Congo : Le HCR préoccupé par des «arrestations arbitraires de réfugiés congolais» au Gabon

Placée sous le thème «Un réfugié sans espoir, c’est déjà trop», la journée mondiale du réfugié sera célébrée le 20 juin prochain. Dans l’interview ci-après, Louis Michel Mboana, représentant du HCR au Gabon, insiste sur les difficultés des réfugiés et demandeurs d’asile congolais au Gabon et évoque les manifestations prévues à Libreville dans le cadre de cette commémoration.

Depuis le 1er février 2011, le gouvernement gabonais procède au réexamen du statut des réfugiés et demandeurs d’asile congolais au Gabon. En quoi consiste cette initiative et où en est-elle à l’heure actuelle ?

Au cours des réunions tripartites de Libreville et de Brazzaville de 2010, un certain nombre de décisions ont été prises. Les plus significatives sont, la fin de l’opération de rapatriement volontaire des réfugiés Congolais au Gabon au 31 décembre 2010 (date initiale), le réexamen du statut des réfugiés Congolais par le Gabon, si nécessaire avec l’aide du HCR à partir du 1er Janvier 2011 pour une durée de 3 à 6 mois, pendant la période de réexamen, le Gabon garantit qu’il n’y aura pas de situation de non statut, et la possibilité par le Gabon au terme de la période de réexamen de constater la cessation du statut pour les réfugiés et demandeurs d’asile Congolais établis au Gabon du fait des guerres civiles survenues au Congo entre 1997 et 1998 sans préjudice des droits des personnes dont la situation nécessite encore une protection internationale.

Dans le cadre du réexamen du statut des réfugiés Congolais de Brazzaville, le Gabon offre les options suivantes à savoir le rapatriement volontaire en République du Congo, la transformation de statut de réfugié et de demandeur d’asile en celui de migrant, la possibilité de naturalisation conformément aux dispositions pertinentes du code de la nationalité et la préservation des droits des personnes dont la situation nécessite encore une protection internationale. Au 10 Juin 2011, il y avait 38 cartes de séjour délivrées à Libreville. Le peu d’engouement des réfugiés pour l’obtention de la carte de séjour résulte du coût élevé de celle-ci. La plupart des réfugiés nous ont informé des difficultés qu’ils ont de réunir ces moyens en raison de leurs conditions de précarité. Beaucoup en effet ont des activités dans le secteur de l’informel et vivent au jour le jour.

Durant la période de réexamen du statut, qui s’achève le 31 juillet prochain, le gouvernement gabonais a demandé aux forces de sécurité, aux services de l’immigration et à tous les détenteurs de l’autorité de l’Etat, de considérer les documents délivrés aux réfugiés et demandeurs d’asile congolais en cours de validité ou pas, comme conférant le statut de réfugié ou de demandeur d’asile. Ces instructions sont-elles respectées ?

Malgré les deux communiqués du gouvernement du 24 Janvier et du 9 Mai 2011 dont une partie recommande aux Forces de l’ordre de considérer comme valides les documents expirés, beaucoup de cas d’arrestations, de détentions arbitraires ont été rapportés à Mouila, à Franceville, à Libreville, à Moanda, à Ntoum, à Kango, à Mitzic. Nous avons organisé une mission à Ntoum et à Kango où nous avons constaté des cas d’arrestation. Beaucoup d’éléments des Forces de l’ordre avancent comme motif d’arrestation qu’il n’y a plus de réfugiés au Gabon. Ces cas d’arrestations et de violations de droits de l’homme nous préoccupent au plus haut point et nous travaillons avec les autorités pour mettre un terme à ces exactions car un réfugié arrêté arbitrairement c’est un cas de trop.

A la date du 31 juillet 2011, les personnes concernées, qui n’auront opté ni pour le retour volontaire, ni pour la transformation de leur statut en celui de migrant, seront considérées comme étant en situation irrégulière au Gabon. Le HCR a-t-il prévu des mesures pour ceux d’entre eux qui ne peuvent se payer une carte de séjour jugée onéreuse ou ne pouvant se trouver un emploi ?

Les communiqués du gouvernement du 24 Janvier et du 9 Mai disposent qu’au 31 Juillet 2011, les réfugiés et demandeurs d’asile Congolais qui n’auront pas opté pour le rapatriement volontaire et n’auront pas transformé leur statut en celui de migrant seront considérés comme en situation irrégulière. Le HCR est très préoccupé par cette situation dans la mesure où il ne sait pas ce qu’il adviendra de ces personnes. Cependant, il n’a pas de moyens pour aider les personnes vulnérables à payer leur carte de séjour.

Certaines personnes ne voulant pas devenir migrant au Gabon, ou craignant de retourner au Congo, vous auraient demandé la création d’un corridor humanitaire qui les amènerait au Cameroun. Une telle hypothèse est-elle envisageable ? Si non, quelles solutions pour ceux-là ?

Certains réfugiés avaient décidé de marcher vers le Cameroun à la date du 20 avril 2011, mais cette décision a été suspendue suite à l’intervention de la Représentation du HCR au Gabon appuyée par une mission du HCR venue du siège à Genève et de la Représentation régionale de Kinshasa. Les efforts se poursuivent pour que l’on n’arrive pas à cette extrémité.

Source : Ganeco

Voir notre article sur les réfugiés Congolais au Gabon : https://congo-liberty.org/?p=105

Ce contenu a été publié dans Actualités, Actualités du Congo. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire