Congo : FOUETTE ! COCHER, FOUETTE ! , par Dina Mahoungou

Quand vous parlerez du bon vieux temps, les larmes ne tarderont pas à vous mouiller tout le corps, les dirigeants des pays respectables commencent déjà à prendre des distances avec votre organisation.

Ça vous émousse qu’on vous montre du respect dans tout le continent et dans le pays, vos mercenaires paradent et veillent sur vous. Vos protecteurs francs-maçons et autres oligarques du Vatican, bientôt, vont vous ignorer royalement. Dans un haussement d’épaules, tous veulent que vous partiez, c’est la catastrophe, la coupe est pleine !

Ça suffit ! disent-ils, vous avez assez profité des failles propres du système onusien et de la grande versatilité qui gangrène les appareils politico-judiciaires de l’Union africaine.

Oui, d’aucune sorte ! Finis les privilèges, y compris vos passe-droits et vos forts appointements d’usurier, vous nous coûtez cher mon coco, on appauvrit tous les Congolais pour solder votre libertinage. Quel culot !

Sire, quand vous serez névrosé, loin du pouvoir, pensez au temps où vous étiez puissant. Ayant perdu tout de votre superbe, les rares amis autour de vous seront soit les moucherons, soit les matons.

Dans un rocking-chair au fin fond du nord-Congo, l’on vous verra en train de ruminer toutes vos colères ou plus près de nous, à la maison d’arrêt de la santé, un peu plus au nord à la Haye, peut-être encore plus près à Fleury-Mérogis, avec de vrais caïds autour de vous, quelle vie stupéfiante ?

Malgré son air indulgent, le temps n’arrangera pas les choses, vos anciens amis, eux, ne penseront qu’à leur pitance.

Vous penserez au bon vieux temps, Sire, où jadis dans un hallucinant festival dépensier, en pleine kleptocratie, embrigadé dans cette même dictature militaire et vénale, vos amis véreux et vous-même étiez les maîtres du monde.

Vous avez fait très fort, vous avez dépouillé, en avance d’un siècle, tous les actifs du Trésor Public congolais. Au jour d’aujourd’hui, vos copains les fraudeurs sont à dépecer tous les biens meubles et immeubles, une véritable bacchanale. Cette furie qui est la vôtre présente un attrait irrésistible pour la criminalité et la concussion.

Une Nation à ce point livrée à la pègre, vos égorgeurs de la garde Républicaine, pas très regardants sur les vies humaines. Vos saloperies de M’Pila vont coûter un milliard de dollars de dommages pour un pays complètement branquignolé.

Tandis que vous, dans vos palais rutilants, vous dirigez une administration totalement vermoulue, une bureaucratie jacobine, omnipotente et amorale. Votre organisation de cliques s’évertue à tout foutre en l’air. Vos collaborateurs issus des marigots brassent du pognon et brouillent les pistes, des gangsters sans pitié, sans motifs apparents.

Le moment venu, Sire, ni vos fortunes bâties à la hâte par opportunisme, ni vos hommes de l’ombre aux conspirations criminelles ne seront à vos côtés.

De grâce, Sire, pensez au temps !

Tous ces conflits par procuration, ces franchises contrebandières ne vous serviront plus à grand-chose. Un beau pays en proie à l’hémorragie, assujetti aux mafieux, tous cousus d’or.

Sire, de grâce, pensez au temps !

Toute cette orgie de violence, cette consommation frénétique de la chose publique.

Alleluia ! Vos petits soldats, ces bouvillons ignares participent à la fabrique du banditisme. Et du reste, Sire, tout est à vous. Personne n’ignore votre assouvissement sexuel à volonté, vous vous faîtes appeler « Monsieur l’homme des masses, l’homme des actions concrètes ».

Vos besoins pressants de jouissance, vous vous êtes réservé la conversion des épicuriens, la part belle hein mon salaud !

Et devant un miroir, on le sait à présent, vous ne faites pas la chochotte, vous bandez tout seul comme un grand. Tandis qu’à l’appel de la démocratie, vous faites le sourd-muet, vous faites le malin, alors nul besoin d’y répondre. Ceux qui vous ont connu jeune homme dépenaillé disent sans doute de vous : voici l’ascension d’une fripouille.

Ô temps ! Ô mœurs ! Fouette ! Cocher, fouette !

Quand le moment viendra, Sire, le temps c’est comme une mélancolie qui tourne au sourire ironique, celui-ci purgera votre esprit malfaisant.

Le temps, Sire, c’est une énorme facétie. D’un comique rêche, il démolira tout en vous, votre bravoure ainsi que votre satisfaction de gloriole et de vanité.

Erik SATIE, à propos d’un soldat, écrivait ceci, dans « Les raisonnements d’un têtu » :

«  Si tu prends l’habitude de te tenir convenablement, tu arriveras, peut-être, à être Maréchal. Et qui sais, si tu n’auras pas la tête empâtée par un boulet ; ce qui est beau pour un garçon ! »

Le poète américain Henry WADSWORTH LONGFELLOW conclut : « L’œuvre est lente, le temps se hâte ».

 

Dina Mahoungou                                                                        Arpajon, le 21 avril 2012

Ecrivain et journaliste free lance

Auteur d’Agonies en Françafrique aux Editions l’Harmattan (Roman)

A paraître fin avril, début mai : Les parodies du bonheur aux Editions Bénévent (Nouvelles).

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