien utile…

Déjà votre correspondance du 3 décembre 2009 en réponse à la lettre du 10 novembre, dont vous n’aviez voulu tenir compte, adressée par Maître William Bourdon à Monsieur Dominique Strauss-Khan, alors Directeur Général du Fonds Monétaire International,  se terminait ainsi : « In this regard, the IMF encourages the authorities to use its best efforts to obtain comparable treatment from all its creditors as it pursues debt relief. In the same vein, it encourages all creditors to participate in HIPC debt relief for Congo. Finally, we would note that number of triggers (pre-conditions), including the governance area, are being fulfilled in order for Congo to reach the HIPC completion point…. »

Votre satisfaction était clairement exprimée et la République du Congo, d’après vous, méritait amplement la réduction de sa dette que votre « feu vert »,  l’attribution du Point d’Achèvement, allait alors permettre. Toutes les preuves « d’erreurs » et de fraudes, notamment  celles signifiées par Maître Bourdon, n’ont pu avoir raison de votre vision volontairement tronquée relative à la réalité de la situation congolaise et de votre position fermement affirmée d’un Congo vertueux et méritant le généreux cadeau de 5 milliards de dollars d’effacement de sa dette.

S’agissant avant tout d’argent public, celui des contribuables des pays membres du Club de Paris ainsi que celui de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (255,2 millions US pour ces deux institutions offerts à la dictature congolaise), on ne peut qu’être choqué par la ferme intransigeance de hauts dirigeants du FMI dans leur refus d’y accorder la moindre importance. Une position en réalité trouble et suspecte….

Heureusement que nous sommes dans un monde où, malgré tout, la Justice a toute sa place et que bien souvent elle obtient le dernier mot.

Ainsi, l’Office Fédéral de la Justice Suisse a, depuis de longs mois, ouvert une enquête pour « corruption et blanchiment » qui vise, d’après la presse helvète, en partie des personnalités congolaises. Environ 2 milliards de dollars de cargaisons pétrolières du début 2010 à la fin 2011, négociées dans des conditions obscures  ont attiré l’attention des autorités suisses. Des pseudos préfinancements que vous aviez officiellement combattus,  ont capté ces revenus, comme la  quasi-totalité des revenus pétroliers congolais, en faveur de sociétés chinoises. L’enquête concerne un Trader genevois, mais nul doute que ces pratiques touchent, bien évidemment, tous les autres opérateurs qui ont à faire avec la kleptocratie congolaise et qui, pour la plupart, sont installés dans la même place financière.

 La bonne gouvernance congolaise que vous vantiez pour justifier l’attribution du Point d’Achèvement au Congo Brazzaville en est, incontestablement et très sérieusement, battue en brèche.   

Ces faits, entre tous les autres portés à votre connaissance, ont le grand mérite d’être maintenant entre les mains de la Justice d’un petit pays, mais d’une grande démocratie, insensible aux lobbyistes de Washington, chèrement payés par Sassou NGuesso ou à ses relais « françafricains » tout aussi généreusement récompensés. Nul doute que les investigations iront à leur terme. Je ne saurais manquer de vous rappeler que la Suisse est un pays membre du Club de Paris et je ne désespère pas qu’un de ses contribuables demandera des explications sur la manière dont sa générosité a été abusée par l’effacement de la dette congolaise.

Le Fonds Monétaire International ne s’intéresse qu’aux équilibres macro-économiques et à la coopération monétaire internationale, nous le savons bien, mais il est évident qu’il a scandaleusement failli à sa mission, avec la Banque Mondiale, de bien veiller à ce que les réformes préalables à l’obtention du Point d’Achèvement mèneraient à une  réduction de la pauvreté dans ce pays faussement classé PPTE. (Il me faut vous rappeler que Madame Christine Lagarde, l’actuelle General Manager du Fonds Monétaire International alors Ministre des Finances de la République française, coiffait le Club de Paris qui avait reçu copie de la lettre du 10 novembre 2009 adressée à Monsieur Strauss-Kahn).

Dans le récent classement « Doing business 2013 » réalisé par la Banque Mondiale, la République du Congo malgré les milliards de dollars dont elle a été gratifiée, grâce à vous, et malgré le « miraculeux » quasi-doublement de sa production pétrolière et de la révélation par TOTAL d’une incroyable réserve de 300 millions de barils de pétrole, se positionne honteusement, à la 183ème place sur 185 pays.

Le moins que l’on puisse dire, l’argent public dont le FMI avait permis la distraction, en faveur de cette dictature, n’a pas été très bien employé sur le plan économique ! On peut même affirmer qu’il a produit des effets totalement opposés à celui, la réduction de la pauvreté, auquel il était destiné !

Il y a quelques mois, le 4 mars 2012, du fait de la dramatique explosion des dépôts d’explosifs et d’armements situés quasiment au cœur de la capitale congolaise, j’avais interpellé Monsieur Oscar Edgardo Melhado Orellan, votre Représentant à Brazzaville, sur la responsabilité du Fonds Monétaire International pour sa « complaisance et le laxisme à l’égard d’une dictature, bien plus qu’à un Etat voyou ». ( http://sergeberrebi.over-blog.com/article-fmi-brazzaville-hiroshima-et-nous-101551684.html ). L’achat d’armement a constitué et constitue toujours une priorité absolue !

Ma voix, heureusement n’est pas la seule à dénoncer la situation congolaise, la prédation des richesses et des ressources, les abus du pouvoir dirigeant  qui, grâce à l’effacement de ses dettes, n’a pas fait qu’augmenter les souffrances de sa population au lieu de les réduire. Sur les malheurs de cette dernière, vous devriez lire le terrible constat que dresse Monsieur Bernadin Dilou et qui a motivé la rédaction de la présente lettre : (http://www.mampouya.com/article-congo-brazzaville-ou-le-theatre-de-la-guerre-civile-multiforme-et-permanente-111688367.html ). En voici un extrait :

« Le Congo Brazzaville s’illustre en la matière en devenant le théâtre de la guerre civile multiforme et permanente.

D’aucuns pourraient s’offusquer à l’idée que le Congo Brazzaville soit devenu le théâtre de la guerre civile. Mais, qui connait le Congo ne peut guère s’en étonner. En effet, il convient de dénoncer les formes malines et sournoises de la guerre civile qui sévit encore aujourd’hui au Congo Brazzaville.
Nous nous souviendrons pour longtemps des atrocités commises sur les populations du sud du Congo, par des milices entretenues et lourdement armées par les tenanciers du pouvoir. Certes, depuis les armes lourdes utilisées lors des récentes guerres fratricides se sont tues. Mais, ce serait une hérésie de croire que le pouvoir de Brazzaville est résolument favorable à la paix. Car, après ces douloureux épisodes, les tenanciers du pouvoir de Brazzaville qui ne manquent pas d’imagination ont très vite déployé d’autres armes silencieuses et sournoises aussi destructives que les « kalachnikovs ». D’où l’impression d’une paix acquise et assise alors qu’il n’en est rien.
La guerre civile multiforme et permanente est bien là.            

 Pour causes, la « mal gouvernance », l’absence de statistiques, la corruption, la prostitution, le saupoudrage ou l’achat des consciences, l’insécurité, l’injustice, l’impunité, la politique de la terre brûlée et l’utilisation de la religion à des fins politiques ont remplacé les armes conventionnelles et constituent les causes directes et certaines de l’hécatombe au Congo Brazzaville.
De nos jours, il n’échappe à personne que tout Congolais est enclin à une guerre civile permanente qui ne dit pas son vrai nom. Tant, la mise en danger de la vie d’autrui, l’absence des libertés et les discriminations en tous genres sont devenues légions et tendent à s’enraciner dans les mœurs. L’immoralité et l’incivisme ont investi toutes les sphères du social, de la santé, de l’éducation, de la culture et de tant d’autres domaines de la vie et de l’existence des populations Congolaises. Il n’est pas un seul Congolais qui ne soit exposé aux avatars de la « mal gouvernance » ou aux antivaleurs mis en musique par les pouvoirs publiques.
Il ne se passe pas un seul jour sans que les actualités n’inscrivent aux faits divers, les crimes, les arrestations arbitraires, la gabegie et les violations des droits de l’homme. Sans oublier les pandémies qui s’invitent dans la cour d’une société déjà infectée d’immondices morales. Avec une prostitution tolérée, intégrée et devenue quasi institutionnelle et non sans conséquence sur le taux exponentiel de mortalité infantile et juvénile sous le couvert du sida.
Mais pas seulement, il faut y adjoindre les nombreuses pathologies liées à l’insalubrité des villes ou à l’absence de programmes efficients de services d’hygiène et de santé publique. La vétusté et l’insuffisance des infrastructures et logistiques sanitaires, l’abandon et le délabrement du tissu éducatif, scolaire et universitaire. Pour preuves, les hôpitaux sont devenus des mouroirs, les espaces pour instruction transformés en foutoirs et en orgies. Le cynisme et le mépris de la nature humaine savamment entretenus et exhibé par la classe politique, n’est pas en reste, au regard des graves atteintes à l’intégrité physique, morale et psychologique des populations comme en témoignent la désolation, la dépravation des mœurs, la paupérisation, la partition du peuple en deux camps qui se côtoient et se regardent en chiens de faïence. Les uns exhibant les artifices de leurs richesses indûment acquises et les autres croupissant et mourant dans la grande misère sous le regard indifférent et suffisant des gouvernants. Mais aussi, au regard de la démission de l’état en rapport avec ses fonctions régaliennes. Le tout, couronné par l’institutionnalisation d’un état de non droit avec en prime le règne d’un clan contre tout un peuple, instaurant ainsi un climat de terreur et de peur auprès des populations. »

Terrible réquisitoire en effet !  Mais qui croire, vos rapports élogieux et erronés ou ce tableau on ne peut plus noir ?

Les complices de ce régime, où qu’ils se trouvent, méritent d’être poursuivis !

Répétons-le,  l’effacement de dette supporté par les Contribuables des pays membres du Club de Paris, n’aurait jamais dû bénéficier à une des pires, sinon la pire, dictature africaine. Elle a interprété cela comme un encouragement à agir encore plus mal à l’égard de sa population dès lors qu’elle avait obtenu la reconnaissance des Institutions Internationales et les allègements financiers colossaux qui allaient avec.

La responsabilité du Fonds Monétaire International n’en est que plus grande.

Indirectement dans la conclusion de la même lettre du 03 décembre, en extrait supra, vous m’adressiez le conseil de participer à l’allégement de la dette congolaise alors que nous savions tous que ce pays riche ne le méritait pas.

A mon tour, directement, je fais le vœu que le Comité d’Ethique du Fonds Monétaire International se penchera sur les faits que je soulève depuis des années et sur la procédure judiciaire, actuellement en cours devant le Parquet de Paris, que j’ai déjà déclenchée (Plainte contre Monsieur Dominique Strauss Kahn).

Pour conclure, j’ai une profonde pensée pour les innombrables victimes de l’ouragan Sandy qui vient de sévir sur la côte Est des Etats-Unis. Beaucoup ont tout perdu à cause du vent, des flots ou des incendies.

A-t-on jamais pensé à leur effacer leurs dettes ?

Sûrement pas ! En plus, ils continueront longtemps à payer dans leurs impôts les milliards de dollars, indûment effacés à cette dictature africaine et à quelques autres pays qui ne valent pas beaucoup mieux……

Salutations

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