ET LA VIE CONTINUE AU CONGO ! , par l’écrivain Dina Mahoungou

Depuis la fin de la drôle de guerre civile, vos milices privées, des mercenaires transcontinentaux, voire des officiers supérieurs issus du clan ne sont pas restés inactifs, les malicieux continuent à prendre le petit peuple comme souffre-douleur.

A l’image des lépreux aux humeurs corrompues et que l’on flagelle pour les éveiller, l’on cautérisait leurs plaies infectées au fer rouge, on pensait bien faire pour effacer les croûtes, les suppurations qui se formaient sur les plaies.

Il arrivait qu’ils subissent des brûlures au premier degré, les persécutés fous de douleur sentaient un broiement de tout le corps, la dislocation des os et la mutilation des membres.

C’est à ce moment-là que le soigneur, feignant la compassion et la sympathie, assujetti le malade et s’empare d’injecter chez le désespéré sa part d’ombre.

Monsieur le Président, chef des armées,

Une telle opiniâtreté à faire le mal est sidérant. Tout un peuple que vous matez au quotidien, une détresse sans répit qui ne prélude à aucun espoir circule dans toute la zone du Sud, un semblant de vie résiduelle, les habitants, les Bakongo pour ne pas les citer ont de mauvais moments à passer.

Monsieur mon minable, chef des armées,

Ce type d’agression suffit pour mettre la pression sur tout le Congo Brazzaville.

Vous possédez le pays A Capella. La formulation de la politique nationale se fait dans le cadre de conseils restreints, réunis chaque fin de mois dans votre village natal.

Excusez du peu ! Votre majesté, tout bon seigneur a son lot de défaillances privées, soit-il excellence de pacotille !

Pour un pervers narcissique, vous êtes à vos aises, entouré à chaque instant de tous les dévoyés, des troublions instables, des serviteurs vaillants dans l’épreuve.

Vous demeurez ! Votre éminence, le domino impérial. Jamais la cuvée n’avait été plus cynique, ni le pouvoir plus crotté.

En face de votre aristocratie d’apparence, les attentes des Congolais sont jalonnées de déceptions, ils ne reproduisent aucun rire, ils maudissent la vie et en appellent à la rébellion, à la mort certaine.

Rendons-nous à l’évidence, vous êtes toujours à l’écoute des aventuriers de tout poil, des bandits de grands chemins.

Autour de tous ces vantards, de tous ces zélateurs, toute votre clientèle réduite, les artisans de votre gloire. Ils sont dans la désinvolture et la prodigalité. Vous disent-ils que tout citoyen est susceptible de fomenter un complot, on mêle des faits imaginaires à des perceptions fausses.

Tous ces convertis qui ne sont là que pour l’argent vous servent avec une réserve inépuisable de mépris, eux le savent que vous êtes nul.

Pour la paix de leurs bonnes âmes, ils ont causé un grand embarras et une vive impatience à tout un peuple.

Ceux qui ont négocié des postes auprès de votre entourage sont dans des jeux de rôle : du premier chambellan aux felds maréchaux, des lieutenants généraux aux Maîtres de requêtes, des petits caissiers aux valets de chambre, des auditeurs à la Cour des Comptes privés aux combinards bizarres.

Monsieur le maudit, chef des armées,

Tous ceux qui participent à votre petite communauté très cloisonnée, tous tant que vous êtes, serez jugé devant l’histoire.

Trente ans avec les mêmes au pouvoir. Le petit peuple conserve la rage aux tripes. Pauvre populace égarée emprunte d’une pesante tristesse réclamera vengeance, elle a cette férocité des fauves meurtris.

Excellence, à bien voir, vous êtes une déviation, un trissotin d’un exceptionnel éclat. Votre politique de la chienlit s’apparente bêtement à un simple jeu à somme nulle.

Mais, comme dit le poète : « la mémoire est la preuve la plus pure du présent ».

La bêtise est en marche, à vous tout seul vous faîtes la majorité, étonnant non ?

La honte au visage, tous ces éminents universitaires que vous avez transformés en commissaires politiques. De pauvres petits Pol-Pot qui vivent de ruse et d’ingéniosité, dans l’adresse et la survie. D’ailleurs, entre eux pour s’approcher du premier cercle que vous présidez, ce sont des règlements de comptes sordides qui continuent à faire des macchabées.

L’outrance de ces faux-jetons, toutes ces grosses têtes rampantes à moitié nues dans la grimace sont rabaissées au rang de jaseurs. Ces cancaniers tortillards, des petits rôlistes à qui l’on promet une ascension rapide : devenir membre du comité central du parti du Nord tout puissant alias PCT.

Ils sont déjà aux anges, le ton rogue, ils se croiront arrivés, ces renégats ont échappé à l’épuration ethnique avec moult habiletés et petites trahisons entre copains et coquins.

Ils auront la situation et le mérite, les voilà qui renforcent l’édification de la nouvelle barbarie.

Général, chef des armées,

Vous qui suez la rancune et l’ambition, vous êtes dorénavant bon pour les châtiments. Après la conférence nationale et, durant votre bref exil en France, au Vésinet dans une banlieue chic, en Ile de France, vous n’aviez rien retenu de la Démocratie.

Pire encore, dès votre retour au pouvoir dans un pays en décombres, vos attentions vigilantes se sont portées sur la vengeance. Un grand coup de pied dans la taupinière pour écraser les bien-pensants.

Général ! Je crois sincèrement que vous êtes maudit, un pauvre idiot dément qui sera probablement bientôt en fuite.

Malgré tous ces milliards distribués à tous vos protecteurs de la Françafrique, le temps des lavages de cerveaux est fini.

Vous mouillerez vous-même la pointe de vos bottes dans la gadoue, c’est fini la comédie !

Vous savez maintenant ce que tout le monde attends de vous. Lorsque j’écris ces libelles dans Congo Liberty.com, je repense souvent à ma famille des Bakongo dont je suis né. Ma mère me disait souvent « quel beau pays mon enfant ! Vous avez un terroir béni ».

Et bien voilà, ce terroir, je le sens tellement présent en moi, voilà pourquoi personnellement je vous hais. Et nous sommes des millions à vous haïr.

Lors de vos massacres et bien après, avez-vous remarqué les visages sinistres des enfants dans la rue qui manquent cruellement de tout ?

Mais c’est dans ces quartiers populaires que tout est à désespérer.

Votre fascination avilissante pour les biens mal acquis et les assassinats surprises, l’on dit que c’est une vengeance que vous tenez de votre enfance médiocre et misérable, en pleine cambrousse. Point de salut, vous irez tout de même mijoter en enfer, dodelinant votre grosse tête sanguine d’amateur de cabale, de magie noire, un esprit faisandé, votre personnalité fragile, mutilée vous pousse à des tueries obligatoires.

Quant à moi, je le dis aussi simplement que je le pense, la séance est ouverte !

Vous êtes le chancre mou de la Nation, le vice-roi des cons, excusez du peu, il y a parfois de saintes colères. Le bon peuple d’aventure n’aura aucun préjugé défavorable à l’endroit où vous serez pendu.

Comme tout bon légionnaire parti à l’assaut de l’inconnu, vous êtes apparenté aux grands trafiquants multi-carte de la mondialisation, vous n’aurez plus à justifier tout ce que vous aurez amassé dans la contrebande.

Sans souci de la raison d’Etat, ni de la chose publique, on vous fusillera peut-être à l’heure du déjeuner, dans votre salle à manger, comme l’un de vos mentors, l’un de vos prédécesseurs. A ce moment-là, vous deviendrez vous aussi un immortel pour la légende.

Le peuple entendra cette musique mélancolique qui vient du cœur : la mort d’un pourri.

Nous n’aurons plus ni le choix, ni la fatalité, c’est le principe de la perte.

Il n’y aura plus de communautés qui dégénèrent et s’abîment, ce sera la fixation d’une valeur : la République et son établissement à travers tout le Congo Brazzaville.

L’ordalie établira l’innocence et la culpabilité des accusés. Nous serons mû par l’amour et la vie continuera !

Dina Mahoungou, écrivain et journaliste free lance

Dernier ouvrage paru : Agonies en Françafrique aux Editions l’Harmattan (2011)

 

Prochain ouvrage à paraître début mars 2012 :

Un livre de recueil comprenant huit nouvelles (130 pages environ au prix de 13.50 euros).

Editions Bénévent (Paris – Nice)

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Une réponse à ET LA VIE CONTINUE AU CONGO ! , par l’écrivain Dina Mahoungou

  1. Dieudos Eyoka dit :

    Voilà qui est plaisant à lire ! Il est bon enfin qu’un écrivain congolais utilise sa plume et son savoir pour qualifier Sassou comme il le mérite.

    Honte aux autres qui lui lèchent les bottes !

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